Troubles anxieux et dépressifs Etiologie et dysfonctionnement

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Cours-séminaire : anxiété et dépression SA 2009
Prof. M. Reicherts
Cours-séminaire en Psychologie clinique
Troubles anxieux et dépressifs
Etiologie et dysfonctionnement –
Facteurs psychologiques
Master « Clinical and Health Psychology » and Master
« Psychology », University of Fribourg
Semestre d’automne 2009
Assistante : lic. phil. Stéphanie Haymoz
1
Séances du 8, 15 et 22 octobre 09
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Emotions de base – modèle de Plutchik (circumplexe)
L’axe
verticale:
intensité
2
1
Prof. Dr Michaël Reicherts
L’entretien psychologique I
Les émotions « primaires » selon Izard (1971)
(trad. de Ouss et al., 1990)
Joie
joyeux
content
ravi
Tristesse
triste
découragé
abattu
Surprise
surpris
stupéfait
étonné
Dégoût
dégoûté
révulsé
répugné
Colère
en colère
exaspéré
furieux
Culpabilité
coupable
repentant
pudique
Peur
effrayé
craintif
paniqué
Timidité
timide
inquiet
apeuré
Mépris
méprisant
révulsé
dédaigneux
Intérêt / attention
attentif
alerte
concentré
33
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Les émotions de base dans la perspective de
« Differential emotions theory »
(Dougherty, Abe & Izard, 1996; Izard, 1977)
“DET posits that a small group of distinct emotions serves
as fundamental motivators of human behavior. Each
independent emotion, including interest, anger, sadness,
fear, surprise, and disgust motivates a unique subtype of
personality and behavior and can be activated without
cognitive evaluation. In DET these emotions are
considered to be building blocks of personality processes.“
(Carstensen, Charles, Isaacowitz & Kennedy, 2003, p. 733)
4
2
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Evénements déclencheurs
(prototypes "innés") pour la peur
"Metaphors for most of the specific antecedents that become
part of our repertoire for calling forth fear" (Ekman,1994,149)
1.
2.
3.
4.
l'anticipation d'une douleur physique
l'approche rapide d'un objet potentiellement blessant
la perte soudaine du support physique
être touché par derrière lorsqu'on se croit seul
5
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Lazarus’ emotion theory : core relational themes of emotions
Anger
Anxiety
Fright
Guilt
Shame
Sadness
Envy
Jealousy
Disgust
Happiness
Pride
Relief
Hope
Love
Gratitude
Compassion
Aesthetic
experiences
A demeaning offense against me and mine.
Facing uncertain, existential threat.
An immediate, concrete, and overwhelming physical danger.
Having transgressed a moral imperative.
Failing to live up to an ego ideal.
Having experienced an irrevocable loss.
Wanting what someone else has.
Resenting a third party for loss or threat to another's affection or favor.
Taking in or being too close to an indigestible object or idea (metaphorically
speaking).
Making reasonable progress toward the realization of a goal.
Enhancement of one's ego identity by taking credit for a valued object or
achievement, either one's own or that of s’one or group with whom we identify.
A distressing goal-incongruent condition that has changed for the better or
gone away.
Fearing the worst but yearning for better.
Desiring or participating in affection, usually but not necessarily
reciprocated.
Appreciation for an altruistic gift that provides personal benefit.
Being moved by another's suffering and wanting to help.
Emotions aroused by these experiences can be any of the experiences
above; there is no specific plot.
From Lazarus (1991). Emotion and Adaptation (Table 3.4, p. 122.); Oxford University Press.
6
3
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Les processus émotionnels
(« Affect processing »)
Différents modèles
7
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Processus émotionnels: le modèle de Lazarus
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4
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Modèle cognitif « composantes-processus »
(y compris les « modal emotions » ; Scherer, 1986)
9
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Les processus émotionnels (« emotion processing »):
modèle général (d’après Philippot, 2000)
10
5
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Traitement affectif : composantes, niveaux et concepts (selon Salamin, 2009)
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Dimensions of Openness to Emotions
The DOE Questionnaire – CFA based dimensions
Scale
Conceptual description underlying item construction
Cognitive-conceptual representation of mental and bodily states and processes in terms of rather
REPCOG distinct and differentiated emotions, moods and feelings; also relying on concepts, schemata or
scripts
COMEMO
Communication and expression of emotions toward other people, openness on the socialinteractional level (sharing of emotions, self-disclosure)
PERINT
Perception or awareness of internal bodily phenomena or indicators which characterize emotions
(e.g. cardiovascular, respiratory or gastro-intestinal activity, etc.)
PEREXT
Perception or awareness of external bodily phenomena of emotions which can become visible
externally (e.g. facial expression, motor activity, posture, muscular tension, trembling, etc.)
