Technical Assistance to the GCCA Climate Support Facility under the 10th EDF Intra-ACP Financial Framework Work Order 8 Mission de renforcement des capacités à la conduite des inventaires des GES et les évaluations de la vulnérabilité aux changements climatiques en Cote d'Ivoire Rapport de Mission Mission de terrain 29 Septembre au 17 Octobre 2012 Abidjan Dr. Abdelkader Allali Quality control : Manuel Harchies Consortium SAFEGE-Prospect-ADETEF-Eco – Gulledelle 92, 1200 Brussels, BELGIUM Climate Support Facility – Rapport de mission « Inventaires GES et études de vulnérabilité » Table des matières I. INTRODUCTION II. DESCIPTION ET OBJECTIFS DE LA MISSION III. DESCRIPTION DES ACTIVITES MENEES IV. ANALYSE DE LA SITUATION V. RECOMMENDATIONS VI. BIENFONDE D'UN PLAN D'ACTION DANS LE CADRE DU PROGRAMME INTRA-ACP DE L’AMCC VII. CONCLUSION IIX. ANNEXES 2 Climate Support Facility – Rapport de mission « Inventaires GES et études de vulnérabilité » I. INTRODUCTION: La Côte d'Ivoire est Partie non visée à l'Annexe I de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques/CCNUCC depuis 1994 et a soumis depuis lors deux communications nationales au Secrétariat de cette convention. La première en 2001 et la seconde en 2010. Ces deux communications nationales ont été élaborées avec l'aide de consultants externes. Avec l'entrée en vigueur de l'actuel gouvernement (2011), un certain nombre de réformes institutionnelles ont été menées dans le domaine du changement climatique. En particulier, un nouveau programme pour coordonner les questions de changement climatique a été créé au Ministère de l'Environnement et du Développement Durable/MINEDD. Ce programme est dénommé «Programme National pour l'Atténuation des GES et l'Adaptation aux Changements Climatiques " et organisé en 4 cellules: (1) Inventaires de GES; (2) Atténuation; (3) Vulnérabilité et l'adaptation ; (4) Transfert de technologies, recherche et observations du climat. Certains des agents recrutés pour ce nouveau programme sont relativement peu expérimentés et n'ont pas été impliqués dans les précédentes activités connexes, telles que la préparation des communications nationales. Avec la création de ce nouveau programme national, la Côte d'Ivoire dispose d'une équipe permanente qui prend en charge le traitement des questions de changement climatique et le mise en œuvre des obligations et des exigences en tant que partie de la Convention. Afin de renforcer les capacités de cette équipe nouvellement recrutés, la Côte d'Ivoire a sollicité et a obtenu l’assistance technique du programme intra-ACP de l’Alliance Mondiale sur les Changements Climatiques/AMCC. Selon le processus des communications nationales, la CCNUCC stipule que les Parties non-visées à l’annexe I, devraient inclure les éléments suivants: Un inventaire national des émissions anthropiques par sources et les absorptions par les puits de tous les GES non réglementés par le Protocole de Montréal, dans la mesure où les capacités de la Partie le permet, en utilisant des méthodes comparables à être promu et approuvé par la Conférence des Parties (CdP), Une description générale des mesures prises ou envisagées par la Partie pour mettre en œuvre la Convention, Toute autre information dont la Partie juge utile à la réalisation de l'objectif de la Convention et appropriée à figurer dans sa communication, y compris, si possible, les documents pertinents pour le calcul des tendances des émissions mondiales. Pour aider les pays non visés à l'annexe I à satisfaire aux exigences des rapports nationaux, un ensemble de directives a été élaboré (version révisée adoptée à la CdP 8) avec un manuel utilisateur permettant de faciliter l'utilisation de ces lignes directrices. Outre ces documents, d’autres matériels de formation, des documents méthodologiques et logiciels pour les inventaires de GES ont été mis à la disposition, principalement grâce aux efforts du groupe consultatif d'experts (GCE) sur les communications nationales des Parties non-Annexe I. La plupart de ces documents sont publiés sur le site Web de la CCNUCC, sous la rubrique relative aux rapports nationaux « communications nationales (non-Annexe I) , matériel de formation et documents méthodologiques spécifiques aux pays». Les inventaires des GES et les évaluations de la vulnérabilité au changement climatique constituent les bases d'une bonne d’atténuation des changements climatiques et du plan d’adaptation. Il est donc important que les inventaires et les études d'évaluation soient effectués d'une manière appropriée et par du personnel qualifié. Dans cette optique, le renforcement des capacités pour le personnel permanent du Programme National pour l'Atténuation des GES et l'Adaptation aux Changements Climatiques est pleinement justifié. En ce qui concerne les priorités de l'AMCC, le renforcement des capacités dans les évaluations de vulnérabilité permettaient la mise en œuvre des programmes et des mesures d'adaptation plus appropriées. 