Démonstration Une fonctionnelle linéaire L qui est bornée satisfait à une condition de Lipschitz: |L(u) − L(v)| = |L(u − v)| ≤ Cku − vkV . Donc, si {ϕk } est une suite qui converge dans V à une fonction ϕ ∈ V lorsque k → ∞, alors |L(ϕk ) − L(ϕ)| = |L(ϕk − ϕ)| ≤ Ckϕk − ϕkV → 0 lorsque k → ∞. Inversement, supposons que L est continue. Si L n'est pas bornée, alors il existe une suite vk dans V telle que |L(vk )|/kvk kV ≥ k . Introduisons wk = vk /(kkvk kV ) ∈ V. Alors, |L(wk )| ≥ 1. Mais kwk kV = 1/k ⇒ wk → 0, et par la continuité de L on devrait avoir L(wk ) → 0, ce qui est une contradiction. Pour une fonctionnelle L linéaire et continue sur un espace de Banach V , la proposition dit que la quantité suivante est toujours nie: kLkV 0 := sup 06=v∈V |L(v)| . kvkV (41) k · kV 0 est une norme sur l'espace de toutes les fonctionnelle linéaires et continues sur V (l'espace dual de V ), et appelée la norme dual. Muni de cette norme on peut démontrer que V 0 est un espace de Banach. 2.1.1 Dérivées d'une distribution Soit une fonction continue f : [a, b] → R dont la dérivée est continue par morceaux (sauts nis de f 0 ). Alors f ∈ L1loc (a, b) et on voit qu'on peut associer à la dérivée f 0 une distribution Tf 0 , dénie par Z b hTf 0 , ϕi = f 0 (x)ϕ(x) dx, ∀ϕ ∈ D(a, b), a Z b b = [f ϕ]a − f (x)ϕ0 (x) dx a Z b =− f (x)ϕ0 (x) dx = −hTf , ϕ0 i. (42) a Les dénitions suivantes généralisent la notion d'une dérivée d'une distribution: Dénition 15 T (n) , la dérivée d'ordre n d'une distribution T est dénie par hT (n) , ϕi := (−1)n hT, ϕ(n) i. Pour un domaine Ω ⊂ RN , la dérivée partielle de T par rapport au multi-indice α est donnée par ¿ |α| À À ¿ ∂ T ∂ |α| ϕ |α| , ϕ = (−1) , ∀ϕ ∈ D(Ω). T, ∂xα ∂xα 14 On note que pour une fonction f : [a, b] → R continue et dont la dérivée est continue par morceaux, Z b 0 hTf , ϕi = − f ϕ0 dx = hTf 0 , ϕi, ∀ϕ ∈ D(Ω) ⇒ Tf0 = Tf 0 . a Dénition 16 (Dérivée faible ou au sens des distributions) Que f ∈ L1loc (Ω) soit associé à une distribution Tf donnée par (40). Supposons qu'il existe une fonction g ∈ L1loc (Ω) telle que ¿ |α| À Z ∂ Tf ,ϕ = g(x)ϕ(x) dx ∀ϕ ∈ D(Ω). ∂xα Ω Alors on dit que la α-ième dérivée distributionnelle de f (ou, tout simplement, la α-ième dérivée faible de f ) est représentable par une fonction intégrable g . On la notera par la suite par g = Dα f . La dénition de la dérivée Dα f coincident avec la dénition classique de la dérivée partielle lorsque celle-ci existe. Exemple: Beilina p8 On prend N = 1, Ω = (−1, 1) et f (x) = 1 − |x|. Première dérivée D1 f On démontrera qu'il existe une dérivée faible D1 f et qu'elle est donnée par la fonction ½ 1 si x < 0, (43) g(x) := −1 si x > 0, Z 1 0 hTf , ϕi = − f (x)ϕ0 (x) dx, ∀ϕ ∈ D(−1, 1) −1 On intègre par parties sur les deux sous