CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS SOUS LES PAVÉS, LES CÂBLES CRÉDITS Ce livre est édité par RTE 5HVSRQVDEOHGHODSXEOLFDWLRQ+HUY«/DƵD\H Chef de projet : Magali Huet Conception/réalisation : WordAppeal - 99, rue du Faubourg Saint-Martin, 75010 Paris - www.wordappeal.com Impression : Frazier - 33, rue de Chabrol, 75010 Paris - www.frazier.fr Achevé d'imprimer en août 2012 Crédits photographiques et sources documentaires : Médiathèque RTE, Archives CNER (RTE), Infocable, Jicable, $UFKLYHV(')$UFKLYHV3U\VPLDQ 5HSURGXFWLRQLQWHUGLWH/HVWH[WHVSKRWRVHWLPDJHVƶJXUDQWGDQVFHWWHSXEOLFDWLRQQHSHXYHQW¬WUHXWLOLV«V sans l’accord du responsable de la publication. 2 PRÉSENTATION DE RTE RTE est l’opérateur du réseau français de transport d’électricité. Entreprise de service public, RTE assure le bon fonctionnement et la sûreté du système électrique, qui conditionnent la continuité et la qualité de notre alimentation en électricité. Avec le réseau le plus important et le mieux interconnecté d’Europe, RTE est un acteur central de la construction de l’Europe de l’électricité. RTE est également classé au troisième rang mondial après les États-Unis et le Japon pour le nombre de kilomètres de lignes électriques très haute tension à 225 000 V. La mise en souterrain pour ce type de ligne n’est pas une innovation. C’est le cas des lignes à Paris depuis 60 ans. Pour en savoir plus : www.rte-france.com CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 3 CHAPITRE CHAPITRE 1 2 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN P. 6 à 17 UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE P. 18 à 33 CHAPITRE 3 DES RÉALISATIONS INNOVANTES P. 34 à 67 &RQQXHGHSXLVOš$QWLTXLW«FšHVW¢ODƶQGX;,;e et DXG«EXWGX;;e que l’électricité connaît son essor dans les villes. Assurant une meilleure sécurité que le gaz, son utilisation dans l’éclairage public lui permet de gagner les rues de la Ville Lumière. L’ alimentation des réseaux de transports ferrés, des usines, puis l’introduction de l'électricité dans les foyers conduit à des usages tout aussi variés qu’essentiels à la vie et à l’économie de la ville. Moteur de l’expansion économique de la capitale, la fée électricité se fait peu à peu indispensable. Face à ces enjeux, des sociétés de production et de transport d’électricité se mettent en place et déveORSSHQWGHVVROXWLRQVDX[GLƸFXOW«VWHFKQLTXHVUHQFRQWU«HV/DSUHPLªUHGšHQWUHHOOHVHVWODQ«FHVVLW« GHPHWWUHHQVRXWHUUDLQGHVOLDLVRQV«OHFWULTXHVGLƸFLOHPHQWU«DOLVDEOHVSDUGHVOLJQHVD«ULHQQHVHQ milieu urbain. Dans un premier temps, l’installation de câbles souterrains est limitée à certaines villes GXPRQGH/DU«JLRQSDULVLHQQHHVWXQGHVUDUHVHQGURLWVR»GHWHOOHVU«DOLVDWLRQVVRQWHƵHFWX«HV)DFH à des distances croissantes entre les lieux de production et de consommation, il est nécessaire d’utiliser plusieurs niveaux de tension. 4 PRÉFACE CHAPITRE 4 CHAPITRE 5 VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU P. 68 à 79 P. 80 à 93 DONNÉES ET GLOSSAIRE TECHNIQUES P. 94 à 97 Un premier réseau haute tension est d’abord créé autour de Paris, puis celui-ci pénètre progressivePHQWGDQVODYLOOHDXƶOGHOšDXJPHQWDWLRQGHVEHVRLQVDƶQGšDFKHPLQHUGHJUDQGHVTXDQWLW«VGš«QHUJLH DXSOXVSUªVGHV]RQHVGHFRQVRPPDWLRQ&HVGLƵ«UHQWVU«VHDX[HPSORLHQWGHVF¤EOHV«OHFWULTXHVGRQW ODWHFKQRORJLHQHFHVVHUDGš«YROXHUHWGRQWODPLVHHQSODFHFRQFHQWUHOHVHƵRUWVGHVLQJ«QLHXUVHWGHV WHFKQLFLHQV/šKLVWRLUHGHODFRQVWUXFWLRQGHFHU«VHDXH[SOLTXHOHVSDUWLFXODULW«VGXU«VHDXDFWXHO8QH ODUJH«WHQGXHGHW\SHVGHF¤EOHVUHSU«VHQWDWLYHGHSUªVGHDQVGš«YROXWLRQVWHFKQRORJLTXHVHVW en service sur le réseau actuel. De plus, la structure originale, par liaisons pénétrantes, et le mode de SRVHSDUJDOHULHVVRXWHUUDLQHVHQIRQWXQU«VHDXXQLTXHDXPRQGH &HOLYUHQHSU«WHQGSDV¬WUHXQGRFXPHQWWHFKQLTXHPDLVSURSRVHGšH[SRVHUEULªYHPHQWOšKLVWRLUHGH ce réseau souterrain haute tension à Paris. Le lecteur aura ici l’opportunité de découvrir ou redécouvrir FHU«VHDXVLSDUWLFXOLHU¢WUDYHUVFLQTJUDQGHVSDUWLHVFRQVDFU«HVDXG«YHORSSHPHQWGXU«VHDXSDULVLHQ ¢Oš«YROXWLRQWHFKQRORJLTXHGHVF¤EOHVDX[WHFKQLTXHVGHU«DOLVDWLRQDX[DYDULHVUHQFRQWU«HVVXUFH U«VHDXHWHQƶQ¢Oš«YROXWLRQGHODPDLQWHQDQFH +HUY«/DƷD\H &KLHI2SHUDWLRQV2ƸFHU CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 5 6 CHAPITRE 1 CHAPITRE 1 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN 'XG«EXWGHOš«OHFWULƶFDWLRQHQMXVTXš¢ODVWUXFWXUH GXU«VHDXDFWXHOOšDOLPHQWDWLRQ«OHFWULTXHGH3DULVSDVVHHQDQV GHV\VWªPHVLQG«SHQGDQWV¢XQU«VHDXLQWHUFRQQHFW«HWUHOL« DX[PR\HQVGHSURGXFWLRQQDWLRQDX[ &(17$16'(+$87(7(16,21/(&75,48(3$5,6 7 6 SOCIÉTÉS ',675,%8(17 /š/(&75,&,7 6286)250(6 appelée « secteur ». Elle laisse la liberté à chacun de déciGHU GHV RSWLRQV WHFKQLTXHV XWLOLV«HV (Q FRQV«TXHQFH Oš«OHFWULFLW«HVWGLVWULEX«HVRXVTXDWUHIRUPHVGLƵ«UHQWHV HQIRQFWLRQGHVVHFWHXUV L a structure actuelle du réseau de transport à Paris est le résultat d’une longue évolution entamée à ODƶQGX;,;e siècle. Les tensions de 3 000 V puis de 12 300 V sont désignées FRPPHmKDXWHWHQVLRQ}¢ODƶQGX;,;e et au début du ;;eVLªFOH,OIDXWDWWHQGUHOHG«EXWGHVDQQ«HVSRXU voir apparaître les premières liaisons souterraines de 9DYHFODFRQVWUXFWLRQGHOLDLVRQVGRQWODIRQFWLRQ n’est plus la distribution directe d’énergie au consommaWHXUPDLVOšLQWHUFRQQH[LRQHQWUHOHVGLƵ«UHQWVFHQWUHVGH production. 1889-1907 LES DÉBUTS DE L'ÉLECTRIFICATION (QDORUVTXHOš«OHFWULFLW«HVWSUHVTXHLQH[LVWDQWH¢ 3DULVODPXQLFLSDOLW«FRQƶH¢VL[VRFL«W«VOHVRLQGHG«YHlopper et exploiter le réseau de distribution d’électricité. &KDTXHVRFL«W«DODFKDUJHGHOšDOLPHQWDWLRQGšXQH]RQH 8 courant alternatif monophasé transporté en 3 000 V HWDEDLVV«¢9¢OšHQWU«HGHFKDTXHLPPHXEOH pour la « Société du Secteur des Champs-Élysées » et la « Société du Secteur de la Rive Gauche », courant continu 2 x 110 V SDUXQV\VWªPH¢WURLVƶOV pour le secteur de la « Compagnie Continentale Edison », courant produit en diphasé à 6 000 V et transIRUP«HQFRQWLQX¢9WUDQVPLVSDUXQV\VWªPHGH GHX[ƶOVSRXUOHVHFWHXUGHODm6RFL«W«GšÉclairage et de Force par l’Électricité », courant continu 4 x 110 V, SDUXQV\VWªPH¢FLQT ƶOVSRXUOHVHFWHXUGHODm6RFL«W«GHODSODFHGH&OLFK\} et le secteur de la « Compagnie Parisienne de l’Air Comprimé ». &KDTXH VRFL«W« WLUH VRQ «QHUJLH GH SHWLWV JURXSHV GH SURGXFWLRQXQHGRX]DLQHGHSHWLWHVXVLQHVVHWURXYHQW ¢3DULVHWTXDWUHFHQWUDOHV/HYDOORLV,VV\OHV0RXOLQHDX[ Saint-Denis et Saint-Ouen) sont construites en périphéULH/HVGLVWDQFHV¢SDUFRXULUHQWUHOHV]RQHVGHSURGXFtion et de consommation sont courtes et ne nécessitent pas de transport d’énergie à des tensions supérieures à 9(QOHFRXUDQWGLSKDV«¢9DSSDUD°W CHAPITRE 1 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU EDISON PLACE DE CLICHY FORCE ET ÉCLAIRAGE CHAMPSÉLYSÉES AIR COMPRIMÉ RIVE GAUCHE RÉPARTITION DES SECTEURS À PARIS, 1889-1907 1907-1920 LA CPDE REGROUPE LA PRODUCTION Courant alternatif monophasé &RXUDQWFRQWLQXGHX[ƶOV &RXUDQWFRQWLQXWURLVƶOV &RXUDQWFRQWLQXFLQTƶOV FRXUDQWDOWHUQDWLIGLSKDV«FLQTƟOV QRXYHOOHRSWLRQ WHFKQLTXHLPSODQW«HGDQVOHQRUGHWOšHVWGHODYLOOH $SUªVXQHSKDVHGHU«XQLƶFDWLRQDSSHO«Hm8QLRQGHV 6HFWHXUV}HQWUHHWDXerMDQYLHUXQH VRFL«W«XQLTXHOD&RPSDJQLH3DULVLHQQHGH'LVWULEXWLRQ d’ÉOHFWULFLW«&3'(YRLWOHMRXUSRXUSUHQGUHODUHOªYHGHV VL[FRQFHVVLRQQDLUHV /DSURGXFWLRQGDQVOHVSHWLWHVXVLQHVFªGHODSODFH¢XQH SURGXFWLRQ UHJURXS«H GDQV GHX[ JUDQGHV FHQWUDOHV PLVHVHQVHUYLFHHQDXQRUG¢6DLQW2XHQHWDXVXG ¢,VV\OHV0RXOLQHDX[/HFRXUDQWGLSKDV«HVWSURGXLW¢ XQHWHQVLRQGH9HWXQHIU«TXHQFHGH+] ,OHVWWUDQVSRUW«MXVTXš¢XQHYLQJWDLQHGHVRXVVWDWLRQVRX FHQWUHVGHFRXSODJHVLWX«VGDQVODYLOOHHWTXLSHUPHWWHQW GšDGDSWHUOHFRXUDQW¢FKDTXH]RQH /HPRQRSROHHVWLQVWDXU«PDLVOšXQLƶFDWLRQWHFKQLTXHQšHVW SDVHQFRUHSU«YXH3DULVHVWGLYLV«HQTXDWUH]RQHV courant alternatif monophasé GDQV OHV DQFLHQV VHFWHXUVm5LYH*DXFKH}HWm&KDPSVÉO\V«HV} F RXUDQWFRQWLQXWURLVƟOV GDQVOHVDQFLHQVVHFWHXUV m(GLVRQ}HWmÉFODLUDJHHW)RUFH} FRXUDQWFRQWLQXFLQTƟOVGDQVOHVDQFLHQVVHFWHXUV m&OLFK\}HWm$LU&RPSULP«} /šXQLIRUPLVDWLRQWRWDOHMXJ«HWURSRQ«UHXVHDXYXGHVRQ LQW«U¬WQšHVWSDVSU«YXH&HSHQGDQWXQSURJUDPPHGH PRGHUQLVDWLRQGXU«VHDXHVWODQF«HQWUHHW DƶQ GH UDWLRQDOLVHU OD IU«TXHQFH HW GšDEDQGRQQHU OD GLVWULEXWLRQGš«OHFWULFLW«HQFRXUDQWFRQWLQX CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 9 EMPLOYÉS DE LA CPDE À LA SOUS-STATION SAINT-ROCH Les fréquences de 25, 42, 50 ou 53 Hz coexistent à ce moment et la CPDE, à l’image d’autres villes européennes, opte pour la standardisation à 50 Hz, pour permettre l’interconnexion future avec d’autres réseaux. D’autre part, les avantages du courant alternatif - en termes de sécurité, de rendement et de portée du transport et de la distribution électrique - par rapport au courant continu, poussent les dirigeants à arrêter toute alimentation en courant continu. Son remplacement par le réseau alternatif complémentaire dure plus de 30 ans et des alimentations en courant continu subsistent, à Paris, jusqu’au milieu des années 1960. À la veille de la guerre, la situation est complexe. En fonction du quartier et de l’immeuble, les abonnés parisiens peuvent recevoir du courant 115 V alternatif ou 10 continu, 230 V continu, 230 V alternatif monophasé ou diphasé ou 460 V continu. De plus, dans un même LPPHXEOH MXVTXš¢ WURLV W\SHV GH U«VHDX[ GLƵ«UHQWV peuvent coexister. 1920-1930 LA « CEINTURE D’HERCULE » PORTE LE DÉVELOPPEMENT URBAIN Parallèlement aux usines de la CPDE, en banlieue, de grandes usines productrices sont construites (Gennevilliers en 1922 et Ivry en 1924), d’autres sont rénovées et étendues (Saint-Denis, Vitry) pour desservir non pas la ville de Paris CHAPITRE 1 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE mais la proche banlieue industrielle en croissance, les départements limitrophes, ainsi que certains clients parisiens, tels que le Métropolitain ou les compagnies de tramways. Ces usines sont exploitées par les sociétés Union d’Électricité, Électricité de Paris et Électricité de la Seine. Ces sociétés lancent, au début des années 1920, un programme d’interconnexion entre les groupes de production de la région par des câbles souterrains à 60 000 V (ensuite standardisés à 63 000 V). Une première. Cette U«DOLVDWLRQHVWMXVWLƶ«HSDUODQ«FHVVLW«GHUHJURXSHUOHV capacités de production dans un nombre réduit de centrales électriques, pour relier des sources d’énergie peu nombreuses aux postes d’alimentation éloignés entre HX[&HU«VHDXSHUPHWGHIDLUHOHOLHQHQWUHOHVGLƵ«UHQWHV usines thermiques de la région parisienne, qui alimentent des réseaux indépendants. Il a aussi un rôle de récepteur de l’énergie produite dans des centrales hydro-électriques lointaines. Surnommé la « Ceinture d’Hercule », il s’agit du premier réseau souterrain à haute tension en France. Après quelques années de fonctionQHPHQWLOHVWTXDOLƶ«GHmVXFFªVLQFRQWHVWDEOH}SDUOHV dirigeants de la CPDE. Débutée en 1922, cette interconnexion compte dès la première année 76 km de liaisons, 209 km en 1925 et 300 km lors de son achèvement, en 1930. Elle constitue une boucle à 63 000 V autour de Paris et relie entre elles toutes les usines de production de la région : Alfortville, Asnières, Billancourt, Gennevilliers, Issy-les-Moulineaux, Nanterre, Puteaux, Romainville, Vitry puis Saint-Denis et Ivry en 1931. Grâce à ce réseau, les centrales peuvent se secourir entre elles en cas d’incident mais, en temps normal, seules les centrales les plus puissantes sont utilisées (Gennevilliers, Vitry, Ivry et Saint-Denis). Les autres unités de production sont progressivement mises hors service (Alfortville et Asnières en 1927, Puteaux en 1932). Cette ceinture est, à cette époque, le plus important réseau de DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU EXEMPLE DE DEVIS DE LA COMPANIE D'ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE DU SECTEUR DES CHAMPS-ÉLYSÉES 300 km DE LIAISONS À 63 000 V cette tension dans le monde entier. De cette boucle, des lignes aériennes partent vers la province dans toutes les directions (Meaux, Creil, Mantes et Corbeil). En 1926, une ligne aérienne de 90 000 V, en provenance d’Éguzon dans le Massif Central, verse l’excédent de production sur le réseau 63 000 V via le poste de Chevilly. De nouvelles centrales thermiques et hydrauliques sont construites en France et l’électricité produite est acheminée jusqu’à ce réseau d’alimentation de la région parisienne. Ces connexions représentent le point de départ d’un vaste réseau d’interconnexion national français, débuté en 1930, faisant le lien entre la production thermique à CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 11 QUATRE SOURCES DE COURANT DIFFÉRENTES ! En 1930, Paris est alimenté par quatre sources de courant à 63 000 V au sud-ouest à Issy-les-Moulineaux, au nord par Saint-Ouen, à l’est par le poste de Nation et au sud-est par le poste de Tolbiac. Sur ces postes, l’énergie est convertie en 12 300 V, à destination d’une vingtaine de sous-stations dans Paris. Celles-ci répartissent et transforment le courant soit en 3 000 V alternatif, soit en courant continu, selon les zones. 1930-1939 INTER-PARIS RÉALISE LA PREMIÈRE LIAISON SOUTERRAINE 225 000 V base de charbon au nord et la production d’origine hydraulique au sud, principalement dans le Massif Central, les Alpes, les Pyrénées ou à l’est sur le Rhin. &H U«VHDX PDUTXH OH SDVVDJH GH OšDXWRVXƸVDQFH de la production de la région parisienne par rapport à sa consommation à une dépendance envers la production d’énergie électrique en provenance du territoire national. 1930 LA HAUTE TENSION ENTRE DANS PARIS Jusqu’en 1930, l’alimentation de Paris est uniquement assurée par les usines de la CPDE, qui ne sont pas connectées aux autres usines de la région par la boucle à 63 000 V. Les usines nord et sud-ouest de la compagnie atteignent leurs limites de production. Pour éviter la construction d’une troisième usine et assurer une meilOHXUHTXDOLW«GšDSSURYLVLRQQHPHQWPDLVDXVVLSRXUSURƶter de la fourniture d’électricité d’origine hydraulique, la &3'(G«FLGHHQGHFRQƶHUODGLVWULEXWLRQGš«OHFWULcité destinée à la ville de Paris aux sociétés Électricité de Paris, Électricité de la Seine et Union d’Électricité. Les usines de la CPDE sont ainsi raccordées au vaste réseau d’interconnexion. Deux postes de transformation 63 000 V / 12,3 000 V, disposés sur cette boucle à proximité des usines d’Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen, participent à l’alimentation de Paris par les échanges avec le réseau diphasé parisien de la CPDE. Deux liaisons 63 000 V, provenant de Charenton et Villejuif, pénètrent directement à l’intérieur de Paris jusqu’aux postes de Nation et Tolbiac, construits en 1929 et 1930. Ces liaisons marquent le G«EXW GH OšLPSODQWDWLRQ GH QLYHDX[ GH WHQVLRQ TXDOLƶ«V aujourd’hui de haute tension, dans Paris intra-muros. 12 À partir de 1930, la production hydro-électrique connaît un essor sans précédent. En s’appuyant sur le réseau 63 000 V de la région parisienne, achevé en 1930, les interFRQQH[LRQV QDWLRQDOHV VH U«SDQGHQW DƶQ GšDFKHPLQHU cette énergie jusqu’à Paris, qui représente la région la plus consommatrice d’électricité en France. Mais les puissances transportées deviennent très importantes et la boucle 9QšHVWSOXVVXƸVDQWH En 1933, les sociétés productrices d’électricité dans la région parisienne (Union d’Électricité, Société d’Électricité de la Seine et Société d’Électricité de Paris) constituent la « Société d’Interconnexions électriques », plus simplement nommée « Inter-Paris ». Elle a pour but de concevoir un deuxième réseau à grande capacité de transmission d’énergie, chargé de satisfaire au développement de la consommation et de recevoir l’adduction dans la région parisienne de quantités de plus en plus considérables d’énergie. Parallèlement, d’autres centrales de grande puissance sont mises en service à Vitry (usine Arrighi) en 1931 et à Saint-Denis (nommée Saint-Denis 2) en 1933. Le choix de la tension de ce nouveau réseau est une question essentielle. En 1932, la tension de 225 000 V est employée pour la première fois en France au poste de Chevilly, d’où part une ligne aérienne reliant le poste au barrage d’Éguzon. L’adoption de ce niveau de tension permet de répondre aux nouveaux besoins de capacité de transport et de raccorder le nouveau réseau directement aux grandes lignes nationales de transport. La solution la plus simple aurait consisté à réaliser ce réseau entièrement par lignes aériennes, comme cela existait dans d’autres grandes villes d’Europe. Par exemple, Berlin est, dans les années 1930, encerclé par deux lignes aériennes 110 000 V, implantées en milieu urbain dans un HPSODFHPHQW«TXLYDOHQWDX[DQFLHQQHVIRUWLƶFDWLRQVGH Paris. Mais la réalisation de lignes aériennes 225 000 V dans CHAPITRE 1 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES CENTRALE DE GENNEVILLIERS – 1922 VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU CENTRALE DE GENNEVILLIERS – 1955 UNE PREMIÈRE MONDIALE SUR SAINT-DENIS -CLICHY-SOUS-BOIS ODU«JLRQSDULVLHQQHHVWGLƸFLOHHWQHSHXW¬WUHHƵHFWX«H TXšHQGHKRUVGHOšDJJORP«UDWLRQHWORLQGHVWHUUDLQVGšDYLDWLRQFHTXLLPSOLTXHXQHORQJXHXUGHFLUFXLWWUªVLPSRUtante. m,QWHU3DULV}RSWHGRQFSRXUXQU«VHDXPL[WHFRQVWLWX« HQSDUWLHGHOLJQHVD«ULHQQHVHWGHF¤EOHVVRXWHUUDLQVTXL SHUPHWGšXQHSDUWXQUDFFRXUFLVVHPHQWVHQVLEOHGXWUDF« HW GšDXWUH SDUW OH UDFFRUGHPHQW GHV XVLQHV WKHUPLTXHV H[LVWDQWHV &HSHQGDQWXQSUREOªPHGHWDLOOHVHSRVH,OQšH[LVWH¢FHWWH «SRTXHDXFXQSU«F«GHQWTXDQW¢OšH[SORLWDWLRQGHVF¤EOHV VRXWHUUDLQV¢XQQLYHDXGHWHQVLRQDXVVL«OHY«/DU«XVVLWH GX SURJUDPPH J«Q«UDO Gš,QWHU3DULV G«SHQG GRQF GH OD U«VROXWLRQ GšXQ SUREOªPH SXUHPHQW WHFKQLTXH ODU«DOLVDWLRQGHF¤EOHVVRXWHUUDLQV¢9 « Inter-Paris » se lance dans un projet inédit et fait appel au concours de plusieurs câbleries françaises. Après de nombreux essais et études, elle met en service en 1936 la liaison souterraine Saint-Denis – Clichy-sous-Bois de 18 km. Une première mondiale. Ces liaisons souterraines s’intègrent au réseau 225 000 V, constitué