3 Climate Support Facility – Rapport de mission « Inventaires GES et études de vulnérabilité » II. DESCRIPTION ET OBJECTIFS DE LA MISSION : Afin de conduire de manière efficace les inventaires des GES et les évaluations de la vulnérabilité aux changements climatiques, la Côte d’Ivoire a sollicité et a obtenu l’assistance technique du programme intra-ACP. Cette assistance porte sur la mise à disposition d’un expert international pour le renforcement des capacités des acteurs nationaux, notamment sur le renforcement des capacités dans la préparation des communications nationales, avec un accent particulier sur les méthodes actuellement recommandées et des outils pour l’inventaire des GES et évaluations de vulnérabilité. Ces outils ensemble devraient fournir une base nécessaire pour la planification de nouvelles mesures en vue de la mise en œuvre de la Convention. Les objectifs de cette mission se décomposent en un objectif général et un objectif spécifique: • Objectif général : Renforcer les capacités de la Côte d'Ivoire en tant que Partie à la CCNUCC ; • Objectif spécifique : Former le personnel dans l’élaboration entière des communications nationales, avec un accent particulier sur la conduite des inventaires de GES et les évaluations de la vulnérabilité. Les tâches spécifiques requises lors de la mission sont: 1. Réviser les communications nationales antérieures soumises par la Côte d'Ivoire; 2. Réviser les lignes directrices actuellement appliquées et les méthodes et matériels de formation existants dans les secteurs appropriés : le développement des communications nationales, les inventaires de GES et les évaluations de la vulnérabilité ; 3. Organiser un atelier pour le personnel portant sur l’élaboration des communications nationales, les inventaires de GES et les évaluations de la vulnérabilité (sur la base des directives de la CCNUCC et le manuel utilisateur; avec un accent particulier sur les méthodologies, les outils et logiciels, et en utilisant les résultats de la première et deuxième communication du pays en tant que matériaux de référence). En ce qui concerne les inventaires de GES, les secteurs suivants doivent être couverts: agriculture, énergie, procédés industriels, utilisation des terres, foresterie et déchets; 4. Évaluer la situation actuelle (données disponibles et leur fiabilité, équipements et capacités humaines) pour l’élaboration de la communication nationale et identifier les lacunes ; 5. Explorer les possibilités pour la Côte d'Ivoire d’avoir accès au soutien financier et technique fourni par le FEM (en ce qui concerne les lacunes identifiées) ; 6. Élaborer un plan d'action pour le développement de la prochaine communication nationale, y compris un budget et ressources humaines requises et les compétences ; 7. Présenter et discuter du plan d'action projet aux parties prenantes. 8. Organiser un atelier de renforcement des capacités des parties prenantes aux inventaires de GES et évaluations de la vulnérabilité durant la période du 11 au 13 Octobre 2012. III. DESCRIPTION DES ACTIVITES MENEES : Pour atteindre ces objectifs, les activités suivantes ont été entreprises : - Des réunions de travail avec les responsables au niveau du Ministère de l'Environnement et du Développement Durable, notamment le Cabinet du Ministère, la Direction Générale de l'Environnement, les Points Focaux des 3 Conventions des Nations Unies: Changements climatiques, Diversité biologique et Lutte contre la désertification. En plus de Coordination de l'Autorité Nationale Désignée du Mécanisme de Développement Propre. - Des rencontres et entretiens avec des institutions sous tutelles d'autres ministères notamment: • Direction de la Production et des Industries Forestières / DPIF du Ministère des Eaux et Forets, • Centre Universitaire de Recherche et d'Application à la Télédétection/CURAT de l'Université Félix Houphouët Boigny, le Centre de Recherches Océanologiques/CRO et la Direction de la Recherche Scientifique et de l'Innovation Technologique du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, • Centre National de la Recherche Agronomique / CNRA et Office National de Développement de la Riziculture du Ministère de l'Agriculture. • Direction de la Météorologie Nationale / DMN sous tutelle de la Société d'Exploitation et de Développement Aéroportuaire, Aéronautique et Météorologique/SOAEXAM du Ministère des Transports, • Agence Nationale d'Appui au Développement Rural sous tutelle du Ministère de l'Agriculture et du Ministère de la Production Animale et Ressources Halieutiques, • Institut National de la Santé Publique du Ministère de la Santé Publique, • Conseillers techniques et services compétents du Ministère des Ressources Animales et halieutiques. 