L
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Depuis quelques années, c’est
le souffle qui manque le plus.
Longtemps première de la classe,
l’économie allemande est devenue
la lanterne rouge de l’Europe, ne
progressant plus, entre 1995 et
2001, que de 1,6 % en moyenne par
an, contre 2,5 % pour la France et
2,8 % pour l’ensemble des pays de
l’OCDE. Aujourd’hui, nous en
sommes presque à la croissance
ro et l’économie ne ce plus
d’emplois. Le taux de chômage est
revenu au même niveau qu’en 1998,
quand Gerhard Schröder est arri
au pouvoir.
La création de richesses s’est ralen-
tie et les comparaisons avec les
autres pays européens sont de moins
en moins flatteuses : le revenu par
tête qui, en 1990, était supérieur de
54 %, à celui de la zone euro (hors
Allemagne), a vu fondre de moitié
son avance en onze ans (+ 27 % en
2001). La formidable puissance d’ex-
portation du pays connaît elle me
des difficultés :la part de l’Allemagne
dans les ventes mondiales est tom-
bée de 12 % en 1990 à moins de 9
% en 2001.
Le capitalisme
rhénan n’est pas mort
HENRIK UTERWEDDE *
R E P È R E S E T T E N D A N C E S
La panne de croissance et la montée du chômage
en Allemagne marquent-elles la faillite du « capi-
talisme rhénan » ? L’énorme effort nécessité par
la réunification ne suffit pas à expliquer la crise.
Dans cette société qui s’ausculte avec inquiétude,
les diagnostics pointent des faiblesses bien
connues – comme le coût élevé du travail et de
la protection sociale, les rigidités structurelles,
l‘opacité des relations entre banques et grandes
entreprises –, et d’autres qui le sont moins
– comme les défaillances du système éducatif ou
l’inquiétante insuffisance des capacités d’inno-
vation. Mis à mal par la mondialisation, le modèle
allemand n’est pourtant pas condamné et peut
rebondir, sans sacrifier ses caractéristiques tradi-
tionnelles – solidarité, culture du consensus, du
partenariat et de la subsidiarité –, mais il doit
s’orienter vers davantage de transparence et de
rapidité de décision dans les réformes.
ALLEMAGNE
*Directeur adjoint, Deutsch-Französisches Institut, Ludwigsburg.
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R E P È R E S E T T E N D A N C E S
Et comme si toutes ces difficultés
ne suffisaient pas, s’est ajoutée une
véritable sinistrose, nourrie par la
mauvaise conjoncture et les espoirs
qu’avait fait naître Gerhard Schrö-
der en 1998. Il a bien fallu se rendre
à l’évidence lorsque fut découverte
après les élections – une situa-
tion économique beau-
coup plus grave que les
promesses de la cam-
pagne électorale ne
l’avaient laissé supposer.
Les augmentations d’im-
pôts et de charges
annoncées après coup,
les mala dresses du gou-
vernement et l’incapaci
de Gerhard Schder à
orienter clairement son
action dès les premiers
mois de sa réélection,
tout cela a fini par déses-
pérer le pays. Et, du coup,
les formes annoncées, aussi
cessaires soient-elles, ont été res-
senties davantage comme des
menaces que comme un moyen de
s’en sortir.
Dans une telle situation, le doute
s’est installé : et si l’économie sociale
de marché (Soziale Marktwirtschaft),
symbole de la ussite du capitalisme
social allemand depuis 1945, n’était
plus la bonne formule ? Et si la so -
ciété allemande devait faire son deuil
d’une protection sociale élevée, du
capitalisme partenarial, de la quête
systématique du consensus ?
Faute d’avoir su s’adapter à la nou-
velle donne mondiale, le capita-
lisme rhénan est-il devenu un
obstacle au renouveau allemand ?
Certains le pensent, qui réclament
une bonne dose de thatchérisme
pour briser le « pouvoir des syn-
dicats » et revenir à une écono-
mie plus libérale.