REGEMO
Regulation and control of emotional processes – including also “monitoring” activities – to prevent,
attenuate or delay emotional impact; the regulation can concern cognitive, bodily and social level
Confirmatory Factor Analysis of the 5 factor model (20 items, 4 per scale; N=269)
SEM Fit indices: Chi2/df = 1.54; CFI = .956; TLI = .948; RMSEA = .041
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6
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Processus émotionnels représentés par la personne:
Modèle de l’« Ouverture émotionnelle » (Reicherts, 1999, 2007)
Cognitive
REPCOG
REGEMO
PERINT
Somatic
COMEMO
Social
PEREXT
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Emotion Regulation and Emotional Openness
Michaël Reicherts, University of Fribourg, CH
Clinical studies of DOE “Conceptual representation”
Disorders
Dependency (n=21)
d = -0.78
Dependency (n=20)
(treatment study, pre)
Dependency with
Personality disorder (n=31)
d= -0.90
d= -1.84
Personality disorder
(borderline; n=14)
d= -0.88
Eating disorders: anorexia
(n=21; treatment study, pre)
d= -1.03
-1.5
-1.0
-0.5
0
14
14
7
Emotion Regulation and Emotional Openness
Michaël Reicherts, University of Fribourg, CH
Clinical Studies of DOE “Emotion Regulation”
Disorders
Dependence (n=21)
d = -0.70
Dependence (n=20)
(treatment study, pre)
Dependence with
personality disorder (n=31)
d= -0.83
d= -1.74
Personality disorders
(borderline; n=14)
d= -0.92
Eating disorders: anorexia
(n=21; treatment study, pre)
d= -0.50
-1.5
-1.0
-0.5
0
15
15
Emotion Regulation and Emotional Openness
Michaël Reicherts, University of Fribourg, CH
Clinical studies of DOE “Conceptual representation”
Treatment studies (change effect sizes)
Dependency patients (n=20)
Comb. program (after 3 months)
d = +0.90
Anorexia nervosa (n=21)
CBT program (post)
d =+0.87
0
+0.50
+1.0
16
16
8
Emotion Regulation and Emotional Openness
Michaël Reicherts, University of Fribourg, CH
Clinical Studies of DOE “Emotion Regulation” (II)
Treatment studies
change effect sizes
Dependent patients (n=20) CCT
comb program (after 3 months)
d = +0.97
Anorexia nervosa (n=21)
CBT program (post)
d =+0.34
0
+0.50
+1.0
17
17
Emotion Regulation and Emotional Openness
Michaël Reicherts, University of Fribourg, CH
18
18
9
Cours-séminaire : anxiété et dépression SA 2009
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La recherche
en étiologie et dysfonctionnement
Méthodologie
Questions – types – plans de recherches
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Introduction à la Psychologie clinique,
Prof. Dr Michaël Reicherts
Psychopathologie et Psychothérapie I & II – AA 2009/10
Types de savoir en psychologie clinique
(d’après Bunge, 1967; Perrez, 1989; Reicherts, 1999)
(1)
(2)
(3)
(4)
Le savoir factuel
Le savoir nomologique
Le savoir nompragmatique
Le savoir conceptuel
(1) Le savoir factuel porte sur des faits singuliers et est décrit
par des propositions singulières (faits établis par une
démarche objective ou intersubjective). Il concerne des
caractéristiques définies d'une population ou d'un individu
déterminés, à un moment donné.
Exemples :
"le patient X a subi un événement critique de vie (p. ex.
licenciement) au moment T".
"La prévalence d'un trouble X au moment T est de Y%"
20
10
Introduction à la Psychologie clinique,
Prof. Dr Michaël Reicherts
Psychopathologie et Psychothérapie I & II – AA 2009/10
Types de savoir en psychologie clinique
(d’après Bunge, 1967; Perrez, 1989; Reicherts, 1999) (suite)
(2)Le savoir nomologique porte sur des relations entre
variables et vise l'explication et la prédiction des
phénomènes en question. Ces propositions sont souvent
exprimées sous forme de "loi" :
"Si A, alors B" ou "Plus A, plus B"
Exemples :
"Si expériences non-contrôlables (A), alors détresse
apprise (B)" (version déterministe)
"Si expériences non-contrôlables (A), alors - avec la
probabilité p - détresse apprise (B)" (version probabiliste)
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Introduction à la Psychologie clinique,
Prof. Dr Michaël Reicherts
Psychopathologie et Psychothérapie I & II – AA 2009/10
Types de savoir en psychologie clinique
(d’après Bunge, 1967; Perrez, 1989; Reicherts, 1999) (suite)
(3) Le savoir nomopragmatique (technologique) concerne les
modifications, les relations moyen-fin. Il se définit par sa
référence à l'action. Il décrit des actions (A) et les effets
auxquels elles conduisent (E), sous certaines conditions (C).
La structure
"E par A, si C" ou
"Pour atteindre E, dans les conditions C, fais A !"
(4) Le savoir conceptuel porte sur les représentations des
phénomènes de la réalité en précisant les définitions
scientifiques, leur liens avec d'autres concepts théoriques, et
leurs critères d'application (opérationalisation).
