La CRT abaisse significativement la mortalité des
patients ayant une insuffisance cardiaque à un
stade avancé (NYHA 0III), avec fraction d’éjection
diminuée et complexe QRS large (0120 ms)
par rapport au traitement médicamenteux opti-
misé, elle améliore la symptomatologie et semble
même avoir un bon rapport coût–efficacité [7, 8].
De nombreux patients n’ont plus aucune diffi-
culté dans leur vie courante après implantation
d’une CRT. Le plus grand risque pour eux n’est
donc plus la défaillance de la pompe cardiaque,
mais la mort cardiaque subite. Selon quelques
orateurs à ce congrès, cela parle pour l’utilisation
généreuse d’une intervention combinée de la
CRT avec défibrillateur intracardiaque (CRT-D);
d’autres ne voient l’indication à une telle associa-
tion que lorsque la CRT est indiquée et la proba-
bilité de survie supérieure à cinq ans. Des études
randomisées doivent encore montrer chez quels
patients l’implantation d’une CRT isolée et chez
lesquels une intervention combinée est indiquée.
Bien que la durée du QRS soit toujours le critère
pour ou contre une CRT, l’indication est au-
jourd’hui parfois posée par échocardiographie.
20–30% des patients en insuffisance cardiaque ne
répondent pas à la CRT. Certains éléments mon-
trent que ce pourcentage peut être réduit par
l’échocardiographie, ce qui permettrait d’épar-
gner une intervention chère et sans grandes
chances de succès. Mais il faut encore pour cela
une certaine expérience, et de nouvelles études
devront montrer dans quelle mesure l’échocar-
diographie permet d’améliorer véritablement les
chances de succès comparativement au critère
très simple et largement indépendant de l’exami-
nateur qu’est la largeur du QRS.
Une nouvelle fonction des appareils CRT est inté-
ressante, car grâce à un senseur intracardiaque,
ils peuvent donner des renseignements sur le
volume et la pression [9], ce qui pourrait permet-
tre d’identifier et de traiter précocement les
aggravations précliniques. Les premières étu-
des permettent en outre de penser que les pa-
tients n’ayant que des symptômes d’insuffisance
cardiaque discrets pourraient profiter de l’im-
plantation d’un tel appareil. Ces hypothèses doi-
vent encore être confirmées par de plus grandes
études.
Traitement des patients
en insuffisance cardiaque ayant
d’autres maladies
Patients ayant une cardiopathie coronarienne
La cardiopathie coronarienne est la cause la plus
fréquente (70%) d’insuffisance cardiaque. Un
tiers de ces patients ont une fonction ventriculaire
gauche conservée. L’hypertension et la fibrillation
auriculaire sont d’importants mécanismes phy-
siopathologiques, en plus de l’ischémie et de
l’hibernation du myocarde.
CURRICULUM Forum Med Suisse 2007;7:413–418 415
un bêtabloquant ou un inhibiteur de l’ECA (par
ex. si tachycardie plutôt bêtabloquant) [4]. Si l’un
de ces médicaments est bien titré, il est possible
de commencer avec l’autre. En clinique, l’aug-
mentation parallèle des doses s’est avérée prati-
cable, mais en alternance.
En cas de surcharge volumique, un diurétique est
indiqué. Dans l’insuffisance cardiaque, le tora-
sémide a des caractéristiques pharmacologiques
plus intéressantes que le furosémide [5]. Avec son
effet de rebond, le furosémide doit être adminis-
tré deux fois par jour au moins, et encore mieux,
trois fois par jour!
Les experts sont tous d’accord sur le fait que les
patients encore symptomatiques après traite-
ment par inhibiteurs de l’ECA, bêtabloquants, évt
diurétique ont besoin d’un traitement addition-
nel. En cas de symptomatologie marquée (NYHA
0III) spironolactone, et moins marquée (NYHA II)
un AIIA. L’association de ces trois substances
(inhibiteur de l’ECA, AIIA et spironolactone) ne
devrait être administrée que par des médecins en
ayant une bonne expérience et sous contrôle
étroit de la créatinine et du potassium.
Les premières études montrent que les patients
en insuffisance cardiaque peuvent profiter des
statines [6]. Les résultats de deux études rando-
misées (CORONA et GISSI-HF) nous diront plus
précisément d’ici quelques années si les statines
ont leur place dans le traitement de l’insuffisance
cardiaque indépendamment de la cholestéro-
lémie.
L’aspirine et les revascularisations se sont avé-
rées inefficaces dans le traitement de routine de
l’insuffisance cardiaque et devraient être réser-
vées aux patients ayant une cardiopathie corona-
rienne ou une ischémie notable (symptomatique).
De nouvelles options intéressantes semblent
être le traitement d’une anémie par érythropoïé-
tine et celui d’une carence martiale. Mais nous
ne disposons pas encore de résultats de grandes
études cliniques randomisées. Une petite étude
a montré un bénéfice de la testostérone, mais la
proportion de drop-out a été très élevée. L’immu-
nomodulation ne s’est avérée efficace que dans
des sous-groupes de patients ayant une insuffi-
sance cardiaque non ischémique ou à un stade
non avancé d’insuffisance cardiaque ischémique.
Toutes ces options thérapeutiques ne doivent
donc actuellement être appliquées que dans le
cadre d’études.
Resynchronisation
(Cardiac
Resynchronisation Therapy, CRT)
Les objectifs de la CRT sont les suivants:
– optimisation du retard atrioventriculaire;
– réduction de la dyssynchronie interventricu-
laire;
– réduction de la dyssynchronie intraventricu-
laire.