LA CHARGE PERSISTANTE
DE LA RÉUNIFICATION
Atrop noircir le tableau, on
risque pourtant de passer à
de l’essentiel. Si l’économie alle-
mande a besoin de changements
structurels pour retrouver crois-
sance et emplois, ses atouts restent
importants et devraient lui per-
mettre d’engager les réformes
cessaires. Quant au capitalisme
rhénan, il est malgré les apparences
toujours bien vivant.
Le manque de dyna-
misme de l’économie
allemande a trois causes
profondes : le choc de la
réunification qui n’est
toujours pas digéré ; de
nombreuses lourdeurs et
rigidités, auxquelles on
s’est attaqué trop tard et
trop timidement ; enfin,
une préparation insuffi-
sante et discutable de
l’avenir.
La réunification, qui
remonte maintenant à douze ans, conti-
nue de peser lourdement sur l’écono-
mie. Les seuls transferts financiers
publics ont atteint annuellement 90
milliards d’euros, soit l’équivalent
de 4 % du PIB ouest-allemand : des
sommes gigantesques destinées à
répondre aux énormes besoins de
reconstruction et de modernisa-
tion d’infrastructures vétustes. Mais
des sommes qui sont aussi néces-
saires pour assurer la cohésion ter-
ritoriale et sociale du pays. Il faut
savoir que ps de la moitié des
transferts sont destinés aux pres-
tations sociales, ce qui rend par
comparaison bien modeste la part
allant aux investissements (15 %).
Cet effort considérable a alourdi la
dette publique, passée de 40 % du
PIB (1991) à plus de 60 % aujour-
d’hui, et a entraîné, en même temps
qu’un alourdissement de la consom-
mation publique, une hausse des
prélèvements obligatoires pour les
entreprises et les ménages.
Le rattrapage économique des nou-
veaux Länder est maintenant per-
ceptible, preuve que tant d’efforts
ne sont pas vains. L’ennui est qu’ils
seront encore longtemps ces-
saires. Surtout, il faudra désormais
les réorienter au profit d’une poli-
tique de l’offre : infrastructures
publiques, investissements privés,
suppression des obstacles bureau-
cratiques, flexibili accrue (d’ailleurs
jà à l’œuvre) dans la formation
des salaires1.
Les rigidités structurelles. Ce serait
une erreur de croire que la uni-
fication est seule en cause dans les
difficultés que connaît l’Allemagne.
Elle a plut été le révélateur de
faiblesses structurelles provenant
d’une réglementation excessive des
marchés et du poids des prélève-
ments obligatoires, lui-même lié aux
coûts du sysme de sécurité
sociale. Tout cela alors que rigidi-
s et réglementations ont plutôt
tendance à se réduire dans les pays
voisins.
Cette thèse, évidemment, ne fait pas
l’unanimi. Aux yeux de certains
experts, la flexibilide l’économie
allemande serait maintenant satis-
faisante. Elle constitue pourtant
l’axe prioritaire de la politique des
réformes que le gouvernement
Schröder, après maintes hésitations,
a promis de mettre en œuvre en
2003. Le marché du travail est spé-
cialement visé, même si sa gle-
mentation (plus contraignante que
dans le monde anglo-saxon) se situe
dans la moyenne européenne, à un
niveau proche de celui de la France.
Le gouvernement s’est mis au tra-
vail en commençant à réformer le
fonctionnement de l’agence fédé-
rale pour l’emploi2. Il a promis
d’aller plus loin, en facilitant notam-
ment l’intérim et les petits emplois
par des charges fiscales et sociales
duites, en incitant davantage les
chômeurs à rechercher un emploi,
en assouplissant la protection contre
les licenciements. En ce qui concerne
les conventions collectives, qui
constituent une réglementation très
dense et contraignante pour les
entreprises en matière de salaires,
de conditions et de temps de tra-
vail, une vaste négociation est en
cours entre partenaires sociaux : il
ALLEMAGNE
1Voir le rapport
annuel des cinq
observatoires
économiques sur
les progrès de
l’économie est-
allemande : DIW-
Wochenbericht,
no25-2002
(www.diw.de).