Exemples :
les définitions (opérationnelles) des concepts ("constructions ou
construits théoriques") comme le "renforcement instrumental
positif" ou la "détresse acquise";
les concepts ou catégories diagnostiques des troubles, p. ex.
"épisode dépressif majeur"
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Introduction à la Psychologie clinique,
Prof. Dr Michaël Reicherts
Psychopathologie et Psychothérapie I & II – AA 2009/10
Types de savoir en psychologie clinique
Exercice : quelles phrases représentent quel savoir ?
A. La phobie se caractérise (entre autres) par une peur
persistante et intense à caractère irraisonné ou bien
excessive, déclenchée par la présence ou l’anticipation de
la confrontation à un objet ou une situation spécifique.
B. Pour qu’un patient phobique (re)apprenne à affronter une
situation X redoutée, on devrait l’aider à imaginer
progressivement la situation X alors qu’il est en état de
relaxation.
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Introduction à la Psychologie clinique,
Prof. Dr Michaël Reicherts
Psychopathologie et Psychothérapie I & II – AA 2009/10
Types de savoir en psychologie clinique
Exercice : quelles phrases représentent quel savoir ?
C. Si on présente une conséquence agréable suite à un
comportement, la fréquence de ce comportement devrait se
renforcer/augmenter de manière très probable.
D. Monsieur A. souffre depuis 3 ans de différents problèmes
(troubles de la concentration, pertes de mémoire,
perturbations du sommeil,…).
E. L’ampleur d’une réponse (réaction) est fonction de l’intensité
d’un stimulus pertinent.
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L'explication scientifique en Psychologie (clinique)
Variantes de l'explication scientifique en psychologie clinique
(1) L'explication déductivo-nomologique
(2) L'explication dispositionnelle
(3) L'explication historique-génétique
(4) L'explication « incomplète »
(p. ex. explication «comment a-t-il été possible que…»)
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L’explication déductive-nomologique :
structure et composantes
Structure
L1, L2,… Explanans (ce qui explique)
A1, A2,…
-----------E
Explanandum (ce qui est à expliquer)
Composantes
L1, L2,… étant des lois générales, des hypothèses
ou des suppositions théoriques de nature déterministe
A1, A2,… étant des propositions décrivant les
conditions antécédentes
E
étant la description de l’événement
qu’il s’agit d’expliquer.
----------
indiquant que E suit logiquement de
L1, L2,… et de A1, A2,…
(et symbolisant le passage à la conclusion).
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L’explication déductive-nomologique :
structure et composantes
Explication déductivo-nomologique (exemple)
L : L’exposition à des situations aversives et
non contrôlables (p.ex. événements critiques)
produit des réactions de détresse acquise
A : Il y a exposition à une situation aversive et non contrôlable
__ _________________________________________________
E : Des réactions de détresse acquise apparaissent
27
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L'explication scientifique en Psychologie
Explication dispositionnelle (exemple)
L : Les attributions causales dysfonctionnelles se produisent chez les
personnes qui ont une tendance à interpréter les événements
négatifs comme une conséquence des causes internes, globales
et stables
A1 : Le client présente une forte tendance à l’attribution causale
dysfonctionnelle
A2 : Le client vit un événement négatif
__ _________________________________________________
E : Le client interprète l’événement négatif comme une
conséquence des causes internes, globales et stables
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L’explication historique-génétique: structure
Hempel (1965, p.451) a représenté cette chaîne d’arguments de
l’explication historique-génétique de la façon suivante:
S’2
S1
S’3
S2
+D2
S’n
Sn-1
S3
+D3
Sn
+Dn
Les symboles (S1,…Sn) représentent des propositions décrivant des faits déterminés
qui concernent certains états (p.ex. étapes d’une évolution, développement).
Les flèches représentent des relations ayant caractère de loi.
S’2,…,S’n représentent des propositions décrivant des faits pouvant être expliqués à
partir des états précédents.
D2,…Dn représentent des informations complémentaires (qui doivent être insérées
sans être expliquées, par ex. des événements de vie).
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L’explication historique-génétique: Exemple
S’3: Expectation à l’échec
efficacité personnelle /
contrôle réduits
S’2: Instabilité
émotionnelle
S1: Prédispositions
neurobiologiques
et psychologiques
S2: Affectivité
négative,
dévalorisation
de soi
+D2: Situations
aversives,
échecs successifs
S3: Tendance
à la dépression
+D3: Perte de
renforcement réelle,
événement critique de vie
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Plans de recherches
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Critères et méthodes de la recherche en Psychologie clinique I
Les critères épistémologiques généraux :
logique, causalité, théories - hypothèses
Les types de recherche et plans de recherche
le « design »
L’analyse de données
méthodes et démarches de l’analyse de données
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Critères et méthodes de la recherche en Psychologie clinique II
Les plans de recherche (« design ») comprennent des règles qui déterminent
comment recruter les sujets
comment assigner les sujets aux différentes conditions expérimentales
quelles variables seront à évaluer
comment réaliser les évaluations (séquence/arrangement mesures et instruments)
comment réaliser les conditions expérimentales et contrôle
But
simplifier / clarifier la situation et la démarche:
Les phénomènes observés sont complexes et de nombreuses variables les influencent.