en majorité de lignes aériennes, et permet l’interconnexion de trois postes : Saint-Denis au nord, Villevaudé à l’est et Chevilly au sud. La réalisation par câbles souterrains d’un réseau à 63 000 V, à partir de 1922, puis à 225 000 V, à partir de 1936, représente à chaque fois une première mondiale et un exploit technique à la hauteur de l’enjeu que constitue Oš«OHFWULƟFDWLRQGHOD9LOOH/XPLªUH/HUHWRXUGšH[S«ULHQFH FRQƟUPHOHVXFFªVWHFKQLTXHGHFHVU«DOLVDWLRQV CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 13 CONSTRUCTION DE L’USINE DE SAINT-DENIS 14 CHAPITRE 1 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU CENTRALE THERMIQUE DE SAINT-DENIS EN 1968 CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 15 CENTRALE ARRIGHI VITRY-SUD – 1954 1946-1960 16 1960 CROISSANCE DE LA DEMANDE ET NATIONALISATION DE L’ÉNERGIE UNE BOUCLE HAUTE TENSION AUTOUR DE PARIS En 1946, le secteur de l’énergie est nationalisé et la CPDE laisse sa place à la CDPE (Centre de Distribution de ParisÉOHFWULFLW« &HOXLFL FRQWLQXH OD PLVVLRQ Gš«OHFWULƶFDWLRQ de la capitale. En 1957, d’autres postes d’alimentation 63 000 V sont créés à Paris, pour répondre à la croissance de la demande : Turgot dans le XVIIIe et Eylau dans le XVIe, alimentés respectivement par Ampère à Saint-Denis et Fallou à Gennevilliers. L’énergie est toujours puisée dans le réseau d’interconnexion à 63 000 V entourant Paris, lui-même alimenté par le réseau 225 000 V. Ces postes, à l’image de ceux de Tolbiac, Nation et Issy-les-Moulineaux, réalisent la transformation 63 000 V / 12 500 V et sont reliés aux sous-stations parisiennes. Au début des années 1960, le réseau se fait vieillissant, la qualité de service est à améliorer et certaines sous-stations atteignent leur puissance maximale. Des études sont réalisées par le service de distribution, en collaboration avec le service de transport, pour décider de la nouvelle structure du réseau parisien. L’objectif est de pouvoir faire face à la disparition complète d’un poste, en cas d’avarie, mais aussi à une panne double. Il est décidé de transporter l’énergie à l’intérieur de Paris par des liaisons souterraines à 225 000 V. Ces liaisons ont comme point de départ des postes 225 000 V construits en proche périphérie et pénètrent en radiales à l’intérieur de Paris, à l’image des rayons d’une roue. Deux à trois postes successifs, situés sur chacune de ces radiales, abaissent la tension à 20 000 V pour distribuer l’énergie dans les quartiers à proximité. Les postes situés en périphérie (appelés « postes B ») sont interconnectés par XQHERXFOH9DƶQGHSU«YHQLUXQHFRXSXUHJ«Q«rale d’électricité. Ce type de connexion 225 000 V entre les postes de transformation n’existe pas à l’intérieur de Paris HQWUHOHVSRVWHVGLVSRV«VVXUGHVUDGLDOHVGLƵ«UHQWHV CHAPITRE 1 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE /H VHFRXUV HVW HƵHFWX« SDU GHV F¤EOHV 9 &HWWH FRQƶJXUDWLRQ GX U«VHDX GH WUDQVSRUW HVW XQLTXH DX monde pour une grande ville. Le réseau de distribution est aussi largement remanié. Le courant diphasé 12 300 V laisse sa place au courant triphasé 20 000 V. La tension de 20 000 V est adoptée pour réaliser trois artères disposées en couronnes concentriques et allant de poste en poste. De plus, le choix est fait d’adopter une distribution triphasée, maillée dans un premier temps, puis radiale à partir des années 1980, pour remplacer toutes les autres formes de distribution (monophasée et diphasée). Parallèlement à cette structure du réseau dans Paris, une boucle aérienne d’interconnexion de 400 000 V est construite autour de Paris à partir de 1960 et s’achève en 1972. Cette boucle participe aux grands échanges entre les régions françaises et permet aussi l’alimentation de la région parisienne par l’intermédiaire de dix postes 400 000 V / 225 000 V. La production, assurée initialement dans les années 1920 par les centrales proches de la capitale, est d’abord complétée par l’apport massif d’énergie hydraulique et thermique. À partir du milieu des années 1970, les centrales d’Île-de-France laissent leur place aux importantes unités de production plus lointaines, telles que les centrales nucléaires dont l’énergie est transportée dans toute la France par le réseau 400 000 V. Les centrales de la région parisienne sont sollicitées uniquement pour faire l’appoint de production lors de pics de consommation. Aujourd’hui, la région Île-de-France produit à peine 10 % de sa consommation. L’augmentation des distances entre les zones de production et de consommation et l’exceptionnelle augmentation de la consommation d’électricité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dont la valeur double tous les dix ans jusqu’aux années 1990, expliquent le recours aux niveaux de tension 400 000 V et 225 000 V. Une seconde boucle à 225 000 V, commencée par « Inter-Paris » dans les années 1930, est terminée à l’ouest par liaisons aériennes en 1960. Cette ligne est doublée en 1964. À partir de 1960, en une quinzaine d’années, la tension de 225 000 V se substitue en grande partie à la tension de 63 000 V. Les liaisons à 63 000 V sont néanmoins utilisées pour alimenter des clients tels que la RATP et la SNCF à Paris. DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU 200 km DE LIAISONS RELIENT AUJOURD’HUI LA PÉRIPHÉRIE AUX POSTES SITUÉS INTRA-MUROS 1960-2011 LE DÉPLOIEMENT DU RÉSEAU HAUTE TENSION Entre 1960 et 1969, les postes de Coriolis (XIIe), Batignolles (XVIIe), Buttes-Chaumont (XIXe) et Castagnary (XVe) sont créés. Les postes 63 000 V existants de Turgot, Nation et Tolbiac accueillent aussi des câbles 225 000 V. Ces postes, appelés postes « sources » ou postes C, sont équipés de transformateurs 225 000 V / 20 000 V. La structure 225 000 V, conçue dans les années 1960, continue son déploiement dans les décennies suivantes. En 1975, elle compte 14 postes C, 25 en 1980, 29 en 1990, 36 en 2000. En 2003, le 38e, et dernier poste source 225 000 V mis en service à ce jour, est celui de La Muette, dans le XVIe arrondissement. Aujourd’hui, l’alimentation de Paris représente près de 200 km de liaisons 225 000 V entre les postes situés en proche périphérie (postes B) et les postes dans Paris (postes C). Parallèlement aux travaux de rénovation sur le réseau ancien, des liaisons de renforcement sont régulièUHPHQW U«DOLV«HV VXU OHV UDGLDOHV DƶQ GH U«SRQGUH ¢ l’augmentation de la consommation et aux exigences de qualité de service. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 17 18 CHAPITRE 2 CHAPITRE 2 UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE 'XF¤EOHLVRO«DXƶOGHMXWHLPSU«JQ«GšKXLOHDX[F¤EOHV¢LVRODQW V\QWK«WLTXHGšDXMRXUGšKXLHQSDVVDQWSDUOHSDSLHULPSU«JQ«OHVF¤EOHV ¢KXLOHHW¢JD]Oš«YROXWLRQGHVWHFKQRORJLHVGHF¤EOHDSHUPLV GšDXJPHQWHUODSXLVVDQFHWUDQVSRUW«HHWODƶDELOLW«GHVOLDLVRQV CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 19 L'INGÉNIEUR CONSTRUCTEUR SUISSE FRANÇOIS BOREL (À DROITE) LES PRÉMICES DU CÂBLE HAUTE TENSION / H F¤EOH «OHFWULTXH DFWXHO XQ REMHW GšDSSD UHQFH VLPSOH HVW HQ IDLW OšDERXWLVVHPHQW GH SUªV GH GHX[ VLªFOHV GH UHFKHUFKHV MDORQQ«V GH G«FRXYHUWHV VFLHQWLƶTXHV&HOOHVFLRQWSHUPLVGHIUDQFKLU¢FKDTXH IRLVGHQRXYHDX[SDOLHUVDP«OLRUDQWDLQVLODƶDELOLW«HWOD SHUIRUPDQFHGXWUDQVSRUWGš«OHFWULFLW« CÂBLE BOREL LE CÂBLE TÉLÉGRAPHIQUE 'DQVXQSUHPLHUWHPSVOšXWLOLVDWLRQGHVF¤EOHVLVRO«V«WDLW H[FOXVLYHPHQW U«VHUY«H DX[ WUDQVPLVVLRQV W«O«JUD SKLTXHV'ªVLOVšDJLVVDLWGHƶOVLVRO«V¢ODVRLHQDWXUHOOH 20 SXLV¢SDUWLUGHGHƶOVLVRO«VSDUXQQRXYHDXPDW«ULDX ¢EDVHGHJRPPHH[WUDLWHGHFHUWDLQVDUEUHVWURSLFDX[ ODJXWWDSHUFKDSURGXLWXWLOLV«QRWDPPHQWSRXUFRQVWLWXHU GHVF¤EOHVVRXVPDULQVW«O«JUDSKLTXHVMXVTXšHQHW OH 7UDQVSDFLƶTXH &HSHQGDQW VHV FDUDFW«ULVWLTXHV Qš«WDLHQWSDVVXƸVDQWHVSRXUU«DOLVHUOHVSUHPLHUVF¤EOHV «OHFWULTXHV LES PREMIÈRES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES %LHQW¶W OH G«YHORSSHPHQW UDSLGH GH Oš«FODLUDJH HW GH OšLQGXVWULH«OHFWULTXHREOLJHOHVIDEULFDQWV¢FRQFHYRLUGH QRXYHDX[V\VWªPHV/HVSUHPLªUHVOLDLVRQVFRQVLVWHQW¢ SRVHUGHVƶOV«OHFWULTXHVVXUGHVLVRODWHXUVHQERLVRXHQ SRUFHODLQHSODF«VGDQVGHVFDQLYHDX[VRXWHUUDLQVUHPSOLV GH ELWXPH 3DU OD VXLWH GHV LVRODQWV WHOV TXH OH MXWH DVSKDOW«SODF«VGDQVXQWXEHGHSURWHFWLRQVRQWXWLOLV«V CHAPITRE 2 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU LA PRESSE À PLOMB DE BOREL Alors que les premières liaisons souterraines de transmission d’énergie électrique sont des systèmes primaires peu performants, ne permettant pas d’excéder quelques dizaines de volts, l’invention de la presse à plomb par l’ingénieur suisse Borel, en 1879, marque un tournant dans l’histoire des câbles souterrains. Cette technique permet de mouler une gaine de plomb GLUHFWHPHQWVXUOHVFRQGXFWHXUVLVRO«VDX[ƶEUHVGHMXWH et supprime en partie les problèmes d’absorption d’humidité en rendant le câble étanche. Peu après, en LPSU«JQDQWOšLVRODQWHQMXWHGšXQP«ODQJHGšKXLOHHWGH résine, des câbles monopolaires concentriques à 3 000 V sont posés à Paris, en 1890. CÂBLE FERRANTI L’APPARITION DU PAPIER IMPRÉGNÉ Une autre étape décisive vers les premiers câbles de transport d’énergie électrique est franchie lors de l’apparition, en 1890, du papier imprégné. Pour la première fois, Ferranti met en place un câble à 10 000 V en enroulant des bandes de papier autour de conducteurs en cuivre disposés dans un tube en acier rempli de bitume. En 1893, aux États-Unis, des bandes étroites de papiers sont enroulées en hélice autour du conducteur et mises sous gaine de plomb. Le procédé d’imprégnation permet d’exploiter au mieux les propriétés connues d’isolation du papier, tout en supprimant les problèmes liés à l’absorption de l’humidité. 50 ANS D’ÉVOLUTION DU CÂBLE Ici commence le développement des canalisations électriques souterraines dans les grandes agglomérations, où les lignes aériennes sont trop encombrantes et/ou irréalisables. Pendant 50 ans, les câbles isolés au papier imprégné s’imposent comme la meilleure solution pour ces canalisations et le perfectionnement des procédés d’imprégnation conduit à l’accroissement des tensions. Les sociétés de l’industrie électrique parviennent à transformer l’énergie électrique en des tensions de plus en plus élevées, ce qui conduit les ingénieurs à concevoir des câbles de plus en plus performants. Alors que les distances à parcourir entre les zones de production et de consommation augmentent, les lois de l’électricité rendent plus intéressant de transporter Oš«QHUJLH«OHFWULTXHVRXVKDXWHWHQVLRQDƶQGHU«GXLUH OHVSHUWHV'HVWUDQVIRUPDWHXUVVRQWDLQVLFRQ©XVDƶQGH convertir l’énergie produite par les machines et la performance des câbles souterrains a dû s’adapter à ce besoin. L’ACCROISSEMENT DES TENSIONS En 1910, la tension de fonctionnement des câbles atteint 15 000 V puis 30 000 V, à la veille de la Première Guerre PRQGLDOH 'ªV OD ƶQ GH FHOOHFL OD WHQVLRQ DWWHLQGUD HQ France 63 000 V. C’est le début du transport d’électricité en France. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 21 LES CÂBLES À HAUTE TENSION 1921 : POSE DES PREMIERS CÂBLES HAUTE TENSION DANS LA RÉGION PARISIENNE Dès 1921, les premiers câbles « haute tension », c’est-à-dire d’une tension d’exploitation supérieure à 63 000 V, sont posés en France et dans la région parisienne. Au moment de la création de l’interconnexion entre les différentes centrales électriques de la région parisienne, la société Union d’Électricité décide de créer un réseau souterrain ceinturant Paris, en adoptant la tension la plus élevée de l’époque. LES CÂBLES AU PAPIER Ces liaisons sont composées de trois câbles unipolaires, isolés au papier imprégné d’une matière visqueuse composée d’un mélange d’huile et de résine, et entourés par une enveloppe en plomb. Ce choix de trois câbles unipolaires et non de câbles à trois conducteurs est décidé après de longs essais en laboratoire. Cette technologie de câble, à champ radial, présentait l’avantage d’améliorer la tenue diélectrique du câble et ainsi la capacité de transport. Ces câbles sont constitués d’une âme en cuivre de 150 mm², d’une épaisseur de papier imprégné de 14 mm, d’un papier métallisé et d’une gaine de plomb de 2,5 mm d’épaisseur, pour une capacité de 30 MVA. L’ensemble est protégé mécaniquement par un matelas de jute goudronné. Près de 400 km de ce type de câble sont posés dans la région parisienne. Après la construction de la centrale d’Arrighi, à Vitry- sur- Seine, en 1931, le même type de câble est utilisé mais avec une section de 250 mm². Cette section autorise désormais une puissance transportée de 45 MVA. Aujourd’hui, certains tronçons de câbles de cette technologie, posés dans les années 1920, sont toujours en exploitation. C’est le cas, par exemple, pour certains tronçons de la liaison entre les postes de Fallou à Gennevilliers et de Courbevoie : posés en 1925, ils atteignent 86 années de service. 22 COUPE PI PERFECTIONNEMENT DES CÂBLES AU PAPIER IMPRÉGNÉ Pour répondre à la croissance de la consommation et de la production des puissances électriques, les câbles au papier imprégné sont perfectionnés. Pour la matière d’imprégnation, des mélanges minéraux remplacent les matières végétales. Des papiers plus minces et de meilleure qualité sont employés et des papiers semi-conducteurs sont placés sur l’âme en cuivre. Ces dernières améliorations permettent de réduire l’épaisseur de l’isolant qui passe de 14 à 12 mm, dans un souci de légèreté et de coût. Les progrès se poursuivent constamment jusqu’en 1960, en réalisant l’imprégnaWLRQSDUGHVPDWLªUHVFKDUJ«HVGHFLUHPRLQVƷXLGHVHW chimiquement plus stables. CHAPITRE 2 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU 7 9 TYPE MÉTALLISÉ D’UN CÂBLE TRIPLOMB 4 8 6 1 5 1 CONDUCTEUR Cuivre ou aluminium 2 ISOLANT Papier impégné 3 RUBAN Papier métallisé 4 BOURRAGE Cordelettes de papier imprégné 5 CEINTURE Calicot métallisé 6 GAINE Plomb 7 MATELAS Papier ou jute goudronné 8 ARMURE DE 2 FEUILLARDS À RECOUVREMENT Jute goudronné 9 MATELAS Jute goudronné 3 2 LA NÉCESSITÉ D’UNE NOUVELLE TECHNOLOGIE Cependant, ce type de technologie pose des problèmes. Les cycles de fonctionnement du câble entraînent des variations de température et des déplacements d’huile par dilatation et compression de l’huile d’imprégnation. Par ces mouvements, le plomb de la gaine, ayant un FRHƸFLHQWGHGLODWDWLRQHQYLURQIRLVSOXVIDLEOHTXH l’huile, est déformé de manière irréversible. Ces déformations entraînent la création dans l’isolant de zones vides, de vacuoles, remplies d’air. Cet air, ionisé par le champ «OHFWULTXHHVWHQVXLWH¢OšRULJLQHGHG«FKDUJHVSDUWLHOOHV SXLVGXFODTXDJHGXF¤EOH3RXU«YLWHUFHODLOIDXWXQH FRXFKHGšLVRODQWVXƸVDPPHQW«SDLVVHTXLFRPELQ«HDX besoin de tension d’exploitation plus élevée, détermine une épaisseur trop importante pour être réalisable. Cette technologie présente ici ses limites et la mise au point GšXQHQRXYHOOHVROXWLRQWHFKQLTXHGHYLHQWQ«FHVVDLUH LE CÂBLE TRIPLOMB (QXQQRXYHDXW\SHGHF¤EOHHVWSRV«VXUOH U«VHDX9GHODU«JLRQSDULVLHQQH,OVšDJLWGH F¤EOHVWULSKDV«V¢FKDPSUDGLDOGHW\SHWULSORPE Dans ce câble, trois conducteurs sont chacun entourés d’une couche d’isolant en papier imprégné, d’un écran en rubans de papier métallisés puis d’une gaine en plomb. Ces trois éléments sont ensuite entourés d’un ruban textile métallisé et contenus dans une gaine en CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 23 24 CHAPITRE 2 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU EMMANUELLI ET PIRELLI CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 25 CÂBLE 63 000 V plomb. Les écrans permettant de répartir de manière radiale le champ électrique sont reliés à la gaine en plomb contenant les trois conducteurs. Seuls deux câbles de ce type ont été posés en région parisienne, sur une double liaison entre Romainville et Vincennes. Ils ont été mis hors exploitation en 1967, après 40 années de service. Une nouvelle technologie plus performante, permettant d’atteindre des tensions plus élevées, fait alors son apparition. EMMANUELLI ET LE CÂBLE À HUILE FLUIDE En 1917, l’ingénieur italien Emmanuelli, de la société Pirelli, dépose un brevet décrivant les principes d’un câble novateur appelé par la suite « câble à huile fluide » ou « câble à système Pirelli » ou encore « câble OF » pour « Oil-Filled ». Il s’agit d’un câble à conducteur creux, dans lequel l’huile maintenue sous pression (un à trois bars) peut circuler à 26 l’intérieur d’un canal. Des réservoirs extérieurs, appelés « poumons », sont placés le long de la liaison. Ils maintiennent une pression constante à l’intérieur du câble, tout en permettant les mouvements de dilatation et de FRPSUHVVLRQGHOšKXLOHDXƶOGHVF\FOHVGHIRQFWLRQQHPHQW$LQVLHQFDVGš«FKDXƵHPHQWODGLODWDWLRQGHOšKXLOH à l’intérieur du câble est compensée par l’augmentation du niveau d’huile dans les « poumons » et, de la même façon, en cas de compression de l’huile par refroidissement, l’huile du réservoir se retrouve à l’intérieur du câble. Les matières visqueuses d’imprégnation des câbles des précédentes générations sont ici remplacées par une KXLOHƷXLGHGHYLVFRVLW«SOXVIDLEOH*U¤FH¢FHGLVSRVLWLI l’huile sous pression imprègne l’ensemble du milieu contenu à l’intérieur de la gaine de plomb. Le papier enroulé autour du conducteur est donc en permanence imprégné par l’huile. La qualité d’imprégnation acquise lors de la fabrication est préservée au cours de l’exploitation et la formation d’espaces vides, à l’origine de G«FKDUJHVSDUWLHOOHVHVWDLQVL«YLW«H$ƶQGHFRQWHQLUOD CHAPITRE 2 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU CÂBLE 225 000 V pression interne, la gaine de plomb est enveloppée dans une frette en laiton, protégée elle-même contre la corrosion par une deuxième gaine de plomb. LES CÂBLES À HUILE FLUIDE À PARIS En 1930, les sociétés câblières françaises commencent à produire des câbles selon ce procédé pour des tensions de 63 000 V. Ainsi, pour la première fois en France, en 1933, les deux liaisons Chevilly-Villejuif et $UULJKL9LWU\1RUGVRQWU«DOLV«HVHQF¤EOHV¢KXLOHƷXLGH avec une âme en cuivre d’une section de 350 mm², une épaisseur d’isolant de 9 mm et une capacité de transport de 65 MVA. Ces liaisons ont été retirées de l’exploitation en 2004 et 2005. Une durée de vie de plus de 70 ans, DXGHO¢GHVHVS«UDQFHVGHOš«SRTXHP¬PHVLODƶDELOLW« de cette technologie n’était alors plus contestée. LE PREMIER CÂBLE 225 000 V AU MONDE $SUªVOHVU«VXOWDWVFRQYDLQFDQWVGHVF¤EOHV¢KXLOHƷXLGH 9HQWHUPHVGHSHUIRUPDQFHHWGHƶDELOLW«LOHVW rapidement envisagé de dépasser les niveaux de tension existants pour les câbles souterrains. Un câble 132 000 V est expérimenté en 1926, aux États-Unis, puis des HVVDLVVRQWHƵHFWX«VHQWUHHWSRXUWHQWHUGH réaliser un câble souterrain capable de fonctionner sous une tension d’exploitation de 225 000 V. Ces essais s’avèrent concluants. En 1936, la Société InterParis, en charge de la réalisation d’un réseau à haute tension autour de Paris, met en service la première liaison 225 000 V par câble souterrain. Il s’agit de la connexion entre les postes de Saint-Denis et Clichy-sous-Bois, distants GHNP/DU«DOLVDWLRQGHFHWWHOLDLVRQHVWDORUVFRQƶ«H à quatre constructeurs français, avec la collaboration d’Emmanuelli. C’est un réel exploit et un succès incontestable puisque ce câble a fonctionné jusqu’en l’an 2000 sans avoir connu d’avarie. Ce câble monopolaire à huile VIE DU PREMIER CÂBLE SOUTERRAIN : DE 1936 … À 2000 ! ƷXLGHHVWFRQVWLWX«GšXQH¤PHFRQGXFWULFHHQFXLYUHGH section 350 mm², d’un canal central de 13 mm de diamètre, d’une épaisseur de couches de papier imprégné de 24 mm, d’une première gaine de plomb de 3,2 mm d’épaisseur, d’une frette en laiton de 0,8 mm, puis d’une deuxième gaine de plomb de 2,5 mm. L’ensemble a un diamètre extérieur total de 97 mm, pour un poids de 27,3 kg par mètre. La capacité de transport atteint 160 MVA. