orale et de sa contrepartie injectable. Les taux de réponse cli-
nique ont été voisins : 14 % pour la forme orale et 12 % pour la
forme i.v. (24). Un contrôle de la maladie a été observé dans 40
% des cas avec la voie orale et 37 % des cas chez les patients
traités par voie intraveineuse. La durée de réponse est de 7,7
mois avec la voie orale et de 5,5 mois dans le bras i.v. La survie
globale médiane est de 9,3 mois (voie orale) pour 7,9 mois avec
la voie i.v. Une myélosuppression de grades 3 et 4 est observée
plus souvent avec la voie i.v. (62 % contre 46 %), alors que les
complications gastro-intestinales comme la constipation et les
diarrhées sont plus fréquentes avec la formulation orale (3, 24).
Une étude de phase II dans le cancer du sein métastatique la
crédite d’un taux de réponse de 29 % d’une durée médiane de
24 semaines (25).
PERSPECTIVES
Le topotécan, du fait de son activité sur la topo-isomérase,
nécessite un traitement prolongé qui justifie une formulation
orale (26). Une étude de phase II a permis de fixer la dose
maximale tolérée de cette molécule à 2,3 mg/m2/jour pendant
5jours (27). Sa biodisponibilité est de 42 % (5). Les études de
phase II ont porté essentiellement sur les cancers de l’ovaire en
deuxième ligne et sur les cancers bronchiques à petites cellules
(28). Dans une étude portant sur 266 patientes atteintes de can-
cer de l’ovaire, la forme orale a été comparée à la forme intra-
veineuse (28). Les taux de réponse (13 % pour la forme orale,
20 % pour la forme i.v.) ne diffèrent pas significativement. La
survie moyenne est voisine (51 semaines pour la voie orale,
38 semaines pour la forme i.v.). Le profil de tolérance est légè-
rement différent. Une neutropénie de grade 3 est en effet un
événement plus fréquent avec la voie i.v., alors que les compli-
cations gastro-intestinales sont légèrement plus souvent obser-
vées avec la forme orale. Dans cette indication de cancer de
l’ovaire en deuxième ligne, une autre étude montre un taux de
réponse de 22 %, tout à fait comparable à celui obtenu en règle
avec la formulation injectable (29).
Dans les cancers bronchiques à petites cellules, l’efficacité
semble aussi intéressante, avec un taux de réponse de 23 %,
contre 15 % pour la voie intraveineuse (30). Plusieurs études
utilisant le topotécan en association sont actuellement en
cours.
Une nouvelle évaluation de la dose maximale tolérée pourrait
être intéressante dans le cadre d’un traitement prolongé au-
delà de 5 jours (31).
Le développement d’un analogue du platine, le JM216 (Satra-
platine®) répond aux mêmes motivations (32). Le JM216
entraîne une alkylation de l’ADN induisant une mort cellulaire
secondaire à la prolongation de la phase S et un blocage des
cellules en phase G2 (32). La dose maximale tolérée est de 120
à 140 mg/m2par jour, pendant 5 jours (32). Son effet secon-
daire essentiel est une myélosuppression de grades 3 et 4, alors
qu’il ne semble pas exister de neurotoxicité ou de néphrotoxi-
cité (3, 32). Dans les études de phases I et II, des réponses cli-
niques ont été observées dans les cancers de l’ovaire, les can-
cers du sein, le mésothéliome et les cancers bronchiques à
petites cellules (32, 33). Une étude de phase III est actuelle-
ment en cours dans les cancers de l’ovaire (32).
CONCLUSION
La chimiothérapie anticancéreuse orale doit satisfaire à plu-
sieurs conditions : améliorer la qualité de vie des patients, être
source d’économie, avoir des avantages pharmacocinétiques.
Xeloda®, UFT®et Navelbine®offrent de nouvelles options thé-
rapeutiques particulièrement intéressantes chez certains
patients du fait leur efficacité, de leur bon profil de tolérance et
de la possibilité de réduire le nombre d’hospitalisations.
L’expérience de ces molécules doit s’étendre en situation adju-
vante, voire néoadjuvante, et peut permettre la réalisation de
combinaisons de chimiothérapie “toute orale”. Elles représen-
tent un effort galénique qui mérite d’être souligné. Elles
confirment aussi l’intérêt de ce concept, qui peut se développer
si l’adhésion des médecins et des patients se renforce. ■
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MISE AU POINT
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La Lettre du Cancérologue - volume XI - n° 2 - mars-avril 2002