Séparer les influences de ces nombreuses variables
(via design et certaines procédures statistiques) permet de limiter le nombre
d’interprétations possibles d’un phénomène particulier (p. ex. Kazdin, 1980). Exemples:
« Est-ce que le traitement X produit un changement thérapeutique? »
« Est-ce que condition X précède (déclenche) le symptôme Y? »
2 conditions/groupes expérimentaux : traitement X liste d’attente
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Recherches en Psychologie clinique :
Dimensions méthodologiques des « designs »
1. Nombre de sujets (ou d’études) :
N=1
étude au « petit N »
étude de groupe(s)
méta-analyse
2. Nombre de points de mesure (axe temporel) :
étude transversale
étude retrospective
étude longitudinale – « fictive »
étude longitudinale – prospective; à distinguer :
–
–
perspective « macro » (changements à plus long terme)
perspective « micro » (processus à plus court terme)
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Recherches en Psychologie clinique :
Dimensions méthodologiques des « designs » (suite)
3. Degré de « contrôle » (manipulation / mise en oeuvre)
des conditions :
étude expérimentale
étude quasi-expérimentale
étude non-expérimentale (« passive-observationnelle »)
4. Degré de « similarité » et représentativité clinique :
étude analogique
étude clinique
(clinique – analogique: continuum de « réalité clinique »)
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Critères méthodologiques des recherches en étiologie
Nombre de points
de mesures
Etudes longitudinales (prospectives)
Etudes longitudinales « fictives » (cohortes différées)
Etudes rétrospectives
Etudes transversales
Sélection des
échantillons
Echantillons représentatifs de la population normale
Groupes à risque
Groupes cliniques
Représentation du
phénomène / recherche
Etudes cliniques
Etudes analogues
Nombre de personnes
interrogées / évaluées
Etudes de cas uniques
Etudes de groupes
Type de contrôle
Etudes en laboratoire
Etudes sur le terrain
Type d’analyse
Analyse de l’interdépendance
Analyse de la dépendance
36
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Degré et critères de « contrôle » des conditions en recherche
clinique
Etude expérimentale
Manipulation et contrôle de la variable indépendante
Assignation des sujets randomisé aux conditions
Variation des conditions alternatives
Contrôle des sources de biais (variables à contrôler)
Etude quasi-expérimentale
Variable indépendante est manipulé dans une certaine mesure
pas d’assignation de sujets randomisé et / ou
pas de contrôle complet des conditions
Etude non-expérimentale (« passive-observationnelle »)
Relations entre variables sont observées et pas manipulées
Observation des variables qui varient / co-varient
éventuellement prise en compte de la séquence (axe temporel)
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Etudes analogues –
Similarité / précision de la représentation clinique (I)
Divergence par rapport
à la « réalité »
Forme de la divergence
Catégorie
Etres humains vs. modèles issus des études sur les
animaux vs. études de simulation sur ordinateur.
Symptômes et sévérité
du trouble
(comme variable de
classification ou comme
variable centrale des
mesures d’influence)
Importance clinique (par ex. diagnostic CIM-10) vs.
divergence quantitative et qualitative des troubles
cliniques.
Ex. : Dépression vs. induction d’une légère baisse
d’humeur comme analogie pour l’apparition d’une
dépression.
Sujets
Patients (souffrance et souhait de traitement) vs.
personnes avec un trouble sub-clinique vs. personnes
sans trouble.
Ex. : Personnes avec une « phobie des files d’attente »,
sans comportement d’évitement (signes ne remplissant
pas les critères diagnostiques) en tant qu’ « analogues »
des patients phobiques selon la CIM-10.
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Etudes analogues –
Similarité / précision de la représentation clinique (II)
Divergence par rapport
à la « réalité »
Forme de la divergence
Dimension temporelle
Processus de plusieurs années dans le quotidien
clinique vs. minutes, heures.
Ex. : Expérience sur l’impuissance apprise (quelques
heures) comme analogie pour l’apparition d’une
dépression (plusieurs années).
Setting et
variables indépendantes
Setting naturel, complexe (famille, travail, loisirs, etc.)
vs. stimuli expérimentaux.
Ex. : Expérience sur le stress avec bruit en laboratoire
comme analogie pour un pattern de stress complexe
dans le domaine professionnel.
Procédure de recherche
« Ensemble » du tableau clinique d’un trouble dans le
quotidien vs. procédure particulière.
Ex. : Echelles d’auto- et d’hétéro-évaluation pour
l’évaluation de la dépression.