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 27 LES AUTRES CÂBLES SOUS PRESSION Exceptées de rares liaisons réalisées en câbles « triplomb », les câbles monopolaires DXSDSLHULPSU«JQ«VDQVSUHVVLRQHW¢KXLOHƠXLGHVšLPSRVHURQWFRPPHOHVGHX[VHXOHV WHFKQLTXHVPLVHVHQSODFHGDQVOHU«VHDXVRXWHUUDLQKDXWHWHQVLRQGH3DULVMXVTXšHQ (QWURLVDQVDSUªVODQDWLRQDOLVDWLRQGXVHFWHXU«OHFWULTXHXQYDVWHSURJUDPPHGšHVVDLV HVWPLVHQSODFH¢ODVWDWLRQGH)RQWHQD\DƟQGHFRPSDUHUOšHQVHPEOHGHVWHFKQLTXHV H[LVWDQWHVQRXYHOOHVRXQRQHWGHG«FLGHUDYHFWRXVOHV«O«PHQWVGšDSSU«FLDWLRQ¢ GLVSRVLWLRQTXHOOHVVHURQWOHVWHFKQRORJLHVDGRSW«HVVXUOHIXWXUU«VHDXIUDQ©DLV )RQG«VVXUOHVSULQFLSHV«QRQF«VSDU(PPDQXHOOLGLƷ«UHQWVW\SHVGHF¤EOHVVRXVSUHVVLRQ IRQWOHXUDSSDULWLRQDXOHQGHPDLQGHODJXHUUH/DSUHVVLRQGHJD]RXGšKXLOHSU«VHQWH OšDYDQWDJHGš«OLPLQHUOHVSUREOªPHVGHG«FKDUJHVSDUWLHOOHVGDQVOšLVRODQW/HVLQJ«QLHXUV H[SORLWHQWGRQFFHVSURSUL«W«VHWPHWWHQWHQSODFHGHQRXYHOOHVWHFKQRORJLHVGRQWOHV SHUIRUPDQFHVVRQWWHVW«HVDYDQWGHG«FLGHUGHOHXULPSODQWDWLRQ $LQVLDSUªVXQHORQJXHS«ULRGHGšHVVDLVHQGHQRXYHDX[W\SHVGHF¤EOHVVRQWSRV«V VXUOHU«VHDXIUDQ©DLVGDQVODU«JLRQSDULVLHQQH CÂBLE OF LE DÉVELOPPEMENT DU CÂBLE À HUILE FLUIDE SDUWLUGHVDQQ«HVOHF¤EOH¢KXLOHƷXLGHIDLWOšREMHW Gš«WXGHVHQYXHGHVRQSHUIHFWLRQQHPHQW/HVREMHFWLIV SULQFLSDX[DWWHQGXVVRQWOšDOOªJHPHQWGXF¤EOH ODU«GXFWLRQGHVRQSUL[HWODGLPLQXWLRQGHVSHUWHV ,OHQU«VXOWHOš«O«YDWLRQGHODSUHVVLRQGHIRQFWLRQQHPHQW OšLQWURGXFWLRQGHVSDSLHUVPLQFHVSUªVGHVFRQGXFWHXUV SRXUDXJPHQWHUODULJLGLW«GL«OHFWULTXHDXFKRFHWODPLVH HQ SODFH GH OšLPSU«JQDWLRQ FRQWLQXH DXWRULVDQW ODIDEULFDWLRQGHSOXVJUDQGHVORQJXHXUV/DGHX[LªPH JDLQHGHSORPEWUªVORXUGHGHVWLQ«HXQLTXHPHQW 28 ¢ODSURWHFWLRQP«FDQLTXHGXF¤EOHHWUHVSRQVDEOHGšXQH JUDQGHSDUWLHGHVSHUWHVHVWVXSSULP«H3DUDOOªOHPHQW RQUHPSODFHODIUHWWHHQODLWRQSDUXQHIUHWWHHQDFLHU LQR[\GDEOHDPDJQ«WLTXH 6XUOHVF¤EOHV9OHVVHFWLRQVGHVFRQGXFWHXUV VRQWSDVV«HV¢PPtSRXUXQHFDSDFLW«GH09$ SXLV¢PPtSRXU09$ 'ªVOš«SDLVVHXUGHOšLVRODQWGHVF¤EOHV9 ¢KXLOHIOXLGHHVWU«GXLWHGH¢PPSXLV¢PP ¢WLWUHH[S«ULPHQWDO $SUªVOD6HFRQGH*XHUUHPRQGLDOHHWMXVTXšDX[DQQ«HV FHW\SHGHF¤EOH2)HVWODUJHPHQWXWLOLV«GDQVOD U«JLRQSDULVLHQQHSUªVGHOLDLVRQVHQWUHGHX[SRVWHV HWOLDLVRQV¢OšLQW«ULHXUGHSRVWHVGHWRXWHVWHQVLRQV 99HW9 WLWUHGšH[HPSOHODSUHPLªUHOLDLVRQPLVHHQVHUYLFH DSUªVJXHUUHHQ&KDUHQWRQ9LOOHMXLIGšXQHORQ JXHXUGHSUªVGHNPFRPSRUWHXQF¤EOH9 GšXQHVHFWLRQGš¤PHGHPPt ,OVšDJLWGHODSUHPLªUHOLDLVRQPLVHHQVHUYLFH¢OšDSUªVJXHUUH $XWUHH[HPSOHODOLDLVRQ%HDXERXUJ7HPSOH¢9 GšXQHORQJXHXUGHNPVLWX«H¢OšLQW«ULHXUGH3DULV GšXQHVHFWLRQGš¤PHGHPPtHVWPLVHHQVHUYLFHHQ &HWWHOLDLVRQHVWTXDQW¢HOOHOšXQHGHVGHUQLªUHV FRQVWUXLWHVDYHFFHWWHWHFKQRORJLH CHAPITRE 2 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU LE CÂBLE TRIPOLAIRE À PRESSION EXTERNE DE GAZ Le câble tripolaire à pression externe de gaz neutre appartient à cette nouvelle génération de câbles 63 000 V, développée après 1950. Il a été posé pour la première fois en 1954 sur la liaison entre Saint-Denis et La Courneuve. Les trois conducteurs isolés au papier imprégné y sont placés sous une gaine de plomb fretté. Un espace aménagé entre la gaine et l’isolant permet au gaz azote, sous une pression de 15 bars, de se diffuser. Les âmes conductrices ont une section de 360 mm² et permettent de transiter une puissance de 65 MVA. Cependant, cette technologie n’a été que très peu utilisée et seulement entre 1954 et 1964. À ce moment, elle laisse sa place aux nouvelles générations de câbles à isolation synthétique. LE CÂBLE À PRESSION EXTERNE DE GAZ Le câble à pression externe de gaz est constitué de trois conducteurs tirés dans un tube en acier et rempli d’azote sous pression (15 bars). Les conducteurs sont isolés au papier imprégné sans gaine de plomb. Ovalisés, ils peuvent se déformer sous la pression du gaz, dont ils sont séparés par une membrane en PVC. Dès 1955, cette technique est utilisée en 63 000 V sur la liaison entre la centrale d’Arrighi et le poste de Chevilly. Avec une section d’âme de 360 mm2, la puissance maximale transportée est de 130 MVA. En 1954, quatre liaisons de 225 000 V sont réalisées avec cette technologie entre Romainville et Rosny. Mais au cours des années 1960, cette technique est abandonnée pour la construction de nouvelles liaisons, quel que soit le niveau de tension. En effet, des résultats menés à la station de Fontenay amènent à préférer une nouvelle technologie : les câbles à pression externe d’huile. Entre 1978 et 1980, des câbles de ce type sont installés en conservant les tubes d’acier d’origine. CÂBLE TRIPOLAIRE À PRESSION EXTERNE DE GAZ LE CÂBLE À PRESSION EXTERNE D’HUILE Importé des États-Unis, le câble à pression externe d’huile, ou « oléostatique », consiste à placer les trois conducteurs, isolés au papier imprégné et dépourvus de gaine d’étanchéité, dans un tube en acier rempli d’huile sous pression (15 bars). Autour de chaque phase, une feuille métallisée constitue une surface équipotentielle, des rubans de protection assurent le retour des courants de G«IDXWHWGHVƶOVGHJOLVVHPHQWHQFXLYUHRXHQEURQ]H permettent de faciliter le tirage des câbles dans le tube. Les tubes sont raccordés par soudure et protégés par un revêtement en goudron mélangé à des matières ƶEUHXVHV'HVSRPSHVUHOL«HV¢GHVU«VHUYRLUVGLVSRV«V¢ une extrémité de la liaison assurent la mise sous pression de l’ensemble. CÂBLE OLÉOSTATIQUE CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 29 CÂBLE À ISOLATION SYNTHÉTIQUE, CONDUCTEUR CUIVRE &5$1$/80,1,80b 1938 : INVENTION DU POLYÉTHYLÈNE EN ANGLETERRE L’ISOLANT SYNTHÉTIQUE : UN TOURNANT MAJEUR Entre 1957 et 1970, cette technologie dédiée au 225 000 V a connu un essor important lors du développement du réseau de Paris intra-muros. La première liaison, mise en service en 1957, est celle qui relie le poste Harcourt au poste de Clamart. Jusqu’alors, les sections de câbles sont très diverses et les câbles oléostatiques sont les premiers à voir leurs sections normalisées. Les conducteurs en cuivre ont une section de 375 mm² ou, plus souvent, 805 mm². La puissance transm i s s i b l e p e u t a i n s i a t t e i n d re re s p e c t i v e m e n t 200 ou 300 MVA. Au total, en un peu plus de deux décennies, 41 liaisons ont été posées dans Paris intra-muros et à proximité. 30 En 1938, le polyéthylène, nouvelle matière thermoplastique, est mis au point en Angleterre. Il est décrit comme un élément présentant des propriétés exceptionnelles, tant mécaniques qu'en matière de tenue électrique. Ainsi, son application aux câbles électriques est rapide et l’accroissement des tensions par utilisation de câbles à isolation synthétique est lancé. Comparée aux câbles à huile ou à gaz, cette isolation facilite la mise en œuvre, VLPSOLƶHOHVRS«UDWLRQVGHPDLQWHQDQFHHWGHU«SDUDWLRQ Elle supprime la pollution par l’huile et réduit les risques d’incendie ainsi que les coûts. L’évolution des technologies de câble est fortement corrélée à l’évolution des technologies de l’isolant. Bien qu’aujourd’hui les câbles d’énergie installés en France soient constitués d’un isolant synthétique, l’isolation au papier imprégné a été la solution permettant de rép o n d re co r re c t e m e n t a u x fo r t e s c o n t ra i n t e s technologiques imposées par la haute tension, et ce pendant près de 50 ans. CHAPITRE 2 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU LA MISE AU POINT D’UN NOUVEL ISOLANT Avant d’être en mesure de fabriquer des câbles à haute tension avec une isolation au polyéthylène, il a fallu que les ingénieurs se penchent sur les nombreux problèmes techniques posés par ce nouveau matériau. Sensible à OšR[\GDWLRQ¢ODGLƵXVLRQHQVRQVHLQGHQRXYHDX[PDW«ULDX[HWDXSK«QRPªQHGHƶVVXUDWLRQVRXVFRQWUDLQWHLO SU«VHQWHXQFRHƸFLHQWGHGLODWDWLRQ«OHY«HWXQHWHPS«rature de cristallisation assez basse (105 à 115 °C). Cependant, après une période de recherches approfondies, dans les années 1950, sur les méthodes de sélection, de purification, d’extrusion et de refroidissePHQWOHG«ƶHVWUHOHY«SDUOHVFRQVWUXFWHXUV,OVPHWWHQW au point le polyéthylène à basse densité (PEBD) qui, encore perfectionné, est habilité à être utilisé pour l’isolation des câbles installés sur le réseau électrique français dans les années 1960. Consciente d’être à un tournant en matière de technologie de câble, EDF mène une démarche volontariste pour développer la réalisation de liaisons par câbles à isolation synthétique. Alors que l’Allemagne ou la Grande-Bretagne favorisent les câbles à gaz, la France se placera à l’avantgarde du câble « sec ». LES CÂBLES AU POLYÉTHYLÈNE À BASSE DENSITÉ En France, les premiers câbles à isolation synthétique au polyéthylène à basse densité (PEBD) sont posés à partir des années 1960. En région parisienne, c’est en janvier 1963 que le premier câble PEBD est mis en service. Deux longueurs de 100 m d’un câble à âme en cuivre de section 340 mm² sont installées au poste de Romainville. En 1969, fort de l’expérience en 63 000 V, une première liaison 225 000 V par câble PEBD est installée sur un transformateur du poste de Chevilly. Ce câble, d’une puissance de 200 MVA, est constitué d’une âme en cuivre de 360 mm² et d’une épaisseur d’isolant de 24 mm. Cette technologie est utilisée, parallèlement à la technologie oléostatique décrite précédemment, pour la construction du nouveau réseau parisien d’alimentation par câbles 225 000 V dans Paris intra-muros. 3DUH[HPSOHGDQVOH,;e arrondissement, la liaison 225 000 V Folies-Turgot est mise en service en 1972 : le câble à isolant PEBD contient une âme en cuivre d’une section de 375 mm² et un écran en plomb. LES CÂBLES AU POLYÉTHYLÈNE À HAUTE DENSITÉ 3OXVGLƸFLOH¢PHWWUHHQĕXYUHOHSRO\«WK\OªQH¢KDXWH densité (PEHD) connaît le même essor que le polyéthylène à basse densité, mais avec un décalage d’une dizaine d’années. Ses caractéristiques thermiques et dynamiques sont meilleures. Par exemple, en raison d’une température de fusion cristalline plus élevée (125 °C), la température de fonctionnement d’un câble isolé au PEHD est portée à 80 °C contre 70 °C pour un câble à PEBD. Cela permet d’augmenter la capacité de transport. L’ajout d’additifs dans l’isolant permet aussi d’améliorer sa tenue électrique. Les premiers câbles PEHD sont installés en région SDULVLHQQH¢ODƶQGHVDQQ«HVHQ9HWHQ 9,OVVHURQWXWLOLV«VGHODP¬PHID©RQTXHOHV câbles isolés au PEBD jusqu’à l’apparition du polyéthylène réticulé. LES CÂBLES AU POLYÉTHYLÈNE RÉTICULÉ Le polyéthylène réticulé représente, jusqu’à ce jour, la dernière innovation majeure en termes de type d’isolant. Le procédé de réticulation chimique utilisé par les constructeurs a été mis au point au milieu des années ,OFRQVLVWH¢FU«HUFKLPLTXHPHQWGHVFRQQH[LRQV HQWUHOHVGLƵ«UHQWHVPDFURPRO«FXOHVGHSRO\«WK\OªQH Cela permet d’améliorer certaines de ses propriétés CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 31 CÂBLE TRIPOLAIRE et notamment sa résistance aux hautes températures. Ainsi, sa température de fonctionnement atteint 90 °C. Mis au point dès les années 1960, le câble à isolation PR est cependant réservé pendant plus de deux décennies aux câbles de moyenne tension. Son utilisation en France pour les hautes tensions est relativement récente. La mise au point d’un nouveau procédé de réticulation, à sec, au milieu des années 1970, permet d’augmenter la fiabilité des câbles haute tension. En 63 000 V et 90 000 V, son utilisation devient systématique à partir de 1986. Il faut attendre 1994 pour voir son XWLOLVDWLRQFHUWLƶ«HHQ9 Le métal utilisé pour le conducteur et l’écran enveloppant l’isolant a évolué au cours des dernières décennies. Jusqu’aux années 1970, le cuivre a été le seul matériau utilisé pour conduire l’énergie électrique dans l’âme. Ensuite l’aluminium a parfois remplacé le cuivre dans la partie centrale du câble. Plus léger et plus économique, l’aluminium présente toutefois une conductivité moins grande que le cuivre. À capacité de transport équivalente, une âme en aluminium doit donc avoir une section plus grande qu’une âme en cuivre. Quant à l’écran métallique, il est constitué de rubans de cuivre pour les câbles oléostatiques ou à remplissage gaz. Pour toutes les autres technologies, le plomb est employé jusqu’en 1998. À partir de cette date, il est pro- 32 gressivement remplacé par l’aluminium. Le dernier palier technique des câbles souterrains est franchi en DYHFOHVSUHPLHUVF¤EOHV¢LVRODWLRQ35HW¢«FUDQ aluminium. CHAPITRE 2 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU COUPE D'UN CÂBLE ÂME 1 ÉCRAN semi-conducteur 2 ENVELOPPE isolante 3 ÉCRAN semi-conducteur sur isolant 4 ÉCRAN métallique 5 GAINE de protection extérieure 6 LA CONSTITUTION D’UN CÂBLE ISOLÉ En résumé, les câbles isolés destinés aux lignes souterraines sont constitués de plusieurs couches. Une âme conductrice assurant la fonction principale du câble, c’est-à-dire le transport d’énergie. Un écran semi-conducteur sur âme permettant de lisser le champ électrique sur l’âme. Une enveloppe isolante, dont les évolutions technologiques correspondent aux évolutions de câbles. Un écran semi-conducteur sur enveloppe externe. Cet écran entoure le câble et forme une seconde électrode cylindrique, permettant d'assurer un champ électrique radial. Un écran métallique permettant de contenir le champ électrique et de transiter les courants de court-circuit. Une gaine extérieure assurant la protection mécanique du câble. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 33 34 CHAPITRE 3 CHAPITRE 3 DES RÉALISATIONS INNOVANTES 'DQVXQHYLOOHDQFLHQQHHWGHQVHWUDYHUV«HSDUXQƷHXYH et de nombreuses voies de communication, la réalisation et le développement des liaisons d’interconnexion ont souvent nécessité d’inaugurer de nouvelles techniques, qui font du réseau d’alimentation parisien un modèle unique en son genre. Mais avant de parvenir à transporter de l’électricité entre deux points, un certain nombre d’étapes doivent être franchies… CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 35 LES ÉTAPES DE LA RÉALISATION D’UN CHANTIER L HV «WXGHV SU«OLPLQDLUHV VRQW HƵHFWX«HV SDU OHVVRFL«W«V«OHFWULTXHVHQSDUWHQDULDWDYHFGHVFDELQHWV d’études. Avant la construction d’une liaison, des études de contraintes thermiques et mécaniques de l’environnement sont réalisées, le tracé optimal est décidé. 