intervalles [−1, 0] et [0, 1]: Z 1 Z 0 Z 1 0 0 − f (x)ϕ (x) dx = − f (x)ϕ (x) dx − f (x)ϕ0 (x) dx, −1 −1 0 Z 0 Z 1 ¯0 ¯1 ¯ ¯ = −f ϕ −1 + 1 × ϕ(x) dx − f ϕ 0 + (−1) × ϕ(x) dx, −1 0 Z 1 = g(x)ϕ(x) dx − f (0−)ϕ(0−) + f (0+)ϕ(0+), −1 Z 1 = g(x)ϕ(x) dx = hTg , ϕi (44) −1 Derivée seconde: Z 00 2 hTf , ϕi = (−1) 1 Z 00 f (x)ϕ (x) dx = − −1 Z 0 0 [f ϕ0 ]0−1 0 0 ϕ (x) dx + −1 1 + 0 ϕ0 (x) dx + [f ϕ]10 , = f (0−)ϕ (0−) − f (0+)ϕ (0+) + ϕ(1) − ϕ(0) − [ϕ(0) − ϕ(−1)], = −2ϕ(0) = h−2δ0 , ϕi, (45) 15 ce qui nous permet d'égaliser Tf00 et −2δ0 au sens des distributions. On voit ici qu'on ne peut pas représenter la dérivée seconde au sens des distributions par une fonction intégrable. La dérivée seconde classique de f serait simplement zéro pour x 6= 0. Les espaces des fonctions f ayant un certain nombre de dérivées au sens des distributions qui peuvent être représentées par les fonctions qui sont Lp -intégrables sont appelés les espaces de Sobolev. 2.2 Normes de Sobolev et espaces associés Dénition 17 Soit k un entier non-négatif et soit f ∈ L1loc (Ω). Supposons que les dérivées au sens des distributions Dα f existent pour tout |α| ≤ k . On dénit une norme de Sobolev par kf kWpk (Ω) := X 1/p kDα f kpLp (Ω) , |α|≤k dans le cas 1 ≤ p < ∞, et dans le cas p = ∞ on a α kf kW∞ k (Ω) := max kD f kL∞ (Ω) . |α|≤k L'espace de Sobolev Wpk (Ω) est maintenant déni comme suite: Wpk (Ω) n p := f ∈ L (Ω) : kf kWpk (Ω) o < ∞. Exemples • W2k (Ω) = {v ∈ L2 (Ω) : Dα v ∈ L2 (Ω) ∀|α| ≤ k.} W2k (Ω) est plus souvent connu sous le nom H k (Ω). n o ∂v 1 2 2 • H (Ω) = v ∈ L (Ω) : ∂xi ∈ L (Ω), i = 1, 2, 3, . . . , N où on a abusé la notation ∂v/∂xi pour vouloir dire la dérivée au sens des distributions. • H 1 (Ω) ⊃ H01 (Ω) := {v ∈ H 1 (Ω) : v = 0 sur ∂Ω} On peut dénir un produit scalaire (·, ·)1,Ω sur H 1 (Ω): ! Z à N X ∂u ∂v uv + (u, v)1,Ω := dx, ∂x ∂x i i Ω i=1 et ainsi une norme induite ÃZ à 1/2 kuk1,Ω = ((u, u)1,Ω ) u2 + = Ω 16 ¶2 N µ X ∂u i=1 ∂xi ! !1/2 dx . Remarque Si une fonction f ∈ H 1 (Ω), alors f et ses premières dérivées (au sens des distributions) sont dans L2 (Ω). Donc, H 1 (Ω) ⊂ L2 (Ω). Continuant ainsi on voit que H m+1 (Ω) ⊂ H m (Ω) ⊂ . . . H 1 (Ω) ⊂ L2 (Ω). De plus, on a pour un domaine Ω que, si f ∈ L2 (Ω) et A représente un ensemble compact inclus dans Ω µZ Z ¶1/2 µZ ¶1/2 1 dx = (volA)1/2 kf k0,A < ∞. 2 |f | dx ≤ f dx A A A Donc L2 (Ω) ⊂ L1loc (Ω). S Soit le domaine borné Ω = N i=1 Ωi d'un T problème aux conditions limites la réunion nie des sous domaines Ωi , (avec Ωi Ωj = ∅ si i 6= j ), tels que la restriction de la solution approximative cherchée uh ∈ U h à chaque sous domaine est un polynôme de degré n. On voudrait savoir sous quelle(s) condition(s) U h ⊂ H 1 (Ω). Théorème 5 Si la fonction uh décrite ci-dessus est continue