4 Climate Support Facility – Rapport de mission « Inventaires GES et études de vulnérabilité » • Institut Pédagogiques de l'Enseignement Technique et Professionnel / IPNETP du Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, • Confédération Générale des Entreprises de Cote d'Ivoire / CGECI qui représente le patronat Ivoirien, • Fédération des Réseaux et Associations de l'Energie, l'Environnement et le Développement Durable qui représente la société civile. • Président de la commission environnement et tourisme du Conseiller Municipal de la Mairie de Jacqueville. D'autres rencontres ont été effectuées avec les chargés de programmes en relation avec les changements climatiques au niveau des représentations des organismes internationaux tels que l'Agence Française de Développement en Cote d'Ivoire-Liberia, le PNUD, la Délégation de l'Union Européenne, la Coopération Allemande GIZ et la Commission Nationale Point Focal Opérationnel du FEM en Cote d'Ivoire. La FAO et la Banque Mondiale n'ont pas manifesté de réponse vis à vis de la correspondance du MINEDD sur le sujet, ces institutions devraient jouer un rôle dans les actions futurs à entreprendre dans le pays sur la problématique des changements climatiques notamment pour le liens de ces actions avec les projets de développement durable, la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté. Durant cette phase, les entrevues ont permis le recueil de complément d'information pertinentes en relation avec la révision des documents de la communication nationale, la préparation du contenu et matériels de formation pour l’atelier à organiser dans le cadre de cette mission, et l'élaboration d'un projet de plan d'action d'accompagnement pour le développement de la prochaine communication nationale, basée sur l'analyse détaillée de la situation. IV. ANALYSE DE LA SITUATION : En référence aux deux premières communications nationales de la Cote d'Ivoire, le changement climatique est une réalité qui touche considérablement le pays sur les plans social, économique et environnemental. C’est un phénomène qui va affecter le pays dans la durée mais dont le gouvernement ne peut mesurer à l’heure actuelle toutes les conséquences sur le plan environnemental et socio-économique, bien que les projections identifient déjà une forte probabilité de pertes importantes de productions agricoles et des altérations des écosystèmes. En effet, le pays ayant pris conscience de ce problème et a engagé les mesures conséquentes mais encore insuffisantes: 1- Sur le plan institutionnel, un nouveau programme a été créé au Ministère de l'Environnement et du Développement Durable pour coordonner les questions de changement climatique. Ce programme est dénommé Programme National pour l'Atténuation des GES et l'Adaptation aux Changements Climatiques, qui devrait avoir en charge le suivi de la mise en œuvre les objectifs de la CCNUCC et le développement des synergies avec les deux autres Conventions (biodiversité, désertification et déforestation). 2- Sur le plan de la communication nationale, et à l’instar des autres pays en développement en tant que Partie contractante à la CCNUCC, le pays n'a pas entrepris une tentative d'analyse et d'exploration appropriée des deux communications nationales notamment en ce qui concerne l’analyse d’atténuation des émissions de GES n'a pas été diffusé ou vulgarisé auprès des principaux partenaires pour utilisation en qualité d'outil incontournable de prospection et de mobilisation d'opportunités techniques et financières en matière d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques. La plupart des institutions contactées ont déclaré n’avoir pas contribué au processus de préparation des deux rapports des communications nationales du pays sur les changements climatiques, et n'ont même pas été informés des versions officielles de ces rapports ou résumés synthétiques de leurs résultats ou recommandations pour éventuelles exploitation ultérieures. 