3DULV FHV «WXGHV GRLYHQW PHWWUH HQ «YLGHQFH OšHQVHPEOHGHVREVWDFOHVTXLVHURQWUHQFRQWU«VFURLVHPHQW de lignes de métro, de conduites d’égouts ou de canalisations diverses. Ainsi, même si le tracé le plus court est J«Q«UDOHPHQW SU«FRQLV« OD SU«VHQFH GH FHV REVWDFOHV SHXWFRQGXLUH¢XQWUDF«HƵHFWXDQWTXHOTXHVG«WRXUV Un soin particulier est accordé au travail de concertation. Une fois toutes les autorisations et conventions de pasVDJHREWHQXHVOHVWUDYDX[SHXYHQWFRPPHQFHU L’OUVERTURE DES TRANCHÉES La priorité lors de la réalisation de la liaison est de minimiser l’impact des travaux sur la voirie et la circulation, tout en garantissant la sécurité des ouvriers. Qu’il s’agisse du creusement d’une galerie ou d’une tranFK«H OHV WUDYDX[ GH J«QLH FLYLO VRQW WRXMRXUV FRQƶ«V ¢ une entreprise spécialisée, qui dispose de moyens techQLTXHVPDW«ULHOVHWGXVDYRLUIDLUHQ«FHVVDLUHV¢ODERQQH exécution de l’ouvrage. La largeur et la profondeur des tranchées, décidées lors de la phase d’études, dépendent GX QRPEUH HW GX W\SH GH F¤EOHV ¢ SRVHU DLQVL TXH GX PRGHGHSRVH&HWWHP¬PHHQWUHSULVHSURFªGH¢ODPLVH HQSODFHGXPDW«ULHOGHVWLQ«¢DFFXHLOOLUOHVF¤EOHVIRXUreaux ou caniveaux en tranchée). LA LIVRAISON DES TOURETS DES OBSTACLES MULTIPLES LIGNES DE MÉTRO, CONDUITES D’ÉGOUTS, CANALISATIONS… 36 /HVWRXUHWVVRQWOLYU«VSDUOHIDEULFDQWGHF¤EOHVXUOHVLWH GXFKDQWLHU/DORQJXHXUGHF¤EOHHQURXO«VXUXQWRXUHW HVW OLPLW«H SDU OHV FRQWUDLQWHV OL«HV ¢ VRQ WUDQVSRUW /H transport d’un touret se fait par convoi exceptionnel, géQ«UDOHPHQWSHQGDQWODQXLW¢3DULVSRXUU«GXLUHODJ¬QH occasionnée sur la circulation. L’évolution des moyens de transport permettent l’augmentation de la taille et du poids maximum du touret qui peut être transporté. De tourets de quelques centaines de kilogrammes, transporW«VSDUFKHYDX[RQHVWSDVV«¢GHVWRXUHWVGHSOXVLHXUV dizaines de tonnes, transportés par camion et déchargés par des grues. &RPPHOHVY«KLFXOHVQ«FHVVDLUHVDXWUDQVSRUWGHVF¤EOHV sont de grandes dimensions, il est parfois prévu d’amener les tourets sur le chantier avant l’exécution des tranchées, VLOHVYRLHVXWLOLV«HVVRQWGHIDLEOHODUJHXU CHAPITRE 3 /( 'É9(/233(0(17 '85É6($8 'š$/,0(17$7,21 3$5,6,(1 816,&/( ' 92/87,21 7(&+12/2*,48( '(6 5É$/,6$7,216 ,1129$17(6 9,('(6 /,$,6216 6287(55$,1(6 É/(&75,48(6 '(6 +200(6 $86(59,&( '85É6($8 TRANSPORT DE TOURETS PAR CONVOI EXCEPTIONNEL, LA NUIT À PARIS CHAUSSÉE OU TROTTOIR ? (QU«JLRQSDULVLHQQH]RQHIRUWHPHQWXUEDQLV«HOHVSOXVJUDQGHVGLƸFXOW«VVRQWUHQFRQWU«HVSRXU G«JDJHUO HVSDFHQ«FHVVDLUH¢OšLPSODQWDWLRQGHF¤EOHV¢KDXWHWHQVLRQ&HVF¤EOHVSHXYHQW¬WUHSODF«V VRXVWURWWRLURXVRXVFKDXVV«H$XG«EXWGHOšLQVWDOODWLRQGHVF¤EOHV¢KDXWHWHQVLRQGDQVOHVDQQ«HV OHVRXVVROGHVWURWWRLUVGLVSRVHHQFRUHGšXQHVSDFHOLEUHVXƸVDQWSRXUSRXYRLU\SODFHUGHVF¤EOHV «OHFWULTXHVGHWUDQVSRUW/šDFFXPXODWLRQDXƟOGHVDQQ«HVGHODSRVHGHVF¤EOHVGHW«O«FRPPXQLFDWLRQ GHGLVWULEXWLRQGš«QHUJLHGHFRQGXLWHVGš«JRXWVGšHDXGHJD]RXGHFKDXƷDJHXUEDLQUHQGGLƸFLOH OšLPSODQWDWLRQGHQRXYHOOHVOLDLVRQV/HVRXVVROGHVWURWWRLUVHVWGHYHQXWHOOHPHQWHQFRPEU«GH U«VHDX[GLYHUVTXšLOHVWGHYHQXGLƸFLOHGHWURXYHUOšHVSDFHQ«FHVVDLUHSRXUOšLPSODQWDWLRQGHQRXYHOOHV OLDLVRQV¢KDXWHWHQVLRQ'HFHIDLW¢SDUWLUGHVDQQ«HVOHVOLDLVRQVGHWUDQVSRUW«OHFWULTXHVRQW SURJUHVVLYHPHQWLQVWDOO«HVVRXVODFKDXVV«H /DSRVHVRXVWURWWRLUSU«VHQWDLWOšDYDQWDJHGHQHSDVJ¬QHUODFLUFXODWLRQGXUDQWOHVWUDYDX[HWXQFR½W GHSRVHSOXVIDLEOHTXHVRXVFKDXVV«H&HSHQGDQWLOHVWFRQVWDW«TXHOHQRPEUHGšLQFLGHQWV GHF¤EOHVVRXVWURWWRLUHVWSOXV«OHY«TXHVRXVFKDXVV«H(QHƷHWOHVGLYHUVU«VHDX[VRXWHUUDLQVHWOHV LQVWDOODWLRQVGHUDFFRUGHPHQWGHVLPPHXEOHVULYHUDLQVVHG«YHORSSHQWSHX¢SHXHQIDYRULVDQWDXVVLOD SRVHVRXVWURWWRLU&HVWUDYDX[DXYRLVLQDJHGHVF¤EOHVGHWUDQVSRUWFRQGXLVHQWSDUIRLV¢GHVDJUHVVLRQV LQYRORQWDLUHVSRXYDQWDE°PHUOHF¤EOHHWSURYRTXHUOHFODTXDJHDSUªVXQG«ODLSOXVRXPRLQVORQJ CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 37 38 CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU LIVRAISON DES TOURETS CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 39 TIRAGE ET POSE DU CÂBLE Pour la pose du câble, le touret est disposé sur l’axe de la tranchée, approximativement à l’endroit d’une future jonction, puis est tiré le long de la liaison. Les techniques de déroulage et de tirage de câble évoOXHQWDXƶOGXWHPSV(OOHVVXLYHQWOš«YROXWLRQGHVPRGHV de pose et des dimensions des tourets. Les câbles sont d’abord tirés manuellement par des équipes très nombreuses. Des galets automoteurs puis des treuils de tirage permettront ensuite de faciliter le tirage. Dans un premier temps, le tirage se fait à la main. Les hommes sont répartis régulièrement tous les deux à trois mètres VXUOHF¤EOHGHVKRPPHVVXSSO«PHQWDLUHVVRQWDƵHFW«V sur le touret, sur la tête du câble et sur les points préVHQWDQW GHV GLƸFXOW«V FRXUEHV HQWU«H GH JDOHULHVũ 7RXWHOš«TXLSHWLUHOHF¤EOHDXFRXSGHVLƹHWGRQQ«SDU le chef d’équipe. Le câble repose sur des galets en bois ou en métal, pour éviter qu’il ne frotte contre le sol ou des obstacles transversaux. Le câble est ensuite disposé GDQVVRQHPSODFHPHQWG«ƶQLWLIFDQLYHDX[HQWUDQFK«H RXWDEOHWWHVHQJDOHULH POSE D’UN CÂBLE DES APPAREILS DE TIRAGE DE CÂBLES À partir des années 1960, le niveau de tension 63 000 V cède sa place au 225 000 V. À ce niveau de tension, le poids et les longueurs croissants des câbles disposés sur un touret rendent impossible le tirage à la main : le calcul pour un câble à isolation synthétique 225 000 V de 550 m démontre qu’il faut 450 hommes pour le tirer. Pour remédier à cet inconvénient, des matériels de tirage sont mis au point. Des galets automoteurs permettent de réduire les équipes de tirage à une douzaine d’hommes. Ces appareils, disposés le long de la liaison et synchronisés entre eux, tirent mécaniquement le câble. Une fois OHF¤EOHWLU«LOHVWGLVSRV«VXUVRQHPSODFHPHQWG«ƶQLWLI 40 Le tirage des trois phases dans les tubes aciers des câbles oléostatiques et le mode de pose en fourreaux généralisent l’utilisation de treuils de tirage, dans les années 1960. En dehors des quelques points singuliers qui sont franchis par un passage en sous-œuvre, la pose des câbles nécessite l’ouverture de tranchées. CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU TREUIL DE TIRAGE INSTALLATION EN BÂTIMENT /H PRGH GH SRVH FRUUHVSRQG ¢ OD FRQƶJXUDWLRQ DGRSW«HDƶQGšLQVWDOOHUXQHOLDLVRQVRXWHUUDLQH/HF¤EOH+7% QšHVW MDPDLV VLPSOHPHQW SRV« GLUHFWHPHQW GDQV OH VRO GHV«TXLSHPHQWVSHUPHWWHQWGšDVVXUHUXQERQSRVLWLRQQHPHQWUHODWLIGHVF¤EOHVHWOHXUSURWHFWLRQP«FDQLTXH /HPRGHGHSRVHG«SHQGGHODWHFKQRORJLHGHF¤EOHGX QLYHDXGHWHQVLRQGHIRQFWLRQQHPHQWDLQVLTXHGXPLOLHX HQYLURQQDQWODOLDLVRQ/HFKRL[GXPRGHGHSRVHLQƷXH VXUODGLVVLSDWLRQGHODFKDOHXUHWFRQGLWLRQQHODFDSDFLW« GHWUDQVSRUWGXF¤EOH 3RXU U«GXLUH OHV QXLVDQFHV VXU OD FLUFXODWLRQ URXWLªUH OH UHPEOD\DJH HVW HƵHFWX« DX IXU HW ¢ PHVXUH GH OD U«DOLVDWLRQ GHV WURQ©RQV 6HXOHV OHV FKDPEUHV GH MRQFWLRQ UHVWHQWRXYHUWHVOHWHPSVGHODFRQIHFWLRQ CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 41 LE MONTEUR 5$/,6( /(6-21&7,216 (7/(6(;750,76 CONFECTION DES EXTRÉMITÉS JONCTIONS ET RACCORDEMENTS DES EXTRÉMITÉS 8QH IRLV OH F¤EOH HQSODFH OHV GLƵ«UHQWV WURQ©RQV VRQW UDFFRUG«VHQWUHHX[GDQVGHVmFKDPEUHVGHMRQFWLRQ} 8QHDWWHQWLRQSDUWLFXOLªUHHVWSRUW«H¢FHWWH«WDSH3RXU DVVXUHU OD TXDOLW« GH OD MRQFWLRQ HOOH GRLW ¬WUH U«DOLV«H GDQVXQHFHUWDLQHSODJHGHWHPS«UDWXUHH[W«ULHXUHHWLO IDXW«YLWHUWRXWHS«Q«WUDWLRQGšKXPLGLW«/RUVGHODU«DOLVDWLRQGšXQHOLDLVRQQRXYHOOHFšHVWXQPRQWHXUDSSDUWHQDQW¢OšHQWUHSULVHTXLDIDEULTX«OHF¤EOHTXLYLHQWU«DOLVHU OHVMRQFWLRQVHWOHVH[WU«PLW«V&HSULQFLSHHVWUHVSHFW« GHSXLVOHG«EXWGHOšXWLOLVDWLRQGHVF¤EOHV¢KDXWHWHQVLRQ /DU«DOLVDWLRQGHVH[WU«PLW«VUHSU«VHQWHXQWUDYDLOLPSRUWDQWHQUDLVRQGHVGLPHQVLRQVHWGHODKDXWHXU¢ODTXHOOH VRQWGLVSRV«HVOHVH[WU«PLW«V 'HV HVVDLV «OHFWULTXHV VRQW U«DOLV«V VXU OH F¤EOH HW VD JDLQHDXIXUHW¢PHVXUHGHODU«DOLVDWLRQGHVWURQ©RQVHW XQHIRLVODOLDLVRQWHUPLQ«H/RUVTXHOHVHVVDLVVšDYªUHQW FRQFOXDQWV OD PLVH HQ VHUYLFH GH OD OLDLVRQ SHXW ¬WUH HƵHFWX«H 42 CONFECTION DES EXTRÉMITÉS PROTECTION DU CHANTIER DE RÉALISATION DES EXTRÉMITÉS CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU RÉALISATION DE L'EXTRÉMITÉ EN POSTE CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 43 LE PREMIER RÉSEAU SOUTERRAIN À 63 000 V Entamée en 1920-1921, la réalisation de la ceinture souterraine à 63 000 V nécessite le creusement de 300 km de tranchées. Sur cette boucle encerclant Paris, rares sont les passages en galerie. Chaque liaison est doublée, les câbles sont posés HQ GRXEOH GDQV GHV FDQLYHDX[ VDEO«V ¢ XQ PªWUH GH profondeur. En 1929, le réseau d’alimentation de 3DULV VH UDFFRUGH ¢ FH U«VHDX U«JLRQDO /HV QRXYHDX[ postes Tolbiac et Nation sont alimentés par des câbles 63 000 V. Ces liaisons acheminent l’électricité depuis Villejuif et Charenton. À l’intérieur de Paris, elles sont situées intégralement en galerie et posées sur des tablettes. L'utilisation du 63 000 V pour l’alimentation de Paris se SURORQJHUDMXVTXšDX[DQQ«HV COUPE DE CANIVEAU LA POSE EN CANIVEAUX /DSRVHHQFDQLYHDX[SU«IDEULTX«VHVWOHPRGHGHSRVH prédominant pour la réalisation de ce réseau à 63 000 V. D’ailleurs, la prédominance de ce mode de pose se SURORQJHUDMXVTXšDX[DQQ«HVSRXUWRXVOHVW\SHV de technologies, en dehors des câbles sous tube d’acier. Généralement préfabriqués, en béton armé et remplis de sable après la mise en place du câble, ils permettent GHGLVSRVHUOHVWURLVF¤EOHVHQWUªƷHVHORQODFRXSHFL FRQWUH 3RV«V HQ IRQG GH IRXLOOH OHV FDQLYHDX[ VRQW constitués d’éléments unitaires qui s’imbriquent les uns dans les autres. Parfois, les ouvrages sont directement réalisés sur le lieu du chantier, « en briques et en dalles » RXHQFDQLYHDX[GLUHFWHPHQWFRXO«VVXUSODFH Ce mode de pose présente l’avantage de laisser un accès DX[F¤EOHVHQFDVGšDYDULHVDQVDYRLU¢G«PROLUGXE«WRQ 8QWHUUDVVHPHQW¢OšDSORPEGXG«IDXWVXƸW¢DWWHLQGUH OHF¤EOH&HSHQGDQWODSRVHHQFDQLYHDX[SU«VHQWHXQ inconvénient lors du chantier de réalisation de la liaison. 44 Cela nécessite de laisser la tranchée ouverte sur toute la longueur d’un tronçon de câble. Cela représente plusieurs centaines de mètres de tranchées laissées RXYHUWHV GXUDQW SOXVLHXUV MRXUV MXVTXš¢ OD ƶQ GX déroulage des câbles. En milieu urbain, les contraintes GHFLUFXODWLRQIRQWTXšLOHVWWUªVGLƸFLOHGHPDLQWHQLUXQH tranchée ouverte sur de telles longueurs. Certains passages délicats, tels que les traversées de FKDXVV«HVVRQWHƵHFWX«VGDQVGHVIRXUUHDX[HQE«WRQ comprimé ou en fonte. Lors du remblayage, un grillage DYHUWLVVHXU HVW GLVSRV« DXGHVVXV GHV F¤EOHV DƶQ GH SU«YHQLU OH ULVTXH GšDJUHVVLRQ HQ FDV GH WUDYDX[ ¢ SUR[LPLW«GHODOLDLVRQ/DFRXOHXUURXJHVHUDQRUPDOLV«H pour les grillages destinés à avertir de la présence de câbles électriques. CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU RÉALISATION D’UNE JONCTION PAR RUBANEUSE GALERIE CHARENTON-NATION EN 1929 CONFECTION DES JONCTIONS Les constructeurs, conscients du temps et de la minutie nécessaires à la confection de jonctions par rubanage de papier, cherchent à réaliser mécaniquement l’enroulement du papier. ,OVPHWWHQWDXSRLQWXQDSSDUHLOTXLSHUPHWGšHƷHFWXHUGHX[RS«UDWLRQVVXFFHVVLYHV (QDFWLRQQDQWXQHPDQLYHOOHGDQVXQSUHPLHUWHPSVLOWDLOOHOšLVRODQW¢OšH[WU«PLW«GHVGHX[F¤EOHV à raccorder, pour réaliser un cône. Ensuite, il enroule autour du joint une bande de papier permettant de reconstituer l’isolation. 'šDSUªVOHVFRQVWUXFWHXUVOHJDLQGHWHPSVVXUODU«DOLVDWLRQGšXQHMRQFWLRQHVWFRQVLG«UDEOHHWODƟDELOLW« GHVER°WHVU«DOLV«HVHVWDXPRLQV«JDOH¢FHOOHGXF¤EOH Cependant, il n’y a plus trace de l’utilisation d’un tel appareil par la suite. Les jonctions seront ensuite WRXWHVU«DOLV«HVH[FOXVLYHPHQW¢ODPDLQ CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 45 46 CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU POSE DE CÂBLES 63 000 V EN RÉGION PARISIENNE ET CONFECTION DE BOÎTES DE JONCTION. ON OBSERVE À DROITE DES CANIVEAUX DESTINÉS À ÊTRE POSÉS ET À ACCUEILLIR DES CÂBLES CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 47 1936 : LA RÉALISATION DE LA PREMIÈRE LIAISON 225 000 V (Q SRXU OD SUHPLªUH IRLV XQH OLDLVRQ VRXWHUUDLQH ¢9HQVXLWHQRUPDOLV«H¢9HVWPLVH HQVHUYLFHDƶQGšDFKHPLQHUOš«QHUJLHSURGXLWHGDQVOšHVW GHOD)UDQFH&HQLYHDXGHWHQVLRQQšDMDPDLV«W«DWWHLQW DXSDUDYDQW/DU«DOLVDWLRQGHFHWWHOLDLVRQHQWUH6DLQW'HQLV HW&OLFK\VRXV%RLVFRQFHQWUHOHVHƵRUWVGHVDFWHXUVGHV F¤EOHV«OHFWULTXHVVRXWHUUDLQVGHOš«SRTXH /HV «WXGHV SU«OLPLQDLUHV OL«HV ¢ OD U«DOLVDWLRQ GH OD OLDL VRQ HW DX FKRL[ GX WUDF« VRQW U«DOLV«HV SDU OD VRFL«W« GšLQWHUFRQQH[LRQV HOOHP¬PH ,QWHU3DULV (OOH FRQƶH OD U«DOLVDWLRQGHVF¤EOHV¢TXDWUHIDEULFDQWVIUDQ©DLV 3RXU OHV WUDYDX[ GH J«QLH FLYLO OD U«DOLVDWLRQ GšXQH OLDL VRQ GH FH W\SH «WDQW LQ«GLWH DXFXQH HQWUHSULVH QšD GšH[S«ULHQFHTXDQW¢ODSRVHGšXQF¤EOHGHFHQLYHDXGH 48 WHQVLRQ/DSRVHGXF¤EOHHVWFRQƶ«H¢GHVHQWUHSULVHV SRVV«GDQWXQHJUDQGHH[S«ULHQFHGHODSRVHGHVF¤EOHV ¢9VHXOHWHFKQRORJLHGHKDXWHWHQVLRQFRQQXH ¢FHPRPHQWHQ)UDQFHSRXUOHVF¤EOHVVRXWHUUDLQV /DQRXYHDXW«U«VLGHGDQVODPLVHVRXVSUHVVLRQGšKXLOH HW OHV VWDWLRQV GšKXLOH OHV QRXYHDX[ W\SHV GH ER°WHV GH MRQFWLRQHWGšH[WU«PLW«VTXLHQG«FRXOHQW LES PARTICULARITÉS DE CLICHY-SAINT-DENIS /HV F¤EOHV VRQW SULQFLSDOHPHQW SRV«V HQ FDQLYHDX[ 'DQV OHV SDVVDJHV GLƸFLOHV OHV F¤EOHV SDVVHQW GDQV CHAPITRE 3 /( DÉ9(/233(0(17 '85É6($8 'š$/,0(17$7,21 3$5,6,(1 816,&/( ' 92/87,21 7(&+12/2*,48( '(6 5É$/,6$7,216 ,1129$17(6 9,('(6 /,$,6216 6287(55$,1(6 É/(&75,48(6 '(6 +200(6 $86(59,&( '85É6($8 POSTE DE CLICHY DÉROULAGE EXTRÉMITÉ À CLICHY QUELQUES CHIFFRES AUTOUR DU DÉROULAGE 120 hommes C’est le nombre d’hommes nécessaires au déroulage. ,OVVRQW GLVSRV«VWRXV OHVGHX[PªWUHV &HW HƷHFWLI HVW indispensable, surtout pour les passages dans les parties GLƸFLOHVGXWUDF«/HPRQWDJHGHVMRQFWLRQVHVWU«DOLV« SDUOHVIRXUQLVVHXUVGXF¤EOH8QHSDUWLHGHVWUDYDX[HVW H[«FXW«HGHQXLW¢ODOXPLªUH«OHFWULTXH/HVFRQGLWLRQV GHWUDYDLOVRQWSDUWLFXOLªUHPHQWG«OLFDWHVGXUDQWOšKLYHU 6 tonnes /HVWRXUHWVWUDQVSRUWHQWGHVORQJXHXUVGHOšRUGUHGHP et pèsent près de 6 tonnes chacun. 280 &šHVWOHQRPEUHGHWRXUHWVOLYU«VVXUOHVLWHGXFKDQWLHU SRXUDSSRUWHUOHVNPGHF¤EOHV 145 000 C’est en litres la quantité d’huile contenue dans toute OD ORQJXHXU GH OD OLDLVRQ HW OHV U«VHUYRLUV GLVSRV«V le long du tracé. des tubes de ciment individuels. Le tracé de la liaison rencontre quelques obstacles qui nécessitent un dispositif particulier. Le canal de l’Ourcq est traversé sur une passerelle métallique spéciale, construite pour l’occasion. Un réseau de voies de chemin de fer de 100 m de largeur, à proximité de la gare du Blanc-Mesnil, est traversé avec un mode de pose relativement rare. Les câbles y sont en caniveaux standard, posés à l’intérieur d’un tube en fonte d'un mètre de diamètre. Le canal de Saint-Denis est traYHUV« VXU XQ SRQW P«WDOOLTXH H[LVWDQW (QƶQ GHUQLªUH GLƸFXOW« DYDQW GH SDUYHQLU DX SRVWH GH 6DLQW'HQLV la ligne de chemin de fer Creil-Paris est franchie sur le « Pont de la Révolte ». CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 49 LA CONSTRUCTION DES RADIALES PARISIENNES À 225 000 V Le réseau haute tension, dans Paris intra-muros, est presque exclusivement constitué de liaisons 225 000 V faisant le lien entre les postes disposés aux limites de Paris et les postes parisiens. Ces liaisons, non connectées entre elles et qui convergent vers le centre de la ville, sont appelées « radiales ». Elles sont développées à partir des années 1960. Chacune alimente jusqu'à trois postes 225 000 V / 20 000 V en cascade ; 39 postes de transformation sont ainsi construits à Paris. Les postes sont réalisés en bâtiment clos. La façade est généralement conçue par un architecte comme un immeuble d’habitation, pour une meilleure intégration dans la ville. Les câbles oléostatiques sont utilisés dans les années 1960 pour le lancement du réseau 225 000 V de Paris intra-muros. Ensuite, les câbles à isolation synthétique s’imposent et remplacent petit à petit toutes les technologies utilisant une isolation à base d’huile, dont les câbles oléostatiques. Nous retraçons ici les étapes de la construction d’une liaison oléostatique, caractéristique des liaisons haute tension de Paris. RÉALISATION D’UNE LIAISON OLÉOSTATIQUE Après ouverture des tranchées, les tubes sont posés et soudés entre eux en fond de fouille. L’installation de ces tubes GDQVXQVRXVVROHQFRPEU«HVWGLƸFLOH3RXUXQHQFRPEUHment minimal, les tubes sont posés sous chaussée plutôt que sous trottoir. Lorsque les tubes sont descendus, on peut être amené à les déplacer longitudinalement pour pouvoir passer sous d’autres câbles ou canalisations, et ainsi 50 poser le tube sur le radier. Cette technologie est la seule ne nécessitant pas de caniveau ou de fourreau pour sa mise en place. Le tube est simplement posé en pleine terre. Une fois les tubes soudés entre eux, ils sont recouverts d’un enrobage de soie de verre et de goudron pour assurer la protection des tubes. La tenue électrique de FHWHQUREDJHHVWHQVXLWHY«ULƶ«HDXEDODL«OHFWULTXHVRXV 10 000 V : la fouille recouverte, les trois phases sont ensuite tirées simultanément dans les tubes par un treuil mécanique. L’utilisation des câbles oléostatiques conduit pour la première fois à la généralisation du treuil mécanique. Une câblette reliée aux trois conducteurs permet de tirer les trois phases en même temps dans des tubes en acier. Un grillage galvanisé est posé au-dessus des tubes pour OHVGLƵ«UHQFLHUGHFHX[U«VHUY«VDX[ƷXLGHVGLYHUV 39 POSTES DE TRANSFORMATION SONT CONSTRUITS À PARIS CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU POSE EN FOURREAUX SOUDURE D'UN TUBE ACIER Les trois tourets sont disposés les uns à la suite des autres. Les phases enroulées sur les tourets sont entourées par une enveloppe de plomb pour assurer leur protection lors du transport. Cette enveloppe doit être minutieusement enlevée sur chaque phase, au fur et à mesure du déroulage. Les jonctions sont réalisées lorsque la longueur du touret DUULYH¢VDƶQ¢GHVHPSODFHPHQWVSU«YXV¢OšDYDQFH$X[ H[WU«PLW«VOHVWURLVSKDVHVVRQWV«SDU«HVHWVHUHWURXYHQW dans des tubes individuels grâce à une trifurcation. 'HVVWDWLRQVGšKXLOHVRQWGLVSRV«HVDX[H[WU«PLW«VSRXU DVVXUHU OD SUHVVLRQ GšKXLOH HW FRQWHQLU OHV YDULDWLRQV GH volume lors des cycles de température. /HVWXEHVVRQWHQVXLWHUHPSOLVGšKXLOHOLWUHVVRQWQ«FHVVDLUHVSRXUOHUHPSOLVVDJHGšXQPªWUHGHOLDLVRQSRXU des câbles de section 805 mm². Une grande quantité GšKXLOHHVWGRQFQ«FHVVDLUHSRXUXQHOLDLVRQFRPSOªWH En dehors de quelques points singuliers, le seul mode de SRVHSUDWLTX«¢OšLQW«ULHXUGH3DULVHQWUHHW HVW OD SRVH VRXV WXEH DFLHU GDQV OH VRO VS«FLƶTXH DX[ liaisons par câbles oléostatiques. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 51 TÊTE DE TIRAGE Dans certains cas, avec la perspective d’une augmentation de puissance, certaines liaisons sont doublées par un deuxième tube en attente, qui ne sera rempli TXH ORUVTXH OD SUHPLªUH OLDLVRQ QH VHUD SOXV VXƸVDQWH À cette période, la consommation double tous les dix ans. Les politiques de développement d’EDF permettent de préparer l’avenir dans une perspective de croissance. De telles anticipations permettent de réduire les coûts sur le long terme. DES RADIALES 225 000 V PAR CÂBLES À ISOLATION SYNTHÉTIQUE À partir du début des années 1970, le câble à isolation synthétique remplace le câble oléostatique dans la construction du réseau 225 000 V de la ville de Paris. Dès lors, la pose de nouveaux câbles oléostatiques est rare et n’a lieu que lors du remplissage de tubes préalablement posés. Ces câbles à isolation synthétique sont, dans un premier temps, majoritairement posés en caniveaux. Jusqu’alors réservé aux traversées ponctuelles de routes ou de sorties de voies privées, c’est à partir des années 1990 que le fourreau PVC enrobé de béton est généralisé sur des liaisons entières : la pose en caniveaux cède progressivement sa place. Au début des années 1990, lors de liaisons U«DOLV«HV DƶQ GšDOLPHQWHU OH IXWXU SDUF 'LVQH\ ¢ 0DUQHOD Vallée, l’adoption du fourreau PVC est généralisée pour la première fois sur l’ensemble d’une liaison. 