Sur le plan des conceptions pédagogiques, cette époque sera très riche en questionnements
et en réalisations nouvelles. Au milieu des années 60, on s’interrogera officiellement sur
l’inefficacité du dressage enfantin "… il (le dressage) joue un rôle trop grand et déprimant…
l’ordre, la propreté, l’obéissance n’ont plus à être le princ ipe premier et exclusif de
l’éducation…". Il faut savoir que c’est seulement en 1954 que les châtiments corporels seront
interdits.
Pour la première fois la notion de la mixité sera évoquée et, dans l’attente de sa réalisation,
des gymnasiennes du canton accepteront d’être marraines des élèves. Elles établiront avec
les enfants une correspondance régulière et feront une visite annuelle à l’institution.
Certaines garderont des contacts privilégiés avec leur filleul bien après sa sortie de l’Ecole
Pestalozzi.
Les années 70
En 1971, l'image de l'institution était des plus négatives. L'Ecole Pestalozzi, boudée par la
majorité des services placeurs de l'époque, ne recevait alors que les cas les plus lourds pour
lesquels les mesures proposées jusque là s'étaient révélées des échecs. Elle accueillait en
internat exclusivement des garçons en âge de scolarité.
57 enfants très gravement perturbés sur le plan de leur comportement et atteints dans leurs
possibilités d'apprentissage intellectuel (débiles légers, caractériels) se voyaient encadrés par
une direction bicéphale (administrative et pédagogique) et une équipe d'enseignants,
d'éducateurs, de quelques rares spécialistes "psy" à temps très partiel.
Le système pédagogique de l'Ecole Pestalozzi, était établi sur un mélange de diverses
tendances, reposant notamment sur des concepts d'ordre essentiellement moral, un peu de
psychologie et surtout beaucoup de dressage enfantin.
Les élèves particulièrement difficiles, aux pronostics extrêmement réservés, imposaient tout
naturellement de valoriser les systèmes de cadrages rigides, de préférer l'imposition de
règles et l'utilisation de méthodes très techniques plutôt que de tenter le dialogue et la
souplesse relationnelle.
En 1974, un changement de direction permettait d’imaginer un nouvel objectif. Il s’agissait de
changer l'image de l'institution, de l'ouvrir sur l’extérieur, de décloisonner les différentes
professions et d’établir le dialogue entre enfants et adultes.
Il fût également décidé d’accepter une nouvelle catégorie d’enfants souffrant de maladies
mentales (psychoses). Le désarroi, la surprise que ces nouveaux élèves suscitèrent, conduisit
à des questionnements inédits et à la mise en place de projets pédagogiques novateurs.
Peu à peu les enfants furent écoutés différemment, entendus dans leurs demandes et dans
l’expression de leurs réels besoins
Pendant plus de dix ans, c’est dans le cadre d’une assemblée générale hebdomadaire
réunissant l’ensemble du personnel et des enfants, qu’ont pu se tisser des rapports différe nts
et plus conviviaux entre enfants et adultes.
A la fin des années 70, grâce aux crédits accordés par la Confédération et le canton de Vaud,
ainsi qu’à des fonds propres importants, l’Ecole Pestalozzi réalisait ses nouvelles
constructions. Un nouveau col-lège, et des groupes de vie permettaient d'accueillir, enfin, les
premières filles.
Comme il n’était pas question d’entrer dans de nouveaux locaux avec des "vieilles" méthodes
pédagogiques, l'équipe s'attela à l'élaboration d'un concept éducatif original.