3- Sur le plan technique, il est à signaler que les bonnes pratiques d’atténuation de risques et d’adaptation aux changements climatiques n'ont pas été suffisamment développées dans les deux premiers exercices de la communication nationale, notamment en matière d'exécution de projets sur le terrain en relation avec les efforts de développement durable. Ce qui explique que très peu d'actions de résilience ont été entreprises par des associations de la société civile ou par le privé en l'absence d'étude de vulnérabilités des ressources naturelles du pays vis à vis des changements climatiques. 4- La société civile et le secteur privé n'ont pas été impliqués et n'ont pas eu accès aux conclusions et apports des premières communications nationales. Aussi, ils n'ont pas été assisté ou sensibilisé pour accompagner les efforts de l'état en matière de promotion et multiplication d'initiatives relevant de l’adaptation et atténuation des changements climatiques notamment par le biais d'actions de développement durable ou de promotion de l'économie verte. 5 Climate Support Facility – Rapport de mission « Inventaires GES et études de vulnérabilité » Une telle situation n'est pas très encourageante, et témoigne d'une faible prise de conscience des effets du changement climatique. Ce qui risque de limiter éventuellement l’efficacité des actions d'adaptation et les mesures d'atténuation envisagées dans le rapport de communication nationale, et de freiner la cohérence des actions et des multiples initiatives mise en œuvre dans ce domaine par les partenaires de développement représenté dans le pays. En effet, la lutte contre le changement climatique implique tous les secteurs socioéconomiques et non pas seulement le Ministère de l'Environnement et du Développement Durable qui se trouve dans le besoin d'être renforcé pour mieux accompagner l’intégration des aspects en relation avec les changements climatiques dans les politiques publiques sectorielles. 5- Les mécanismes de promotion des bonnes pratiques notamment ceux relatives aux pratiques d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques, ne sont pas encore bien connus pour une grande partie des intervenants, et les informations disponibles ne sont pas suffisamment partagées par tous les partenaires. A titre d'exemple: - Les réseaux d’informations existants (observations météorologiques, observation des ressources en eau alerte précoce, inondations,..) diffusent leur information en relation avec le changement climatique de façon limitée à leur sphère, sans que d’autres secteurs en soit informés de manière systématique pour des fins d'échange et de coopération. - L'Office National pour le Développement de la Riziculture rapporte que le pays produit une quantité de plus de 200000 tonnes de balle du riz. Les riziculteurs ne sachant pas comment recycler ces résidus, utilise le feu pour leur élimination. Ces pratiques engendrent des émissions de GES additionnelles que le pays pourrait éviter et comptabiliser sous forme de crédits d'émissions négociables en bourse du Carbonne. En effet, ces pratiques devraient faire l'objet de projet de recherche et de valorisation des résidus de cette filière qui contribue largement à la sécurité alimentaire du pays et par conséquent atténuer les GES qui en résultent. - De nombreux projets ou associations ont développé des actions d’atténuation des effets des changements climatiques sur le terrain et ayant produit de nombreux documents relatant celles-ci. Mais jusqu'à ce jour, il n’existe pas de bilan des ces actions ou documents, et aucune capitalisation et harmonisation générale de ces pratiques n’a été faite. Ce qui se manifeste par une absence de promotion de ces actions et leur évaluation, et par un découragement notable vis à vis de l'appropriation de ces actions. - Le caractère transversal de la lutte contre le changement climatique donne au MINEDD des responsabilités d’institution leader en la matière, notamment lors du processus de préparation des communications nationales sur les changements climatiques. Cette position du MINEDD continue d'induire en en erreur les autres partenaires et institutions publique et privées qui pensent que la question des changements climatiques est du ressort du MINEDD ou de la Direction de la Météorologie Nationale. Cette confusion rend leur participation limitée, et réduit leur participation dans le processus en sa globalité notamment la non initiation de leurs actions prioritaires dans les rapports de la communication nationale et la non utilisation ou prospection des opportunités offertes au niveau internationale dans le domaine d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques. - L’absence d'un programme de formation continue et d'amélioration des capacités dans le domaine des changements climatiques, limite les possibilités de générer de la concertation pour la prise en compte de ce