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Phases de l’évolution d’un trouble – Registres de causes (I)
Phases
Tranche
d’âge
Facteurs potentiels influençant négativement
les phases : Exemples de facteurs biologiques,
psychologiques, sociaux et écologiques
1. Phase pré et
périnatale
Avant la
naissance, à
la naissance
Biolog. : facteurs génétiques ; maladies de la mère
pendant la grossesse; complications à la naissance
Psychol. : non acceptation du rôle de mère
Sociaux : conflits entre parents / partenaires
Ecolog. : stress radioactif
2. Phase de
Enfance
socialisation et de précoce,
développement
enfance
(jusqu’à l’âge
adulte)
Biolog. : infections
Psychol. : déficits cognitifs
Sociaux : interaction insuffisante avec les proches,
pauvreté
Ecolog. : Pollution industrielle (gaz d’échappem.)
40
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Phases de l’évolution d’un trouble – registres de causes (II)
Phases
Tranche d’âge
Facteurs potentiels influençant
négativement les phases : Exemples de
facteurs biologiques, psychologiques,
sociaux et écologiques
3. Phase
d’apparition du
trouble (phase
prodromale)
-
Biolog. : consommation de drogues
Psychol. : surmenage professionnel
Sociaux : perte du partenaire
Ecolog. : stress sonore (bruits)
4. Phase suivant
l’apparition du
trouble
-
Biolog. : médication inadéquate
Psychol. : déficits de coping
Sociaux : atmosphère familiale
(ex. : Expressed Emotions)
Ecolog. : conditions de logement inadéquates
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Les Troubles anxieux
Classification et Diagnostic
Psychopathologiques
Survol
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Troubles anxieux selon DSM-IV : survol
Attaque de panique : période bien délimitée, occurrence
soudaine d'une appréhension intense, d'une peur associée à des
sensations de catastrophe imminente
Agoraphobie : anxiété liée à / évitement d'endroits ou de
situations d'où il pourrait être difficile de s'échapper ou aucun
secours n'est disponible en cas d'attaque de panique
Trouble panique : attaques de panique récurrentes et
inattendues + inquiétude persistante (sans ou avec agoraphobie)
Phobie spécifique : anxiété provoquée par un objet / une
situation redoutés + (souvent) comportement d'évitement
Phobie sociale : anxiété provoquée par des situations sociales /
de performance + (souvent) comportement d'évitement
Trouble obsessionnel – compulsif : obsessions (entraînant
une anxiété ou une souffrance marquée) et/ou compulsions
(servant à neutraliser l'anxiété)
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Troubles anxieux selon DSM-IV : survol (suite)
Etat de stress post-traumatique : reviviscence d'un événement
extrêmement traumatique
+ symptômes d'activation neuro-végétative
+ évitement des stimuli associés au traumatisme
Etat de stress aigu : symptômes similaires survenant
immédiatement après un événement extrêmement traumatique
(surviennent - et disparaissent - dans les 4 semaines après l’événement)
Anxiété généralisée (trouble) : période de 6 mois (ou plus)
d'anxiété et des soucis persistants et excessifs
Trouble anxieux dû à une affection médicale générale
Trouble anxieux induit par une substance
Trouble anxieux non spécifié
Troubles de l'adaptation, avec anxiété
(3 mois après l’évenement; après max 6 mois)
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Les Troubles anxieux
Données épidémiologiques
Survol
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Epidémiologie des troubles anxieux
Prévalence sur la vie entière (d'après Wittchen, 1995)
Diagnostic
Trouble panique
Agoraphobie
Phobie sociale
Phobie spécifique
Anxiété généralisée
Obsessions/compulsions
Etat de stress post-traumatique
Médian
3.6 %*
5.4 %
11.3 %
8.6 %
5.1 %
2.1 %
7.5 %
Taux sur la base des recherches représentatives utilisant des
nouveaux instruments diagnostiques (CIDI ou DIS); Etats-Unis,
Canada, Néo-Zélande, Italie, Puerto Rico, Allemagne, Suisse
* sans / avec agoraphobie
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Epidémiologie des troubles anxieux
Attaques de panique subcliniques (Goodwin, 2004)
Attaques de panique subcliniques (sans remplir tous les
critères) sont relativement fréquentes:
9-15% (lifetime)
Elle semblent représenter un «marqueur de vulnérabilité»
pour différents troubles psychopathologiques:
agoraphobie, d’autres troubles anxieux,
troubles affectifs, abus/dépendance à la substance,
troubles psychotiques, troubles somatoformes
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Attaques de panique
Trouble panique
Agoraphobie
Diagnostic selon DSM-IV
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Prof. M. Reicherts
Exemple de cas « Pauline »
Description
J’ai eu une première expérience de ce type à vingt-cinq ans. Cela
s’est passé quelques semaines après ma sortie d’hôpital. Je venais
d’être opérée d’une appendicite. L’opération s’était bien passée et je
ne courais plus aucun danger. C’est pourquoi je ne comprends pas
ce qui s’est passé. Un soir, je suis allée me coucher et je me suis
réveillée quelques heures plus tard; je ne sais plus vraiment combien
de temps après m’être endormie. Avec une vague appréhension je
me souviens surtout de la façon dont mon cœur s’est mis à battre.
