Sadi Carnot Patrice Remaud LIAS-ENSIP (Laboratoire d’Informatique et d’Automatique pour les Systèmes – Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs de Poitiers) [email protected] http://blogs.univ-poitiers.fr/p-remaud/ Sadi Carnot invente la thermodynamique Les personnages principaux : Sadi Carnot (1796-1832) Emile Clapeyron (1799-1864) James Joule (1818-1889) William Thomson (1824-1907) William Thomson (1824-1907) James Joule (1818-1889) Rudolf Clausius (1822-1888) Un génie incompris ! Hippolyte Carnot (1801-1882) Sadi Carnot (1796-1832) Lazare Carnot (1753-1823) Sadi Carnot (1837-1894)² La machine à vapeur Un ouvrage paru en 1824, contenant les grandes idées de la thermodynamique, et … redécouvert par Clapeyron en 1834 ! Le cycle de la machine idéale de Carnot Une expérience de pensée Emile Clapeyron : le « lecteur » de Carnot … après sa mort ! Emile Clapeyron (1799-1864) Mémoire sur la puissance motrice (publié en 1834 dans le Journal de l’Ecole Polytechnique) Le diagramme de Clapeyron Le travail de Sadi Carnot Extrait du film : « La conquête du froid absolu » de David Dugan et Tom Schachtman « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Antoine Lavoisier Détente isotherme suivie d’une détente adiabatique lors de l’arrêt d’arrivée de vapeur Détente isotherme ! Détente isotherme suivie d’une détente adiabatique lors de l’arrêt d’arrivée de vapeur Détente adiabatique ! Compression isotherme ! Compression adiabatique ! cd d cd Les conclusions de Sadi Carnot Le fonctionnement de cette machine idéale est cyclique Une certaine quantité de « puissance motrice » a été produite lors d’un cycle La « substance agissante » n’est ici qu’un moyen de transporter le calorique Le deuxième principe ! La « puissance motrice » est donc due, dans les machines à vapeur, non à une consommation réelle de calorique, mais à son transport d’un corps chaud à un corps froid (…) Le rendement de la machine ne dépend pas de la substance motrice (…), seules comptent les températures T1 et T2 à l’intérieur desquelles le cycle fonctionne. Le rendement du cycle de Carnot est maximal Analogie avec l’hydraulique (travaux de Lazare Carnot !) T1 Corps chaud T2 Corps froid Différence de température Différence de hauteur Les « Notes sur les Mathématiques, la Physique et autres sujets » de Sadi Carnot publiées en 1878 Le premier principe ! L’équivalence entre chaleur et travail ! « La chaleur n’est autre chose que la puissance motrice ou plutôt que le mouvement qui a changé de forme. C’est un mouvement dans les particules des corps, partout où il y a destruction de puissance motrice il y a en même temps production de chaleur en quantité précisément proportionnelle à la quantité de puissance motrice détruite. Réciproquement, partout où il y a destruction de chaleur, il y a production de puissance motrice. » L’abandon de la théorie de la conservation du calorique au profit d’un principe de conservation de la ‘ puissance mécanique ’ (la conservation de l’énergie) ! Joule, Thomson et Clausius réinvente la thermodynamique L’effondrement de la théorie du calorique et l’équivalence entre travail et chaleur par James Joule (fils d’un brasseur de bière britannique de Manchester) L’expérience de l’équivalence entre travail et chaleur (publié en 1849) : On the Mechanical Equivalent of Heat James Joule (1818-1889) 1 cal. = 4,186 J L’effondrement de la théorie du calorique et l’équivalence entre travail et chaleur par James Joule (fils d’un brasseur de bière britannique de Manchester) L’expérience de l’équivalence entre travail et chaleur (publié en 1849) : On the Mechanical Equivalent of Heat James Joule (1818-1889) 1 cal. = 4,186 J L’effondrement de la théorie du calorique et l’équivalence entre travail et chaleur par James Joule (fils d’un brasseur de bière britannique de Manchester) L’expérience de l’équivalence entre travail et chaleur (publié en 1849) : On the Mechanical Equivalent of Heat James Joule (1818-1889) 1845 : 1 cal. = 4,41 J 1850 : 1 cal. = 4,159 J Aujourd’hui : 1 cal. = 4,186 J Un génie précoce : William Thomson (1824-1907) ou Lord Kelvin (professeur de physique à l’université de Glasgow à 22 ans et anobli en 1894) Il fait un stage d’étude à Paris dans le laboratoire de Victor Regnault en 1845, rencontre Clapeyron et parvient à trouver une copie du livre de Carnot en 1848, après 3 ans de recherche ! L’introduction du mot énergie par William Thomson en 1852 William Thomson (1824-1907) The object of the present communication is to call attention to the remarkable consequences which follow from Carnot's proposition, that there is an absolute waste of mechanical energy available to man when heat is allowed to pass from one body to another at a lower temperature, by any means not fulfilling his criterion of a “perfect thermo-dynamic engine,” established, on a new foundation, in the dynamical theory of heat. As it is most certain that Creative Power alone can either call into existence or annihilate mechanical energy, the “waste” referred to cannot be annihilation, but must be some transformation of energy. To explain the nature of this transformation, it is convenient, in the first