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11 décembre 2013 2327
D’une manière générale, les méthodes d’EERC présen-
tent l’avantage d’être bien tolérées sur le plan hémodyna-
mique et d’éviter les à-coups tensionnels. De plus, elles
limitent la survenue de syndrome de déséquilibre (œdème
cérébral, arythmies ou hypoperfusion splanchnique) associé
à la correction trop brusque de l’osmolarité ou des électro-
lytes.
accès vasculaires
L’EER nécessite un accès vasculaire veineux sous la
forme d’un cathéter double lumière, dont le calibre est typi-
quement entre 11,5 et 14 French. Celui-ci est inséré dans
une veine de gros diamètre (jugulaire ou fémorale) sous
anesthésie locale selon la méthode de Seldinger, de pré-
férence sous contrôle ultrasonographique. Il ne semble pas
exister de différence de risque infectieux entre les abords
cervicaux (jugulaires et sous-claviers) et fémoraux.5 L’abord
fémoral est souvent utilisé pour des raisons pratiques (pré-
sence d’autres cathéters centraux, facilité et rapidité d’in-
sertion). La voie sous-clavière est à décourager car difficile
à comprimer en cas de ponction artérielle accidentelle et
parfois associée à des sténoses vasculaires qui pourraient
prétériter la confection d’une future fistule artérioveineuse.
En fonction de l’anatomie et de la taille du patient, le ca-
théter le plus long possible doit être inséré (voie fémorale
24-28 cm, jugulaire interne (15-20 cm) afin de minimiser la
dysfonction de l’accès.
L’insertion du cathéter est associée à diverses complica-
tions : pneumothorax, hémothorax, ponction artérielle ou
lésion nerveuse. L’incidence de ces complications, entre des
mains expertes, reste faible, mais leur sévérité justifie de
bien valider l’indication à l’EER. De plus, comme tout ca-
théter veineux central, la présence d’un cathéter d’EER pour
une longue période est associée à des complications throm-
botiques et infectieuses. Si les besoins en EER se pro-
longent au-delà de trois semaines, la mise en place chirur-
gicale d’un cathéter tunnélisé doit être discutée.6
solutions physiologiques pour
l’épuration extrarénale continue
Que ce soit comme solution de substitution du liquide
ultrafiltré ou comme liquide de dialysat, une ou plusieurs
solutions physiologiques sont nécessaires à la réalisation
de l’EERC. Ces solutions sont composées d’eau et d’élec-
trolytes ainsi que d’une base anionique (tampon) visant au
contrôle de l’équilibre acido-basique (tableau 1). Les tam-
pons communément utilisés sont le lactate, le bicarbonate
et le citrate.
Les solutions à base de lactate ont longtemps été le
premier choix. Elles sont bon marché, présentent très peu
de risques de contamination bactérienne et sont faciles à
manipuler. Par contre, elles peuvent être associées à une
augmentation de la lactatémie, notamment en cas d’état
de choc ou de défaillance hépatique, qui peut compliquer
le suivi clinique. Les solutions à base de bicarbonate pren-
nent une place croissante et sont largement promues par
l’industrie. Le bicarbonate apporte une meilleure correc-
tion de l’acidose,7 ne modifie pas la lactatémie et présente
une excellente tolérance hémodynamique. Les solutions de
citrate sont discutées plus loin dans cet article.
dose d’épuration extrarénale continue
Par analogie à la clairance de la créatinine, utilisée pour
évaluer la fonction rénale, Ronco et coll.8 ont proposé
d’utiliser le débit d’hémofiltration comme indicateur de la
dose d’EER. Ce volume correspond grossièrement au vo-
lume de liquide de remplacement réinfusé. Il est réglé par
l’utilisateur de manière très simple. Les mêmes auteurs
ont ainsi évalué la relation entre différentes doses d’EERC
et la mortalité. Leurs données ont suggéré qu’une dose su-
périeure à 35 ml/kg/heure était associée à une diminution
de mortalité. Néanmoins, deux grandes études randomisées
et contrôlées, ayant inclus plus de 2500 patients, 9,10 n’ont
pas confirmé le bénéfice à administrer une dose supérieu re
à 20-25ml/kg/heure. Ainsi, une dose initiale de 25ml/kg/
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NaR ClS KR MgR CaR Lactate Glucose (g/l) HCO3S Citrate
Kalilactasol 142 109 2 0,75 1,75 40 1,1 S S
Gambro Hospal AG
Hemosol BO 140 109,5 S 0,5 1,75 3 S 32 S
Gambro Hospal AG
Primasol 140 113,5 4 0,5 1,75 3 6,1 32 S
Gambro Hospal AG
Multibic sol 140 112 0-2-3 ou 4 0,5 1,5 S 5,5 35 S
Fresenius medical car AG
Duosol 140 109-111 ou 113 0-2 ou 4 0,5 1,5 S 5,5 35 S
B. Braun Medical AG
Ci-Ca dialysate K2 133 116,5 2 0,75 0 S 1 20 S
Fresenius medical AG
Na3Citrate S S S S S S S S 136
Fresenius medical AG
Tableau 1. Composition de certaines solutions disponibles pour l’épuration extrarénale continue en Suisse
(Concentrations en mmol/l sauf glucose).
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