Utilisation optimale des aérosols doseurs La mauvaise utilisation des aérosols doseurs est fréquente et sous estimée, elle tend à diminuer leur efficacité et influer sur l’observance dans des pathologies fréquentes et en croissance. L’impact en terme de santé publique est donc important. Des études ont été menées pour évaluer l’utilisation de ces dispositifs : les résultats sont interpellants ! Dans une étude de 1994, le pourcentage de mauvaise utilisation a atteint 87 % 1. Dans une étude plus récente, l’utilisation inadéquate concernait 50,7% des aérosols doseurs mais a démontré qu’une seule intervention d’apprentissage de 5 à 10 min augmentait significativement le taux de bonne utilisation.2 Il convient de renouveler cette intervention afin de vérifier si le patient emploie correctement son aérosol doseur. Cet accompagnement, qui peut se faire au cabinet médical et à la pharmacie, est valable pour l’ensemble des dispositifs d’inhalation. Quelles informations dispenser en cas de prescription ou délivrance d’un aérosol doseur? • • • • • • • Retirer le capuchon protecteur Avant la première utilisation ou s’il n’y a pas eu d’utilisation pendant plus de 15 jours, libérer 3 à 4 fois une dose dans le vide, après avoir agité le dispositif. Agiter l’aérosol doseur pendant minimum 10 secondes. Au delà d’une heure de repos, les deux phases gaz /médicament sont clairement dissociées. Tenir l’aérosol doseur verticalement, l’embout vers le bas. Pencher la tête légèrement en arrière et vider lentement et complètement les poumons. Placer l’embout dans la bouche entre les dents (sans mordre) et serrer l’embout entre les lèvres. Inspirer lentement et profondément par la bouche (5 à 6 sec) en déclenchant l’aérosol doseur au cours de la première seconde d’inspiration. o Recommander l’utilisation d’une chambre d’inhalation. La coordination main-poumon est un problème fréquent. Si celle-ci est mauvaise, le principe actif va se retrouver en grande partie dans la cavité buccale et puis l’estomac. Utile chez tous les patients, la chambre d’inhalation est particulièrement recommandée chez les enfants en dessous de 4 ans et chez les patients âgés, certainement en cas d’inhalation de corticoïdes . Une chambre d’inhalation va, en outre, capter les particules de grande taille, ce qui diminue la déposition bucco-pharyngée et les effets indésirables locaux. La déposition pulmonaire est également supérieure avec une chambre d’inhalation par rapport à l’utilisation d’un aérosol doseur seul. o Le fait de respirer lentement est important. Une inspiration trop violente augmente la vitesse du flux ainsi que l’impaction des particules dans la cavité buccale et les parties hautes de l’arbre bronchique. Un faible débit améliore la sédimentation dans les parties basses. 1 Chinet T, Huchon G. La mauvaise utilisation des aérosols-doseurs pressurisés dans le traitement des maladies bronchiques. Fréquence et conséquences cliniques.Ann med int 1994; 145 : 119-124. 2 Inappropriate techniques used by internal medicine residents with three kinds of inhalers: changes after a single session. J.Asthma 2009 nov 46 (9) : 944-50. e-news médecin-pharmacien juin 2011 • • • • o Chez l’enfant en bas âge (< 5 ans), il vaut mieux administrer le médicament à l’aide d’une chambre d’inhalation et d’un masque adapté lors du sommeil plutôt qu’en cas de pleurs ou de cris. Retenir sa respiration environ 5 à 10 secondes. La pause respiratoire augmente la déposition bronchique. Expirer lentement Si une deuxième dose doit être administrée, attendre 30 à 60 sec avant la bouffée suivante. Ceci est également vrai avec une chambre d’inhalation. Chaque dose doit être administrée séparément (single puff) et l’inspiration doit se faire dans la première seconde suivant l’envoi de la dose dans la chambre. Administrer deux doses simultanées ou attendre avant l’inhalation diminue la quantité de médicament déposée. A l’exception des chambres d’inhalation métalliques, il faut rincer la chambre avec une eau savonneuse - y compris avant la première utilisation - et laisser sécher à l’air sans rincer ni essuyer. Les chambres d’inhalation métalliques peuvent être rincées à l’eau chaude. e-news médecin-pharmacien juin 2011