e-news médecin-pharmacien juin 2011
Utilisation optimale des aérosols doseurs
La mauvaise utilisation des aérosols doseurs est fréquente et sous estimée, elle tend à
diminuer leur efficacité et influer sur l’observance dans des pathologies fréquentes et en
croissance. L’impact en terme de santé publique est donc important.
Des études ont été menées pour évaluer l’utilisation de ces dispositifs : les résultats sont
interpellants !
Dans une étude de 1994, le pourcentage de mauvaise utilisation a atteint 87 % 1. Dans une
étude plus récente, l’utilisation inadéquate concernait 50,7% des aérosols doseurs mais a
démontré qu’une seule intervention d’apprentissage de 5 à 10 min augmentait
significativement le taux de bonne utilisation.2
Il convient de renouveler cette intervention afin de vérifier si le patient emploie correctement
son aérosol doseur. Cet accompagnement, qui peut se faire au cabinet médical et à la
pharmacie, est valable pour l’ensemble des dispositifs d’inhalation.
Quelles informations dispenser en cas de prescription ou délivrance d’un aérosol
doseur?
• Retirer le capuchon protecteur
• Avant la première utilisation ou s’il n’y a pas eu d’utilisation pendant plus de 15
jours, libérer 3 à 4 fois une dose dans le vide, après avoir agité le dispositif.
• Agiter l’aérosol doseur pendant minimum 10 secondes. Au delà d’une heure de
repos, les deux phases gaz /médicament sont clairement dissociées.
• Tenir l’aérosol doseur verticalement, l’embout vers le bas.
• Pencher la tête légèrement en arrière et vider lentement et complètement les
poumons.
• Placer l’embout dans la bouche entre les dents (sans mordre) et serrer l’embout
entre les lèvres.
• Inspirer lentement et profondément par la bouche (5 à 6 sec) en déclenchant
l’aérosol doseur au cours de la première seconde d’inspiration.
o Recommander l’utilisation d’une chambre d’inhalation.
La coordination main-poumon est un problème fréquent. Si celle-ci est
mauvaise, le principe actif va se retrouver en grande partie dans la cavité
buccale et puis l’estomac. Utile chez tous les patients, la chambre d’inhalation
est particulièrement recommandée chez les enfants en dessous de 4 ans et chez
les patients âgés, certainement en cas d’inhalation de corticoïdes .
Une chambre d’inhalation va, en outre, capter les particules de grande taille, ce
qui diminue la déposition bucco-pharyngée et les effets indésirables locaux. La
déposition pulmonaire est également supérieure avec une chambre d’inhalation
par rapport à l’utilisation d’un aérosol doseur seul.
o Le fait de respirer lentement est important. Une inspiration trop violente
augmente la vitesse du flux ainsi que l’impaction des particules dans la cavité
buccale et les parties hautes de l’arbre bronchique. Un faible débit améliore la
sédimentation dans les parties basses.
1 Chinet T, Huchon G. La mauvaise utilisation des aérosols-doseurs pressurisés dans le traitement des maladies bronchiques.
Fréquence et conséquences cliniques.Ann med int 1994; 145 : 119-124.
2 Inappropriate techniques used by internal medicine residents with three kinds of inhalers: changes after a single
session. J.Asthma 2009 nov 46 (9) : 944-50.