Ma poitrine me faisait mal. J’avais l’impression d’être en train de
mourir d’un arrêt cardiaque. J’avais une sorte de malaise, un peu
comme si je me détachais de la vie. On aurait dit que toute ma
chambre était enveloppée de brume. Je me suis ruée dans la
chambre de ma sœur, mais j’avais l’impression d’être une marionette
ou un robot sous le contrôle de quelqu’un. Quand j’ai réveillé ma
sœur, je pense qu’elle était aussi effrayée que moi. Elle a appelé
l’urgence.
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Cours-séminaire : anxiété et dépression SA 2009
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Attaque de panique : diagnostic selon DSM-IV
Une période bien délimitée de crainte ou de malaise intense,
dans laquelle au minimum quatre des symptômes suivants
sont survenus de façon brutale et ont atteint leur acmé en
moins de dix minutes :
(1) palpitations, battements de coeur ou accélération du
rythme cardiaque
(2) transpiration
(3) tremblements ou secousses musculaires
(4) sensation de "souffle coupé" ou impression
d'étouffement
(5) sensation d'étranglement
(6) douleur ou gêne thoracique
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Attaque de panique : diagnostic selon DSM-IV (suite)
(7)
nausée ou gêne abdominale
(8)
sensation de vertige, d'instabilité, de tête vide ou
impression d'évanouissement
(9)
déréalisation (sentiments d'irréalité) ou
dépersonnalisation (être détaché de soi)
(10) peur de perdre le contrôle de soi, de devenir fou
(11) peur de mourir
(12) paresthésies (sensations d'engourdissement ou de
picotements)
(13) frissons ou bouffées de chaleur
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Cours-séminaire : anxiété et dépression SA 2009
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Trouble panique sans agoraphobie:
diagnostic selon DSM-IV (300.01)
A.
(1)
(2)
B.
C.
D.
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A la fois (1) et (2):
attaques de panique récurrentes et inattendues
au moins une des attaques s'est accompagnée pendant un
mois (ou plus) de l'un (ou plus) des symptômes suivants :
(a) crainte persistante d'avoir d'autres attaques de panique
(b) préoccupations à propos des implications possibles de
l'attaque ou bien de ses conséquences (par ex. perdre le
contrôle, avoir une crise cardiaque)
(c) changement de comportement important en relation avec
les attaques
Absence d'Agoraphobie
Les attaques ne sont pas dues aux effets physiologiques
directs d'une substance (...) ou d'une affection médicale
générale (p. ex. hyper-thyroïdie)
Les attaques ne sont pas mieux expliquées par un autre trouble
mental, tel une Phobie sociale, etc. ... (suit liste).
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Trouble panique avec agoraphobie
diagnostic selon DSM-IV (300.21)
A. cf. : sans agoraphobie
B. Présence d'agoraphobie
C. cf. : sans agoraphobie
D. cf. : sans agoraphobie
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Agoraphobie : diagnostic selon DSM-IV
A.
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Anxiété liée au fait de se retrouver dans des endroits ou des
situations d’où il pourrait être difficile (ou gênant) de s’échapper
ou dans lesquelles on pourrait ne pas trouver de secours en cas
d’Attaque de panique soit inattendue soit facilitée par des
situations spécifiques ...
Les peurs agoraphobiques regroupent typiquement un
ensemble de situations caractéristiques incluant le fait de se
trouver seul en dehors de son domicile; d’être dans une foule ou
dans une file d’attente; sur un pont ou dans un autobus, un train
ou en voiture.
B. Les situations sont soit évitées ... soit subies avec une
souffrance intense ou bien avec la crainte d’avoir une Attaque
de panique ... ou bien nécessitent la présence d’un
accompagnant.
C. L’anxiété ou l’évitement phobiques ne sont pas mieux
expliquées par un autre trouble mental, tel une Phobie sociale,
etc. (suit liste).
A coder avec une des catégories suivantes :
Agoraphobie sans antécédent de Trouble panique (300.22)
Trouble panique avec agoraphobie (300.21)
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Agoraphobie sans antécédent
de Trouble panique selon DSM-IV (300.22)
A. Présence d'Agoraphobie liée à la peur de développer des
symptômes de type panique
B. N'a jamais satisfait aux critères du Trouble panique
C. La perturbation n'est pas due aux effets physiologiques
directs d'une substance (...) ou d'une affection médicale
(...)
D. Si une affection médicale générale associée est présente,
la peur décrite dans le critère A est manifestement
excessive par rapport à celle habituellement associée à
cette affection.
