plutôt des musiques tristes, sombres. Dans le second cas, la valence des idées est non –
congruente avec un état émotionnel négatif de l'individu ; cet état négatif signalant qu'il est
dans une situation problématique il aura la tendance à élaborer des idées positives et
originales pour revenir à un état émotionnel moins désagréable. Ainsi ici c’est l’individu dans
un état émotionnel négatif qui créerait des musiques plutôt gaies, joyeuses, stimulantes.
Compositions d’autant plus originales, que l’individu élaborera au maximum ses productions
afin de sortir de cet état émotionnel. Ces hypothèses de relation n'ont jamais été directement
validées puisque aucune étude (publiée) ne rapporte les relations entre la valence des idées
produites et l'état émotionnel de l'individu (seul résultat qui pourrait départager ces deux
approches). Nos recherches tendent à vérifier pour le moment, pour une créativité générale,
(des études plus poussées sont en cours) une relation de congruence: les idées produites ont
une valence qui correspond à la valence de l'état émotionnel de l'individu. Le contenu des
compositions d’un auteur serait peut-être ainsi congruent à son état émotionnel.
Le modèle de résonance émotionnelle
Le modèle de Résonance émotionnel est un modèle théorique qui explique les
relations entre le vécu émotionnel des individus et l’originalité des productions créatives. En
ce qui concerne la créativité musicale, il peut expliquer comment l’originalité d’une
composition musicale est reliée au vécu émotionnel personnel des individus.
Il y a trois composantes dans le modèle de résonance émotionnelle : (a) les endocepts
qui représentent des émotions idiosyncrasiques acquises par expérience et attachées à des
concepts ou à des images dans la mémoire; (b) un mécanisme automatique de résonance qui
propage un profil émotionnel d'un endocept à travers la mémoire et active d'autres endocepts;
(c) un seuil de détection de résonance qui détermine si un endocept activé par la résonance
(ainsi que le concept/image auquel il est attaché) entre dans la mémoire de travail.
A partir de l'expérience, les endocepts sont attachés dans la mémoire à des
concepts ou à des images qui représentent des objets, des personnes, ou des événements vécus
par l'individu. Par "concept" nous n'entendons pas la représentation d'un terme générique (par
exemple, le concept "ascenseur" du dictionnaire), mais la représentation plus ou moins
spécifique d'un objet, d'une personne, ou d'un événement vécu par l'individu (par exemple,
"l'ascenseur que j'ai pris à la tour Eiffel"). Les endocepts sont acquis par l'expérience en même
temps que les concepts/images et sont attachés à ces derniers dans la mémoire.
Dans ce modèle, les concepts sont partiellement interconnectés, et sont capables ainsi
de s'activer mutuellement par des voies préétablies. Toutefois, cela ne constitue pas la seule
manière de relier les concepts dans la mémoire. Au moment où un concept ou une image sont
activés (par un stimulus externe ou par la pensée), les émotions idiosyncrasiques stockées
dans l'endocept attaché sont également activées. Cette activation endoceptuelle n'empêche pas
un concept ou une image d'activer d'autres concepts ou images dans la mémoire, bien qu'une
telle activation cognitive conduise à la production d'idées différentes (Mednick, 1962;
Simonton, 1988). Contrairement à l'activation cognitive qui suit des chemins établis (par
exemple, la propagation de l'activation à travers un réseau sémantique), l'activation d'un