2Voir Isabelle
Bourgeois,
« Allemagne : la
maladie de
l’Etat-
providence »,
Sociétal, 39.
Près de la
moitié des
transferts sont
destinés aux
prestations
sociales, ce qui
rend bien
modeste la part
réservée aux
investissements.
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LE CAPITALISME RHÉNAN NEST PAS MORT
s’agit de laisser plus de place et de
liberté aux accords d’entreprise,
voire à des clauses d’exception, pra-
tique déjà largement suivie dans les
Länder de l’Est.
Comme les autres pays européens,
l’Allemagne s’est engae dans la
réforme de ses marchés de biens,
de services et de capitaux, pré-
voyant notamment l’ouverture à
la concurrence des services publics
en réseau. Si l’on excepte l’Irlande
et le Royaume-Uni, les réglemen-
tations des marchés de biens sont
plutôt moins lourdes que dans la
plupart des pays européens. Il reste
tout de même beaucoup à faire,
notamment pour les petites et
moyennes entreprises qui souffrent
de la bureaucratie.
Autre champ de réformes : la fis -
calité et la sécurité sociale. Le
gouvernement Schröder avait com-
mencé à baisser les prélèvements
pesant sur le travail. Grâce aux
recettes fournies par l’écotaxe sur
la consommation d’énergie, les coti-
sations de retraite avaient été
réduites, et une réforme fiscale en
trois étapes devait alléger la fisca-
lité de 32 milliards d’euros jusqu’en
2005. Tout cela a é interrompu
par la récession, qui creuse dange-
reusement les ficits publics.
LAllemagne est ainsi renvoyée à
un problème de fond : l’allègement
des prélèvements fiscaux et sociaux
ne sera possible qu’en contrepar-
tie d’une duction des dépenses
publiques (48,6 % du PIB allemand).
Les prestations sociales sont, elles
aussi, concernées au premier chef.
Après avoir eu le courage de s’at-
taquer à l’assurance vieillesse, en
annonçant clairement que des
efforts individuels d’épargne devront
demain compléter le système de
retraite par répartition, le gouver-
nement Schröder devra réformer
profondément l’assurance maladie.
Pour endiguer la hausse des coti-
sations pesant sur les coûts du tra-
vail, les prestations santé devront
être révisées et des efforts indivi-
duels consentis sous forme d’assu-
rances maladie complémentaires.
LE RETARD
DANS L’« ÉCONOMIE
DU SAVOIR »
Une insuffisante préparation de l’ave-
nir. L’Allemagne découvre que son
sysme scolaire, dont elle fut
longtemps si fière, pose de graves
probmes. Létude d’évaluation
internationale « Pisa » de l’OCDE
a cment mis le doigt sur ses
faillances, renvoyant aux penses
insuffisantes que le pays consacre à
l’enseignement (4,4 % du PIB contre
6,1 % en France), mais aussi au fonc-
tionnement de l’école, aux pro-
grammes et aux méthodes.
La capacid’innovation est égale-
ment en cause. Le dernier rapport
du ministère de la Recherche trai-
tant de la compétitivité technolo-
gique de l’Allemagne montre que
la situation est globalement bonne,
mais que la dynamique du change-
ment est insuffisante par rapport
aux pays voisins. Quand il s’agit des
secteurs et des structures actuelles,
le pays reste bien placé ; il est
en bien moins bonne position pour
les investissements d’avenir3. Ce
constat est corroboré par le der-
nier classement du World Economic
Forum, qui place l’Allemagne en qua-
trième position (sur 80) pour la
compétitivité actuelle, mais au qua-
torzième rang seulement pour son
potentiel d’avenir.
On sait bien depuis longtemps que
l’économie allemande repose sur
des bases industrielles solides mais
trop traditionnelles. Elle a donc du
mal à profiter des nouveaux poten-
tiels de croissance, en s’engageant
davantage dans une économie de
services, et surtout dans l’« écono-
mie du savoir », faiblesse qu’elle par-
tage avec d’autres pays européens,
notamment la France4.