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Cours-séminaire : anxiété et dépression SA 2009
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Attaques de panique
Trouble panique
Agoraphobie
Modèles de dysfonctionnement et
d’acquisition
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Modèle de dysfonctionnement psycho-physiologique des
attaques de panique (d’après Ehlert et Margraf, 1988)
4
« PANIQUE »
ANXIETE
A
NON
OUI
FACTEURS
SITUATION / CONTEXTE
3 ASSOCIATION
AVEC UN DANGER ?
RETROACTION
NEGATIVE
(LENTE)
NON
OUI
RETROACTION
POSITIVE
(RAPIDE)
B
PREDISPOSITIONS
INDIVIDUELLES
C
STRESS INTERNE
ET EXTERNE
2
PERCEPTION ?
NON
OUI
1
CHANGEMENTS
SOMATIQUES
OU COGNITIFS ?
60
30
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Le cercle vicieux des attaques de panique
Stimuli externes
Symptômes
corporels
Perception
Changements
physiologiques
Pensées:
«Danger»
Angoisse
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Comportement visible
Attaques de panique
(a) comme perçues par le
client
Intensité de l’attaque
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100
0
100
(b) l’évolution réelle basée
sur l’auto-observation
0
30 sec. - plusieurs minutes
100
(c) l’évolution modifiée par le
traitement
(d’après Margraf & Schneider, 1989)
62
0
Temps
Déclencheur
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Fréquence des symptômes lors des attaques
« spontanées » versus « situationnelles »
Palpitations
Tête vide
Dyspné / souffle coupé
Déréalisation / Dépersonnalisation
Gêne abdominale
Tremblement – sécousses muscul.
Transpiration
Douleur ou gêne thoracique
Frissons ou bouffées de chaleur
Peur de mourir
Parestésies (engourdissement…)
Sensation d’étranglement
Peur de devenir fou, perdre le contrôle
Sansation d’éEvanouissement
63
D’autres symptômes
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L’effet « rétrospectif »: fréquences des symptômes dans
l’auto-observation versus description clinique
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Attaques de panique
et agoraphobie
Modèles étiologiques
Barlow (1988)
Klein et Wittchen (1996)
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Modèle d’acquisition
Attaques de paniques avec agoraphobie (Barlow, 1988)
1
Vulnérabilité biologique
2
Stress : événements négatifs
3
Fausse alarme : AP initiale
5
Alarme apprise
6
Vulnérabilité psychologique :
appréhension
7
Alarmes imprévisibles
Associée à des stimuli
intéroceptifs
4
Agoraphobie
8
Réaction entourage (soutien)
9
66
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Panique / Agoraphobie
Le modèle de la panique d’après Klein, élargi par Wittchen (1996)
Conditions précédentes / antecédentes
Vulnérabilité biologique – Vulnerabilité cognitive
Anxiété de séparation (?)
Conditions déclenchantes (Trigger)
Stress, Facteurs de risque situationnels
Phase 1: -> Survenu d’attaques de panique spontanées
Phase 2: -> Sensibilisation et anticipation/attentes anxieuses (Erwartungsangst)
Phase 3: -> Trouble panique
Phase 4: -> Comportements d’évitement
-> Syndrome agoraphobique
Phase 5: -> Détresse (sentiment « démoralisé »)
-> Dépression majeure
Phase 6: -> Recherche de l’aide inadéquate
-> Abus de / dépendance aux
substances psychotropes
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Exemple de cas « Mme D. »
Mme D., 27 ans, consulte pour de « fortes angoisses » qui se sont
déclenchées peu après la séparation d’avec son milieu familial pour aller
vivre avec son mari.
La patiente éprouve une forte anxiété dans différentes situations : sortir (en
général), rues, cinéma, restaurant, mais aussi de conduire seule et lors des
voyages.
Comme symptômes corporels de l’émotion anxieuse, elle décrit des accès
de migraine, des diarrhées, des vomissements, mais aussi l’accélération du
rythme cardiaque et de la respiration, augmentation de la tension
musculaire.
Elle évite (activement) les sorties et rencontres à l’extérieur, le cinéma et les
voyages.
Elle anticipe aussi les accès d’angoisse à des moments variables et sans
déclencheur précis, lors desquelles elle subie des céphalées, diarrhées et
craint de tomber malade.
Quant à son entourage, elle essaie de le cacher à tout le monde, sauf à son
mari, qui se montre fort “compréhensif” et ne la critique pas.
Les cognitions qui surgissent – en étant dans les situations et en les
anticipant – s’organisent autour du thème « d’être ridicule »
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L’analyse fonctionnelle : la grille SECCA (exemple Mme D.)
5. Anticipation
1. Situation
2. Emotion
3.1 Comportement ouvert
- « je vais être malade »
- diarrhées, céphalées
Sortir : - restaurant
- cinéma, rues
- voyages
- céphalées
- vomissements, diarrhées
- cœur , respiration
- tension musculaire
3.2 Comportement cognitif
(monologue intérieur)
« je vais être ridicule »
évite : - cinéma
- sorties, rencontres
- voyages
4. Conséquence
(entourage)
- cache à tout le monde
- son mari ne la brusque pas et l’aide
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Prof. M. Reicherts
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Prof. M. Reicherts
Cas : Monsieur P.
