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Résumé
Les hommes et les femmes diffèrent devant la survenue de plusieurs types d’arythmies
cardiaques. Ainsi, la prévalence des fibrillations auriculaires, ou celle du syndrome de Brugada est plus
élevée chez les hommes, tandis que les femmes sont plus susceptibles de développer des torsades de
pointe. La survenue de ces arythmies pourrait être affectée par l’existence de disparités entre les sexes
au niveau de l’activité électrique cardiaque normale. Des différences ont d’ailleurs été décrites dans les
paramètres électrocardiographiques des hommes et des femmes, et notamment au niveau des
paramètres traduisant la phase de repolarisation ventriculaire. Par ailleurs, plusieurs études cliniques et
expérimentales ont permis d’avancer que les androgènes pourraient contribuer à expliquer les
différences homme-femme observées dans la repolarisation ventriculaire. Leur influence sur les autres
paramètres électrocardiographiques a toutefois reçu peu d’attention jusqu’à aujourd’hui. Dans ce
contexte, l’objectif de ce travail était de mieux comprendre l’implication de la testostérone dans les
différences sexuelles observées au niveau de l’électrocardiogramme.
En travaillant à partir d’une cohorte de volontaires sains, nous avons tout d’abord confirmé
l’existence de différences électrocardiographiques rapportées précédemment dans la littérature. Nous
avons de plus noté un segment PR plus long chez les hommes, bien que l’onde P et l’intervalle PR
n’étaient pas significativement différents entre les sexes. Par la suite, nous avons évalué l’association
de la testostérone avec les différents paramètres de l’électrocardiogramme humain. La testostérone était
le plus fortement associée au complexe QRS, au segment ST et à l’intervalle QTc. Nous avons donc
examiné la contribution de la testostérone dans les mécanismes responsables des différences sexuelles
pour ces trois paramètres. D’après les résultats obtenus, la testostérone ne semblait toutefois pas
expliquer ces différences homme-femme.
En conclusion, les résultats de cette étude suggèrent que la testostérone n’est pas responsable
des différences observées au niveau du complexe QRS, du segment ST et de l’intervalle QTc des
hommes et des femmes de notre cohorte. D’autres médiateurs, seuls ou en association avec la
testostérone, pourraient jouer un rôle dans l’établissement de ces différences électrocardiographiques
associées au sexe.
Mots-clés: arythmies, différences sexuelles, ECG, hormones sexuelles, testostérone