L`historiographie des traités de paix qui ont mis à la Première guerre

Les projets de réforme du statut de la Transylvanie dans le contexte des relations
internationales en Europe centrale et orientale (1890-1920)
François BOCHOLIER (Paris I)
L’historiographie des traités de paix qui ont mis fin à la Première Guerre mondiale est
extrêmement riche : les négociations proprement dites ont été étudiées avec minutie1 ; on s’est aussi
intéressé, dernièrement, aux comités d’experts2 et aux lobbies3 qui ont pu, à un moment ou un autre,
jouer un rôle dans les prises de décisions. Les enjeux proprement français de la paix ont également
été examinés, les groupes d’influence mis en valeur. On a bien mis en évidence, en ce qui concerne
l’Europe centrale et orientale, l’incapacité logistique de la France à assurer son rôle de super-
puissance européenne malgré ses prétentions initiales4, les malentendus qui n’ont pas tardé à éclater
entre elle et les nouvelles nations issues du conflit5.
Néanmoins, dans l’historiographie occidentale des relations internationales, les enjeux
intérieurs propres à chacune des zones du conflit en Europe orientale n’ont pas toujours été pris en
compte. On a, certes, remarqué, à juste titre, que le principe de « la liberté des peuples à disposer
d’eux-mêmes » avait été loin d’être le seul critère décisif pour le remodelage des frontières, que les
zones à plébiscites ont été, somme toute, limitées, qu’un système de protection des minorités a dû
être mis en place, — autant d’éléments qui prouvaient le caractère fragile voire contestable des
décisions diplomatiques. Mais on ne s’est pas toujours interrogé, en profondeur, sur l’évolution de
la place jouée par les facteurs intérieurs propres sur la destinée de telle ou telle province : dans
quelle mesure les décisions prises à Versailles ont-elle été conformes à la majorité de la population
concernée ? A-t-on pris avis directement de cette population ou s’est-on référé à des porte-parole
plus ou moins fiables ? La décision se trouve-t-elle dans la continuité de plans antérieurs à la guerre
de 1914 ou est-elle le résultat de simples et fragiles faisceaux de circonstances ? Une meilleure prise
en compte de ces facteurs internes aurait sans doute permis de mieux anticiper de longs processus
1 Il n’est pas de notre propos ici d’indiquer une bibliographie exhaustive de cette question. En ce qui concerne spécifiquement
l’Europe centre-orientale, d’excellents points de départ bibliographiques sont donnés par LEUŞTEAN, Lucian, România, Ungaria
şi Tratatul de la Trianon, 1918–1920 [La Roumanie, la Hongrie et le traité de Trianon], Iaşi, Polirom, 2002, p. 42–46. Outre
l’ouvrage ci-dessus, on citera tout de même, pour ce qui concerne directement les questions roumano-hongroises : ORMOS, Mária,
From Padua to the Trianon, Budapest, 1990. ROMSICS, Ignác, The Dismantling of Historic Hungary, Boulder, East European
Monographs, 2002. BOTORAN Constantin et alii, România şi Conferinţa de pace de la Paris, Cluj, Dacia, 1983.
2 Voir par exemple : TER MINASSIAN, Taline, « Les géographes français et la délimitation des frontières balkaniques à la Conférence
de la Paix en 1919 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1997, 44, p. 252–286.
3 Comme l’excellent : ILCEV, Ivan, Are dreptate sau nu, e patria mea ! Propaganda in politica externă a ţărilor balcanice (1821-
1923 [La propagande dans la politique extérieure des pays balkaniques], Bucarest, Curtea Veche, 2002.
4 On peut se référer notamment aux actes du Colloque « Bâtir une nouvelle sécurité : La coopération militaire de la France avec les
pays d’Europe centrale et orientale dans les années 1920 », Paris, 2-4 décembre 1999 ou antérieurement au Colloque « Les
conséquences des traités de paix de 1919–1920 en Europe centrale et sud-orientale », Strasbourg, 24–26 mai 1984. Voir aussi :
SOUTOU, Georges-Henri, « L’impérialisme du pauvre : la politique économique du gouvernement français en Europe centrale et
orientale de 1918 à 1929 », Relations internationales, n°7, automne 1976.
