Ce chapitre poursuit notre analyse des conséquences
des rendements croissants sur les spécialisations
et le commerce. Contrairement au chapitre précédent,
nous nous concentrons maintenant sur l’effet des écono-
mies d’échelle internes aux entreprises. Cela implique
que le coût moyen de chaque producteur diminue avec
la quantité qu’il produit et conduit ainsi à une situation
de concurrence imparfaite. La simple présence de coûts
fixes de production suffit à obtenir ce résultat. En effet,
la concurrence parfaite amène les producteurs à fixer le
prix des biens au niveau du coût marginal de production.
Avec des coûts fixes, c’est impossible : certaines entre-
prises enregistreraient des pertes car elles ne seraient pas
en mesure de récupérer les coûts plus élevés encourus
par la production des premières unités de production.
En conséquence, la concurrence pousse certaines firmes
à se retirer, jusqu’à l’établissement d’un équilibre en
concurrence imparfaite, avec un nombre restreint de
firmes actives sur le marché.
En concurrence parfaite, les firmes ont des comporte-
ments très schématiques ; elles sont toutes identiques
et sans influence directe sur l’équilibre du marché.
À l’inverse, l’introduction des imperfections de la
concurrence permet de décrire de façon plus crédible et
détaillée les stratégies individuelles des entreprises. Nous
verrons notamment l’importance de la différenciation
des produits. En effet, dans la plupart des secteurs, les
biens proposés par les différentes entreprises ne sont pas
exactement les mêmes. Parfois, notamment dans le cas
de l’eau embouteillée, des agrafes, etc., ces différences
sont assez limitées. En revanche, dans d’autres secteurs
(comme les voitures ou les téléphones portables), les
caractéristiques des biens proposés par les entreprises
d’un même secteur sont beaucoup plus hétérogènes.
Nous verrons ainsi comment les économies d’échelle
Chapitre 8
Les entreprises face à la mondialisation : stratégies
d’exportation, externalisation et firmes multinationales
Objectifs pédagogiques :
• Étudier le rôle des rendements d’échelle
croissants et de la concurrence imparfaite
dans la détermination du commerce
international.
• Analyser l’origine et les conséquences
du commerce intrabranche et
ses différences avec le commerce
interbranche.
• Montrer comment l’ouverture
commerciale peut conduire à des
ajustements au sein des secteurs, en
favorisant certaines firmes et en en
pénalisant d’autres.
• Expliquer pourquoi les économistes
considèrent que le dumping n’est pas
nécessairement une pratique déloyale
et que les mesures antidumping
peuvent s’apparenter à une forme de
protectionnisme.
• Étudier les stratégies des entreprises
face à la mondialisation (c’est-à-dire
leurs décisions d’exportation, de recours
à la sous-traitance internationale
et d’investissement à l’étranger) et
expliquer pourquoi les entreprises qui
ont une activité à l’étranger sont plus
grandes et plus performantes.
• Présenter les théories expliquant
l’existence des firmes multinationales
et les motivations des investissements
directs étrangers.
7530-EcoInter-LIVRE.indb 167 01/02/12 09:22
© 2012 Pearson France – Economie internationale, 9e édition – Paul Krugman, Maurice Obstfeld, Marc Melitz