préféré au général Sabattier, pour une mission aux aspects tant politiques,
diplomatiques que militaires ? Pourquoi lui subordonner Leclerc dont le prestige militaire
l'emportait sans doute sur celui dont pouvait jouir l'amiral Thierry d'Argenlieu ? Lorsque
le haut commissaire s'installa au palais Norodom, siège du gouvernement général, il
avait cinquante-six ans. C'était un marin et plusieurs amiraux avaient été dans le passé
chargés des affaires d'Indochine, à commencer par le dernier gouverneur en date,
l'amiral Jean Decoux. Thierry d'Argenlieu avait tenu au titre de haut commissaire - le
gouverneur général relevait, en effet, du ministère des colonies, le haut commissaire
directement du chef du gouvernement -, mais la situation qu'il trouva et le toujours plus
difficile "retour" des Français dans la péninsule au fur et à mesure que le temps passait
allaient singulièrement compliquer sa tâche. Comme pour les papiers de la période
Pacifique, les papiers de l'Indochine présentent des dossiers thématiques et une
abondante correspondance reçue et envoyée par le haut commissariat. Parmi les
dossiers thématiques on peut relever ceux qui concernent les différents "pays"
constituant ce qui était devenu l'Indochine française héritée de la IIIe République :
royaumes du Laos et du Cambodge (517 AP 32, dossiers 3 et 4), Cochinchine (517 AP
32, dossier 5 et 517 AP 36, dossier 3), par exemple. Les archives de la seconde
conférence de Dalat, tenue en août 1946, au cours de laquelle d'Argenlieu tenta
d'extraire la Cochinchine de la sphère d'influence Viêt Minh en s'appuyant sur les
minorités et les populations montagnardes, alors que les négociations entre le
gouvernement français et Ho Chi Minh à Fontainebleau piétinaient, sont sans doute plus
originales que celles de la première conférence de Dalat tenue au printemps 1946 (517
AP 32, dossier 8 et 517 AP 34-35). Les dossiers qui concernent les suites de la
conférence de Fontainebleau (application du modus vivendi Moutet-Ho Chi Minh,
événements d'Haïphong ...) sont riches en rapports qui montrent bien la reprise de la
guérilla (517 AP 36). Les documents tantôt descriptifs tantôt synthétiques intulés
"memorandums d'ordre politique ou militaire" constituent une source très intéressante
qui est sans doute le plus fidèle reflet des options que l'amiral défendit pendant qu'il fut
en charge de l'Indochine (517 AP 32, dossiers 10 et 11), même si l'on peut regretter que
l'amiral ait retiré du dossier sa "correspondance personnelle et celle de Leclerc jusqu'à
son départ d'Indochine". La correspondance reçue et envoyée constitue un ensemble
important (517 AP 40-43). Quelques courriers reçus de personnalités ont été du temps
de l'amiral distraits des séries chronologiques de correspondance pour constituer des
dossiers classés par nom de correspondants. On y trouve le général Alessandri, Vincent
Auriol, Georges Bidault, Léon Blum, Max André, lord Mountbatten, Marius Moutet, etc.
Les messages et discours de l'amiral (517 AP 31) sont conservés ainsi qu'une
importante revue de presse (517 AP 30), et de la documentation rassemblée par l'amiral
ou ses collaborateurs (517 AP 44 à 49).
Les derniers cartons de ce fonds regroupent le courrier reçu et envoyé par l'amiral
une fois revenu d'Indochine (517 AP 50 à 56), certains de ses écrits et conférences (517
AP 57 à 59, dont le tapuscrit de la Chronique d'Indochine, 517 AP 59) ainsi que des
souvenirs de guerre de personnalités, parus dans la presse pour la plupart, que l'amiral
avait sans doute rassemblés et conservés pour rédiger ses propres souvenirs (517 AP
60 à 64).
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