52 La mise en œuvre de cette liaison permet de mettre en évidence les avantages sur la diminution de la durée d’ouverture de fouilles, ainsi que sur la durée de déroulage. La pose en ouvrages fourreaux permet de réduire la durée d’ouverture des fouilles. Le remblayage au-dessus des fourreaux est possible rapidement après leur pose et leur enrobage avec du béton, destiné à garantir la protection mécanique des fourreaux et à maîtriser l’environnement immédiat du câble et la dissipation de la chaleur. Le tirage des câbles, à l’intérieur de ceux-ci, a lieu ultérieurement, alors que la circulation en surface est rétablie. Les fourreaux PVC sont des tubes fabriqués en usine, d’une longueur maximale de quelques mètres. Ils sont HPER°W«VVXUVLWHOHVXQVGDQVOHVDXWUHVDƶQGHFRQVWLtuer une conduite continue dans laquelle un câble peut ensuite être tiré. Ces éléments peuvent aussi être préIRUP«VHQXVLQHDƶQGHVšDGDSWHUDX[FRXUEHVGXWUDF« destinées à éviter les obstacles. Dans ce cas, la technique du tirage au treuil est utilisée. Chaque phase est tirée par une câblette dans son IRXUUHDX VHORQ XQ VHQV SU«G«ƶQL HQ IRQFWLRQ GX VHQV d’emboîtage des fourreaux. Peu à peu, sur proposition du bureau d’études ou parfois à la demande des municipalités voulant réduire l’impact des travaux sur la voirie, une part croissante des câbles sont posés sous fourreaux PVC. Sur les liaisons parisiennes, la proportion des câbles posés sous fourreaux PVC croît de 17 % sur la période 1971-1990 à 38 % sur la période 1991-2011. En contrepartie, la pose en caniveaux, représentant 49 % des modes de pose entre 1971 et 2011, atteint 31 % entre 1991 et 2011. CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU TIRAGE DES TROIS PHASES CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 53 DES KILOMÈTRES SOUS LES RUES DE PARIS LES GALERIES SOUTERRAINES LES GALERIES AVANT 1914 Près de 20 km de galeries souterraines contenant des câbles haute tension courent sous la ville de Paris. Le recours à ces galeries techniques est fortement lié à la présence d’un grand nombre de liaisons électriques ou canalisations de concessionnaires tiers sur le tracé. En général, une ou plusieurs liaisons haute tension cohabitent avec un grand nombre de liaisons de basse et moyenne tension destinées à la distribution. /D JDOHULH HVW XQH VS«FLƶFLW« GX U«VHDX «OHFWULTXH GH OD ville de Paris. Les autres grandes villes de France, telles que Lyon ou Marseille, n’en comptent pas plus de quelques centaines de mètres, généralement en sortie de poste. 54 Une partie de ces galeries date de la période 1889-1914, pendant laquelle la ville de Paris est divisée en six secWHXUV«OHFWULTXHVFKDFXQJ«U«SDUXQHVRFL«W«GLƵ«UHQWH et alimentant son secteur selon son propre type de distribution. La Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité (CPDE) prendra ensuite le relais de ces secWHXUVDSUªVODU«XQLƶFDWLRQGHVVHUYLFHVGHGLVWULEXWLRQ parisiens, en 1914, jusqu’à la nationalisation du secteur de l’énergie, en 1946, et la création d’EDF. Cette succesVLRQ GH JHVWLRQQDLUHV IDLW TXšLO HVW GLƸFLOH GH FRQQD°WUH exactement la date et les conditions de construction de ces galeries. CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU LES GALERIES SOUTERRAINES, UNE SPÉCIFICITÉ PARISIENNE Dans Paris, environ 100 km de galeries techniques, anciennement appelées « galeries EDF », contiennent des câbles de distribution d’électricité. Seulement une partie d’entre elles contient également des câbles de transport. Lors de la construction du réseau 225 000 V de Paris, des galeries précédemment construites pour le passage de F¤EOHVGHGLVWULEXWLRQVRQWHPSUXQW«HVDƶQGHU«GXLUHOHV coûts de génie civil et de réduire l’impact des travaux sur la circulation dans les rues parisiennes. Leur exploitation fait désormais l’objet d’accords entre ERDF, en charge de la distribution, et RTE, le Réseau de transport d'électricité. /DFRQVWUXFWLRQGHFHVJDOHULHVHVW¢Oš«SRTXHMXVWLƶ«HSDU le risque important d’avaries nécessitant un accès fréquent aux câbles. D’autre part, le passage des câbles en galerie permet de maîtriser l’environnement immédiat des câbles, dont l’isolation est encore à améliorer. LA POSE SUR TABLETTES Le plus souvent en béton ou en béton armé, les tablettes constituent des étagères sur les parois latérales des galeries. Les câbles y sont posés puis recouverts d’un couvercle en béton. Celui-ci permet de contenir un éventuel défaut qui pourrait perturber le bon fonctionnement des câbles voisins. Cette technique ne vaut que pour les câbles de tension de fonctionnement inférieure ou égale à 90 000 V. L’ensemble des câbles de tension 63 000 V installés dans les galeries parisiennes sont posés selon cette technique. DES KILOMÈTRES DE GALERIES SOUS LES RUES DE PARIS Onéreuses à construire et à entretenir, les galeries ont cependant l’avantage de pouvoir loger un grand nombre de câbles dans un espace réduit, de réserver un emplacement pour l’implantation de liaisons futures et d’exécuter GHVWUDYDX[VDQVWUDQFK«HFHTXLSHUPHWGHVšDƵUDQFKLU des problèmes de circulation. En cas d’avarie ou de maintenance préventive, l’accès à la liaison ne nécessite pas d’ouverture de tranchée et est presque immédiat. Néanmoins, cette facilité d’accès présente parfois un risque dans la mesure où des personnes non habilitées y accèdent sans autorisation, au péril de leur vie. Lors de la construction, certaines liaisons empruntent des galeries soit sur leur intégralité, soit uniquement sur certains tronçons. C’est le cas notamment dans les entrées des postes de Paris intra-muros, à l’aboutissement des câbles généralement à 225 000 V. Elles permettent de parcourir des kilomètres sous les rues de Paris. L'ART DE LA POSE DES CÂBLES La cohabitation dans les galeries de plusieurs liaisons électriques, de transport et de distribution, nécessite un VRLQSDUWLFXOLHUSRXUODSRVHGHVF¤EOHV/HVGLƵ«UHQWHV WHFKQLTXHVPLVHVHQĕXYUHDXƶOGXWHPSVVRQWODSRVH sur tablettes, la pose en caniveaux et la pose en suspentes. Jusqu’au début des années 1970, les câbles sont généralement posés sur tablettes. Puis, pendant les années 1970 et 1980, la pose en caniveaux lui est préférée. (QƶQ¢SDUWLUGXG«EXWGHVDQQ«HVOHVVXVSHQWHV remplacent peu à peu les autres modes de pose. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 55 LE CAS PARTICULIER DES CÂBLES OLÉOSTATIQUES LA POSE EN CANIVEAUX L’espace nécessaire pour l’installation de câbles 225 000 V conduit à l’adoption de la disposition en caniveaux lorsque d’autres liaisons de distribution empruntent les galeries. Cette technique consiste à aménager un emplacement pour l’installation de caniveaux au niveau du sol de la galerie. Les trois F¤EOHVXQLSRODLUHV\VRQWGLVSRV«VHQWUªƠHGHODP¬PHID©RQTXH pour une pose en caniveaux sous chaussée. Les câbles oléostatiques, sous tube acier, empruntent aussi des galeries souterraines. Dans ce cas, le tube est SRV«DXVRO&HSHQGDQWVRXVOšHƵHWGHVF\FOHVGHFKDUJHV le tube acier peut être amené à se dilater et se contracter. Ces mouvements peuvent alors abîmer la protection DQWLFRUURVLRQGXWXEH3DUVXLWHXQHIXLWHGšKXLOHSHXWVH G«FODUHUSDUSHUFHPHQWGXWXEHHWODOLDLVRQHVWPLVHKRUV service par baisse de pression. Pour éviter ces inconvénients, les tubes aciers sont disposés sur des cales ou des supports sur le radier de la galerie. Certaines de ces galeries méritent une attention particulière. LA GALERIE EDISON GALERIES HARCOURT LA POSE EN SYSTÈMES SOUPLES Désormais, les câbles sont posés en utilisant des systèmes VRXSOHV3DUFHWWHWHFKQLTXHOHVF¤EOHVUHJURXS«VHQWUªƠH sont sanglés et retenus par des suspentes ou des colliers. &HVV\VWªPHVSHUPHWWHQWGHWHQLUP«FDQLTXHPHQWOHVHƷRUWV statiques et électrodynamiques mis en jeu, et laissent un degré GHOLEHUW«SHUPHWWDQWODGLODWDWLRQGXF¤EOHSDU«FKDXƷHPHQW Cette technique est aussi utile lorsqu’il est nécessaire de franchir un passage encombré en galerie. 56 La galerie nommée Edison, construite entre 1906 et 1910, du poste de Saint-Ouen au XVIIe arrondissement, a une longueur de près de 4 km. Située à une PR\HQQH GH P GH SURIRQGHXU HOOH WLUH VRQ QRP GH la Compagnie Continentale Edison qui alimente, entre HWXQVHFWHXUGH3DULVU«XQLVVDQWXQHSDUtie du quartier de la Bourse dans le IIe arrondissement, la partie centrale du IXe et la partie ouest du XVIIIe. L’énergie produite par un petit groupe de production appartenant à la société Edison, situé à Saint-Denis, est commercialisée sous forme continue de 2 x 110 V. La galerie Edison permet de relier cette usine aux lieux de consommation au centre de Paris, en passant par les sous-stations de transformation équipées de convertisseurs tournants. En 1914, l’usine électrique de Saint-Ouen, construite par OD&3'(SURGXLWLQLWLDOHPHQWGXFRXUDQWDOWHUQDWLIGLSKDV« 12 500 V, à une fréquence de 42 Hz. Cette énergie est HQVXLWH DFKHPLQ«H SDU F¤EOHV VRXWHUUDLQV MXVTXšDX[ sous-stations parisiennes en réutilisant cette galerie. $XƶOGHVDQQ«HVDSUªVOHVPRGLƶFDWLRQVDSSRUW«HV¢OšXVLQH de Saint-Ouen et la création d’un poste de transformation, FHWWHJDOHULHHVWH[SORLW«HSRXUDFKHPLQHUGHVF¤EOHVGH GLVWULEXWLRQGHGLƵ«UHQWHVWHQVLRQV En 1991, lors de la création de la liaison 225 000 V 6DLQW2XHQ2UQDQR HW FRPSWH WHQX GHV GLƸFXOW«V UHQcontrées pour aboutir à un tracé acceptable dans un milieu XUEDLQWUªVGHQVHXQH«WXGHWHFKQLFR«FRQRPLTXHFRQGXLW à emprunter une partie de cette galerie, en accord avec les services de distribution électrique. Sur les 4 km de la CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU PLESSIS-GASSOT GÉOGRAPHIE DES POSTES DU RÉSEAU D'ALIMENTATION PARISIEN TERRIER Poste de transformation 400 000 V /225 000 V SAUSSET FALLOU ST-OUEN SEINE NOVION AVENIR PERRET ROMAINVILLE PUTEAUX VILLEVAUDÉ CERGY Poste de répartition 225 000 V Couloir d'alimentation des postes de répartition Boucle, regroupant les postes 400 000 V, situés en lointaine banlieue VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES MEZEROLLES Liaisons interpostes MALASSIS Liaisons de secours entre postes YVELINES MISE EN SERVICE SEPT. 2008 VINCENNES MENUS CHARENTON HARCOURT MOULINEAUX CHEVILLY ARRIGHI CRETAINE MORBRAS VILLEJUST LA CONSTRUCTION DES GALERIES CIROLLIERS LE CHESNOY La construction des galeries a généralement été faite par ouverture de tranchées, à l’image de la construction du métro. Plus récemment, elles ont été creusées de la même façon que des mines, sans tranchée. Dans un sous-sol encombré, la réalisation d’un ouvrage de telle dimension peut nécessiter des profondeurs importantes. En 2001, la construction du poste de Ternes et la liaison Perret-Ternes a nécessité la construction de plus de 500 m de galeries sans ouverture de tranchée. Du personnel spécialisé dans le travail dans les mines, utilisant des explosifs pour le creusement a été sollicité. Remarque : dans Paris, le réseau de tunnels souterrains le plus dense est celui du métropolitain. Pourtant, aucun câble de transport électrique n’emprunte d’ouvrages creusés pour ce mode de transport en commun. Cela s’explique par des raisons LA GALERIE de sécurité liées aux normes en vigueur dans le cadre CHARENTON-NATION du transport de voyageurs en cas d’incendie, mais Cette galerie est construite dans le cadre de la mise en sersurtout par des questions pratiques d’accès aux vice du poste Nation, dans le XIeDUURQGLVVHPHQWHQ câbles pour maintenance. Creusée entre les postes de Charenton et de Nation, cette (QHƷHWODPDLQWHQDQFHGHWHOVRXYUDJHVVHUDLW limitée aux heures de fermeture du métro parisien JDOHULHFRPSWHNPGRQWWURLV¢OšLQW«ULHXUGH3DULV(OOH et nécessiterait des dérogations spéciales pour FRXYUHOšHQVHPEOHGHODOLDLVRQHQWUHOHVGHX[SRVWHV(OOH l’autorisation d’intervention dans les tunnels. DFFXHLOOHWURLVF¤EOHV9XQLSRODLUHVHQWUHHW liaison, 3,5 km empruntent la galerie ; le reste est installé sous la chaussée. Ce choix permet de réduire les coûts de génie FLYLOPDLVDXVVLHQE«Q«ƶFLDQWGšXQHPHLOOHXUHG«SHUGLWLRQ FDORULƶTXH HQ JDOHULH GšLQVWDOOHU XQ F¤EOH SOXV SHWLW SRXU XQHP¬PHFDSDFLW«GHWUDQVLW7HFKQLTXHPHQWODVHFWLRQ GXF¤EOHHVWU«GXLWHGHPPtFXLYUHVRXVFKDXVV«H ¢PPtDOXPLQLXPHQJDOHULH GDWH¢ODTXHOOHODJDOHULHD«W«YLG«HDSUªVODPLVH KRUVVHUYLFHGHVF¤EOHV &LWRQV «JDOHPHQW OHV GHX[ JDOHULHV Gš$UULJKL ORQJXHV FKDFXQHGHPHWFRQVWUXLWHVHQHWGDQV OHVTXHOOHVVRQWLQVWDOO«HVOLDLVRQVGHGLVWULEXWLRQHWGH transport. La liaison de trois km, entre les postes de Flandres dans le XIXe arrondissement et de Magenta dans le Xe, comprend une partie en galerie souterraine. Celle-ci est FRQVWUXLWH HQ SDU OD &3'( SXLV HVW U«XWLOLV«H HQ DXG«SDUWGXSRVWHGH)ODQGUHVVXUPSRXUOD FRQVWUXFWLRQGHODUDGLDOH9 CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 57 LES PASSAGES EN SOUS-ŒUVRE / LES TECHNIQUES 3DUIRLV OšRXYHUWXUH GšXQH WUDQFK«H SRXU SHUPHWWUH OH passage d’une liaison souterraine est impossible. C’est le cas des traversées de voies ferrées, de certaines voies routières ou de cours d’eau. 'LƵ«UHQWHVWHFKQLTXHVH[LVWHQWHWOHXUXWLOLVDWLRQG«SHQG GHVFDUDFW«ULVWLTXHVJ«RWHFKQLTXHVGHVVROV¢WUDYHUVHU Les techniques de passage en sous-œuvre sont : le micro-tunnel, le forage dirigé, le fonçage, LE MICRO-TUNNEL Le micro-tunnelier est un appareil permettant de FUHXVHU XQ WXQQHO GH GLDPªWUH VXƸVDQW SRXU \ IDLUH JOLVVHUOHVF¤EOHVGLDPªWUHVGHIRUDJHGHFP¢P&H tunnel permet de passer sous les obstacles sans perturEDWLRQ¢GHVSURIRQGHXUVGH¢PPDLVGHPDQGH XQHHPSULVHLPSRUWDQWH¢VHVGHX[H[WU«PLW«V 3 TECHNIQUES 3285/(3$66$*( ' 81(/,$,621 6287(55$,1( 58 Après la création d’un puits d’entrée d’un côté et d’un puits de sortie de l’autre, le micro-tunnelier télécommandé permet un creusement horizontal entre les deux puits. Des éléments de tubes préfabriqués sont poussés GHUULªUHOšDSSDUHLODƶQGHFRQVWLWXHUOHWXQQHOGHVWLQ«¢ accueillir les câbles. Le micro-tunnel est une technique DGDSW«H¢WRXWW\SHGHVROH[FHSW«OHURFKHUHWOHVVROV graveleux. Cette technique est apparue dans la région en 1980. Elle QšHVWDGRSW«HTXHGDQVGHWUªVUDUHVFDV¢3DULVFRPPH la traversée du périphérique. LE FORAGE DIRIGÉ Le forage dirigé est une technique issue de l’industrie pétrolière. Il se fait en trois étapes : un premier forage pour le creusement d’un trou pilote, un alésage et la pose des conduites. Ũ Le trou pilote : sous l’action de la poussée et de la rotation d’une tête de forage équipée d’un outil d’usure ¢VRQH[WU«PLW«XQWUDLQGHWLJHVGšXQGLDPªWUHGH¢ 100 mm pénètre dans le sol. Le contrôle directionnel du forage est obtenu en agissant simultanément sur la rotation et la poussée de la tête de forage. Celle-ci n’étant SDV V\P«WULTXH OD SRXVV«H VDQV URWDWLRQ HQWUD°QH VD déviation dans l’orientation souhaitée. Ensuite, la rotaWLRQGHODW¬WHFRPELQ«H¢VDSRXVV«HUHQGODWUDMHFWRLUH rectiligne. Ũ L’alésage :FHWWH«WDSHFRQVLVWH¢DJUDQGLUOHWURXDƶQ TXHOHVIRXUUHDX[GHVWLQ«V¢UHFHYRLUOHVF¤EOHVSXLVVHQW ¬WUHLQVWDOO«V/šDSSDUHLOD\DQWVHUYLDXIRUDJHPHWHQURWDWLRQHWWLUHXQDO«VHXU&HWWH«WDSHHVWU«S«W«HMXVTXš¢ l’obtention d’un trou de diamètre souhaité. CHAPITRE 3 /( DÉ9(/233(0(17 '85É6($8 'š$/,0(17$7,21 3$5,6,(1 816,&/( ' 92/87,21 7(&+12/2*,48( '(6 5É$/,6$7,216 ,1129$17(6 9,('(6 /,$,6216 6287(55$,1(6 É/(&75,48(6 '(6 +200(6 $86(59,&( '85É6($8 MICROTUNNELIERS Ũ/DSRVHGHVFRQGXLWHV une fois le trou de diamètre VXƸVDQWREWHQXGHVIRXUUHDX[GHSU«I«UHQFHHQ3(+' 3RO\«WK\OªQH+DXWH'HQVLW«VRQWWLU«VSDUOHVWLJHVGH IRUDJH 'DQV XQ GHUQLHU WHPSV OHV F¤EOHV «OHFWULTXHV VRQWWLU«VGDQVOHVIRXUUHDX[ 0LVH HQ SODFH GDQV OHV DQQ«HV FHWWH WHFKQLTXH HVW DGRSW«H GDQV OD FRQVWUXFWLRQ GX U«VHDX VRXWHUUDLQ KDXWHWHQVLRQHQ)UDQFH¢SDUWLUGH(OOHSU«VHQWH OšDYDQWDJHGHOLPLWHUODJ¬QHRFFDVLRQQ«HSDUOHVWUDYDX[ &HSHQGDQWODPLVHHQĕXYUHQ«FHVVLWHXQHVSDFHOLEUH «WHQGXGXF¶W«GXSRLQWGšDWWDTXH PRINCIPE DU FORAGE CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 59 FORAGE À BILLANCOURT 60 CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU LE FONÇAGE Cette technique, adoptée sur le réseau de transport électrique à partir des années 1980, est essentiellement utilisée pour des passages sous des voies ferrées ou des voies routières. Elle nécessite, comme le micro-tunnel, le creusement d’un puits d’entrée et d’un puits de sortie. À partir du SXLWVGšHQWU«HOHIRQ©DJHHVWHƵHFWX«KRUL]RQWDOHPHQW L’emprise des fonçages est moins importante que les autres modes de pose en sous-œuvre. Des tubes sont poussés horizontalement à l’aide de vérins. Les techQLTXHV GLƵ«UHQW HQ IRQFWLRQ GX GLDPªWUH GHV WXEHV et des caractéristiques des sols à traverser. Les tubes peuvent être insérés par battage, par rotation, par poussée ou par fusée pneumatique. Dans Paris intra-muros, le choix des tracés des liaisons et la préférence pour les galeries souterraines font que les OLDLVRQVGRQWODFRQVWUXFWLRQD«W«HƵHFWX«HSDUXQHGH ces méthodes sont très rares. Cependant, en dehors de Paris, la présence de cours d’eau comme la Seine et les nombreux réseaux de transports ferroviaires et routiers font que les tracés des liaisons souterraines rencontrent PRINCIPE DU FONÇAGE inévitablement des obstacles. Ceux-ci sont franchis à de nombreuses reprises par les techniques citées ci-dessus. LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES Le coût de la réalisation d’une liaison dans Paris est plus élevé que la moyenne. Des imprévus peuvent survenir lors de l’ouverture des tranchées, lorsque les plans ne correspondent pas à la réalité. Malgré des études préliminaires poussées, les sous-sols de Paris regorgent de surprises. /HVGLƸFXOW«VUHQFRQWU«HVVXLWH¢ODG«FRXYHUWHGHODSU«sence d’autres concessionnaires sur le tracé de la liaison sont innombrables. On peut citer, comme exemple, la réalisation de la liaison 225 000 V Nation-Austerlitz en 1999. Il est prévu que la liaison croise une canalisation d’égout en passant par-dessus. Or, lors de l’ouverture de la tranchée, le constat est fait que le haut de l’égout est placé à seulement 30 cm de profondeur alors que les plans fournis par les services des égouts de Paris indiquent un mètre. Il est donc impossible de croiser l’égout à cet endroit et il est nécessaire de trouver un autre point de croisement. Après DYRLUHƵHFWX«WURLVVRQGDJHVVXFFHVVLIVODPHLOOHXUHVROXtion consiste à croiser l’égout en plein milieu de la voirie, à l’endroit où l’égout est plus profond. Grâce à la réactivité HW¢ODFRRS«UDWLRQGHVGLƵ«UHQWVSDUWLFLSDQWVGRQWODSU«fecture de police qui gère la voirie à Paris, le passage est UDSLGHPHQWHƵHFWX«DƶQGHU«GXLUHODQXLVDQFHRFFDVLRQnée sur la circulation. Dans d’autres cas, il est possible de passer en dessous des conduites d’égouts. Ces passages nécessitent le creusement à quatre ou cinq mètres sous la chaussée. D’autres contraintes sont liées au milieu urbain. En cas de traversée de voies routières ou de boulevards, OHVWUDYDX[VRQWSDUIRLVHƵHFWX«VGHQXLW CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 61 62 CHAPITRE 3 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU TIRAGE DES TROIS PHASES DANS LE FORAGE CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 63 PASSERELLE IVRY-CHARENTON LE FRANCHISSEMENT DES OBSTACLES Le dessin du tracé des liaisons évite le plus possible de UHQFRQWUHU GHV REVWDFOHV GLƸFLOHV ¢ IUDQFKLU &HV REVWDFOHVSHXYHQW¬WUHQDWXUHOVFDQDOƷHXYHRXFU««VSDU OšKRPPH YRLHV URXWLªUHV FKHPLQV GH IHU 'DQV 3DULV intra-muros, c’est le boulevard périphérique qui repréVHQWHODGLƸFXOW«PDMHXUH Quelques chantiers présentent un intérêt particulier en UDLVRQGHVGLƸFXOW«VUHQFRQWU«HVVXUOHWUDF«HWODID©RQ dont il a été possible de les surmonter. Ũ/HVWUDYHUV«HVGH6HLQHHWDXWUHVFRXUVGšHDX Les cours d’eau tels que la Seine représentent un obstacle naturel majeur dans la région parisienne. 