phénomène par les politiques publiques sectorielles déterminantes, notamment l'agriculture, l'énergie, les transports et la santé. Ainsi par exemple, pour donner un contenu territorial à la lutte contre le changement climatique, il sera nécessaire que le processus de décentralisation puisse intégrer cette dimension transversale. Or dans sa phase actuelle, le processus de décentralisation ne la prend pas en compte. Plusieurs partenaires techniques et financiers l’inscrivent rarement à l’agenda de leur nouvelle intervention, chacun à leur façon sans qu’il y ait une volonté d’harmonisation au niveau national. - Le MINEDD est investi d’un rôle central dans le dispositif commun de pilotage des communications nationales sur les changements climatiques. Le comité de pilotage commun à l’ensemble des programmes et placé sous la supervision du Cabinet du MINEDD devrait assurer la cohésion de l’ensemble du dispositif, et initier des actions sectorielles permettant de diversifier les personnes ressources nationales contribuant aux inventaires des GES, aux études d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques, et de mobiliser les opportunités de coopération internationale y afférentes pour le lancement de projets d'action sur le terrain. 6 Climate Support Facility – Rapport de mission « Inventaires GES et études de vulnérabilité » V. RECOMMENDATIONS: Actuellement, l’Union Européenne est entrain d'initier en Cote d'Ivoire, un mécanisme permettant d'intégrer le changement climatique dans le cadre de l’Alliance Mondiale contre le Changement Climatique notamment au niveau de l’amélioration de la gouvernance des aspects en relation avec celle-ci. Cet axe d’intervention pertinent peut avoir un effet de levier déterminant pour l’orientation et les chances de réussite de la stratégie du pays en matière d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques. Le déficit en matière de gouvernance qui est déjà mis en lumière par de nombreux interlocuteurs locaux lors des entretiens organisés lors de cette mission, pourrait constituer un handicap majeur à cette initiative. Il est donc opportun de signaler que la valeur ajoutée de l’intervention de l’UE en Cote d'Ivoire par le biais de l'AMCC réside dans la mise en œuvre d'un processus continu de préparation des communications nationales et dans l'appui à l'utilisation concrète des résultats de ces rapports par l'initiation des projets d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques sur le terrain permettant l'atténuation de la pauvreté et la sauvegarde des ressources naturelles ou si possible leur régénération au profit des génération futures. Tenant compte du soutien financier et technique potentiel du FEM par le biais de l’Assistance Technique du programme intra-ACP de l’AMCC, il est recommandé de mettre en œuvre un plan d'action pour renforcer et accompagner le processus de préparation de la troisième communication nationale du pays. Une proposition de ce plan d'action est jointe en annexe à ce rapport de la mission. En effet ce plan d'action est une opportunité pour lancer une nouvelle dynamique qui s'appuiera sur des relais existants du processus du projet de troisième communication nationale, selon une approche qui devrait se poursuivre au-delà du projet, et qui devrait être renforcer par des acquis législatif, règlementaires, techniques à développer en parallèle dans le cadre d'études appropriées. L’acquisition de connaissances, grâce à une formation permanente et soutenue, et à une meilleure implication des divers intervenants du développement, dans le domaine du changement climatique, aurait des retombées concrètes sur les capacités d’expertise du pays, et sur la maîtrise des thèmes cruciaux en rapport avec le changement climatique. Afin d’améliorer le niveau d’expertise dans ces domaines en Cote d'Ivoire, le comblement des besoins devraient s’articuler autour des principaux thèmes suivants : Etude de la variabilité du climat, de sa prévisibilité et de ses éventuels changements ; Conséquences de l’intégration des préoccupations liées au changement climatique sur le développement national, y compris une application stricte des termes de la CCNUCC, au niveau national et international ; Développer les aspects directs ayant trait au changement climatique notamment: vulnérabilité et adaptation ; modélisation climatique et manifestations régionales du changement climatique global; analyses économiques, technologiques et institutionnelles des options d’atténuation; scénarios prospectifs des émissions de GES ; formation permanente sur l’inventaire ; Développer l'intégration des Impacts écologiques, économiques et