5 Le meilleur exemple au sujet des relations franco-roumaines : SANDU, Traian, La France, la Roumanie et la sécurité en Europe,
1919–1936, Paris, L’Harmattan, 2000.
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de remises en cause — à l’œuvre jusque dans les années 1990 — d’une bonne part des frontières et
constructions étatiques centre et est-européennes, établies lors des traités de 1919-19206.
Nous avons choisi l’exemple des territoires rattachés à la Roumanie par le traité de Trianon au
détriment de la Hongrie, territoires qu’il est devenu habituel de désigner sous le nom générique de
Transylvanie7. Quelle a été la place exacte des initiatives internes dans le cession de ces territoires ?
Quels ont été les acteurs locaux du débat et leur place dans le processus de décision ? Comment le
statut de ces territoires est-il devenu une question majeure de relations internationales ? Répondre à
ces interrogations demande de replacer les événements de 1918-1920 dans le contexte large
d’affirmation croissante du principe national dans le jeu diplomatique des puissances depuis la
seconde moitié du XIXe siècle.
Jusque vers 1880-1890, la question transylvaine n’est, en aucune façon, une affaire de
politique internationale. Dans cette province multiethnique et multi-confessionnelle8, les tensions
internes ne manquent pourtant pas. Principauté historique, aux institutions autonomes dans l’Empire
autrichien, elle vient d’être incorporée en 1868 à une Hongrie en pleine renaissance après le
Compromis (Ausgleich) de 1867. L’État hongrois, centralisateur et « magyarisateur » dissout les
cadres administratifs autonomes, empiète sur les libertés locales traditionnelles et cherche à mieux
intégrer voire à assimiler les nationalités9. La nationalité roumaine, la plus nombreuse, riche d’un
passé déjà conséquent de luttes nationales pour la reconnaissance de ses droits et de sa place à
égalité (Gleichberechtigung) avec les autres composantes de la province, s’oppose catégoriquement
à cette politique et demande le rétablissement des cadres historiques10. Suivant une tradition
séculaire, l’élite politique roumaine de Transylvanie choisit le recours à l’Empereur de Vienne
6 Cette méconnaissance du contexte local ne vaut naturellement pas pour les spécialistes de l’Europe centrale et orientale qui, tous,
replacent les traités dans le moyen et long terme de l’histoire de la zone : Bernard LORY (L'Europe balkanique de 1945 à nos
jours, Ellipses, 1996) qualifie même la Première Guerre mondiale de « troisième guerre balkanique ». On retrouve aussi dans les
deux grandes synthèses : ROTHSCHILD, Joseph, East Central Europe between the Two World Wars, Seattle, Londres, 1974 et
JELAVICH, Barbara, History of the Balkans, 1881-1980, Cambridge University Press, 1983, des pages éclairantes sur les
complexes conséquences internes des traités de paix.
7 Cette terminologie utilisée par commodité dans cet article ne doit pas faire oublier que ce nom générique recouvre la Transylvanie
historique proprement dite, le Banat oriental, le Partium (ou Crişana), le pays de Satu-Mare (Satmár) et le sud du Maramureş
(Máramoros).
8 Selon le recensement hongrois de 1910 – qui surévalue la proportion de Hongrois : en Transylvanie historique, il y a près de trois
millions d’habitants, dont 51% de langue maternelle roumaine, 32% de langue hongroise, 8% de langue allemande (« Saxons »).
En Transylvanie au sens moderne du terme (voir note 7), cinq millions trois-cent mille habitants, dont 54% de langue maternelle
roumaine, 32% de langue hongroise, 11% de langue allemande (« Saxons » et « Souabes »). En Transylvanie historique, enfin,
l’appartenance religieuse est incroyablement fragmentée : on y trouve 31% d’orthodoxes, 29% d’uniates, 15% de calvinistes,
14% de catholiques, 9% de luthériens, 3% d’unitariens et 2,5% de juifs.
9 BOCHOLIER, François, « Az erdélyi elit a regionális identitástudat és a nemzeti érzelmek erősödése között (1867–1930) » [Les élites
de Transylvanie entre conscience régionale et renforcement des sentiments nationaux], Pro Minoritate, 2004 / 1, p. 37–39.