'DQV 3DULV LQWUDPXURV DXFXQH UDGLDOH 9 QH WUDYHUVHOHƷHXYHHWVHXOHXQHOLDLVRQ9LQVWDOO«H HQ HƵHFWXH OD WUDYHUV«H DX QLYHDX GX SRQW Gš,«QD/šDXWUHFRXUVGšHDXWUDYHUV«¢3DULVHVWOHFDQDOGH Oš2XUFT/HSDVVDJHHVWHƵHFWX«¢GHX[UHSULVHVSDUXQH galerie souterraine. 64 Dans la petite couronne, on compte plus d’une vingtaine de traversées de la Seine. Si la plupart empruntent GHV SRQWVURXWLHUV GšDXWUHVHƵHFWXHQWODWUDYHUV«H SDU un mode particulier. Ũ3RQWVHWSDVVHUHOOHV Le franchissement des cours d’eau nécessite une étude particulière lors de la conception et de la mise en place d’un dispositif spécial. Jusqu’aux années 1960, la grande majorité des liaisons ayant à traverser des cours d’eau, et en particulier la Seine ou le canal de l’Ourcq, emprunte une passerelle spécialement conçue ou un pont préexistant. Si des dispositions conservatoires ont été prises lors de la construction du pont, les câbles peuvent être insérés dans des fourreaux placés dans un caisson inaccessible. S’il n’existe pas d’emplacement réservé, l’utilisation de FHVRXYUDJHVHVWGLƸFLOHYRLUHLPSRVVLEOH Certains ponts sont heureusement prévus avec une galerie technique ; d'autres peuvent être équipés de caniveaux sous trottoir. L'utilisation des ponts requiert CHAPITRE 3 /( 'É9(/233(0(17 '85É6($8 'š$/,0(17$7,21 3$5,6,(1 816,&/( ' 92/87,21 7(&+12/2*,48( une étude technique approfondie, en partenariat avec l’exploitant de l’ouvrage. Dans ces cas précis, les objectifs recherchés sont la protection mécanique de la liaison ainsi que la diminution au maximum du poids supplémentaire à supporter par l’ouvrage d’art. /RUVTXH OH SDVVDJH QH SHXW SDV VšHƵHFWXHU GDQV un pont, des passerelles techniques peuvent être construites spécialement pour le passage des câbles. Dans ce cas, les câbles sont installés dans un fourreau inséré à l’intérieur de la passerelle. Par exemple, la passerelle industrielle d’Ivry-Charenton est construite en 1929 VS«FLDOHPHQW¢FHWHƵHW '(6 5É$/,6$7,216 ,1129$17(6 9,('(6 /,$,6216 6287(55$,1(6 É/(&75,48(6 '(6 +200(6 $86(59,&( '85É6($8 TRAVERSÉE DE LA SEINE À CHATOU UN PONT CANTILEVER POUR IVRY-CHARENTON La passerelle d'Ivry-Charenton est construite par la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris, la CPDE et les trois sociétés qui constitueront « Inter-Paris » (Union d’Électricité, Société d’Électricité de la Seine et Société d’Électricité de Paris). L’objectif est de construire un ouvrage destiné uniquement à la traversée des câbles issus de l’usine d’Ivry, seule la traversée piétonne étant prévue. Ce câble accueillera, entre autres et dans un premier temps, les câbles 63 000 V de la CPDE destinés à alimenter le poste de Nation en reliant le poste de Villejuif à celui de Charenton. Pour sa construction, la technologie adoptée est le pont cantilever. D’une longueur totale de 214 m, il a une portée de 135 m entre les deux piles construites dans la Seine. Les travées latérales fonctionnent comme des contrepoids. Ce pont détiendra, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le record en termes de portée pour un pont cantilever en poutre béton, ce qui en fait un ouvrage remarquable parmi les ponts modernes. Un caisson en béton armé, aménagé sur la passerelle, permet d’assurer la protection des câbles qu’il contient. Une autre passerelle, construite pour transporter des câbles électriques, située au niveau de l’ancienne centrale électrique quai Blanqui à Alfortville, est aujourd’hui détruite. À partir des années 1960, des techniques de pose par ensouillage ou en sous-œuvre ont fait leur apparition, permettant aux câbles de passer sous les cours d’eau. LE CROISEMENT AVEC LES TUNNELS DU MÉTRO 3DULVGHVGLƸFXOW«VSDUWLFXOLªUHVVRQWUHQFRQWU«HV DXYRLVLQDJHGXP«WUR(QGHKRUVGHTXHOTXHVH[FHSWLRQV OHVWXQQHOVGXP«WURGH3DULVVRQWSURFKHVGHODVXUIDFH HQUDLVRQGHODQDWXUHK«W«URJªQHGXVROSDULVLHQTXL HPS¬FKHOHFUHXVHPHQWHQJUDQGHSURIRQGHXU&HWWHIDLEOH SURIRQGHXUREOLJHOHVOLJQHV¢VXLYUHOšD[HGHVUXHVGH3DULV /RUVTXHOHWUDF«GšXQHOLDLVRQHVWDPHQ«¢GHYRLUFURLVHU XQHOLJQHGHP«WUROHV«WXGHVIRQWJ«Q«UDOHPHQWHQVRUWH TXHOHVF¤EOHVSDVVHQWDXGHVVXVGXWXQQHO3DUIRLVOD SURIRQGHXUGXKDXWGXWXQQHOQšHVWSDVVXƸVDQWHSRXU DVVXUHUXQHSURIRQGHXUGHFKDUJHJDUDQWLVVDQWODV«FXULW« GHVF¤EOHV'DQVFHFDVGHVDFFRUGVDYHFOHVVHUYLFHV GHOD5$73DERXWLVVHQW¢XQDFFRUGVRLWSRXUUDERWHU OHKDXWGXWXQQHODƟQTXHODOLDLVRQSXLVVHSDVVHU VRLWSRXUIDLUHSDVVHUODOLDLVRQVRXVOHWXQQHOGXP«WUR CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 65 QU’EST-CE QUE L’ENSOUILLAGE ? L’ensouillage permet de traverser un cours d’eau lorsque le passage par un pont existant n’est pas possible. /HF¤EOHHVWSRV«DXIRQGGXOLWGXƠHXYHGDQVXQHVRXLOOHSU«DODEOHPHQWFUHXV«H La technique d’ensouillage se déroule en trois étapes : la réalisation d’une tranchée immergée désignée SDUODVRXLOOHODPLVHHQSODFHGHVIRXUUHDX[HWOHUHPEOD\DJHGHODWUDQFK«H8QHIRLVOHVIRXUUHDX[ PLVHQSODFHHWODWUDQFK«HUHPEOD\«HOHVF¤EOHVVRQWWLU«VGDQVOHVIRXUUHDX[¢SDUWLUGšXQHEHUJH L’ensouillage présente l’avantage de pouvoir franchir facilement des cours d’eau sans avoir ¢FRQVWUXLUHXQHSDVVHUHOOH7RXWHIRLVODSRVHGHF¤EOHVVRXVOHOLWGHYRLHVQDYLJDEOHVQ«FHVVLWHTXHOHWUDƟF VRLWLQWHUURPSXGXUDQWOHVRS«UDWLRQVGšH[FDYDWLRQHWGHSRVH'HSOXVODFRQIHFWLRQGHVIRXUUHDX[LPSRVH XQHHPSULVHGHFKDQWLHULPSRUWDQWHVXUXQHEHUJH&HWWHWHFKQLTXHQ HVWSDVXWLOLV«H¢3DULV mais seulement en banlieue. LA TECHNIQUE DE L’ENSOUILLAGE 'ªVOšHQVRXLOODJHHVWXWLOLV«ORUVGHODWUDYHUV«HGHOD Seine à Chatou, sur la liaison Rueil-Le Pecq 63 000 V. En 2006, ce tronçon est relevé sur 270 m par un forage dirigé. La traversée de la Seine, sur la liaison Cormeilles-Nanterre 9VHIDLWGDQVXQSUHPLHUWHPSVHQSDU ensouillage. À cette occasion, quatre tubes sont installés mais seuls deux contiennent des câbles. Les deux autres sont installés en prévision de l’augmentation des besoins. Comme prévu, cette liaison aura ensuite besoin Gš¬WUHUHQIRUF«HHWFšHVWHQTXšXQHQRXYHOOHOLDLVRQ double est installée en parallèle. Les deux tubes vides LQVWDOO«VHQVRQWDLQVLUHPSOLV&HWH[HPSOHPRQWUH une certaine vision de l’avenir par EDF, dont des déciVLRQVSULVHVSOXVGHDQVDXSDUDYDQWSHUPHWWHQWGH réduire considérablement les frais de mise en œuvre liés ¢ODWUDYHUV«HGXƷHXYH 'šDXWUHVWUDYHUV«HVVRQWHƵHFWX«HVHQVRXVĕXYUH(Q VXU FHWWH P¬PH OLDLVRQ &RUPHLOOHV1DQWHUUH 225 000 V, la Seine est traversée au niveau de l’île 6DLQW0DUWLQSDUIRUDJHGLULJ«VXUP En dehors de la Seine, d’autres cours d’eau tels que le canal de l’Ourcq représentent un obstacle. Ainsi, en XQ PLFURWXQQHOLHU HVW XWLOLV« VXU OD OLDLVRQ Avenir-Romainville pour la traversée du canal. En région parisienne, on compte près de 2 500 m de OLDLVRQVFXPXO«HVHƵHFWXDQWXQSDVVDJHGHFRXUVGšHDX en sous-œuvre. 66 TRAVERSÉES DU PÉRIPHÉRIQUE ET AUTRES VOIES DE TRANSPORT Pour venir alimenter la ville de Paris, il a été nécessaire de franchir des obstacles. Les axes routiers importants et les voies ferrées ne peuvent pas être traversés par ouverture de tranchées. C’est le cas avec le périphérique Parisien qui est traversé 20 fois par des liaisons 225 000 V. Diverses solutions sont adoptées. Sur la liaison Turgot-Saint-Ouen, la liaison franchit le périphérique par la galerie Edison, de construction bien antérieure, et ne pose pas de problème particulier. Dans d'autres cas, la liaison emprunte un pont franchissant le périphérique ou passe sous la chaussée du périphérique. 6XUFHUWDLQVSRLQWVLODUULYHTXHOHVGLƸFXOW«VVRLHQWSOXV grandes. Devant l’impossibilité de creuser une tranchée traversant le périphérique, des passages en sous-œuvre VRQW HƵHFWX«V 3DU H[HPSOH HQ VXU OD OLDLVRQ Gambetta (XVIIIe)-Malassis (Montreuil-sous-Bois), un micro-tunnel, situé à 6,50 m de profondeur et de un mètre de diamètre, permet de franchir le boulevard périphéULTXHSDUXQHWUDYHUV«HGHP En 2000, la réalisation de la liaison entre les postes Ampère de Saint-Denis et de La Courneuve a employé la technique de forage dirigé pour franchir une ligne double de tramway et quatre voies de circulation. Au total, dans la région parisienne, 7 800 m de liaisons VRQW HƵHFWX«HV HQ VRXVĕXYUH SRXU OD WUDYHUV«H GH voies routières ou ferrées. CHAPITRE 3 LE DÉ9(/233(0(17 '85É6($8 'š$/,0(17$7,21 3$5,6,(1 816,&/( ' 92/87,21 7(&+12/2*,48( DES 5É$/,6$7,216 ,1129$17(6 VIE DES /,$,6216 6287(55$,1(6 É/(&75,48(6 DES +200(6 $86(59,&( '85É6($8 TRAVERSÉE DE LA SEINE À CHATOU CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 67 68 CHAPITRE 4 CHAPITRE 4 VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES Vieillissement, claquages électriques, points chauds, «FUDVHPHQWũOHVFDXVHVGšDYDULHVGLƵªUHQWVHORQOHVWHFKQRORJLHV 8QHSDUWLPSRUWDQWHGHVLQFLGHQWVVXUYLHQWGDQVOHVSUHPLªUHVDQQ«HV GHODYLHGXF¤EOH CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 69 LES ALÉAS DE LA VIE DES CÂBLES L es incidents de câbles peuvent entraîner des perturbations sur le fonctionnement du réseau élecWULTXH0¬PHVLODƶDELOLW«HVWXQHSULRULW«SRXUOHVIDEULcants de câbles et les exploitants du réseau, les incidents sont inévitables. /HV F¤EOHV «OHFWULTXHV SHXYHQW ¬WUH DƵHFW«V SDU GHX[ FDW«JRULHVGHG«IDXWVGLƵ«UHQWV des défauts d’origine interne, provoqués par le vieillissement et les contraintes diélectriques auxquelles les câbles sont soumis, des défauts mécaniques causés par l’environnement et notamment par des agressions externes. PÉRIODES DE VIE D’UN CÂBLE TAUX DE DÉFAILLANCE Période de jeunesse 70 Période de maturité Période de sénilité LES PÉRIODES DE LA VIE DES CÂBLES /DPDUWLQHGLVDLWGDQVO XQHGHVHVSR«VLHVmObjets inanimés, avez-vous donc une âme ? ». Certains spécialistes des câbles souterrains de transport sont convaincus que les câbles en RQWXQHHWLOVDLPHQW¢HƵHFWXHUXQSDUDOOªOHHQWUHOš«YROXWLRQ du comportement des câbles et la vie des êtres vivants. En ce qui concerne le comportement des câbles, on parle GHODmYLH}GšXQF¤EOHHWRQGLVWLQJXHSURJUHVVLYHPHQW trois périodes dans cette vie, en fonction du taux de défailODQFHODS«ULRGHGHmMHXQHVVH}ODS«ULRGHGHmPDWXULW«}HW OD S«ULRGH GH m V«QLOLW« } YRLU JUDSKH FLFRQWUH 0DOJU« tous les soins apportés à la réalisation de ces liaisons, le QRPEUHGšDYDULHVUHQFRQWU«HVHVWWUªVLPSRUWDQWORUVGHV SUHPLªUHV DQQ«HV GšH[SORLWDWLRQ &H WDX[ GH G«IDLOODQFH «OHY«FRUUHVSRQG¢XQHS«ULRGHR»Vš«OLPLQHQWOHV«FKDQWLOORQV GH GXU«H GH YLH EUªYH «FKDQWLOORQV TXL FRUUHVpondent généralement à des défauts de fabrication. 'DQVXQGHX[LªPHWHPSVDXERXWGHTXHOTXHVDQQ«HVFH WDX[G«FURLWHWVHVWDELOLVHFšHVWODS«ULRGHGš¤JHP½UGX câble. Les défauts qui surviennent sont dus à des agressions H[WHUQHVRX¢GHVSK«QRPªQHVLQG«SHQGDQWVGXYLHLOOLVVHment du câble. Cette période est la plus longue dans la vie d’un câble. (QƶQODWURLVLªPHS«ULRGHGLWHWURLVLªPH¤JHHVWFHOOHR» OHWDX[GHG«IDLOODQFHHVWFURLVVDQW/HVSK«QRPªQHVGH vieillissement interviennent de plus en plus et des politiques de remplacement doivent être mises en place pour améliorer le fonctionnement général du réseau. Ce découpage de la vie d’un câble est une tendance générale. Certains des câbles installés ont largement dépassé la moyenne d’âge des câbles de leur généraWLRQ/HXUGR\HQ¤J«GHDQVHVWWRXMRXUVHQERQ«WDW de fonctionnement. En ce qui concerne les défauts internes, le comportement d’un câble et l’origine des avaries dépendent des WHFKQRORJLHVGHF¤EOH CHAPITRE 4 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU RÉPARATION D’UNE LIAISON LE DÉBUT DE VIE DES CÂBLES 63 000 V DES ANNÉES 1920 L’installation de câbles de tension 63 000 V autour de Paris est une innovation majeure dans les années 1920. Entre 1922 et 1923, la longueur des liaisons souterraines 63 000 V mises en service passe de 0 à 76 km et atteint 300 km en 1930. Toutes ces liaisons de transport étant tripolaires, un km de liaison contient en réalité trois km de câbles. Ce sont donc 900 km de câbles 63 000 V qui sont en service en 1930. Pour la première année, sur les seuls 76 km de liaisons, on compte 30 claquages. Soit un claquage par an tous les 2 500 m de liaison. Après une période de 5 ans marquée par un taux de défaillance important, celui-ci se stabilise à partir de 1927 à une moyenne d’un claquage annuel tous les 12,5 km. C’est la période de maturité du câble. Cette période est quelque peu perturbée par les dégâts subis pendant les bombardements de la région parisienne entre 1940 et 1944. Le bon fonctionnement général de ces câbles traduit le succès de ce réseau novateur. (QƟQ¢SDUWLUGHVDQQ«HVOHVSK«QRPªQHVGHYLHLOOLVVHPHQWLQWHUYLHQQHQWHWOHWDX[ de défaillance augmente. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 71 53 ANS : MOYENNE 'š*('(6&%/(6 AU PAPIER IMPRÉGNÉ /HV F¤EOHV DX SDSLHU LPSU«JQ« VDQV SUHVVLRQ VRQW OH VLªJH GH QRPEUHX[ G«IDXWV VLWX«V SULQFLSDOHPHQW HQ SOHLQF¤EOH&HVFODTXDJHVVRQWSULQFLSDOHPHQWGXVDX YLHLOOLVVHPHQWQDWXUHOGHVF¤EOHVHWSDUIRLVDX[G«IDXWVGH IDEULFDWLRQFRQVWDW«VFKH]FHUWDLQVIDEULFDQWV Ũ/HYLHLOOLVVHPHQW /HYLHLOOLVVHPHQWHVWXQSK«QRPªQHHVVHQWLHOOHPHQWG½ ¢ OD WHPS«UDWXUH ,O HVW GšDXWDQW SOXV PDUTX« TXH OHV cycles de fonctionnement sont répétés et la tempéraWXUH«OHY«H /H YLHLOOLVVHPHQW GH OšLVRODQW HQ SDSLHU LPSU«JQ« HW GH Oš«FUDQP«WDOOLTXHVRQWOHVGHX[SK«QRPªQHVHQWUD°QDQW OHFODTXDJHGHFHVF¤EOHV LES CÂBLES AU PAPIER IMPRÉGNÉ SANS PRESSION, UNE TECHNOLOGIE VIEILLISSANTE Une partie importante des claquages touche les câbles DX SDSLHU LPSU«JQ« VDQV SUHVVLRQ HQ ƶQ GH YLH &HV câbles ont une moyenne d’âge de plus de 50 ans DQVHQ En 2007, les câbles au papier imprégné représentent GHVDYDULHVDORUVTXšLOVQHFRQVWLWXHQWTXHGHV F¤EOHVHQIRQFWLRQQHPHQW/HVFDPSDJQHVGHUHOªYHHW la mise hors conduite des câbles de technologie PI, ont FRQGXLW ¢ XQH EDLVVH GX QRPEUH GšDYDULHV (Q FHWWH WHFKQRORJLH UHSU«VHQWH GHV DYDULHV DYHF GXSDUF 72 Ũ/HYLHLOOLVVHPHQWGHOšLVRODQW /HYLHLOOLVVHPHQWGHOšLVRODQWVHWUDGXLWSDUXQHG«JUDGDWLRQ GH OD PDWLªUH GšLPSU«JQDWLRQ HW OD IUDJLOLVDWLRQ GX SDSLHU /D G«JUDGDWLRQ GHV SHUIRUPDQFHV GšLVRODWLRQ caractérisée par l’apparition d’arborescences sur le SDSLHUSHXWFRQGXLUHMXVTXšDXFODTXDJH Ũ/HYLHLOOLVVHPHQWGHV«FUDQVGHSORPE /DS«Q«WUDWLRQGšKXPLGLW«SDUYLHLOOLVVHPHQWGHV«FUDQVGH SORPEHVWDXVVLXQIDFWHXUGšDYDULHV6RQERQFRPSRUWHPHQW P«FDQLTXH SODFH OH SORPE HQ SUHPLªUH SRVLWLRQ SRXUODU«DOLVDWLRQGHV«FUDQVGHF¤EOHV&HSHQGDQWVRXPLVGHID©RQSURORQJ«HHWU«JXOLªUH¢GHVWHPS«UDWXUHV XQSHX«OHY«HVOHSORPEWHQG¢VHUHFULVWDOOLVHU&HSK«QRPªQHFU«HGHVƶVVXUHVHWHQWUD°QHODSHUWHGHVSURSUL«W«V Gš«WDQFK«LW«GXSORPE CHAPITRE 4 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU VUE D’UN CHANTIER DE RÉPARATION CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 73 CLAQUAGE SUR CÂBLE OLÉOSTATIQUE 225 000 V LES CÂBLES SOUS PRESSION D’HUILE OU DE GAZ SONT SUJETS AUX FUITES Le phénomène de vieillissement de l’isolant n’est pas siJQLƶFDWLI SRXU FH W\SH GH F¤EOHV ,O HVW TXDVL LQH[LVWDQW GDQVOHFDVGHVF¤EOHV¢SUHVVLRQGšKXLOHFDUOHPDLQWLHQ HQSUHVVLRQGHOšLVRODWLRQSULQFLSDOH«YLWHVDG«JUDGDWLRQ /HV DYDULHV VRQW FRQVWLWX«HV SRXU OšHVVHQWLHO SDU GHV IXLWHVGšKXLOHDƵHFWDQWGHVF¤EOHV¢KXLOHƷXLGHHOOHVVRQW J«Q«UDOHPHQWGXHV¢GHVIDWLJXHVORFDOLV«HVGHODJDLQH GHSORPESURYRTX«HVSDUGHVFRQWUDLQWHVWKHUPRP«FDQLTXHVGHVYLEUDWLRQVRXODFRUURVLRQ 6XUOHVF¤EOHV¢JD]HQFDVGHFODTXDJHODSURSDJDWLRQ GšXQH RQGH VRQRUH GDQV OH F¤EOH SHXW SURYRTXHU GHV 74 G«J¤WVVXUOHVH[WU«PLW«V&šHVWO XQHGHVUDLVRQVTXLRQW SRXVV«¢OšDEDQGRQGHFHWWHWHFKQRORJLH /HVF¤EOHVRO«RVWDWLTXHVVRXVWXEHDFLHUVRQWUREXVWHV HW U«VLVWHQW ELHQ DX[ FRQWUDLQWHV GH OšHQYLURQQHPHQW +RUVG«IDXWVGHIDEULFDWLRQVODWHQWVRXDJUHVVLRQVODSOXSDUWGHVDYDULHVVRQWOL«HV¢OšHPEDOOHPHQWWKHUPLTXH/D SUHVVLRQGHOšKXLOHDVVXUHODTXDOLW«GHOšLVRODWLRQ/HVOLDLVRQVVRQWSURW«J«HVFRQWUHOHVDYDULHVSURYRTX«HVSDU XQHDEVHQFHGHSUHVVLRQSDUXQHDODUPHTXLG«FOHQFKH OD PLVH KRUV WHQVLRQ GH OD OLDLVRQ HQ FDV GH EDLVVH GH SUHVVLRQ 6LOHXUWDX[GšDYDULHHVWO XQGHVSOXVIDLEOHVOHXUU«SDUDWLRQHVWUHODWLYHPHQWORQJXHMXVTXš¢GHX[PRLV CHAPITRE 4 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES LES CÂBLES À ISOLATION SYNTHÉTIQUE RESTENT EXPOSÉS À LA PÉNÉTRATION D'HUMIDITÉ VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU CLAQUAGE SUR CÂBLE PEHD 