Re c h e r c h e Re c he r c he Cancer: quelle prise en charge médicale en fin de vie? L’oncologie médicale vise à garantir aux personnes touchées par le cancer une prise en charge globale durant leurs derniers mois de vie. Bernhard Pestalozzi analyse concrètement comment les traitements proposés se pré8 sentent en Suisse. Carte d’identité Né à Zurich en 1955, Bernhard Pestalozzi a fait ses écoles à Schaffhouse, puis sa médecine à Genève. Après une spécialisation en oncologie-hématologie (cancers et maladies du sang), ses travaux de recherche l’ont conduit au National Cancer Institute de Bethesda aux Etats-Unis pour deux ans. Depuis son retour en Suisse, Bernhard Pestalozzi travaille à l’Hôpital universitaire de Zurich, où il officie comme médecin responsable de la clinique d’oncologie depuis 2008. Depuis cette même année, il est professeur d’oncologie à l’Université de Zurich. Marié, il a trois enfants. Durant ses maigres loisirs, il est un pianiste passionné. En matière de traitements anticancéreux, le professeur Bernhard Pestalozzi s’y connaît. Médecin responsable à la clinique d’oncologie de l’Hôpital universitaire de Zurich, il conseille quotidiennement des personnes atteintes de cancer et leurs proches. Pour beaucoup, ce n’est plus la guérison qui passe au premier plan, mais le quotidien avec la maladie et, finalement, la mort qui approche. «Des études internationales révèlent un accroissement dans l’intensité du traitement prodigué aux patients en fin de vie», déclare Bernhard Pestalozzi. «Mais nous ne savons pratiquement rien de la situation dans notre pays.» C’est pour cela que, dans une étude, il examine comment les malades du cancer sont soignés et pris en charge durant leurs derniers mois de vie en Suisse. Un inventaire des traitements «Nous aimerions en quelque sorte dresser un inventaire des traitements prodigués aux malades du cancer peu avant leur mort», explique le chercheur. Quels patients reçoivent encore une chimiothérapie ou une radiothérapie du- rant leur dernier mois de vie? Combien de patients meurent à l’hôpital et combien chez eux? Y a-t-il des différences dans le traitement entre hommes et femmes? La stratégie thérapeutique varie-t-elle d’un canton à l’autre? Autant de questions, pour n’en citer que quelquesunes, auxquelles Bernhard Pestalozzi espère apporter des réponses. Les résultats de l’étude serviront de base aux futures analyses. «Ce n’est qu’en déterminant comment la situation se présente actuellement que nous pourrons constater d’éventuels changements par la suite», dit-il. Il serait par exemple intéressant de connaître l’impact de la nouvelle tarification hospitalière sur les soins et le traitement des patients en fin de vie. Une vaste collaboration Cette étude n’aurait pas été possible sans le concours de plusieurs institutions. Placée sous la responsabilité du réseau «Outcome Research» du Groupe suisse de recherche clinique sur le cancer (SAKK) présidé par le professeur Pestalozzi, elle se déroule avec la collaboration de l’Institut de médecine pharmaceutique de l’Université de Bâle – avec Klazien Matter-Walstra comme responsable de la direction opérationnelle du projet –, des registres des tumeurs de Bâle-Ville et de BâleCampagne, de Zurich, du Tessin et du Valais ainsi que de la caisse-maladie Helsana. L’analyse porte sur les données d’adultes décédés d’un cancer entre 2006 et 2008 dans les cantons participants et assurés auprès de l’Helsana. Pour compléter les indications manquantes, une collaboratrice du SAKK effectue des recherches dans les archives des hôpitaux où les patients sont décédés. Toutes les données enregistrées sont ensuite réunies et évaluées. «La protection des données est toujours garantie, car toutes les indications sont anonymisées», souligne Bernhard Pestalozzi. «Les commissions d’éthique des différents cantons ont également donné leur aval après avoir étudié minutieusement notre projet.» Texte: Dr med. Eva Ebnöther Photo: Peter Schneider 9