sociaux du changement climatique ; Maîtrise des mécanismes de financement ciblant la problématique du changement climatique (GEF, CDM, etc.) et initiation au montage de projets; Renforcement des capacités de négociation du pays, aussi bien par la formation, qu'à travers la participation de représentants ivoiriens aux diverses manifestations régionales et internationales, aussi bien techniques que politiques. Par ailleurs, en marge des besoins de formation, il conviendra également de mettre en place un processus efficace de circulation de l’information, de sensibilisation et de formation de base sur le changement climatique s’adressant aux décideurs politiques, d’une part, et au grand public, d’autre part. Ce projet de plan d'action pourrait s’attacher à apporter des appuis à plusieurs niveaux: 1- Harmonisation de l’utilisation des informations : Pour mieux connaitre les processus de changements climatiques en Cote d'Ivoire, il convient d'harmoniser et d'affiner les outils d’appréhension du phénomène en accélérant la prise de conscience des acteurs contribuant aux émissions des GES et concernés par les changements climatiques. 7 Climate Support Facility – Rapport de mission « Inventaires GES et études de vulnérabilité » A cet effet, l'harmonisation de l'utilisation de l'information nécessite l'élargissement de l'effort de sensibilisation et de formation à l'ensemble des acteurs concernés par la problématique des changements climatiques et non pas se limiter seulement aux acteurs gouvernementaux. Cette approche permettra de créer une réelle sensibilisation à intérêt, la prise en compte et l'appropriation de ces questions dans les politiques publiques, et la pérennisation de la dynamique environnementale. Cette impulsion devrait servir en même temps pour initier une dynamique faisant des changements climatiques une opportunité d'investissement dans des actions et projets de développement durable et rentable et non pas un fardeau budgétaire contraignant. Dans ce cadre, il est à signaler que le changement de comportements est un long processus qui nécessite une échéance au minimum de 10 ans, et notamment pour les populations à la base dont les besoins énergétiques sont largement dépendant des ressources naturelles en dégradation. La problématique de durabilité et d’appropriation des actions devra se poser de manière permanente et stratégique. A ce niveau, il est à signaler que des pratiques résilientes existent déjà en milieu rural, mais elles ne font pas l’objet d’une capitalisation systématique. Il convient de les valider et de les valoriser dans le cadre de mécanismes spécifiques qui pourrait servir d'indicateurs pour les approches de suivi et d'évaluation pour les autres utilisateurs. Dans une étape ultérieure, le financement de projets pilotes pourrait déboucher sur la création d'un mécanisme incitatif permanent destiné à gratifier et encourager les acteurs (secteur privé, société civile) impliqués et engagés dans la lutte contre le changement climatique.Concrètement, il s’agit d’engager un processus qui vise à apporter des réponses immédiates et développer des actions pratiques durables sur le terrain. Cette démarche consiste en effet à réunir les informations existantes, à proposer un système de diffusion et de validation de celles-ci, à capitaliser les acquis et à proposer l’investigation des potentialités existantes. Cela devrait commencer par la mise en place d’initiatives de types «plateformes des producteurs d’informations» et déboucher sur l’appui à la mise en place d’un «Portefeuille de Projets de Développement Durable et d'Economie Verte». 2. Meilleure intégration des acteurs dans le processus : Dans cette phase où surviennent des initiatives diverses dans ce domaine, il serait nécessaire de faire en sorte que cellesci soient aussi harmonisés, et que des mécanismes de concertation jouent pleinement leur rôle. Cela implique en corolaire que les institutions pérennes (Ministères), secteurs privés et société civile, et medias; devraient eux même gérer cette concertation, en ayant la pleine capacité et responsabilité de mener leurs taches spécifiques au processus de changement climatique. En effet et plus précisément, les pratiques d’adaptation et d'atténuation au changement climatique doivent être ancrées dans les institutions aux niveaux centrales et locales. A cette fin, les outils de programmation de ces institutions (communes et régions) devraient pouvoir intégrer cette notion dans leur plan d'action. Cette approche est reprise par de nombreux projets, mais il n’existe pas d’harmonisation et concrétisation de ces intentions. Afin de mettre en avant