Effets neuro-psychiatriques du Qât 2 Le Qât, ou khat, est une plante

publicité
Effets neuro-psychiatriques du Qât
2
Le Qât, ou khat, est une plante (Catha edulis) dont les feuilles sont mâchées
quotidiennement par des millions de personnes dans la corne de l’Afrique : Ethiopie,
Yemen, République de Djibouti (1). La communauté yéménite implantée en Grande
Bretagne a conservé l’habitude de cette toxicomanie traditionnelle qui connait un nouvel
essor en occident depuis l’intervention américaine en Somalie (lancet). Si un cas de
toxicomanie à partir de plants de qât cultivés en appartement a été rapporté, à l’heure
actuelle, le Qât, emballé dans des feuilles de bananiers, est importé par voie aérienne en
toute légalité (2). Sa consommation provoque surtout une stimulation adrénergique
souvent responsable d’hypertension artérielle et d’accidents coronariens ou vasculaires
cérébraux,
Observation : Un djiboutien de 34 ans, d’ethnie somalie, a été victime d'un traumatisme
neuro-psychique de type névrose de guerre en étant le témoin direct, trois ans
auparavant, du meurtre d’un jeune cousin. Depuis cet incident, sa personnalité s’est
trouvée profondément modifiée. Après une phase de mutisme se sont déclarés des accès
d'angoisse accompagnés d'une sensation physique d'oppression thoracique et de
fréquents cauchemards qualifiés par lui de terribles. Les relations sociales et affectives du
patient qui parle seul et se méfie de lui-même, se sont très altérées. On décèle à
l’interrogatoire un sentiment de culpabilité persistant. A l'occasion d'une prise de Qât,
inhabituelle chez lui, il a été victime d'une attaque de panique avec sensation d'être
téléguidé. Il s'est emparé d'un poignard et a menacé de tuer sa mère, mais a été
rapidement maîtrisé par ses frères. Les troubles se sont améliorés sous clorazépate
(Tranxène ) et....
Discussion : Les feuilles de qât sont riches en nor-pseudo-éphédrine, un alcaloïde proche
des amphétamines ( ). Sa consommation aiguë provoque une stimulation adrénergique
responsable d’HTA, d’accidents coronariens ou d’AVC. Sa consommation chronique induit
une tolérance (Pharmacology, 1984; 28:150-154) qui suggère un mécanisme de « down
regulation » des récepteurs adrénergiques. Des cas de syndromes psychotiques aigus,
avec sentiments de persécution et ont été rapportés ( ).
Références :
1.
Gough SP, Cookson IB : Khat-induced schizophreniform psychosis in UK. Lancet, Feb
1984:455.
2.
Mayberry J, Morgan G, Perkin E. Khat leaves and branches are transported in a
banana leaf wrapping. Lancet, Feb 1984:455.
3.
Erlich M, Poulet J. La consommation de Khat à djibouti et ses conséquences. La vie
médicale, 1977; 26:2371-2378.
4. Nencini P, Abdullahi MA, Amiconi G, Abdullahi SE. Tolerance develops to sympathetic
effects of khat in humans. Pharmacology, 1984; 28:150-154.
5. Kalix P. Une drogue nommée Khat. La recherche, 1985; 16:1444-1451.
Téléchargement