10 HITCHINS, Keith, A Nation affirmed : The Romanian National Movement in Transylvania, 1860–1914, Bucarest, Enciclopedica,
1999. Sur la genèse du mouvement national roumain : Keith HITCHINS, L’idée de nation chez les Roumains de Transylvanie,
1691–1849, Bucarest, Ed. Stiinţifică şi Enciclopedică, 1987. TÓTH Zoltán I., Az erdélyi román nacionalizmus első százada 1697-
1792, Miercurea-Ciuc, Pro-Print, rééd. 1998. PRODAN, David, Supplex Libellus Valachorum, Bucarest, 1948, rééd. Enciclopedica,
1996.
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comme moyen de pression sur la Hongrie11. On reste, donc, apparemment, dans le cadre d’une
affaire intérieure à l’Autriche-Hongrie même si le voyage solennel d’une importante délégation
roumaine à Vienne en mai 1892 pour remettre le Mémorandum des Roumains transylvains à
l’Empereur est déjà une façon de « semi-internationaliser » le conflit12.
Cependant, à la même époque, au Sud, la naissance officielle du Royaume de Roumanie,
vient changer la donne. Pour la première fois, les Roumains de Transylvanie peuvent imaginer la
province en référence à un centre politique indépendant, extérieur, de même langue qu’eux13. La
guerre roumano-russo-turque de 1877-1878 (dite « d’indépendance ») est l’occasion d’un
enthousiasme indescriptible de l’intelligentsia roumaine transylvaine pour les exploits de l’armée
roumaine en Bulgarie : certains partent même s’engager comme volontaires pour combattre aux
côtés de « leurs frères14 ». Des fractions minoritaires de la jeunesse étudiante bucarestoise la plus
militante sont les premières à commencer à échafauder des plans ouvertement irrédentistes à partir
des années 1882-85. C’est à l’occasion de la diffusion d’un tract séditieux par certaines d’entre elles
dans des villages transylvains que se produit en 1885 le premier incident diplomatique grave au
sujet de la Transylvanie entre la Monarchie austro-hongroise et la Roumanie15. C’est aussi à cette
occasion que la question vient, pour la première fois, à l’ordre du jour au Parlement de Bucarest16.
Commence alors en petite Roumanie l’habitude de suivre avec attention le sort réservé aux
Roumains de Transylvanie. Pour la bourgeoisie et l’intelligentsia nationaliste, c’est l’occasion de
manifester régulièrement devant l’ambassade d’Autriche. En 1891, s’organise la Ligue pour l’Unité
culturelle des Roumains (dite Ligue Culturelle, Liga Culturală) qui offre des bourses aux jeunes
Roumains de Transylvanie, informe et agite l’opinion à leurs sujets. Nicolae Iorga, le jeune et
prometteur historien et homme politique nationaliste roumain, relance l’association dans les années
190017.
Dans les élites politiques roumaines et dans le gouvernement, on est beaucoup plus prudent.
Certes, on utilise volontiers la situation préoccupante des Roumains de Transylvanie pour
déstabiliser le gouvernement dans un jeu gratifiant de surenchère nationaliste. Mais, le contexte
international n’autorise aucunement d’entreprendre une politique d’État ouvertement irrédentiste :
11 Les Roumains transylvains, notamment les paysans, considéraient, depuis Joseph II, l’Empereur comme leur protecteur naturel et
lui manifestaient une révérence toute particulière. Voir le témoignage d’Oszkár JÁSZI, The Dissolution of the Habsburg
Monarchy, Chicago, 1929, p. 44.
12 Cette « ambassade » solennelle impressionna fort la bourgeoisie viennoise : Lueger, futur maire de Vienne, deviendra un chaud
partisan des revendications roumaines.
13 Jusque là, la Transylvanie roumaine se percevait plutôt comme centre ou, du moins sur un pied d’égalité avec les Principautés
roumaines. (voir malgré ses excès polémiques : AZAPU, Iancu, Ardealul ardelenilor, Vienne, Imprimeria Occidentul, 1922, p. 19).
14 CONSTANTINESCU, Miron, PASCU, Ştefan, éd., Desăvîrşirea unificării statului naţional român : unirea Transilvaniei cu vechea
Românie [L’achèvement de l’unification de l’État national roumain], Bucarest, Academia R.S.R., 1968, p. 46–47.