225 000 V Le seul véritable phénomène connu sur les câbles à isolation synthétique est lié à la pénétration d’humidité, principalement sur les premières générations de câbles secs à écran cuivre non étanche. Des barrières d’étanchéité sont ensuite mises en place sur les générations suivantes de câbles à isolation synthétique. En 225 000 V, les claquages observés sur les liaisons à isolation synthétique sont souvent consécutifs à des défauts de montage, notamment au niveau des extrémités et des jonctions. L’INSTABILITÉ THERMIQUE La puissance limite transmissible par un câble souterrain dépend des phénomènes thermiques liés aux pertes et aux caractéristiques thermiques des sols. La température maximale de fonctionnement est limitée par les matériaux d’isolation. Ainsi, sur les câbles au papier imprégné sans pression, la température maximale admissible au niveau de l’âme conductrice est de 60 °C. Elle est de 80 °C sur un câble oléostatique et de 90 °C sur la dernière génération de câbles à isolation polyéthylène réticulé. Au-delà de cette température imposée par la technologie, des points chauds peuvent entraîner des claquages par vieillissement et instabilité thermique. Les études préalables à la réalisation d’une liaison permettent de déterminer la technologie de câble et la section des conducteurs. Les paramètres pris en compte sont la tension de service, le régime de charge mais aussi l’environnement de la liaison (résistivité thermique des sols, profondeur, voisinage d’autres sources de chaleur…). Or, il arrive que l’environnement d’une liaison subisse des PRGLƶFDWLRQVDXFRXUVGHVDYLH'DQVFHVFDVSU«FLVOD liaison fonctionne en dehors du cadre pour lequel elle a été conçue lors des études. Le dépassement des valeurs d’origine ayant servi au dimensionnement de la liaison peut entraîner rapidement la montée en température du câble au-dessus de la valeur nominale admissible. L’augmentation incontrôlée de la température du câble en dehors des limites d’étude entraîne un dessèchement et une augmentation de la résistivité du sol, ne permettant plus d’assurer la dissipation de chaleur. Ce phénomène est appelé emballement thermique. LES AGRESSIONS DE CÂBLES Les câbles électriques sont également soumis à d'autres contraintes mécaniques permanentes ou accidentelles. /HV SULQFLSDOHV «WDQW Oš«FUDVHPHQW GHV F¤EOHV OšDƵRXLOlement, l’atteinte directe des câbles, la construction d'ouvrages à proximité des câbles. ÉYLGHPPHQWOHVEOHVVXUHVP«FDQLTXHVWRXFKHQWLQGLƵ«remment toutes les technologies de câbles. Elles sont en général à l'origine de nombreuses avaries de câbles (défauts de gaines, fuite d'huile ou de gaz, pénétration d'humidité dans les câbles isolés au papier imprégné et au polyéthylène, câbles arrachés, etc.). Celles-ci mettent en péril la vie des personnes travaillant à proximité des câbles. Face à ces risques, en 1965, le formulaire de « DICT » (Déclaration d’intention de commencement de CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 75 WUDYDX[HVWFU««DƶQTXHOHVHQWUHSULVHVYRXODQWHƵHFWXHU GHV WUDYDX[ VRXWHUUDLQV SXLVVHQW FRQQD°WUH Oš«YHQWXHOOHSU«VHQFHGšRXYUDJHV¢SUR[LPLW« (Q OD IRQFWLRQ GH FRQWUHPD°WUH HQYLURQQHPHQW HVW FU««HDXVHLQGHV«TXLSHVGHPDLQWHQDQFHGHVF¤EOHV6RQ U¶OHHVWGHFRQVHLOOHUOHVHQWUHSULVHVHQYLVDJHDQWGšHƵHFWXHU GHVWUDYDX[¢SUR[LPLW«GšRXYUDJHV+7%VRXWHUUDLQV $XWRWDOGDQVOHVDQQ«HVRQFRPSWDLWHQU«JLRQ SDULVLHQQHHQWUHHWDWWHLQWHVGLUHFWHVGHVF¤EOHV SDUDQVXUOHU«VHDXGHWUDQVSRUWORUVGHWUDYDX[(Q RQHQFRPSWHGL[DORUVTXHSDUDOOªOHPHQWOHU«VHDXVšHVW FRQVLG«UDEOHPHQW G«YHORSS« 'DQV OšHQVHPEOH GH OD U«JLRQSDULVLHQQHLOHVWSDVV«GHNPGHOLDLVRQVHQ ¢NPHQ UNE NETTE DIMINUTION DU TAUX D’AVARIES 2Q YRLW LFL TXH GHV DYDULHV SHXYHQW VXUYHQLU VXU OHV F¤EOHVOHVUHQGDQWLQGLVSRQLEOHVSHQGDQWSOXVLHXUVMRXUV &HSHQGDQWODV«FXULW«GšDOLPHQWDWLRQHQ«OHFWULFLW«GHOD YLOOHGH3DULVHVWOšREMHFWLITXLJXLGHOHVG«FLVLRQVGšRUJDQLVDWLRQ GX U«VHDX SDULVLHQ GHSXLV VHV RULJLQHV 'HSXLV ORQJWHPSVFHWWHV«FXULW«HVWJDUDQWLHSDUXQU«VHDXRUJDQLV«VHORQXQHVWUXFWXUHHWGHVPRGHVGšH[SORLWDWLRQ VS«FLƶTXHV /H U«VHDX RƵUH XQH ERQQH V«FXULW« GšDOLPHQWDWLRQ YLV¢YLVGHVLQFLGHQWVGHJUDQGHDPSOHXUGHSXLVOš«Y«QHPHQWQDWLRQDOGXG«FHPEUHTXLDSORQJ«OHV WURLVTXDUWVGHOD)UDQFHGDQVOHQRLULOQš\DSDVHXGH FRXSXUHJ«Q«UDOLV«HVXUOšHQVHPEOHGHOšÎOHGH)UDQFH /HV LQYHVWLVVHPHQWV HW OšDP«OLRUDWLRQ GH OD ƶDELOLW« GHV F¤EOHV FRQMXJX«V DYHF OHV SROLWLTXHV GH PDLQWHQDQFH PLVHVHQSODFHFRQGXLVHQW¢ODGLPLQXWLRQGXWDX[GšDYDULHV$LQVLHQU«JLRQSDULVLHQQHOHWDX[GšDYDULHVDWWHLJQDLW DYDULH SDU NP HQ VRLW XQH DYDULH WRXV OHV NP HQ PR\HQQH (Q FH WDX[HVW O«JªUHPHQW LQI«ULHXU ¢ VRLW XQH DYDULH WRXV OHV NP HQ PR\HQQH 76 LA SECONDE GUERRE MONDIALE /HU«VHDX«OHFWULTXHUHSU«VHQWHXQHQMHXVWUDW«JLTXHHW VDGHVWUXFWLRQSHUPHWGHJ¬QHUFRQVLG«UDEOHPHQWOšDFWLYLW« «FRQRPLTXH HW LQGXVWULHOOH GHV YLOOHV WRXFK«HV HW OšRUJDQLVDWLRQGHVWURXSHVDOOHPDQGHV /H U«VHDX GH WUDQVSRUW Gš«OHFWULFLW« GH OD P¬PH ID©RQ TXHOHU«VHDXGHWUDQVSRUWIHUURYLDLUHFRQVWLWXHXQHFLEOH SULRULWDLUHSRXUOHVU«VLVWDQWVHWOšDYLDWLRQDOOL«H0¬PHVL OHVSRVWHVGHWUDQVIRUPDWLRQVRQWSULQFLSDOHPHQWYLV«V OHV OLDLVRQV «OHFWULTXHV VRQW «JDOHPHQW GHV FLEOHV GH FKRL[ 3OXV IDFLOHPHQW DFFHVVLEOHV TXH OHV PR\HQV GH SURGXFWLRQOHXUGHVWUXFWLRQQHFRPSURPHWSDVGHPDQLªUHGXUDEOHODUHFRQVWUXFWLRQGšDSUªVJXHUUH LA « GUERRE ÉLECTRIQUE » /HVLQVWDOODWLRQV«OHFWULTXHVIRQWDLQVLOšREMHWGšDWWDTXHV LQFHVVDQWHV (Q G«FHPEUH IDFH ¢ OšDXJPHQWDWLRQGHVLQFLGHQWVXQFRUSVGHSROLFHVS«FLDO FKDUJ«GHODJDUGHGHVLQVWDOODWLRQV«OHFWULTXHVHVWFU«« SDUOHPLQLVWªUHGHOD3URGXFWLRQ,QGXVWULHOOHHWGX7UDYDLO SRXUSURW«JHUOHVSRVWHVGHWUDQVIRUPDWLRQHWOHVOLDLVRQV «OHFWULTXHVDX[S«ULSK«ULHVGHVJUDQGHVYLOOHVGRQW3DULV 0DOJU«FHODOHQRPEUHGHVDERWDJHVG LQVWDOODWLRQV«OHFWULTXHV HVW WUªV LPSRUWDQW VXUWRXW HQ R» OD FRQQH[LRQDYHFOH0DVVLI&HQWUDO]RQHPDMHXUHGHSURGXFWLRQ Gš«QHUJLH K\GUR«OHFWULTXH HVW LQWHUURPSXH ¢ SOXVLHXUV UHSULVHV (Q DR½W OšHQVHPEOH GX U«VHDX HVWG«U«JO«SDUOHVDFWLRQVGHGHVWUXFWLRQ CHAPITRE 4 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU LA DESTRUCTION DU POSTE DE CHEVILLY Le poste de Chevilly est le point d’arrivée de l’énergie hydroélectrique en provenance du Massif Central et des Pyrénées, et le point de départ d’une partie des liaisons souterraines à destination de Paris. Il constitue, avec les postes de Fallou (Gennevilliers) et de Villevaudé, l'une des trois sources assurant l’alimentation électrique de Paris. Il assure également l’alimentation de la ligne ferroviaire Paris-Orléans utilisée par les Allemands pour d’importants convois militaires. Le 3 octobre 1943, un raid aérien vise le poste de Chevilly. Le groupe « Lorraine », appartenant aux )RUFHV$«ULHQQHV)UDQ©DLVHV/LEUHVEDV«HQ$QJOHWHUUHHƷHFWXHXQERPEDUGHPHQWDƟQGHG«WUXLUH ce point stratégique. Pierre Mendès France, membre de l’équipage, racontera par la suite le déroulement de l’attaque. L’emplacement du poste, en pleine agglomération parisienne, MODÈLE D’AVION AYANT SERVI et la volonté de limiter le nombre de victimes civiles obligent À L’ATTAQUE AÉRIENNE DU POSTE DE CHEVILLY OHVDYLRQVGXJURXSH¢HƷHFWXHUXQERPEDUGHPHQW¢WUªV – 1943 basse altitude. Au total, près de 25 bombes sont larguées à proximité du poste électrique. Une majorité des transformateurs sont détruits et les départs des câbles souterrains 63 000 V à destination d’Arcueil, Villejuif, Tolbiac et Arrighi sont endommagés. Bien que la destruction du poste électrique soit un succès, le nombre de victimes est important. Un avion touché par les canons anti-aériens allemands préfère se diriger dans la 6HLQHDƟQGš«YLWHUGš«YHQWXHOOHVYLFWLPHVVXSSO«PHQWDLUHV causées par une tentative d’atterrissage dans l’agglomération parisienne. Il s'écrase dans la Seine après avoir percuté le pont de Tolbiac, tuant les quatre membres de l’équipage. On compte également 14 victimes civiles dans une maison touchée par une bombe, à proximité du poste de Chevilly. En particulier, Marcel Paul, ouvrier mécanicien et résistant très actif dans le secteur de l’énergie électrique, connaissait l’enjeu des liaisons électriques. D’après son témoignage, lors de son arrestation en novembre 1941, LO SODQLƶDLW OD GHVWUXFWLRQ GHV F¤EOHV VRXWHUUDLQV UHOLDQW l’usine de Saint-Ouen à Paris. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 77 PERTURBATIONS SUR LE RÉSEAU PENDANT L'ANNÉE 1944 Les actions de l’été, automne et hiver 1944 perturbent considérablement le fonctionnement du réseau d’interconnexion. De mai à septembre 1944, les dégâts sur les lignes sont tels que les centrales hydroélectriques, principales zones de production d’électricité en France, ne sont plus connectées au réseau d’alimentation de la région parisienne. Cependant, alors que les lignes aériennes et les postes de transformation font l’objet d’attaques ciblées, les coupures des liaisons souterraines sont généralement liées à la destruction de leur environnement. La destruction des câbles n’est pas toujours volontaire. Sur l’ensemble du réseau 63 000 V, 57 claquages, dont 40 en 1944, sont la conséquence des bombardements dans la région parisienne. De plus, ceux-ci entraînent parfois la détérioration du câble sans claquage immédiat. Jusqu’en 1946, des câbles connaissent des avaries en raison des dégâts qu’ils ont subis pendant la guerre. Ainsi, de juin à août 1944, alors que la France est devenue un champ de bataille, le câble 220 000 V reliant Ampère à Clichy-sous-Bois est victime des bombardements le 22 juin et le 7 août 1944 à Saint-Denis. Ils entraînent respectivement la coupure de deux gaines de plomb et la coupure d’une phase. De la même façon, le sabotage du pont de l’Union à Aulnay-sous-Bois, le 14 août 1944, provoque la coupure du câble à la traversée du canal de l’Ourcq. La destruction de ce câble acheminant l’énergie produite dans les Alpes et l’est de la France participe à la dégradation des conditions d’alimentation de Paris en électricité. LES CONSÉQUENCES DE L’OCCUPATION Durant l’Occupation, l’exploitation du réseau électrique se limitera à l’entretien curatif. Durant sept ans, entre 1939 et 1946, la longueur totale de câbles reste plafonnée à 400 km. Ce n’est qu’à partir de 1947 que le développement du réseau reprend. 78 EN 1944, UNE MOYENNE DE 40 AVARIES SUR LES CÂBLES Au mauvais état du réseau électrique s’ajoutent les prélèvements allemands sur la production française et la crise charbonnière. De plus, des priorités sont établies par les autorités quant à l’alimentation de l’industrie au détriment de la consommation domestique. L’Occupation est donc marquée par des restrictions de consommation qui se feront plus pressantes entre 1943 et 1944. La diminution de l’éclairage et l’interdiction progressive de OšXWLOLVDWLRQ GHV DSSDUHLOV «OHFWULTXHV PRGLƶHQW l’apparence nocturne de la ville et les modes de vie des citadins. /HVFRQV«TXHQFHVGHOš2FFXSDWLRQHWGHVDƵURQWHPHQWV sont telles que la crise du secteur électrique se prolonJHUDMXVTXšHQELHQDXGHO¢GHODƶQGHOš2FFXSDtion en 1944. La vie des Parisiens sera rythmée par des coupures électriques à répétition et des restrictions d’usage. CHAPITRE 4 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU AVION BOSTON DOUGLAS CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 79 80 CHAPITRE 5 CHAPITRE 5 DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU Pour assurer la continuité d’alimentation, les opérations GHPDLQWHQDQFHRQW«W«FRQƶ«HVGªVOHVDQQ«HV¢GHV«TXLSHV VS«FLDOLV«HV$XƶOGXWHPSVOHXUVPLVVLRQVRQW«YROX«GHODU«SDUDWLRQ GHVDYDULHV¢XQHPDLQWHQDQFHSU«YHQWLYHSODQLƶ«H CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 81 REMBLAYAGE DE LA FOUILLE L DE 300 AVARIES PAR AN DANS LES ANNÉES 1960 À MOINS DE SEPT AUJOURD’HUI e réseau souterrain haute tension commence à se développer à partir des années 1920. Durant les premières décennies, les exploitants possèdent des groupes chargés de la maintenance du matériel électrique mais aucune équipe n’est alors spécialisée dans les câbles électriques à haute tension. Les liaisons sont mises en service par les constructeurs (câbliers) et ceux-ci interviennent directement, à la demande de l’exploitant, en cas d’avarie constatée sur leur câble. La maintenance se réduit à des réparations (maintenance curative). Au cours des années 1960, le réseau parisien subit près de 300 avaries annuelles et les constructeurs sont alors dépassés par leur nombre. De plus, devant la complexité des 82 techniques et la diversité des technologies en service, les exploitants du réseau prennent conscience de l’importance de la capitalisation des savoir-faire. Des hommes FDSDEOHV GšHƵHFWXHU GHV U«SDUDWLRQV VXU OšHQVHPEOH GHV câbles du réseau sont formés et des équipes spécialisées, dédiées aux câbles haute tension souterrains, sont ainsi créées. DES ÉQUIPES SPÉCIALISÉES Ces équipes, constituées d’une douzaine de personnes, sont implantées en région parisienne puisque la majorité CHAPITRE 5 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE des liaisons souterraines de France s’y trouvent. Leur PLVVLRQ HVW GšHQWUHWHQLU OH U«VHDX DƶQ GH U«SRQGUH ¢ OD nécessité croissante de continuité du service de la GLVWULEXWLRQGš«QHUJLH«OHFWULTXH&HODSHUPHW«JDOHPHQW GH UHJURXSHU OHV FRQQDLVVDQFHV MXVTXšDORUV SDUWDJ«HV HQWUHOHVPRQWHXUVGHF¤EOHVGHVGLƵ«UHQWVIRXUQLVVHXUV /HVPHPEUHVGHFHV«TXLSHVVRQWHQHƵHWFDSDEOHVGšLQtervenir, en cas d’avarie, sur tous les câbles, quel que que VRLWOHIDEULFDQW/HXUSDUWLFXODULW«HVWGšDVVXUHUOšHQVHPEOH GHVWUDYDX[OL«V¢ODPDLQWHQDQFHGHVF¤EOHV$ƶQGšRXYULU GHVWUDQFK«HVOHWLHUVGHOš«TXLSHHVWFRQVWLWX«GHWHUUDVsiers qui sont aussi aide-monteurs, assistant les monteurs dans leurs activités quotidiennes. Certains terrassiers exercent cette activité durant toute OHXUFDUULªUHGDQVOšHQWUHSULVHGšDXWUHVGHYLHQQHQWF¤EOHXUV JU¤FH¢OšH[S«ULHQFHTXšLOVRQWDFTXLVH/HVWHUUDVVLHUVVRQW LQFOXVGDQVOHV«TXLSHVF¤EOHVMXVTXšHQ(QVXLWHOHV WUDYDX[GHWHUUDVVHPHQWVRQWFRQƶ«VDX[HQWUHSULVHVVS«FLDOLV«HVGDQVFHW\SHGšDFWLYLW«V$XMRXUGšKXLOHV«TXLSHV F¤EOHV VRQW FRQVWLWX«HV XQLTXHPHQW GH VS«FLDOLVWHV GX câble et de ses accessoires. ÀSDUWLUGHIDFHDXQRPEUHFURLVVDQWGšDJUHVVLRQVOD G«FLVLRQHVWSULVHGšHƵHFWXHUGHVYLVLWHVGHWUDF«VHPHVWULHOOHV SRXU G«WHFWHU OHV FKDQWLHUV RXYHUWV VXVFHSWLEOHV d’engendrer des dégâts. /Her-DQYLHUOHU«VHDXGHODU«JLRQSDULVLHQQHHVW divisé en trois zones : nord-ouest, sud-ouest et est. &KDTXH]RQHHVW¢ODFKDUJHGšXQJURXSHGšH[SORLWDWLRQ 8QHm«TXLSHF¤EOH}HVWLQW«JU«H¢FKDTXHJURXSHGšH[SORLWDWLRQ &HWWH GLYLVLRQ J«RJUDSKLTXH HVW HQFRUH HQ SODFHDXMRXUG KXL 'DQVOHVDQQ«HVOHFRQVWDWHVWIDLWTXHERQQRPEUH GšDYDULHVSRXUUDLHQW¬WUH«YLW«HVSDUXQVLPSOHFRQWU¶OHSHUPHWWDQWGHG«WHFWHUGHVDQRPDOLHVDQQRQFLDWULFHVGHIXWXUV FODTXDJHV8QHSODQLƶFDWLRQUHODWLYH¢OšHQWUHWLHQSU«YHQWLI GHVPDW«ULHOVFRPSRVDQWOHVOLDLVRQVVRXWHUUDLQHVHVWPLVH HQSODFHODPDLQWHQDQFHSU«YHQWLYHHVWQ«H 6HORQ OHV W\SHV GH F¤EOHV FHOOHFL SU«FRQLVH GšHƵHFWXHU GHVYLVLWHVV\VW«PDWLTXHV¢GLƵ«UHQWHVIU«TXHQFHVYLVLWH GHSURWHFWLRQVFDWKRGLTXHVHWGHVUHY¬WHPHQWVGHVWXEHV DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU TRAVAUX DE TERRASSEMENT PAR AGENT D’ÉQUIPE CÂBLE – ANNÉES 1960 acier, visite des accessoires (boîtes d’extrémités, raccords, U«VHUYRLUV VWDWLRQV HW GHV RXYUDJHV GšDUW SRQWV SDVVHUHOOHV JDOHULHV /HV YLVLWHV SHXYHQW ¬WUH KHEGRPDGDLUHV mensuelles, semestrielles ou annuelles. Certains matériels VRQWUHPSODF«VS«ULRGLTXHPHQW APPARITION DU CONTREMAÎTRE ENVIRONNEMENT &HSHQGDQWPDOJU«FHWWHSODQLƶFDWLRQOHV«TXLSHVF¤EOHV UHVWHQW VROOLFLW«HV SDU XQ QRPEUH LPSRUWDQW GšDYDULHV OD PDLQWHQDQFH SU«YHQWLYH UHVWH PDUJLQDOH DX SURƶW GH la maintenance curative. