La restructuration du système bancaire espagnol prend du retard

ÉCONOMIE & FINANCE
/ L’AGEFI HEBDO 19
du 21 au 27 janvier 2010
Le système
bancaire espagnol
a été calibré
pour une
croissance
du PIB de plus
de 3 % l’an
et une croissance
du crédit
de 15 %.
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La restructuration du système
bancaire espagnol prend du retard
Les fusions entre les 45 caisses d’épargne hispaniques sont engagées
mais aucun projet n’a pour l’instant abouti.
banques espagnoles ont connu dans
les années 90. A la Banque d’Espagne,
on estime qu’un tiers des enseignes
devraient être absorbées.
En mars 2009, le premier sauvetage
en urgence de la caisse Caja Castilla La
Mancha avait secoué le secteur et ren-
forcé le sentiment d’urgence. On vantait
alors les vertus des fusions inter-régio-
nales qui offriraient le plus de synergies
en rassemblant des marchés complé-
mentaires ne souffrant pas des mêmes
problèmes. Mais ces velléités ont été
bloquées par les gouvernements régio-
naux et les autorités locales qui tiennent
les conseils d’administration et ne veu-
lent pas voir leur infl uence s’étioler.
Mise en place du SIP
Certains établissements tentent de
contourner ces freins en utilisant une
procédé introduit il y a peu, le SIP
(système institutionnel de protection),
structure faîtière à laquelle les enseignes
participantes transfèrent une partie de
leurs ressources et activités. Mais la
plupart des opérations engagées res-
tent cependant confi nées au cadre ter-
ritorial des régions autonomes, ce qui
peut entraîner des doublons parmi le
personnel ou dans le nombre et la loca-
lisation des bureaux de banques. Les
restructurations nécessaires pourraient
donc être coûteuses pour les mêmes
gouvernements régionaux désireux de
garder les caisses dans leur giron.
La lenteur du processus de fusions
s’explique également par des « résul-
tats 2009 meilleurs que prévu , affi rme
Alfonso García (environ 4,5 milliards
jusqu’en septembre 2009 pour le sec-
teur, soit une baisse annuelle de 34 %).
La nécessité de fusionner s’est donc faite
moins pressante ». Enfi n, le Frob, censé
faciliter les fusions, n’a pas encore été
approuvé par Bruxelles, ce qui entraîne
une « certaine insécurité juridique ».
Du côté des caisses d’épargne, on
dénonce aussi ses conditions de fi nan-
cement plus strictes et chères que cel-
les du marché mais on regrette surtout
d’être montré du doigt aussi clairement.
« Le Frob a été conçu pour tous. Or, on
l’associe toujours aux caisses d’épar-
gne , souligne un acteur du secteur. Il
y a beaucoup de banques de petites
tailles et l’on pourrait avoir des surpri-
ses. » Le secteur reproche de plus à la
Banque d’Espagne de ne pas avoir été
assez « courageuse » et « exposé plus
clairement la carte fi nancière qu’elle
recherchait. Nous en sommes à pour-
suivre uniquement ce qui est faisable
plutôt que les solutions idéales ».
La reprise annoncée de la liqui-
dité en excès par la Banque centrale
européenne représente un autre sujet
d’inquiétude pour les observateurs et
les acteurs du secteur qui réclament
un processus de restructuration plus
rapide. Le système bancaire espagnol
n’ayant pas ou peu touché aux actifs
toxiques, il n’a pas eu besoin d’être
recapitalisé lors de la première phase
de la crise fi nancière. Mais la détério-
ration économique qui a suivi le frappe
de plein fouet. « Il faut que L’Espagne
se presse , met en garde Alfonso García.
Elle ne peut pas sortir de la crise sans
avoir recapitalisé son système. »
PAR Elodie Cuzin, à Madrid
A nnoncée en fanfare en juin
dernier, la création par le gou-
vernement espagnol d’un fonds
destiné à accélérer la « restructuration
ordonnée du système fi nancier » (Frob)
n’a pas eu l’effet stimulant attendu.
Les plans de fusions ont bien com-
mencé à apparaître dès l’été 2009, et
aujourd’hui, une vingtaine des 45 cais-
ses espagnoles sont engagées dans divers
processus de rapprochements. Mais
aucun n’a encore abouti et les deux
grandes, Caja Madrid et La Caixa, ne
sont pas entrées dans le mouvement.
La madrilène pourrait cependant se
lancer une fois son nouveau dirigeant,
Rodrigo Rato, ancien directeur général
du FMI (Fonds monétaire internatio-
nal), installé à son poste.
« Le système bancaire espagnol doit
être redimensionné , admet Alfonso
García, directeur de la fi rme de conseil
Analistas Financieros Internacionales
(AFI). Il a été calibré pour une crois-
sance du PIB de plus de 3 % l’an et une
croissance du crédit de 15 %. Il doit
aujourd’hui restructurer ses capacités
en générant des synergies à travers des
fusions. »
Des taux d’impayés de 4 % à 5 %
Après dix ans de boom économique,
l’Espagne affi che le taux de chômage le
plus élevé de la zone euro, à 19,4 %, et
sera l’un des derniers Etats membres à
sortir de la récession. Si les taux d’im-
payés n’ont pas encore atteint les 10 %
annoncés par les analystes les plus
pessimistes, ils sont toutefois de 4,2 %
pour les banques et de 5,1 % pour les
caisses. Il y a unanimité en Espagne sur
la nécessité de voir les caisses d’épar-
gne, pour certaines fortement exposées
au secteur immobilier aujourd’hui en
berne, fusionner. Un processus que les
Source : Banque d'Espagne
Une part grandissante du marché domestique
Parts de marché* en % et variation**
Caisses
d'épargne
Banques
Coopératives
*à octobre 2009, **depuis janvier 2009
Dépôts Crédits
50,80
+0,81 %
47,64
+0,41 %
43,25
-1,14 %
47,33
-0,53 %
Banques Caisses
d'épargne
Coopératives
5,95
+0,33 %
5,03
+0,12 %
1 / 1 100%
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