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N° 84 – Mercredi 5 mai 99
M. ANGELS. – Il s’agit de trans-
férer le dernier alinéa de l’article 6
à l’article premier, celui-ci définis-
sant les missions d’intérêt général
des caisses d’épargne.
M. MARINI, rapporteur. – Nous
n’avons pas de désaccord sur
le fond, mais sur la place que ces
dispositions doivent occuper dans le
texte.
L’article premier exprime de ma-
nière générale, très qualitative et très
peu normative, les missions des
caisses d’épargne. L’article 6 préci-
se de façon plus technique et opé-
rationnelle les conditions d’affecta-
tion des résultats des caisses. C’est
à cet article que l’on trouve la dé-
finition concrète des projets suscep-
tibles d’être financés par les caisses
d’épargne au titre de ce que l’on
appelle, d’ailleurs improprement, le
dividende social.
Cet amendement est donc confor-
me à la logique du texte mais il
serait préférable de le rattacher à
l’article 6. Je souhaiterais donc que
M. Angels se rallie à l’amendement
n° 7 de la commission qui est sen-
siblement identique au sien et qui
porte sur l’article 6.
L’amendement n° 127, accepté par
le Gouvernement, n’est pas adopté.
L’article premier, modifié, est adop-
té.
M. LE PRÉSIDENT. – Article 2.
Le réseau des caisses d’épargne
comprend les caisses d’épargne et
de prévoyance, les groupements lo-
caux d’épargne, la Caisse nationale
des caisses d’épargne et de pré-
voyance et la Fédération nationa-
le des caisses d’épargne et de pré-
voyance.
M. LISE. – Je souhaite attirer
votre attention, monsieur le Ministre,
sur la situation très particulière des
caisses d’épargne des D.O.-M. ou,
plus exactement, des caisses des An-
tilles, puisque comme vous le sa-
vez celle de Guyane n’existe plus
et que celle de la Réunion a été
rattachée à la caisse de Provence-
Alpes-Côtes d’Azur.
On peut craindre que l’actuelle ré-
forme ne leur crée de sérieuses dif-
ficultés compte tenu des handicaps
structurels qu’elles connaissent et qui
sont de trois ordres: les coûts de
structures y sont en effet beaucoup
plus élevés qu’en métropole du fait
de charges de fonctionnement spéci-
fiques et du fait qu’un grand nombre
d’épargnants utilisent leur compte sur
livret comme des comptes courants.
En outre, l’épargne des ménages dis-
ponible est relativement réduite, ce
qui posera d’indéniables problèmes
lors de la vente des parts sociales.
Enfin, le niveau de fonds propres
est particulièrement faible.
Ainsi la caisse métropolitaine ayant
le plus bas niveau de capitaux
propres dispose d’une réserve cor-
respondant à huit fois celle de la
caisse de Martinique qui se monte
à 68 millions de francs, la caisse
de Guadeloupe en dispose de moi-
tié moins avec 35 millions, soit
exactement le niveau requis dans le
cadre de la dotation statutaire mi-
nimum des établissements bancaires.
De toute évidence, ce projet de
loi a été conçu pour des caisses
disposant d’une surface financière
beaucoup plus importante, consé-
quence des regroupements opérés en
métropole au cours de cette derniè-
re décennie. On ne peut donc se
contenter de l’appliquer aux Antilles
sans prendre des précautions toutes
particulières. Il en va de la survie
même des deux petites caisses qui
s’y trouvent et dont personne ne
peut sous-estimer l’intérêt sur le plan
local.
J’ai renoncé à déposer des amen-
dements qui auraient semblé aller à
contre-courant de cette réforme dont
je comprends bien l’inspiration. Mais
je souhaite vraiment obtenir des as-
surances quant à la volonté du Gou-
vernement de prendre toutes les dis-
positions nécessaires, autres que lé-
gislatives, pour que les deux caisses
de Martinique et de Guadeloupe puis-
sent poursuivre, voire renforcer, les
missions indispensables d’intérêt gé-
néral au service des populations
concernées.
M. LE PRÉSIDENT. – Amende-
ment n° 2, présenté par M. Marini
au nom de la commission des
Finances.
Dans cet article, supprimer les
mots:
«les groupements locaux d’épar-
gne,».
M. MARINI, rapporteur. – Il
s’agit d’un amendement de simple
conséquence de la position de prin-
cipe que votre commission vous de-
mandera de prendre à l’article 4
sur la suppression des groupements
locaux d’épargne et que nous sou-
haitons voir remplacer par des sec-
tions locales d’épargne, subdivisions
de l’assemblée générale des socié-
taires. Je préférerais donc attendre
cet article pour me lancer dans une
explication de fond puisque nous pro-
poserons de le modifier substantiel-
lement. Au cours de la discussion
générale, j’ai indiqué pour quelles
raisons nous ne pensions pas sou-
haitable de créer des groupements
locaux d’épargne. Qu’il me suffise
donc de dire que cet amendement
n° 7 est un amendement de consé-
quence qui découle de notre volon-
té de simplifier l’architecture des
caisses d’épargne.
M. STRAUSS-KAHN, ministre de
l’Économie. – Je voudrais tout
d’abord dire à M. Lise qu'il a eu
raison de faire remarquer que la
situation des caisses d’épargne en
Martinique et en Guadeloupe était
spécifique: avec respectivement 68 et
35 millions, leurs fonds propres sont
faibles, même si elles collectent 75%
de l’épargne de ces îles alors que
ce pourcentage est de 50% pour
l’ensemble du réseau. Cela démontre
bien l’importance de ces caisses dans
les D.O.-M. Je vous donne l’assu-
rance que le Gouvernement tiendra
compte de la spécificité de la si-
tuation afin que le retour sur in-
vestissement soit assurée, notamment
aux Antilles. Certes, il faudra pré-
voir des procédures particulières mais
nous y veillerons.
J’en viens à l’amendement n° 72
et aux groupements locaux d’épargne
dont nous avons déjà parlé cette
après-midi. Le Gouvernement consi-
dère que ces groupements sont né-
cessaires et votre rapporteur est à
tel point d’accord avec moi, qu’il
propose de créer une structure sem-
blable mais privée de la personna-
lité morale. C’est une différence mi-
neure au regard des avantages que
l’on peut en retirer.
En outre, je n’ai pas évoqué cet
après-midi un autre avantage qui tient
à ces groupements: nous souhaitons
que le sociétariat soit uniformément
réparti sur le territoire; or si de
telles structures n’existent pas, nous
risquons de le voir se concentrer
dans les chefs-lieux ou les villes.
Si l’on veut vraiment toucher tout
le pays, il faut un intermédiaire et
le groupement local d’épargne répond
à cette exigence.
Je ne vois donc pas bien pourquoi
vous souhaitez tellement compliquer
le débat en lui refusant la person-
nalité morale. Je ne comprends pas
cet acharnement. Je ne suis donc
pas favorable à cet amendement.
M. CARRÈRE. – Je suis vrai-
ment très étonné que vous mainte-
niez cet amendement, monsieur le
Rapporteur, d’autant plus que vous
proposez de substituer aux groupe-
ments une autre structure mais dé-
nuée de personnalité morale. Quand
on connaît la difficulté qu’il y a à
regrouper sur un seul site les