Contre-indications cardiovasculaires temporaires ou définitives à la conduite automobile
>>> Chez les patients du groupe lourd porteurs de défibrilla-
teurs implantables, la conduite est interdite (et le refus de
l’implantation ne libère pas le patient de cette interdiction).
Pour le groupe léger, la législation s’est assouplie par rapport
à l’arrêté de 1997 et s’accorde mieux avec les recommanda-
tions des Sociétés savantes : une compatibilité temporaire de
2 ans peut être accordée en l’absence de symptômes incapa-
citants. On pourra alors s’inspirer des recommandations de la
Société Européenne de Cardiologie [2, 3] (cf. infra) pour fixer
les modalités de reprise de la conduite.
>>> En cas de dysfonction sinusale ou de bloc auriculo-
ventriculaire, la conduite est possible en l’absence d’indica-
tion de stimulation (compatibilité temporaire pour le groupe
lourd). Un stimulateur cardiaque ne contre-indique la conduite
dans aucun des groupes sous réserve d’un suivi médical.
●Troubles de la conscience
La survenue d’une syncope entraîne une incompatibilité tem-
poraire jusqu’à l’évaluation du risque de récidive par un spé-
cialiste. En cas de récidive, l’incompatibilité est définitive
pour le groupe lourd, sauf en cas d’avis spécialisé favorable,
ce qui paraît logique si une cause curable est dépistée (sti-
mulation cardiaque).
●Hypertension artérielle
Pour les deux groupes, il y a incompatibilité en cas de signes
d’HTA maligne, mais aussi selon les valeurs tensionnelles :
PAS ≥ 220 mmHg et/ou PAD ≥ 130 mmHg pour le groupe
léger et PAS ≥ 180 mmHg et/ou PAD ≥ 100 mmHg pour le
groupe lourd. Après normalisation tensionnelle, une compati-
bilité de 5 ans est possible pour le groupe léger, alors qu’elle
est de 2 ans et doit faire intervenir une mesure ambulatoire de
la pression artérielle pour le groupe lourd.
●Insuffisance cardiaque chronique
Elle est incompatible avec la conduite quelle que soit la cardio-
pathie sous-jacente dès qu’elle est de stade 3 ou 4 permanent de
la NYHA pour le groupe lourd ou de stade 4 permanent pour le
Groupe 1 Groupe 2 1
Arythmies Tout trouble du rythme cardiaque susceptible La conduite ne sera pas autorisée si l’arythmie (bradycardie
d’entraîner des symptômes incapacitants, en non sinusale, trouble conductif significatif, flutter ou fibrillation
particulier des troubles des fonctions cérébrales. auriculaire, tachycardie à complexes larges ou fins) a causé ou est
susceptible de causer des symptômes incapacitants. Une fois
l’arythmie contrôlée, la conduite peut être autorisée si la FEVG est
> 0,40, si le Holter écarte une TV et si les critères de test d’effort
sont réunis 2.
Implantation d’un stimulateur Une semaine. Tout symptôme persistant.
cardiaque La conduite peut être autorisée après 6 semaines en l’absence
Ablation par cathéter réussie d’autre contre-indication.
Implantation d’un défibrillateur 6 mois en l’absence de récurrence d’arythmie et Contre-indication définitive.
en l’absence de symptôme incapacitant lors d’un
choc. Absence de restriction en cas d’implantation
prophylactique.
Syncope Contre-indication jusqu’à ce que la cause soit Nécessite une évaluation par un spécialiste incluant un avis
identifiée et les symptômes contrôlés. neurologique si nécessaire. Après une syncope inexpliquée,
un test de provocation et une recherche d’arythmie doivent
être effectués. En cas de résultat satisfaisant, la conduite
peut être autorisée après 3 mois. Un suivi attentif est
obligatoire.
1Pour le groupe 2, l’autorisation de conduite nécessite une déclaration annuelle d’aptitude, avec évaluation cardiologique régulière, habituellement annuelle, un
test d’effort est nécessaire.
2Le test d’effort doit être réalisé sur bicyclette ou tapis roulant. Les conducteurs doivent être capables de terminer 3 paliers du protocole de Bruce ou équivalent
sans problème, sans médication anti-angineuse pendant 48 heures et sans présenter de symptômes cardiologiques tels qu’angor, syncope, hypotension, tachy-
cardie ventriculaire ou décalage du segment ST (habituellement > 2 mm, horizontal ou descendant), qui sont considérés comme indiquant une ischémie myo-
cardique. En présence d’une coronaropathie établie, un test d’effort doit être demandé régulièrement, habituellement annuellement.
NB : dans les coronaropathies, une angiographie n’est pas nécessaire à une décision d’aptitude. Si elle a été réalisée, l’aptitude ne sera pas normalement accor-
dée si la fraction d’éjection du ventricule gauche est ≤0,40, ou s’il existe une sténose coronaire significative proximale non traitée (tronc commun ou IVA proxi-
male > 30 %, ou > 50 % sur les autres troncs sauf en zone déjà infarcie).
3En l’absence d’autre contre-indication.
4Si un traitement cardiologique pharmacologique est nécessaire, alors tout effet secondaire pouvant altérer les performances du conducteur sera disqualifiant.
Tableau II : Contre-indications médicales à la conduite automobile de l’ESC.