Revue SOAO - N° 02 - 2008, pp. 34-40
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Le mélanocytome papillaire...
INTRODUCTION
Le mélanocytome est une tumeur rare,
bénigne et noire, le plus souvent unilatéral,
avec comme siège de prédilection la papille.
D’autres types de tumeurs pigmentées
peuvent être localisés au niveau de la
papille notamment l’hamartome, l’adénome
pigmenté, le naevus et le mélanome malin1,2.
Ces tumeurs étaient considérées comme une
transformation maligne et la thérapeutique
consistait à une énucléation. Les travaux de
Zimmermann et Garron en 1962 ont conclu
a la nature bénigne des mélanocytomes par
l’examen anatomopathologique des yeux
énuclées3. Parfois, le mélanocytome est
difcile à distinguer d’un mélanome malin
papillaire, d’où la nécessité d’une surveillance
régulière an d’analyser les éléments devant
faire penser à une dégénérescence maligne
et les modalités évolutives du mélanocytome
papillaire4,5,6. Sa prévalence est inconnue. Il
serait plus fréquent chez les mélanodermes par
opposition à la fréquence du mélanome de la
choroïde qui est très faible7. Nous rapportons
4 cas d’un mélanocytome papillaire observe
à l’IOTA au Mali.
OBSERVATIONS
CAS 1
Un homme âgé de 30ans, nationalité
togolaise, sans antécédents particuliers
consulta pour une dyschromatopsie des 2
yeux depuis 2 ans. L’acuité visuelle était de
10/10 aux deux yeux. L’examen du segment
antérieur était normal. On notait au fond de
l’œil droit une tumeur pigmentée, légèrement
surélevée, occupant les deux tiers de la
papille sur son versent nasal. La tumeur
recouvrait en partie les vaisseaux papillaires
et débordait sur la rétine en dedans et en
supérieur avec un aspect fibrillaire des
berges en «plume de canard» (g1). Le fond
d’œil gauche était normal. Au cours de la
séquence angiographique, on notait une
hypo fluorescence de la tumeur et une
absence de réseau vasculaire intra tumoral
(g2). La portion de la papille non inltrée
par la tumeur restait légèrement hyper
uorescente. Au temps tardif, il n’y avait
pas de diffusion de colorant. L’angiographie
de l’œil gauche était normale. Le champ
visuel de Goldmann réalisé, objectivait un
élargissement de la tache aveugle. Le Potentiel
Evoqué Visuel et le test des 15 HUES dé
saturé était sans anomalies. Au terme de
ce bilan d’une tumeur pigmentée papillaire
révélée par une dyschromatopsie, le problème
diagnostique entre mélanocytome, naevus et
mélanome malin de la papille restait posé.
Dans l’incertitude, nous avons opté pour
une surveillance rapprochée. Ces contrôles
réguliers montrèrent en angiographie une
légère progression de la tumeur de quelques
millimètres en nasal sur un recul de 3
ans. L’acuité visuelle était stable et l’aspect
macroscopique de la tumeur restait inchangé.
Après un suivi de 3ans (g3), le diagnostic
de mélanocytome papillaire à l’œil droit fut
retenu et la surveillance maintenue.
CAS 2
Homme de 67ans, nationalité malienne,
diabétique connu depuis 7ans sous antidia-
bétique oral consulta pour une baisse acuité
visuelle progressive des 2 yeux depuis 3 mois
environ. L’examen de l’œil droit a retrouvé
une acuité visuelle de 5/10, améliorable à
8/10 avec +1D, une cataracte corticale évo-
lutive et une pression intraoculaire de 14
mm Hg. A l’œil gauche, l’acuité visuelle était
réduite à compte les doigts à 1 mètre non
améliorable, une cataracte blanche totale et
une PIO a 15 mm Hg.
L’ophtalmoscopie de l’œil droit montrait
une tumeur papillaire, irrégulièrement
pigmentée, qui recouvrait les 3/4 de la papille
et inltrait la rétine adjacente, les contours
n’apparaissaient pas réguliers (g4). Du fait
de la cataracte, le fond d’œil gauche était
inaccessible. Le bilan complémentaire a été
réalisé après phakoexérèse avec implantation
en chambre postérieur à l’œil gauche. Le
cliché en lumière rouge montrait a l’œil
droit une tumeur pigmentée localisé dans
le secteur temporal supérieur de la papille.
Au cours de la séquence angiographique,
il n’apparut pas de réseau vasculaire intra
tumoral. Au temps tardif, il n’y avait qu’une
discrète hyper uorescence dans la limite