À préparer pour la séance du 29 octobre 2009
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Prof. M. Reicherts
Cas de Monsieur P.
Monsieur P., informaticien au chômage âgé de 28 ans, est de plus en plus handicapé
par des accès d’extrême peur, la peur de sortir et des préoccupations pour sa santé
physique, au point qu'il ne peut plus supporter d'être seul et qu'il ne peut pas quitter
la maison sans être accompagné. Ses accès d’extrême peur se caractérisent par
des palpitations cardiaques, des fourmillements dans les mains et il peut à peine
retrouver son souffle. Il se sent chaud, tremblant et désorientée, se sent « quitter
son corps » et ressent « la réalité s’éloigner » et il est persuadée qu‘il fait une
« grave crise psychique ». Les accès tombent du ciel, évoluent en une à deux
minutes au maximum et durent 20 à 30 minutes – une « éternité en enfer ».
Le patient avait déjà ressenti de temps en temps des symptômes similaires pendant
plusieurs années mais la situation s'est aggravé il y a 4 mois quand son amie l'a
soudainement quitté à cause de sa « passivité ». Maintenant, le fait de refaire ces
accès crée une peur de devenir fou et de commencer une psychose. Il passe
maintenant presque tout son temps chez ses parents où il se comporte, et est
traité, comme un invalide.
Monsieur P. est fils unique; ses parents avaient déjà presque la quarantaine quand il
est né. Il présentait une anxiété de séparation considérable lors de son enfance; par
ex. il ne pouvait pas être laissé avec des baby-sitters. Il a été un enfant timide vis-àvis de ses camarades de classe et des paires, mais il n’a pal mal réussi le lycée.
Il a étudié dans une université près de chez lui ce qui lui permettait de vivre chez ses
parents. Il commença ensuite à travailler dans la petite entreprise de son père. Il
souhaitait sortir avec des filles mais était le plus souvent trop timide pour faire le
premier pas et avait besoin que sa mère lui serve d'intermédiaire.
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Cas de Monsieur P. (suite)
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Les symptômes de M. P. ont évolué avec des hauts et des bas depuis 10 ans. Il a parfois
essayé de s'affirmer de diverses manières: en voyageant à l'étranger, en sortant avec
des filles qu'il avait choisies lui-même, et même en quittant l'entreprise de son père et en
trouvant un emploi par lui-même. Ces tentatives se sont toujours soldées par des échecs
humiliants car il devenait chaque fois anxieux, ruminait qu'il était en train de faire une
erreur et finissait par abandonner et par retourner dans le « giron familial ».
Le patient se sent particulièrement lié à sa mère qui est souffrante physiquement. Il craint
qu'elle ne meure bientôt et a peur qu'elle se sente seule s'il n'est pas près d'elle, de
même que lui se sent quand elle n'est pas à ses côtés. La mère de M. P. est également
liée à son fils. Elle ne peut pas supporter ses «souffrances» et est prête à sacrifier sa
relation avec son mari et sa vie sociale pour être avec son fils. Quand ils sont séparés,
M. P. et sa mère se téléphonent plusieurs fois par jour. En même temps, le patient est en
colère contre ses parents et les responsabilise pour ses propres difficultés, leur
reprochant de ne pas l'aimer assez et aussi de l'aimer trop, de ne pas s'occuper de lui
mais aussi de le rendre trop dépendant. Il méprise en particulier son père qui présente
également quelques phobies légères.
M. P. se sent anormal et inférieur. Il s'attend à être critiqué par les autres et est sensible au
rejet. Il est également très critique d'autrui et se sent constamment déçu. Il a eu des amis
proches dans le passé mais se sent maintenant trop gêné pour les contacter. Depuis 4
mois il vit une vie « retirée » et à l’abri et fait s’aider par ses parents, notamment sa
mère, qui prennent toutes les responsabilités et décisions pour lui.
Monsieur P. a suivi deux psychothérapies, pendant chaque fois un an environ. Il est devenu
de plus en plus exigeant puis est déçu et désillusionné par ses thérapeutes et décide
que cela ne mène à rien. Il risque de devenir dépendant de tranquillisants
(benzodiazépines), décrivant notamment des difficultés de les utiliser aux doses
recommandées. Il est intelligent et a une assez bonne perception de ses motivations et
de ses comportements, tout en étant incapable de les modifier.
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Cas de Monsieur P.
1.
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3.
Préparez un diagnostic axial (DSM-IV) de M. P. (en analysant
en détail les catégories : attaque de panique, Trouble panique,
agoraphobie, phobie sociale, et d’autres co-morbidités
éventuelles )
Ses accès de peur portent-ils plutôt sur une catastrophe
« physique » ou « psychique »
Quels sont les facteurs étiologiques, de déclenchment et de
dysfonctionnement probables ?
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