CAPITALISME CONTRE CAPITALISME Michel Albert

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Séminaire de Stratégie et
Concurrence Internationale
Prof. Dembinsky
Stefano Grino
Christophe Chatriand
Raphaël Monnet
CAPITALISME
CONTRE
CAPITALISME
Michel Albert
Janvier 2000
L’AUTEUR
L’auteur de ce livre est Michel Albert, né en 1930, ancien commissaire général au
Plan et président des Assurances générales de France (AGF). Il est auteur de
plusieurs essais de pédagogie politique et économique. Voici quelques titres:
- Le manifeste radical (avec Jean –Jacques Servan-Schreiber) (1970)
- Les vaches maigres (avec Jean Ferniot) (1975)
- Le pari français (1982)
- Un pari pour l’Europe (1983)
- Crise, Krach, Boom (avec Jean Boissonnat) (1988).
L’OUVRAGE
Ce livre a été publié en 1991. Il décrit la situation économique, sociale, politique,
culturel du monde, qui s’est crée après la chute du communisme, qui a signifié la
victoire du capitalisme.
On a donc une situation de monopole pour le capitalisme, mais on a differents types
de capitalisme, qui peuvent cependant être regroupés en deux modèles: le modèle
“néo-américain” et le modèle “rhénan”. Le premier se référe aux Etats-Unis et le
deuxième est pratiqué en Allemagne, en Suisse, dans le Bénélux et en Europe du
Nord, mais aussi au Japon.
Ces deux modèles sont antagonistes et s’affrontent dans le monde, surtout en Europe,
dans les anciens pays communistes et dans les pays en voie de développement.
L’Amérique est convaincue que son capitalisme est le meilleur système qu’on peut
avoir et elle n’est pas seule à le penser: en effet, aujourd’hui tout le monde ou presque
croit dans ce modèle et cherche d’ appliquer ses recettes.
On assiste donc au recul du modèle rhénan, qui est cependant superieur
économiquement et socialement, mais qui n’est pas assez seduisant, connu et qui est
trop austère. Il est une synthèse réussie entre le capitalisme et la social-démocratie.
L’avenir du monde dépend donc du résultat de la guerre entre les deux capitalismes:
les salaires, les impôts, l’épargne, l’éducation, la santé, le chômage, la pauvreté,
l’immigration,… résulteront de cet issue.
La méthode choisie par l’auteur est donc la comparaison des deux modèles
antagonistes dans les domaines économiques, politiques et sociales. Pour decrire cette
situation bipolaire, Albert utilise ses connaissances personnelles, les résultats des
études, realisés par des instituts économiques et par des commissions politiques, et se
référe à des livres, à des articles de journaux, de revues.
LE RESUMÉ
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Place et importance dans la société et l’économie
Les deux modèles affirment la nécessité d’avoir une économie de marché, la
propriété privée et la libre entreprise.
Dans ce contexte, les entreprises sont vues de manière différente.
Pour le modèle rhénan, les entreprises sont des entités de base dont la prospérité
détermine celle de l’économie dans son ensemble. Les petites et moyennes
entreprises (PME) ont donc un rôle très important pour la croissance économique du
pays.
Les entreprises sont une véritable communauté d’intérêts entre les détenteurs du
capital, la direction et les salariés. Il y a donc une véritable cogestion
(Mitbestimmung), qui est traduite dans les faits avec trois instances: le directoire responsable de la gestion -, le conseil de surveillance – élu par l’assemblée des
actionnaires- et le conseil d’établissement- qui défend les employés et qui est
consulté sur toutes les questions sociales. Le personnel est aussi présent dans le
conseil de surveillance.
A l’intérieur des entreprises, il y a donc un dialogue social, qui peut apparaître lourd
et paralysant, mais qui est favorable pour la compétitivité de l’économie.
Ce genre d’entreprises est appellée stakeholder model, par opposition au stockholder
model, présent dans l’économie américaine.
Les conséquences réelles de cette organisation sont des rémunérations plus hautes,
des écarts des salaires plus faibles qu’ailleurs, une structure de carrière différente et
un système de formation différent.
Les entreprises privilégient la qualification et l’ancienneté dans le système de
promotion.
La formation est très importante et est fondée sur une coopération très étroite entre
les entreprises et les salariés.
L’entreprise ne traite pas ses employés comme un simple facteur de production,
qu’elle achète et vend sur le marché. Elle a un certain devoir de sécurité, de fidélité,
de formation professionelle.
La vision “néo-américain” de l’entreprise est complètement différente: l’entreprise
est un moyen pour faire de l’argent rapidement , donc est soumise aux règles de la
finance. On se trouve donc dans le modèle appelé stockholder model, où il y a
seulement le porteur d’actions (stock), où le seul intérêt qui compte est celui de
l’actionnaire.
Ce fait a des répercussions importantes sur la gestion de l’entreprise: en effet, elle
doit satisfaire son propriétaire, qui autrement change l’entreprise, donc elle est
condamnée à publier chaque trimestre des résultats positifs. Elle peut être obligée de
réduire les dépenses les moins urgentes (publicité, recherche, formation,…) ou faire
des opérations financières seulement pour créer des profits (OPA (offre publique
d’achat),…).
Rapports avec les TGE
Dans tout ceci, on peut citer un gros paradoxe qui est que les grandes multinationales
américaines, à défaut de ce que l’on pourrait penser, se basent sur le long terme, avec
plan de carrière… Ils adoptent donc comme système le modèle rhénan.