15 L’incident est relaté en détail dans : Ibidem, p. 50 et KÖPECZI, Béla, dir., Erdély története, vol. 3, 1987, p. 1654.
16 JANCSÓ, Benedek, A roman irredentista mozgalmak története [L’histoire des mouvements irrédentistes roumains], Budapest,
Bocskay-Szövetség, 1920, p. 102.
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la petite Roumanie, sous la menace permanente des ambitions russes, a choisi, secrètement, en 1883
l’alliance avec les Empires centraux et ne peut, sans danger, mécontenter son voisin austro-
hongrois. Néanmoins, profitant notamment des négociations de renouvellement périodique du traité
d’alliance avec la Triplice, le Royaume roumain, à partir de 1891-1892, fait de la Transylvanie une
question régulière de politique internationale même si elle reste bien circonscrite, pour l’instant,
dans le cadre relativement étroit de l’alliance18. Jusqu’en 1914, la tactique habituelle consiste à
solliciter Berlin pour faire pression sur son allié austro-hongrois. Mais elle se heurte au refus
obstiné de toute concession de la part du gouvernement hongrois jusqu’au début des années 1910.
Dans quelle mesure cette tactique répond-elle aux aspirations de réforme des Roumains de
Transylvanie ? Les cercles dirigeants du Parti National Roumain (PNR) qui, à partir des années
1890, prennent désormais l’habitude de consulter régulièrement Bucarest, ne sont pas sans garder
une certaine méfiance vis-à-vis de leurs frères du Sud. La tentative maladroite d’immixtion de
Dimitrie Sturdza, le chef du Parti Libéral, dans leurs affaires intérieures au milieu des années 1890 a
été très mal ressentie d’autant plus que, dans le cadre de pures questions de tactique électorale,
Sturdza, dévoilant les aides secrètes consacrées par l’État roumain au financement des institutions
roumaines transylvaines (journaux, écoles, associations) les a placés dans une situation intenable
vis-à-vis du gouvernement hongrois19. La crise du PNR entre 1892 et 1905 voit aussi celle de ses
relations avec Bucarest. Par la suite, la confiance ne sera jamais complètement rétablie, — des
événements intérieurs à la Roumanie comme l’écrasement sanglant de la révolte paysanne de 1907
ne contribuant guère à donner une image attirante du royaume voisin ni chez les leaders
« agrariens » du PNR, ni chez le petit groupe de socialistes roumains transylvains20.
Les élites roumaines transylvaines, avec la réorganisation et la relance de l’activité de leur
parti en 1905, semblent, plutôt, s’orienter vers d’autres solutions que le rattachement, à plus ou
moins long terme, de leur province à la Roumanie ou, du moins, ne l’envisagent-elles pas sous la
forme d’une subordination à Bucarest. Un projet récurrent21 est celui d’une réorganisation complète
de la Monarchie autrichienne sur des bases nationales avec l’intégration en son sein du Royaume
roumain fondu à la Transylvanie : ce projet satisferait plus les Roumains transylvains d’autant qu’il
éviterait leur subordination aux cercles dirigeants de Bucarest et leur offrirait la protection
17 Les manifestations de solidarité et de sympathies dans les milieux intellectuels et artistiques de part et d’autre des Carpates ne
faibliront plus jusqu’en 1914. Cf. notamment les toasts portés mutuellement lors de l’Exposition universelle de Bucarest de 1906
(BÍRÓ, Sándor, Kisebbségben és többségben : Románok és magyarok (1867–1940), éd. hong. de 2002, p. 161-162).
18 KÖPECZI, Béla, dir., op. cit., p. 1658.
19 HITCHINS, op. cit., p.149–151. Sur la déception durable : BRANIŞTE, Valeriu, Amintiri din închisoare [Souvenirs de prison], p. 240
cité par MISKOLCZY, Ambrus, « A modern román nemzet a régi Magyarországon », Rubicon, 2001, 8-9, p. 36. Voir aussi :
LAPEDATU, Alexandru, Amintiri, éd. par Ioan Opriş, Cluj, Albastră, 1998, p. 86.
20 BÍRÓ, S., op. cit., p. 43–46.
21 L’intégration des Principautés roumaines à l’Empire autrichien aurait été évoquée, pour la première fois, en 1848 au Parlement de
Francfort.