Presque tout le monde s’accorde
sur la nécessité de faire bouger, non
seulement l’économie, mais l’en-
semble de la société allemande. Les
choses se compliquent quand il faut
passer à l’action. De fait, ce n’est pas
faute d’analyses quon a reculé depuis
dix ans devant des choix difficiles.
On peut toujours invoquer un
manque de courage politique, mais,
au-delà de cette explication facile,
existent d’autres facteurs plus pro-
fonds.
Le capitalisme rnan est mis en
cause parce que son fonction -
nement, trop lourd et trop coûteux,
aurait mené l’économie dans l’im-
passe. Le salut serait dans l’adop-
tion des recettes libérales en usage
aux Etats-Unis. Pour beaucoup, le
mo le rhénan est de toutes façons
condamné par la mondialisation et
la montée en puissance du capita-
lisme anglo-saxon, qui finira par
imposer ses normes. L’Allemagne
doit-elle donc changer de capita-
lisme ?
Avant de pondre à cette question,
qui agite beaucoup les médias dans
la publique fédérale, il faut ten-
ter de préciser le sens des mots. Le
« modèle rhénan » forme un tout,
quon ne peut pas réduire à des
aspects importants, mais limis,
comme la gouvernance de l’entre-
prise ou le rôle des banques, souli-
gnés notamment par Michel Albert.
Le mole rhénan a des carac -
ristiques à la fois économiques
(compétitivi, fonctionnement
« organisé » des marchés, entreprise
partenariale), sociales (capaci
à gérer les conflits dints par
la négociation, rôle gulateur des
conventions collectives) et poli-
tiques (philosophie et organisation
de l’Etat fondées sur la subsidiarité,
le fédéralisme coopératif, la prise
en compte organisée des intérêts,
une culture politique fondamenta-
lement centriste).
3Voir Bericht über
die technologische
Wettbewerbsfähigkeit
Deutschlands, 2002,
Bonn,
Bundesministerium
für Bildung und
Wissenschaft
(www.bmbf.de).
4Voir les données
comparatives dans
le rapport du
Commissariat
général du Plan :
La France dans
l’économie du savoir :
pour une dynamique
collective, Paris, La
Docu mentation
française, 2002.
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R E P È R E S E T T E N D A N C E S
AMÉLIORER
LA GOUVERNANCE
DES ENTREPRISES
Toutes ces composantes trou-
vent leurs racines dans l’histoire
du pays et sont donc étroitement
imbriqes. Leur dénominateur
commun est une forme de « capita-
lisme négocié », dont le fonc-
tionnement est facilité par
une culture du consensus et
par les institutions
qui le construisent. Qu’il
s’agisse
de la vie politique, du monde
de
l’entreprise ou des relations
sociales, une dialectique concur-
rence- coopération est toujours à
l’œuvre, sous-tendue par une
philoso phie du partage de l’autorité
entre pouvoirs publics et socié
civile5.
Il est vrai que ce modèle est soumis
à rude épreuve par la mondialisa-
tion et la montée en puissance des
m a r c h é s f i n a n c i e r s . U n d e
ses flancs les plus exposés est celui
de la gouvernance des grandes entre-
prises : ces dernières vont devoir
changer leurs pratiques et se pas-
ser de l’abri jusqu’ici fourni par les
banques contre les OPA inamicales.
En dehors même des luttes pour le
contle du capital, les dirigeants
d’entreprises devront réagir plus vite
quand il s’agira de déterminer des
stratégies de développement. De
me, la logique de la shareholder
value (création de richesse pour les
seuls actionnaires) va inéluctable-
ment gagner du terrain. Cela veut-il
dire que l’économie allemande va
changer radicalement de modèle,
succombant bon gré mal gré à la
domination des marchés financiers ?