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On peut également ajouter que les grandes entreprises americaines continuent
d’investir mais que celles-ci se font racheter par des entreprises japonnaises.
Au niveau de l’industrie, les USA ne sont plus ce qu’ils étaient par le passé: ils se
font désormais dépasser par le Japon et l’Europe, la qualité et le savoir-faire sont en
recul…
Des secteurs comme l’aéronautique, l’éléctronique ou l’informatique sont également
en recul par rapport à l’Europe et le Japon.
Les raisons de ce recul massif sont: ↓ marché intérieur
↓ qualification des ouvriers
↓ richesse accumulée dans le pays
↓ qualité du mangement (ex: Golden
Boys: bourse > industrie)
Fin de la domination technologique
Rapports avec la demande finale
Un point très important ici est la comparaison entre les biens marchands et les biens
non-marchands avec comme intermédiaire les biens mixtes. Par analogie à ce qui a
été dit plus haut, le modèle néo-américain ne possède pratiquement pas de biens
marchands car tout est déterminé par le marché alors qu’au niveau des pays adoptant
le modèle rhénan, on a beaucoup plus de biens mixtes et non-marchands.
On peut également discuter de la différence entre les deux modèles au niveau du
marché du travail. Aux USA, les gens se sentent plus attirés par la finance que par
l’industrie car les possibilités de faire fortune sont beaucoup plus grandes dans ce
domaine. Les secteurs industriels sont de plus en plus laissés de côté par les
américains pour se consacrer à la bourse et les européens sont en quelque sortes les
sauveurs de l’industrie américaine par leurs investissements. On peut donc affirmer
que le modèle néo-américain est certe à long terme moins efficace mais il est
psychologiquement plus attrayant. Les médias y sont également pour quelque
chose…
En dernier, nous pouvons ajouter que les USA se retirent des marcés lorsque leur
suprématie est menacée et se ruent sur les marchés de haute technologie comme le
matériel militaire, hopizaux…C’est donc le profit à court terme qui prime. Alors
qu’au contraire, le Japon attaque les marchés bas de gamme en faisant des sacrifices
tels que prix très bas, ensuite avec la baisse de la concurrence et des CF, ils haussent
la gamme de ses produits (automobile). Ici c’est le long terme qui prime.
Accès aux ressources
Le premier point concernant ce chapitre est celui des ressources humaines. Pour
commencer nous pouvons évoquer ici le mode d’éducation et de formation
professionnelle par les entreprises. Dans le modèle anglo-saxon, on le fait le moins
possible, car cela impliquerait une baisse des profits à court terme mais de tout ceci
résultera une main-d’œuvre instable à long terme. Alors que dans le modèle rhénan
ou germano-nippon, l’entreprise est favorable à une formation continue et fixe avec
l’employé un plan de carrière.
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En second lieu, nous pouvons parler des ressources financières. Le but de l’économie
américaine est celui de faire de l’argent le plus rapidement possible. Dans l’industrie,
on invente et on vend. Dans le commerce, on achète et on revend en dégageant un
bénéfice. Mais où prend on l’argent pour acheter? Trois façons existent pour le
financement:
1° l’autofinancement
2° l’emprunt
3° ↑ du capital
Les entreprises américaines adoptent la hausse du capital comme moyen de
financement alors que les pays du modèle rhénan n’empruntent ni à la bourse, ni
auprès du public, mais à la banque. Ceci est dû au fait que les banques gèrent la
trésorerie de nos entreprises et que souvent même, les grands groupes européens ou
japonais possèdent leur propre banque.
Une chose importante à signaler pour le modèle anglo-saxon est que le marché
financier exerce une tutelle sur les entreprises et donc n’agissent pas rationnellement
et dans leur stratégie mais dans celle du court terme. Ex.: ↓ dépenses moins urgentes
(pub, recherche, formation) ⇔ tout ce qui permet la survie à long terme → logique
fin. ≠ logique industr.
Relations et attentes par rapport aux pouvoirs publics
Les relations avec les pouvoirs publics peuvent être traités ici sous l’angle du social.
En effet, chez nous, la majorité des actions sociales sont de l’ordre de l’Etat. Celui-ci
fait appliquer toute les règles qui y sont soumises. On peut citer comme exemple les
assurances sociales, qui dans le modèle rhénan, sont des prélèvements obligatoires, la
sécurité qui est fournie par l’Etat, prise en compte des inégalités sociales,etc…
Au niveau américain, tout ceci est très différent. Premièrement, toutes les assurances
sociales ne sont pas obligatoires (maladie, AC, alloc. fam.,…), tout est réglé selon la
loi du marché, donc bien de personnes ne sont pas assurées. Deuxièmement, les USA
comptent de fortes inégalités du fait que l’Etat ne s’occupe pas du tout de la
redistribution des revenus et tout ce qui s’en suit. On peut dire que l’Etat n’est pas
concerné par ces problèmes. De plus, pour terminer, nous sentons très bien que les
USA sont défavorable envers des prélèvements d’impôts trop élevés, car ils
constituent selon eux un frein à l’économie et au travail. D’un certain point de vue, ils
n’ont pas tout tort mais ils sont peut-être un peu trop à l’extrème. Faut-il donc
prélever des impôts?
Pour conclure, le modèle rhénan est sans aucun doute le plus performant que ce soit
socialement ou économiquement parlant mais au niveau du rêve et de la gloire, le
modèle néo-américain l’emporte largement.
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