une meilleure gouvernance du changement climatique, une telle approche devrait faire en sorte que les initiatives soient coordonnées en vue de créer des outils communs, des méthodologies et des programmes convergents pour une meilleure rationalisation des moyens, échange d'information et capitalisation des efforts pour réussir et multiplier les actions de bonnes pratiques d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques sur le terrain. VI. BIENFONDE D'UN PLAN D'ACTION DANS LE CADRE DU PROGRAMME INTRA-ACP DE L’AMCC: Il est à rappeler d'une part, que les émissions de CO 2 sont en augmentation en Côte d'Ivoire du fait de la déforestation, des feux de brousse, de l’entrée en service des centrales thermiques dans les années 1995 et 2000, de l’utilisation accrue de fertilisants agricoles et de l’augmentation du parc automobile. En l’absence de données récentes en matière d’émissions de CO2 en Côte d’Ivoire, les données disponibles prennent en compte les inventaires des GES direct et indirect dans les secteurs comme l’énergie, l’agriculture, l’industrie, le transport, l’utilisation des solvants et autres produits chimiques, la foresterie et les déchets (industriels et domestiques). D'autre part, la lutte contre la pauvreté par la gestion durable des ressources naturelles est une des priorités du Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) de la Côte d’Ivoire. Aussi, il est reconnu à l'état actuel des choses à travers les documents de la Politique Nationale de l'Environnement, et du Plan National de Développement 2012-2015 du pays, que la bonne gouvernance et la gestion décentralisée durable des ressources naturelles sont nécessaires pour la stabilité du pays et l'amélioration du niveau de vie des citoyens. 8 Climate Support Facility – Rapport de mission « Inventaires GES et études de vulnérabilité » Dans ce cadre, l’Assistance Technique du programme intra-ACP de l’AMCC, pourrait participer à la mise en œuvre du d'actions à travers une assistance technique particulière et intégrée au dispositif commun impliquant tous les secteurs vulnérables ou menacés par les changements climatiques. Cette approche devrait prendre en considération la vision à long terme d'un processus de bonne gouvernance des changements climatiques qui requiert l'institutionnalisation, la pérennisation, l'efficacité et l’appropriation du processus au niveau de chaque secteur. La perspective d’un appui budgétaire sectoriel devrait inéluctablement être examinée autour d'une table ronde sur le sujet à prévoir avec les représentants des partenaires de développement, du gouvernement, et du secteur privé. La contribution de la coopération intra-ACP de l'AMCC devrait renforcer le processus d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques dans le cadre des priorités du développement qui sont parfaitement en phase avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement notamment sur les aspects relevant notamment de : - la réduction de l’extrême pauvreté et la faim ; - l'environnement durable et ; - la mise en place d'un partenariat mondial pour le développement. En matière de changements climatiques, la cote d'Ivoire devrait agir simultanément sur 3 fronts : 1- Réduire ses émissions de GES, 2- Accroître sa résilience face aux impacts anticipés des changements climatiques, et 3- Participer aux efforts internationaux pour régler le problème à la source en réduisant les émissions de GES. Ce plan d'action pourrait aider la Cote d'Ivoire à placer les changements climatiques au cœur de ses priorités, tout en mettant en exergue les bénéfices de l’action qui l’emportent largement sur les inconvénients, tant pour les citoyens, les entreprises, et les collectivités. En effet, la réduction des émissions de GES est une occasion de revoir la façon de production, de consommation et de déplacement, soit une façon de revoir tout un mode de vie. La lutte aux changements climatiques est synonyme d’investissements en efficacité énergétique, de recours accru aux énergies renouvelables produites localement et de transition vers une économie verte. De ce fait, les entreprises et l’économie de Cote d'Ivoire s’en trouvent renforcées et plus compétitives, ce qui va se traduire positivement en matière d’emplois et de développement régional. Le développement de produits et de technologies liés aux changements climatiques permettrait également aux entreprises d’explorer de nouveaux marchés et créneaux d’exportation, notamment pour atténuer la vulnérabilité collective et individuelle à la hausse des prix de l’énergie importée. Les besoins en renforcement des actions d'aménagement durable par l'innovation