La réponse n’est pas évidente. Des
changements s’imposeront évidem-
ment, notamment ceux qui de toutes
façons étaient nécessaires, la domi-
nation de l’économie allemande par
ses banques ne brillant ni par la trans-
parence ni par l’efficacité. La part sys-
tématiquement prépondérante du
capital allemand dans les entreprises,
l’existence de puissants actionnaires
de rence, la persistance de méca-
nismes de solidarité financière inter-
entreprises, l’absence fréquente de
cotation en bourse, tout cela plaide
en faveur d’une intégration pro-
gressive des principes de la share-
holder value. La culture d’entreprise
n’en restera pas moins
fondée sur le partena-
riat et la stakeholder
value, qui veut que les
profits soient partagés
entre toutes les forces
qui concourent à la vie
et à la réussite de l’en-
treprise : actionnaires,
salariés, consommateurs et clients,
etc.
La crise boursière est passée par :
la culture économique allemande
résistera d’autant mieux aux pres-
sions venues d’outre-Atlantique que
la recherche frénétique du rende-
ment financier a montré ses limites
et ses effets pervers. Il est signifi-
catif, par exemple, que le Pdg sor-
tant du groupe Allianz, Henning
Schulte-Noelle, pourtant admiratif
du modèle anglo-saxon, s’efforce
de tirer les leçons des erreurs du
passé et plaide en faveur d’un « équi-
libre entre les exigences de court
terme des marchés et les perspec-
tives de long terme des entre-
prises »6.
CONCILIER COMPROMIS
ET EFFICACITÉ
Des choix importants devront
être faits : il faudra déplacer
les négociations collectives vers les
entreprises, rééquilibrer la balance
entre réglementation et marché,
entre solidarité et effort individuel,
entre intervention publique et
liberté des acteurs économiques.
Entre léconomique et le social,
l’équilibre est moins figé qu’on
ne pense. Il est donc possible
d’effectuer ces modifications sans
remettre en cause les idées de jus-
tice, d’égalité, de solidarité qui sont
la base des moles allemand et
européen.
La question n’est donc pas de savoir
si un tel modèle, conciliant effica-
cité et solidarité, est théoriquement
concevable mais si, concrètement,
le capitalisme rhénan est capable
de se renouveler. Les dérives cor-
poratistes, qui sont nombreuses,
engendrent bien des blocages.
Certes, la recherche systématique
du compromis a de solides vertus,
impliquant un grand nombre d’ac-
teurs dans la régulation publique
et renforçant donc la légitimité poli-
tique des cisions et la cohésion
sociale. Mais, passées certaines
limites, la volon de compromis
peut devenir inefficace : entre par-
tenaires du gouvernement de coa-
lition, entre gouvernement fédéral
etnder, entre pouvoirs publics
et groupes d’intérêt, entre parte-
naires sociaux, il faut parfois savoir
trancher. Bien adapté au réglage fin
des problèmes, le sysme allemand
de prise de décision manifeste ses
faiblesses quand il s’agit de réagir
vite et en profondeur.
Ce n’est pas la quête du consensus
en soi qui fait problème, mais sa pra-
tique. Si elle fige une situation
acquise, elle ne au blocage. Si elle
est dynamique et aboutit à répondre
de façon concertée à des situations
nouvelles ou à trouver des solutions
gociées, elle peut être un atout
formidable dans l’évolution d’une
socié. Michael Porter a raison d’af-
firmer que « seul un consensus large
assure l’engagement, qui doit être
de long terme : la course à la com-
pétitivité est un marathon, pas un
sprint »7.
On ne change pas de modèle
comme on change de vêtement. Le
capitalisme allemand, ancré dans une
culture politique, économique et
sociale particulière, devra trouver
sa propre voie. Comme le dit Hen-
ning Schulte-Noelle, « nous devons
savoir bouger plus vite, réagir à des
changements, mais nous aurions tort
de nous couper de nos racines ».
C’est aux acteurs politiques, éco-
ALLEMAGNE
5Cf. Henrik
Uterwedde :
« Feu le
capitalisme
rhénan ? »,
Regards sur
l’économie
allemande,
bulletin
économique du
CIRAC,
no55/2002.
6Dans une
interview
au Monde,
22 février 2003,
p.17.
7Michael
Porter :
“Marathon, nicht
Sprint“,
Wirtschaftswoche,
28 novembre
2002, p. 32.
La course à la
compétitivité
est un
marathon,
pas un sprint.
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