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 83 TRAVAUX DE REMBLAYAGE – ANNÉES 1960 Dans les années 1980 et 1990, les câbles au papier LPSU«JQ« DUULYHQW HQ ƶQ GH YLH HW VXELVVHQW GH QRPEUHXVHV DYDULHV 8Q EXGJHW LPSRUWDQW HVW LQYHVWL HQ UHOªYHV GH F¤EOHV SRXU UHPSODFHU OHV WURQ©RQV OHV SOXVDƵHFW«V/HFULWªUHGHWURLVDYDULHVODP¬PHDQQ«H FRQGXLWDXUHPSODFHPHQWV\VW«PDWLTXHGXWURQ©RQVXU OHVWURLVSKDVHV&HVUHOªYHVSRUWHQWOHXUVIUXLWVFKDTXH «TXLSHVXELWDLQVLPRLQVGšXQHWUHQWDLQHGHFODTXDJHV ¢OšDQQ«H ODP¬PHS«ULRGHOHQRPEUHGšDJUHVVLRQVUHVWH«OHY« ,O HVW G«FLG« GH FU«HU XQH DFWLYLW« VS«FLƶTXH GDQV OHV 84 «TXLSHV FRQFHUQDQW OD VXUYHLOODQFH GHV FKDQWLHUV WLHUV OHFRQWUHPD°WUHHQYLURQQHPHQW/HU«VXOWDWHVWLPP«GLDW OHQRPEUHGšDJUHVVLRQVG«FUR°WGH¢SDUDQ /HV UHOªYHV FRQWLQXHQW MXVTXšHQ HW SHUPHWWHQW GšDVVDLQLUFRPSOªWHPHQWOHU«VHDXVRXWHUUDLQ $FWXHOOHPHQWFKDTXH«TXLSHFRPSWHHQWUHFLQTHWVHSW avaries par an. /šHQWUHWLHQ V\VW«PDWLTXH DVVRFL« ¢ OD VXUYHLOODQFH ULJRXUHXVHGHVWUDYDX[HƵHFWX«V¢SUR[LPLW«GHVF¤EOHV SHUPHWWHQW GH U«GXLUH OH WDX[ GšLQGLVSRQLELOLW« GHV liaisons. CHAPITRE 5 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU LE SAVOIR-FAIRE DU CÂBLEUR RECONSTITUTION DE L’ISOLANT POUR LA RÉALISATION DE LA JONCTION – ANNÉES 1960 Le domaine d’activité des câbleurs est non seulement d’ordre électrique, mais aussi hydraulique et mécanique. La confection des jonctions et des extrémités requiert des gestes d'une très JUDQGHSU«FLVLRQ(QUDLVRQGHVDVS«FLƟFLW«DXFXQHIRUPDWLRQ ne permet d’apprendre ce métier à l'école. Par conséquent, certains câbleurs ont été recrutés directement chez les monteurs de câbleries ou sont issus d’une formation d’apprentissage aux côtés de câbleurs expérimentés. Plusieurs années de pratique quotidienne sont nécessaires avant de GHYHQLUXQmF¤EOHXU}FDSDEOHGšHƷHFWXHUGHVU«SDUDWLRQVVXU tous les types de matériels. Le câbleur est susceptible d’intervenir sur des câbles mis en service entre les années 1920 et aujourd’hui. Il peut donc avoir ¢HƷHFWXHUOHVP¬PHVJHVWHVTXšXQF¤EOHXUGšDYDQWJXHUUHORUV de la réalisation des jonctions sur un câble au papier imprégné, par exemple. Parallèlement, il intervient sur des câbles de dernière génération et utilise des méthodes modernes. Ainsi, seules quelques dizaines de personnes exercent cette activité en France. La maîtrise des compétences et la transmission des savoirs sont indispensables pour assurer la pérennité de la maintenance. OUTILS DU CÂBLEUR CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 85 LES GET D’ÎLE-DE-FRANCE Aujourd’hui, ces équipes sont appelées « Équipes Maintenance Spécialisée Câbles » (EMSC) et appartiennent aux groupes d’exploitation appelés GET (Groupes d’Exploitation Transport). Basées à Gennevilliers, Guyancourt et Vitry-sur-Seine, ces trois équipes, uniques en France, sont constituées chacune de 12 ou 13 agents. La moitié des activités des équipes concerne des travaux de réparation. Le solde est consacré à la maintenance préventive ou la surveillance des tracés. Par ailleurs, même si une majorité des liaisons souterraines reste située dans la région parisienne, un nombre croissant de liaisons se développe en province. Les membres des équipes F¤EOHVVRQWDPHQ«V¢IDLUHSURƶWHUOHVDXWUHVU«JLRQVGH leur savoir-faire pour la réparation de liaisons. Ces opérations en régions représentent environ 10 % des activités. GÉNÉRATION ONDE DE CHOC POUR LA LOCALISATION DU DÉFAUT – ANNÉES 1960 86 LES ACTIVITÉS DES ÉQUIPES En cas d’avarie sur un câble souterrain, les équipes câbles sont immédiatement mises à contribution. À la suite d’un déclenchement, un claquage peut être diagnostiqué. Il faut alors rechercher l’emplacement du défaut puis procéder à la réparation avant la remise en service de la liaison. Avant de localiser précisément l’emplacement du défaut, il est nécessaire de procéder à une prélocalisation. Celle-ci permet de déterminer la distance qui sépare le défaut de la tête de câble ou d’une extrémité, mais ne permet pas de situer précisément l’endroit exact du défaut. Jusqu’en 1948, toutes les méthodes de prélocalisation de défauts se rapportent à des mesures comparatives, soit de capacités, soit de résistances, basées sur le pont de Wheatstone. Ces méthodes comparatives conservent le monopole dans le domaine de la prélocalisation jusqu’en 1975. SDUWLUGHODORFDOLVDWLRQSU«FLVHHVWHƵHFWX«HSDU l’écoute du bruit résultant de l’amorçage du défaut sous les ondes de choc produites à l’une des extrémités de la phase en défaut. En 1965, les équipes d’entretien des câbles sont munies d’une camionnette comportant un générateur haute tension émettant des impulsions grâce à des condensateurs chargés à courant continu. Des agents se déplaçant le long de l’emplacement présumé du défaut procèdent alors à l’écoute de l’amorçage. Cette écoute se fait à l’origine par des stéthoscopes constitués d’une tige en laiton, puis les sismophones à mercure, plus sensibles, permettent de gagner en précision. (QƶQOHVDQQ«HVDSSRUWHQWOš«FKRP«WULHP«WKRGH GH SU«ORFDOLVDWLRQ IRQG«H VXU OD U«ƷH[LRQ GšRQGHV «OHFtriques au changement d’impédance caractéristique créé par le défaut. La connaissance de la vitesse de propagation de l’écho CHAPITRE 5 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE SOUDURE DU SERRE-FILS DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU TRAVAUX DE MAINTENANCE EN TRANCHÉE, RÉALISATION JONCTION – ANNÉES 1960 créé par le défaut permet d’en déduire une première prélocalisation. Le défaut est, en général, localisé à quelques dizaines de FHQWLPªWUHV SUªV JU¤FH ¢ OD ORFDOLVDWLRQ ƶQH 8QH IRLV OH défaut localisé et les démarches administratives achevées, OHWHUUDVVHPHQWHVWHƵHFWX«DƶQGšDFF«GHUDXF¤EOHG«IHFtueux. UNE JONCTION DIFFÉRENTE SELON LES CAS Puis il est procédé au remplacement d’une à trois phases, en fonction des dégâts constatés, sur une longueur de quelques mètres de part et d’autre de l’emplacement du claquage. Les phases sont coupées et remplacées, si posVLEOH ¢ OšLGHQWLTXH &HOD LPSOLTXH OD U«DOLVDWLRQ GH GHX[ jonctions sur chaque phase, soit un total de deux à six jonctions. Le mode de confection d’une jonction varie en fonction : du niveau de tension (essentiellement 63 000 V et 225 000 V dans la région parisienne). En 225 000 V, ODWHFKQLTXHGHMRQFWLRQHVWWUªV«ODERU«H de la nature de l’isolation (polyéthylène, papier imSU«JQ«VDQVSUHVVLRQ¢KXLOHƷXLGHRO«RVWDWLTXHRX à gaz), GXW\SHGHMRQFWLRQ&KDTXHFRQVWUXFWHXUSRVVªGHVDWHFKQRORJLHSURSUHPRXO«UXEDQ«RX prémoulé, de la nature et de la section du conducteur. Les deux conducteurs peuvent être raccordés par GLƵ«UHQWV W\SHV GH VRXGXUHV HW SDU XQ VHUUHƶO lui-même soudé ou serti. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 87 88 CHAPITRE 5 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU ÉCOUTE DE L'ÉCLATEMENT DE L'ONDE AU POINT DE DÉFAUT – ANNÉES 1960 CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 89 RÉALISATION DE LA JONCTION SUR CÂBLE OF – 1984 90 CHAPITRE 5 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU UNE MULTITUDE DE COMBINAISONS De nombreuses combinaisons sont possibles et le nombre de modes opératoires à maîtriser est donc très important. De plus, certaines techniques sont incompatibles entre elles. Cette diversité existe aussi pour le montage des extrémités. Jusqu’à la mise au point des jonctions mixtes 63 000 V (1983-1984), permettant de réaliser la jonction entre un câble à isolation papier et un câble à isolation synthétique, en cas d’avarie sur un câble à isolation papier, il est inévitable de remplacer le tronçon défectueux par un câble de même technologie. Pour cette raison, du câble à isolation papier imprégné a été utilisé sur certaines relèves bien que la technologie soit supplantée à partir de 1963 pour les liaisons nouvelles. Au fur et à mesure du passage aux câbles à isolation synthétique, les constructeurs abandonnent progressivement la fabrication systématique des câbles à huile. Pour SRXYRLUHƵHFWXHUGHVUHOªYHVHQUHPSOD©DQWOHF¤EOHGšRULgine par un câble compatible dans les meilleurs délais, EDF constitue des stocks propres à partir de 1982. Pour les liaisons oléostatiques, la réparation d’un défaut en plein câble nécessite un travail exceptionnel en continu pendant un à deux mois, jour et nuit. Ce type de technologie est très présent sur les radiales parisiennes qui représentent un enjeu fort dans l’alimentation de Paris. Leur comportement général est très bon, mais en cas d’avarie, leur réparation s’avère très lourde. LA TECHNIQUE DE CONGÉLATION DE L’HUILE DE CÂBLE En cas de claquage, il n’est pas envisageable de vider complètement l’huile de toute la liaison. Le tube contient les trois phases et 13 litres d’huile au mètre sous 15 bars de pression. Des bouchons sont donc créés de part et CONGÉLATION DE L’HUILE SUR CÂBLE OLÉOSTATIQUE d’autre, une fois le défaut localisé, en congelant l’huile SDUGHODQHLJHFDUERQLTXH¢r&6XLYDQWOHSURƶORQ SURFªGH ¢ XQH RX GHX[ FRQJ«ODWLRQV VXFFHVVLYHV DƶQ de bloquer complètement la circulation d’huile. Ce bouchon doit être entretenu jour et nuit durant toute la durée de réparation. Une fois les deux bouchons créés, il est possible d’intervenir sur la portion en avarie en ouvrant le tube acier et en procédant à la relève. Les trois phases sont remplacées en utilisant le même type de câble à isolation papier, dont les stocks ont été reconstitués en 2004 par une fabrication spéciale. AUTRES OPÉRATIONS POSSIBLES Dans la plupart des cas, le défaut électrique constitue l’avarie nécessitant le plus de travail. Mais les équipes F¤EOHVSHXYHQWDXVVL¬WUHDPHQ«HV¢HƵHFWXHUGšDXWUHV opérations de maintenance curative sur les fuites d’huile, les fuites de gaz, les défauts de gaines ou les défauts de protection cathodique. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 91 92 CHAPITRE 5 LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU MANIPULATION DE CARBOGLACE POUR MAINTENANCE SUR CÂBLE OLÉOSTATIQUE CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 93 DONNÉES ET GLOSSAIRE TECHNIQUES 0,45 Nombre de claquages par 100 km sur câbles 63 000 V 0,4 0,35 0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 0,05 0 1922 1926 1930 1934 1938 1942 1946 1950 Nombre de km de liaisons 63 000 V dans la région parisienne 350 300 250 200 150 100 50 0 1922 94 1923 1924 1925 1926 1927 1928 1929 1930 1931 1932 DONNÉES ET GLOSSAIRE TECHNIQUES LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU Longueur totale de câbles à isolation synthétique à Paris (en km) 900 800 600 500 400 300 200 100 0 1963 1968 1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 2008 Tous câbles à isolation synthétique confondus Câbles à isolant PR Câbles à isolant PEBD ou PEHD Cumul de câbles synthétiques posés sur le réseau HT & THT/an (en km) 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 0 1960 1970 1980 1990 2000 2010 CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 2020 95 DONNÉES ET GLOSSAIRE TECHNIQUES Nombre de tronçons de câbles Nature du matériau de l'âme des tronçons posés par année de fabrication 1 200 1 000 800 600 400 200 0 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2020 Aluminium Cuivre Courant alternatif / Courant alternatif monophasé Le courant alternatif est un courant électrique périodique qui change de sens deux fois par période et qui transporte des quantités d'électricité alternativement égales dans un sens et dans l'autre. Un courant alternatif est donc sans composante continue. Un courant alternatif est caractérisé par sa fréquence, mesurée en hertz (Hz). C’est le nombre de changements de VHQVDOWHUQDQFHVTXšHƵHFWXHOHFRXUDQW«OHFWULTXHHQXQH seconde. 96 Le courant monophasé est le plus utilisé pour le grand public. Il utilise deux câbles : la phase et le neutre (généralement relié à la terre au dernier transformateur, comme le neutre du courant triphasé). Hertz (Hz) Unité de fréquence. Cette unité vient du savant allemand Heinrich Hertz, pionnier de la radioélectricité. DONNÉES ET GLOSSAIRE TECHNIQUES LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE Ligne à haute tension (HT) Ligne électrique d’une tension de 63 000 V, 90 000 V ou 150 000 V. DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU WHQVLRQHQ)UDQFH¢9(QWUHSULVHU«JXO«HSDUOD &RPPLVVLRQGH5«JXODWLRQGHOšQHUJLH&5(57(G«YHloppe le réseau électrique pour, d’une part, assurer la sécurité d’approvisionnement des consommateurs français et, d’autre part, permettre l’utilisation des nouveaux modes de production électrique. RTE est par ailleurs au cœur du réseau électrique européen ; il renforce, à ce WLWUH OHV LQWHUFRQQH[LRQV DYHF OHV SD\V IURQWDOLHUV G«M¢ LQWHUFRQQH[LRQV H[LVWDQWHV HW WUDYDLOOH DYHF VHV homologues transporteurs pour une coordination européenne, à travers l’association ENTSO-E. $ƶQGHIDFLOLWHUOšLQW«JUDWLRQPDVVLYHGš«QHUJLHVUHQRXYHODEOHVYDORULVHUOšXWLOLVDWLRQGHQRXYHDX[OHYLHUVGHƷH[LELlité comme la modulation de la demande et ainsi permettre le développement des smart grids en France et en Europe, RTE met en œuvre un important programme de recherche et développement qui se traduit aujourd’hui par une forte implication dans des démonstrateurs et SURMHWVSLORWHVHXURS«HQV)3HWIUDQ©DLV$'(0( Ligne à très haute tension (THT) Ligne d’une tension de 225 000 V ou 400 000 V. Mégavolt Ampère (MVA) Unité de mesure de la puissance apparente. Pour un transformateur, cette donnée caractérise la puissance maximale destinée à servir de base à la construction du transformateur, aux garanties du constructeur et aux essais. Poste source Installation où l'électricité est acheminée à haute ou très haute tension par le réseau de transport de RTE, pour être transformée en moyenne tension en vue de son transit dans les réseaux de distribution. Réseaux de distribution En aval du transport d’électricité, les réseaux de distribution à moyenne et basse tension desservent les clients ƶQDX[SDUWLFXOLHUVFROOHFWLYLW«V30(30, Réseau de transport d’électricité Réseau assurant le transit de l’énergie électrique à haute et très haute tension des lieux de production jusqu’aux réseaux de distribution ou sites industriels qui lui sont directement raccordés. Il comprend le réseau de grand WUDQVSRUWHWGšLQWHUFRQQH[LRQ9HW9 HW OHV U«VHDX[ U«JLRQDX[ GH U«SDUWLWLRQ 9 99HW9 57(5«VHDXGHWUDQVSRUWGš«OHFWULFLW«HVWOHSURSUL«WDLUH et l’exploitant du réseau à très haute et haute tension en France métropolitaine. Ce réseau inclut 100 000 km de OLJQHVHWF¤EOHVDOODQWGH9SOXVKDXWQLYHDXGH Smart grids Réseaux intelligents qui, grâce à des technologies informaWLTXHV DMXVWHQW OHV ƷX[ Gš«OHFWULFLW« HQWUH IRXUQLVVHXUV HW consommateurs. /HVVPDUWJULGVSHXYHQW¬WUHG«ƶQLVVHORQTXDWUHFDUDFtéristiques . Ũ)OH[LELOLW«LOVSHUPHWWHQWGHJ«UHUSOXVƶQHPHQWOš«TXLlibre entre production et consommation. Ũ)LDELOLW«LOVDP«OLRUHQWOšHƸFDFLW«HWODV«FXULW«GHVU«seaux. Ũ$FFHVVLELOLW« LOV IDYRULVHQW OšLQW«JUDWLRQ GHV VRXUFHV d’énergies renouvelables sur l’ensemble du réseau. ŨÉFRQRPLHLOVDSSRUWHQWJU¤FH¢XQHPHLOOHXUHJHVWLRQ du système, des économies d’énergie et une diminution GHVFR½WV¢ODSURGXFWLRQFRPPH¢ODFRQVRPPDWLRQ Volt (V) 8QLW« O«JDOH GH WHQVLRQ RX GLƵ«UHQFH GH SRWHQWLHO HW de force électromotrice. On doit ce nom au physicien Alessandro Volta qui est l’inventeur de la pile électrique en 1800. CENT ANS DE HAUTE TENSION ÉLECTRIQUE À PARIS 97 REMERCIEMENTS Tout d’abord, des remerciements tout particuliers s’adressent à ceux qui ont participé activement à la rédaction de ce livre, les membres de RTE : Pierre Linois Les trois EMSC (équipes maintenance spécialisées câbles) et leurs chefs : Gilles Bonnardot Serge Gazarian Lucien Lanzarone ainsi que : Jacques Brouet Michel Dussaux de l’association MEGE (Mémoire de l’Électricité, du Gaz et de l’Éclairage public) Léonard Laborie du comité d’Histoire de la Fondation EDF. Un grand merci pour leur contribution à : Claude Beix Joël Bouyer Florent Delavergne Sarah Elau Vincent Hanneton Claude Laloum Christele Limousin Alain Milan Pascal Sauvage Didier Zone HWOD'LUHFWLRQGHOD&RPPXQLFDWLRQHWOD'LUHFWLRQGHV$ƷDLUHV3XEOLTXHVGH57( Tous les membres de RTE et les intervenants extérieurs : Pierre Argaut (CIGRE SC B1) Lucien Deschamps (Comité d’organisation de Jicable) Claude Fanielle (ERDF) Philippe Dréano (archives nationales d’EDF à Blois) Damien Kuntz (Musée EDF Electropolis de Mulhouse). Merci également à : François Prido et toute l’équipe DSLS (Division Système Liaison Souterraines) du CNER pour leur accueil et leur collaboration qui ont été essentiels. 0HUFLHQƶQ¢WRXVFHX[TXL¢O DJHQFHWordAppeal, ont contribué à la réalisation de cet ouvrage. 98 REMERCIEMENTS LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU D’ALIMENTATION PARISIEN UN SIÈCLE D'ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE DES RÉALISATIONS INNOVANTES VIE DES LIAISONS SOUTERRAINES ÉLECTRIQUES DES HOMMES AU SERVICE DU RÉSEAU BIBLIOGRAPHIE — — — — — — — L’Union d’Électricité et la centrale de Gennevilliers, La Revue Industrielle, Ernest Mercier, 1922. Les câbles triphasés à 60 000 V de la CPDE, Bulletin de la CPDE, J. de Félice, juillet 1930. Le réseau et les postes d’interconnexion à 220 000 V de la région parisienne, H. Josse et M. Laborde, 1936. Les câbles à 220 000 V de la région parisienne, CIGRE, Maurice Laborde, 1947. L’électricité à Paris, Charles Malégarie, 1974. Câbles électriques isolés, Câbles de transmission d’énergie, École Centrale Lyonnaise, L. Domenach,1947. L’évolution dans la technique des canalisations souterraines à très haute tension en France. Le programme de recherches expérimentales de la station de Fontenay, CIGRE, Maurice Laborde et Roger Tellier, 1950. — Canalisations électriques souterraines, Pose des câbles, montage des accessoires, Électricité de France, J. Rollin, octobre 1955. — Canalisations électriques souterraines, Les câbles spéciaux sous pression, Électricité de France, J. Rollin, octobre 1955. — Canalisations électriques souterraines, Les câbles de transport d’énergie, Généralités, Câbles isolés au papier imprégné, Électricité de France, A. Cariot, octobre 1955. — &DQDOLVDWLRQV«OHFWULTXHVVRXWHUUDLQHV/HVF¤EOHVVRXVSUHVVLRQGšKXLOHƷXLGHOHVF¤EOHVLVRO«V¢ODWRLOHYHUQLH les accessoires de réseau, Électricité de France, A. Cariot, octobre 1955. — Les câbles de transport d’énergie, École supérieure d’Électricité, R. Tellier, 1968. — Câbles électriques et conducteurs isolés, École supérieure d’Électricité, R. Laroche, 1968. — L'énergie électrique dans la région parisienne entre 1878 et 1946, Thèse de doctorat d’État, Alain Beltran, 1995. — The History of Electric Wires and Cables, P. Peregrinus, R. Black, 1983. — Du papier imprégné aux isolants synthétiques dans les câbles d’énergie, Jicable, Robert Arrighi, EDF/CER, Clamart, France, 1984. — Création et développement du réseau électrique parisien 1878-1939, A. 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BIBLIOGRAPHIE 99 Vitry Tolbiac Levallois Villejuif Chevilly Saint-Ouen Alfortville Creil Place de Clichy Puteaux Ivry Buttes-Chaumont Harcourt Saint-Denis Montreuil-sous-Bois Temple Mantes Nation Batignolles Romainville Billancourt Asnières Champs-Elysées Gennevilliers Vincennes Clichy- Saint-Denis sous-Bois Beaubourg Fontenay Guyancourt Issy-les-Moulineaux Nanterre Meaux La Courneuve Corbeil Charenton L’ÉVOLUTION DU RÉSEAU ÉLECTRIQUE PARISIEN DU XIXE SIÈCLE À NOS JOURS ÀODƶQGX;,;eVLªFOHOšHVVRUGHOš«OHFWULFLW«¢3DULVHQWUD°QHODFU«DWLRQGHOLDLVRQVKDXWHWHQVLRQSDUGHVVRFL«W«VVS«FLDOLV«HV 3HX¢SHXOš«OHFWULFLW«GHYLHQWLQGLVSHQVDEOHHWSOXVLHXUVU«VHDX[VRXWHUUDLQVVHPHWWHQWHQSODFH /DWHFKQRORJLHGHVF¤EOHV«OHFWULTXHV«YROXHDORUVSRXUOHXUSHUPHWWUHGšDFKHPLQHUGHVTXDQWLW«VGš«QHUJLHGHSOXVHQ SOXVLPSRUWDQWHV/HVVS«FLƶFLW«VGHODYLOOHP«WURƷHXYHFDQDOLVDWLRQVũLQFLWHQWOHVLQJ«QLHXUVHWWHFKQLFLHQV¢DGDSWHU OHXUVWHFKQLTXHVGHU«DOLVDWLRQ&HX[FLGRLYHQWSDUIRLVIDLUHIDFH¢GšLPSRUWDQWHVDYDULHVDFFHQWX«HVSDUOHVDO«DVGHOš+LVWRLUH FRPPHOD6HFRQGH*XHUUHPRQGLDOH $ƶQGHSU«YHQLUWRXWLQFLGHQWOHVRS«UDWLRQVGHPDLQWHQDQFHVRQWFRQƶ«HV¢GHV«TXLSHVVS«FLDOLV«HVGRQWOHVPLVVLRQV «YROXHQWDXƶOGXWHPSVGHODVLPSOHU«SDUDWLRQDX[RS«UDWLRQVGHSU«YHQWLRQSODQLƶ«H +«ULWLHUGHVLQJ«QLHXUVHWWHFKQLFLHQVGšKLHU57(YRXVSURSRVHGDQVFHOLYUHXQYR\DJHGDQVOHWHPSVTXLUHWUDFHODIRUPLGDEOH «SRS«H«OHFWULTXHGHOD9LOOH/XPLªUH