méthodologie d’analyse et d’interprétation rythmologique d'un électrocardiogramme Michel Collet Exercice exclusif en cardiologie et pneumologie Clinique vétérinaire des Iles 17 avenue Victor Hugo 38170 – Seyssinet (Grenoble) La lecture d’un tracé électrocardiographique (ECG) requiert une méthodologie rigoureuse afin d’interpréter correctement toutes les informations. Elle aboutit à l’énoncé d’un diagnostic électrocardiographique rythmologique et morphologique. Seul l’aspect rythmologique est développé dans cet article. U n tracé électrocardiographique (ECG) contient énormément d’informations : les principales concernent le rythme cardiaque, d’autres sont liées à l’anatomie cardiaque, péricardiaque et extracardiaque, ainsi qu’aux troubles fonctionnels du myocarde. ● Les informations qui concernent le rythme cardiaque représentent l’aspect rythmologique du tracé. Elles sont très précises et rassemblent : - la fréquence cardiaque (élevée, normale, basse) exprimée en battements par minute (bpm) ; - la régularité du rythme (rythmes réguliers, rythmes irréguliers) ; - le mode de dépolarisation des différents étages cardiaques : dépolarisation normale, dépolarisation continue synchronisée (flutter), dépolarisation continue désynchronisée (fibrillation) ; - l’ordre d’entrée en scène des différents étages cardiaques (étage supraventriculaire, puis étage ventriculaire, ou inversement). ● Les autres informations représentent l’aspect morphologique du tracé. Elles sont moins fiables, mais réelles toutefois. ● L'analyse correcte et complète d'un tracé ECG doit déceler toutes les informations nécessaires à l’interprétation du tracé, c’est-à-dire à la traduction de son analyse en termes de diagnostic électrocardiographique. C’est donc une opération complexe qui sous-entend la connaissance préalable : - des mécanismes de la genèse de la séquence P-QRS-T ; - de la définition du rythme dit sinusal et de ses caractéristiques ECG ; - de la définition des principaux troubles du rythme et de leurs caractéristiques ECG ; - des principaux mécanismes électrophysiologiques conduisant aux troubles du rythme. ● Par ailleurs, elle nécessite de respecter des principes de base et d’adopter une méthodologie rigoureuse qui comprend deux temps principaux : - l’analyse et l’interprétation rythmologique ; - puis, l’analyse et l’interprétation morphologique. ● En électrocardiographie canine et féline, l'importance du diagnostic rythmologique est prépondérante par rapport à celle du diagnostic morphologique. En effet, le 1er est toujours précis et fiable, alors que le 2e est souvent entaché d'incertitudes liées aux limites même de cet aspect de l'électrocardiographie chez les carnivores domestiques. En conséquence, les anomalies morphologiques, toujours confrontées au contexte clinique, ne permettent d’établir qu’un diagnostic de suspicion. LES PRINCIPES DE BASE DE LA MÉTHODE En théorie, l'analyse précède l'interprétation. Lorsqu'on débute en électrocardiographie, ou lorsque, même expérimenté, on se trouve confronté à un tracé complexe, le respect de ce principe évite bien des erreurs (photo 4). En pratique : le praticien expérimenté effectue le plus souvent les deux opérations simultanément. ● L'électrocardiographie n’est qu’un examen complémentaire, il ne doit être envisagé que comme un élément du bilan cardiaque. L'interprétation d'un tracé doit donc également prendre en compte les commémoratifs, l'état clinique général du sujet, les bilans hématobiologique et biochimique, la radiographie thoracique et l'échocardiographie. ● Ce principe est particulièrement justifié pour l’interprétation des anomalies morphologiques d'un tracé. Toute négligence dans ce domaine peut conduire à des diagnostics électrocardiographiques erronés. ● Objectif pédagogique ❚ Comprendre, analyser et interpréter l’aspect rythmologique d’un électrocardiogramme (ECG). 2e Prix éditorial 2012 Essentiel ❚ En électrocardiographie canine et féline, l'importance du diagnostic rythmologique est prépondérante par rapport à celle du diagnostic morphologique. ❚ Les anomalies morphologiques, toujours confrontées au contexte clinique, ne permettent d’établir qu’un diagnostic de suspicion. CANINE - FÉLINE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article 11 LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline vol 12 / n°54 JUIN 2013 - 11