Pati e n t ou Cl i e n t ?
Sans avis 27,5% Patient 40%
Client 32,5%
PATIENT OU CLIENT
Que sommes nous vraiment ?
Lorsque que vous devez vous rendre
chez votre médecin généraliste
vous êtes-vous déjà posé la question suivante:
Suis-je un patient ou un client pour lui?...
Entendons par patient une personne souffrant
physiquement ou moralement qui se rend chez son
médecin afin que celui-ci soit attentif à sa douleur
et lui propose un traitement approprié ainsi qu'un
soutient moral et de bons conseils afin d'être
rétablit le plus rapidement possible. Le médecin
doit prendre le temps d'écouter son patient, lui
poser des questions sur sa vie personnelle, avoir un
comportement très humaniste.
« Il prend son temps et de-
mande même des nouvelles de
la famille »
Entendons par clients, une personne qui se rend
chez son médecin, celui-ci l'ausculte rapidement,
délivre une ordonnance et passe à la personne
suivante. Il ne connait rien de la vie de cette
personne et ne cherche pas à en savoir plus...
Nous avons mené notre enquête auprès d'un
certain nombre de personnes sous forme de petits
sondages.
« Bien soigné et pris en
charge. »
D'après François 47 ans, lorsqu'il se rend chez son
médecin traitant, il se sent plutôt comme "pa-
tient". En effet, son docteur soigne sa famille
depuis déjà trois générations et connait donc
beaucoup de choses sur sa vie. Cela créé des liens.
Il connait ses antécédents médicaux. Il prend son
temps et demande même des nouvelles de la
famille à la fin de la consultation. C'est rassurant
et par conséquent il se sent plutôt bien soigné et
prit en charge.
En ce qui concerne Cécile 35 ans , lorsqu'elle
consulte son médecin pour elle et pour ses deux
enfants en même temps, celui-ci ne lui compte que
deux consultations au lieu de trois. Donc pour elle
c'est une preuve qu'il ne pense pas qu'à l'argent.
Francine 24 ans, confirme cela également. Son
médecin lui servirait même de psychologue, en
effet il est à son écoute et cela sans regarder sa
montre et sans s'inquiéter du nombre de per-
sonnes attendant en salle d'attente...
« La consultation est toujours
trop rapide, presque bâclée.»
En revanche pour Patrick 32 ans, il se sent plutôt
client. La consultation est toujours trop rapide,
presque bâclée. Son médecin ne prend pas
systématiquement sa tension, il ne lui prescrit des
prises de sang ou autres examens que sur demande
de Patrick.
Nathalie 48 ans déplore le fait que son docteur
refuse de se déplacer pour se rendre à son domicile
lorsqu'elle est trop faible pour sortir et se rendre à
son cabinet.
« Il lui compte un déplace-
ment de onze euros alors
qu'elle habite en face de son
cabinet »
Eliane 84 ans et invalide apprécie son médecin
mais trouve déplorable le fait qu'il lui compte un
déplacement de onze euros alors qu'elle habite en
face de son cabinet et qu'il n'a que la rue à
traverser à pieds!... pour elle il pratique ce métier
parce que cela rapporte beaucoup d'argent.
Pour Caroline 28 ans le constat est identique et
souvent elle doit y retourner une seconde fois car
le traitement délivré lors de la première visite s'est
avéré inapproprié et inefficace. Elle en arrive à se
demander si son docteur ne faisait pas exprès de
bâcler la première consultation pour que sa
patiente revienne quelques jours plus tard pour
que ce soit plus lucratif pour lui!
De même, pour Valentin 21 ans qui préfère
désormais consulter en priorité son magnétiseur
rebouteux. En effet, pour ce jeune sportif, après
un problème articulaire ou musculaire, son
magnétiseur le guérit en une seule
consultation et sans traitement
médical. Certes il le paye un tarif un
peu plus élevé qu'un médecin
généraliste mais la guérison est rapide.
Pour Isabelle, son médecin est à son écoute et lui
prescrit toujours des traitements efficaces mais
elle a toujours l'impression qu'il est "stressé" par
le temps et surtout par le nombre de patients dans
la salle d'attente. Elle a fait des statistiques et en
moyenne elle ne reste jamais plus de dix minutes
en consultation. Un temps insuffisant d'après-elle
pour un diagnostique approfondit.
Sondage effectué auprès de nos proches.
(40 personnes ont répondu à celui-ci)
Il était important pour nous d'avoir l'avis d'un
médecin généraliste. Nous nous sommes rendues
dans un cabinet médical et avons interrogé le
médecin qui souhaite rester anonyme. Nous lui
avons soumis les résultats de notre sondage et lui
avons demandé son avis sur la question. Voici ce
qu'il en pense:
« Il regrette le temps des
"médecins de famille" »
Pour lui, sa vocation est d'être le plus possible à
l'écoute de ses patients. Mais le contexte actuel fait
que sa salle d'attente ne désemplie pas. En effet il
n'y a pas assez de médecins traitants sur le
secteur. Par conséquent, le temps qu'il souhaite-
rait attribuer à chaque malade est pratiquement
divisé en deux. S'il devait accorder plus de temps à
ses consultations, il perdrait une partie de sa
clientèle qui serait lasse de patienter autant de
temps pour obtenir un rendez-vous. Pour lui les
médecins sont débordés de travail car avec
l’informatisation, ils prennent beaucoup trop de
temps à rentrer les données dans leur ordinateur
au détriment du temps d'écoute accordé aux
malades. C'est un triste constat pour lui. Nous
sentons bien sa sincérité et nous percevons son
désarroi face à cette situation. Il regrette le temps
des "médecins de famille" qui n'hésitaient pas à se
déplacer en pleine nuit pour se rendre au chevet
d’un patient. Malgré tout il aime ce métier et tente
d'être le plus humain possible.
« L'humanisme a cédé la
place au gain de temps et au
profit »
Pour conclure, nous pensons qu'il y a déjà
quelques années de cela, le médecin généraliste
faisait presque partie de la famille. Il était très à
l'écoute de ses patients et prenait le temps de les
soigner. Il était très respecté en tant que tel.
Désormais, le médecin est presque un inconnu qui
nous reçoit assez froidement, il reste distant et
prend plus le temps de "taper" sur son clavier que
de nous ausculter. L'ordonnance est souvent
compliquée et c'est le pharmacien qui nous donne
les détails. L'humanisme à cédé la place au gain de
temps et au profit. La majorité des médecins le
déplore et nous restons convaincus qu'ils aiment
leur métier et surtout qu'ils essaient de le
pratiquer de leur mieux. Le vrai médecin de
famille existe t-il peut être encore en province,
dans des petites communes non surpeuplées?
Mais pour combien de temps encore...
Par Aline Le Saux, Audrey Cheniti, Lauriane
Calimia et Elisa Borie.