à la frontière entre les sous-domaines Ωi , uh ∈ H 1 (Ω). Démonstration En dimension 1, si uh possède une discontinuité (saut ni) à la frontière entre deux sous domaines, alors sa dérivée fait intervenir une distribution de Dirac, ce qui n'est pas carré sommable. uh est carré sommable puisque Z X Z ³ ¯ ´2 ¡ h ¢2 dx < ∞. uh ¯Ω u dx = Ω Ωi i i Pour démontrer que les premières dérivées de uh au sens des distributions sont carré sommables, il nous faut trouver des fonctions gj ∈ L2 (Ω) telles que Z Z ∂ϕ gj ϕ dx = − uh dx, ∀ϕ ∈ D(Ω). ∂xj Ω Ω On choisit gj de sorte que gj |Ωi ¯ ∂uh ¯¯ = ∂xj ¯Ωi Donc gj ∈ L2 (Ω) puisque Z Ω gj2 dx = XZ i Ωi à ¯ !2 ∂uh ¯¯ dx < ∞. ∂xj ¯Ωi Intégration par parties nous donne ¯ Z Z Z Z ¯ ¯ ∂ϕ ∂uh ¯¯ h¯ gj |Ωi ϕ dx = ϕ dx = u Ωi ϕnij ds − uh ¯Ωi dx, ¯ ∂xj Ωi ∂Ωi Ωi Ωi ∂xj Ωi 17 où nij désigne la j -ième composante du vecteur normal unitaire ni à la surface ∂Ωi de Ωi , dirigé vers l'extérieur. Si on additionne les contributions des intégrales sur Ωi on a Z Z N Z X ¯ ∂ϕ h¯ gj ϕ dx = u Ωi ϕnij ds − uh dx. ∂x j Ω Ω ∂Ω i i=1 La contribution à la première intégrale au membre de droite sur la frontière commune Γik entre deux sous-domaines Ωi , Ωk est Z Z ¯ ¯ ¯ h¯ h¯ uh ¯Ω ϕ(nij + nkj ) ds = 0, u Ω ϕnij + u Ω ϕnkj ds = Γik i k Γik i (la valeur de uh le long de Γik est uniquement dénie par la continuité de uh et nij = −nkj sur Γik .) Également, la contribution à Z ¯ uh ¯Ω ϕnij ds, ∂Ωi i lorsque ∂Ωi ⊂ ∂Ω est zéro parce que ϕ = 0 sur ∂Ω. Pour Ω = (a, b) ⊂ R on déduit qu'on pourrait dénir H 1 (Ω) comme © ª H 1 (Ω) = u : u ∈ C 0 (Ω), D1 (u) ∈ L2 (Ω) . Théorème 6 L'espace Wpk (Ω) est un espace de Banach. Démonstration Soit {vj } une suite de Cauchy par rapport à la norme k·kWpk (Ω) . Puisque cette norme est une somme des normes Lp des dérivées faibles il suit que ∀|α| < k , {Dα vj } est une suite de Cauchy par rapport à la norme k · kLp (Ω) . Donc, ∃v α ∈ Lp (Ω) tel que Dα vj → v α lorsque j → ∞ (puisqu'une suite converge ssi c'est une suite de Cauchy). Il faut controller que Dα v existe ∀|α| < k et que Dα v = v α . Notez que si wj → w dans Lp (Ω), alors ∀ϕ ∈ D(Ω) Z Z wj (x)ϕ(x) dx → w(x)ϕ(x) dx. (46) Ω Ω Vérication: de l'inégalité de Hölder, nous avons (1/p + 1/q = 1) kwj ϕ − wϕkL1 (Ω) ≤ kwj − wkLp (Ω) kϕkLq (Ω) → 0 lorsque j → ∞ Pour vérier Dα v = v α il faut démontrer que Z Z ∂ |α| ϕ α |α| , ∀ϕ ∈ D(Ω). v ϕ(x) dx = (−1) v ∂xα Ω Ω Il suit de la dénition de la dérivée faible Dα vj que Z Z α v ϕ dx = lim Dα vj ϕ dx, j→∞ Ω Ω Z Z ∂ |α| ϕ ∂ |α| ϕ |α| |α| = (−1) lim vj dx = (−1) v dx. j→∞ Ω ∂xα ∂xα Ω (47) Remarques Il s'en suit que W2k (Ω) = H k (Ω) est un espace de Hilbert puisque cet espace est muni d'un produit scalaire. Puisque H01 (Ω) est un sous-ensemble il est aussi un espace de Hilbert. 18