place, to divide stores of mechanical energy into two classes—statical and dynamical. A quantity of weights at a height, ready to descend and do work when wanted, an electrified body, a quantity of fuel, contain stores of mechanical energy of the statical kind. Masses of matter in motion, a volume of space through which undulations of light or radiant heat are passing, a body having thermal motions among its particles (that is, not infinitely cold), contain stores of mechanical energy of the dynamical kind. On the universal tendency in nature to the dissipation of mechanical energy (Sur la tendance universelle à la dissipation de l’énergie mécanique dans la nature), 1852, in Mathematical and Physical Papers, Cambridge, 1882 Le problème de William Thomson William Thomson (1824-1907) William Thomson comprend que Carnot a raison et que le principe de la chute du calorique permet de faire des prédictions correctes. Seulement, Joule aussi semble avoir raison et le calorique ne semble pas exister ! Question que se pose William Thomson : Quelle est la relation précise entre la chaleur produite dans l’expérience de Joule et le calorique de Carnot ? Le « père » de la thermodynamique (le « grand-père » étant Carnot) Rudolf Clausius (1822-1888) … Il faut que toute la chaleur ne passe pas directement du corps chaud au corps froid, puisqu’une certaine quantité est convertie en travail. Article de 1850 Les deux principes de la thermodynamique (1850) La notion d’entropie (1865) Le réconciliateur de la théorie dynamique de la chaleur avec les idées de Carnot Sadi Carnot : une machine thermique subit une chute de calorique de la source chaude vers la source froide et elle fournit un travail mécanique ! Réservoir chaud Chute de calorique en quantité Q Réservoir froid Production d’un travail utile W Le réconciliateur de la théorie dynamique de la chaleur avec les idées de Carnot Rudolf Clausius : une machine thermique reçoit de la chaleur de la source chaude, en transforme une partie en travail mécanique, et cède le reste à la source froide ! Réservoir chaud La chaleur Q1 cédée par le réservoir chaud est partiellement transformée en travail mécanique et que le reste Q2 = Q1 – W est cédé au réservoir froid Réservoir froid Production d’un travail utile W 1. Dans tout système fermé (une machine à vapeur par exemple), le montant total d’énergie est constant. 2. La chaleur ne peut passer d’elle-même d’un corps plus froid à un corps plus chaud, une cause externe doit entrer en jeu. La détermination d’une échelle absolue des températures, le Kelvin (1850-1854) William Thomson (1824-1907) Après la lecture de Clausius, William Thomson se convertit à la théorie dynamique de la chaleur et utilise les idées de Carnot sur les machines réversibles pour définir une échelle de température absolue, indépendante des agents utilisés dans les thermomètres. La détermination d’une échelle absolue des températures, le Kelvin (1850-1854) L’idée de William Thomson est d’utilisé cette échelle indépendamment des gaz parfaits (aucun gaz n’est parfait), mais seulement en fonction du cycle de Carnot, plus universel : Q1 : chaleur reçue de la source chaude sur AB à la température T1 Le rapport des températures absolues des deux réservoirs est : T1 Q1 = T2 Q 2 Q2 : chaleur cédée à la source froide sur CD à la température T2 La détermination d’une échelle absolue des températures, le Kelvin (1850-1854) T1 Q1 = T2 Q2 L’échelle des température n’est donc définie qu’à une constante multiplicative près : on a choisi de fixer cette constante en demandant que les graduations de cette échelle soient les mêmes que celles de l’échelle Celsius, c’est-à-dire 100 degrés entre le point de fusion et d’ébullition de l’eau (à pression normale). Définition : « L’intervalle entre deux degrés de température serait fixé par le fait qu’une unité de chaleur, en descendant un tel intervalle, produise la même quantité de travail. » La détermination d’une échelle absolue des températures, le Kelvin (1850-1854) Le point de fusion de l’eau est alors 273,15 K et le point d’ébullition 373,15 K. En fonction des températures absolues, le rendement de la machine de Carnot, le rapport du travail accompli W = Q1 – Q2 sur la chaleur fournie Q1, est : Exemples : Q1 − Q 2 T2 η= = 1− Q1 T1 T2 =293,15 K T1 =393,15 K η = 25 % T2 =293,15 K T1 =693,15 K η = 57 % Il ressort de la relation précédente qu’au zéro absolu (- 273,15°C), aucune chaleur ne peut être transférée : le froid absolu, en quelque sorte. Quelle est la signification physique du zéro Kelvin ! En conclusion ! Sadi Carnot (1796-1832) Journal intime « Souffrons de légers désagréments sans avoir l’air de nous en apercevoir; mais repoussons avec énergie quiconque marquerait l’intention de nous nuire ou de nous humilier. Point de discours inutiles. Parler peu de ce qu’on sait et point du tout de ce qu’on ne sait pas. Pourquoi ne pas dire plus souvent : je ne sais pas ? » Sadi Carnot Patrice Remaud LIAS-ENSIP (Laboratoire d’Informatique et d’Automatique pour les Systèmes – Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs de Poitiers) [email protected] http://blogs.univ-poitiers.fr/p-remaud/