scientifique et la mobilisation des citoyens pour la réduction des émissions des GES devraient être initiées dans le cadre de la troisième communication nationale sur les changements climatiques, notamment au niveau de certains secteurs clés pour soutenir des transformations profondes à moyen et à long terme, tant en matière de réduction de GES que d’adaptation aux impacts des changements climatiques. Il est à signaler l'importance de synergie des efforts entre l’aménagement du territoire, la recherche et le développement, la mobilisation citoyenne et l’administration publique. Au premier plan, les collectivités ivoiriennes devrait être initié aménager le milieu naturel de façon durable. Les décisions et les interventions dans l’aménagement du territoire ont une incidence marquée sur les émissions de GES liées aux déplacements des personnes, à la construction et à l’entretien des infrastructures mais aussi sur le degré de vulnérabilité de ces collectivités face aux changements climatiques. L’aménagement du territoire constitue donc un chantier prioritaire à la fois pour réduire les émissions de GES et pour s' adapter aux changements climatiques. L’application de ces principes permettra de réduire les distances à parcourir entre l’habitation, les lieux de travail, les commerces et les lieux de loisirs, diminuant ainsi les besoins de déplacement des personnes. Cet axe d’intervention est important puisque l’étalement urbain contribue à augmenter les émissions de GES liées à l’usage de l’automobile en augmentant les distances à parcourir. Cet étalement rend également plus difficile et plus coûteuse l’extension des réseaux de transport collectif. Afin d’inverser cette tendance, il faut planifier la mobilité durable de concert avec l’aménagement du territoire, et vice-versa. VII. CONCLUSION: Le succès de la lutte aux changements climatiques nécessite un virage majeur en matière de choix collectifs et individuels. En fait, la réussite d'un plan d'action de réduction d’émissions de GES et d'adaptation aux changements climatiques reposent sur la capacité de la société de Cote d'Ivoire de se développer, de produire, de consommer et de se déplacer 9 Climate Support Facility – Rapport de mission « Inventaires GES et études de vulnérabilité » autrement. Dans le contexte actuel, l’importance qu’accordent les citoyens à la protection de l’environnement et aux changements climatiques en particulier est très modeste. La volonté politique et la détermination du gouvernement actuel à redoubler d'efforts en matière de lutte contre les changements climatiques n'est pas suffisante, et reste indissociable de l'implication de la population au niveau local dans le processus de réduction des émissions de GES et d'adaptation aux changements climatiques. Le lancement du projet de préparation de la troisième communication sur les changements climatiques présente une occasion exceptionnelle pour la Cote d'Ivoire pour initier un mécanisme opérationnelle permettant de réduire sa dépendance vis à vis des énergies fossiles, d’accélérer la transition vers une économie verte et ainsi assurer à la population actuelle et aux générations futures un avenir sain et prospère dans une perspective de développement durable. Il y'a donc nécessité et urgence d'agir dès maintenant pour tenir compte des conditions climatiques changeantes et des risques accrus d’événements météorologiques extrêmes dans le développement territorial et dans les choix de société permettra de prévenir ou de réduire les impacts négatifs pour les communautés, les infrastructures et les écosystèmes. Ces actions nécessitent certes des investissements initiaux et une meilleure sensibilisation vis à vis des risques encourus, qui sont toutefois bien moindre que ceux qui devraient être assumés sans prendre d'action. En planifiant dès aujourd’hui le développement durable de la Cote d'Ivoire et sans reporter la prise des décisions à plus tard, permettrait également de réduire l’impact des changements climatiques sur les finances publiques dans le futur et préserver la capacité de générations futures à jouir d'une qualité de vie meilleure. C'est une question d’équité intergénérationnelle et de choix de société responsable. IIX. ANNEXES - Matériel de formation pour l'atelier (PowerPoint, documents de la CCNUCC, lignes directrices adoptées par le GIEC, manuel d'utilisation, méthodologies et outils/logiciels recommandés). - Rapport sur la révision des communications nationales précédentes. - Rapport sur la situation actuelle et les lacunes identifiées. - Proposition de Plan d’action. - Liste des personnes consultées. - Liste des abréviations. 10