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rassurante et peu contraignante de l’Empereur à Vienne. Si le célèbre ouvrage d’Aurel Popovici,
proche de François-Ferdinand et de son cercle du Belvédère, Die vereinigten Staaten von
Großösterreich n’ose pas aborder cette hypothèse en se contentant d’imaginer la réunion de tous les
Roumains au sein des frontières existantes22, des plans d’Anschluss de la Roumanie à la Monarchie
autrichienne n’en circulent pas moins en coulisse. Certains nationalistes à Bucarest seraient même
prêts à y adhérer comme une solution de moindre mal en l’absence de perspectives claires de
conquête de la Transylvanie23.
L’autre solution plus réaliste à court terme serait celle d’une démocratisation de la Hongrie et
donc d’une conquête pacifique du pouvoir par les urnes en Transylvanie. C’est la voie officielle
suivie par le PNR autour de Iuliu Maniu. Cette voie offre des passerelles de dialogue avec des
Hongrois progressistes d’origine transylvaine et conscients de l’impasse nationaliste, « féodaliste »
dans laquelle se trouve le pays au début du siècle. Le sociologue et publiciste roumain d’Arad, un
des chefs et théoricien du PNR, Vasile Goldiş, par ses écrits, se rapproche du courant progressiste
(polgári radikalizmus) du sociologue Oszkár Jászi : il s’agit, avant toute chose, de demander le
suffrage universel et la remise en vigueur de la loi hongroise très libérale de 1868 de protection des
droits des nationalités. Jászi compte des amis personnels dans les cercles dirigeants roumains de
Transylvanie comme Emil Isac adhérent au parti social-démocrate ou Valeriu Branişte, un des chefs
du PNR24. La recherche d’une solution de ce type débouche en 1913-1914 sur des négociations
directes entre le PNR et le gouvernement hongrois d’István Tisza. Mais, à cette date, les contextes
externe et interne viennent déjà puissamment perturber toute tentative de recherche de solution en
Transylvanie. La victoire de la Roumanie, lors de la deuxième Guerre balkanique et le rôle d’arbitre
des Balkans qu’elle s’arroge lors de la paix de Bucarest d’août 1913, lui laissent entrevoir la
possibilité d’une réorientation complète de sa politique extérieure : elle montre moins d’ardeur à
pousser le PNR à s’entendre avec Budapest25. À l’intérieur même de la province, les nationalismes
tendent à s’exacerber dans les élites locales et dans la jeunesse estudiantine26. La base du PNR
pousse à la surenchère27 tandis qu’un lobby transylvain hongrois s’organise à Budapest pour
empêcher toute concession aux Roumains28.
22 POPOVICI, Aurel, Die vereinigten Staaten von Großösterreich, Leipzig, 1906.
23 Conversation de l’Ambassadeur d’Autriche-Hongrie, le Comte Czernin avec Nicolae Filipescu à l’automne 1913 : CZERNIN, Graf
Ottokar, Im Weltkrieg, Berlin, Vienne, Ullstein & Co, 1919, p. 107.
24 HASLINGER, Peter, Arad, November 1918, Oszkár Jászi und die Rumänen in Ungarn 1900 bis 1918, Vienne, Böhlau, 1993, p. 63.
25 Ibidem, p. 50sq.
26 C’est surtout vrai à Cluj (Kolozsvár) où se trouvent, en outre, beaucoup d’étudiants et de fonctionnaires hongrois dont une partie
n’est pas transylvaine. Moins dans les petites villes et dans les campagnes : sur des formes de partage de pouvoirs et de
cohabitations pacifiques, voir LAZĂR, Aurel, Chestiunea de naţionalitate [La question de la nationalité], Arad, 1914.
27 HASLINGER, op. cit., p. 51.
28 Le 7 décembre 1913 est fondée Erdélyi Szövetség (L’alliance transylvaine) en réaction aux projets de concession de Tisza.
(LENGYEL, Zsólt K., Auf der Suche nach dem Kompromiß : Ursprünge und Gestalten des frühen Transsilvanismus 1918–1928,
Munich, Verl. Ungarisches Institut, 1993, p. 42sq).
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