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Ecole Normale Sup´
erieure 1`
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ee
Ann´
ee 2015-2016 Alg`
ebre 1
TD11 : Repr´esentations des groupes finis I
Exercices ?: `a pr´eparer `a la maison avant le TD, seront corrig´es en d´ebut de TD.
Exercices ?? : seront trait´es en classe en priorit´e.
Exercices ???: plus difficiles.
Exercice 1 : ?
Montrer que tout groupe fini Gadmet une repr´esentation fid`ele sur tout corps K.
Solution de l’exercice 1. La repr´esentation r´eguli`ere de Gsur Kr´epond `a la question.
De fa¸con ´equivalence, le th´eor`eme de Cayley assure que Gse plonge dans le groupe des permutations
de G, et ce dernier groupe se plonge dans un groupe lin´eaire via les matrices de permutation.
Exercice 2 : ?
Soit Gun groupe fini, soit Hun sous-groupe distingu´e dans G, notons π:GG/H la projection
canonique. Soit ρune repr´esentation complexe de G/H.
a) Montrer que ρπest une repr´esentation de G.
b) Montrer que ρest irr´eductible si et seulement si ρπest irr´eductible.
Solution de l’exercice 2.
a) C’est ´evident : la compos´ee de deux morphismes de groupes est un morphisme de groupes.
b) Plus g´en´eralement, si f:GG0est un morphisme de groupe, et ρune repr´esentation de G0,
on a toujours l’implication suivante : si ρfest irr´eductible (comme repr´esentation de G), alors
ρest irr´eductible. En effet, tout sous-espace stable par G0est stable par Gpuisque l’action de
Gse factorise par G0. En revanche, la r´eciproque est fausse en g´en´eral si fn’est pas surjective
(prendre pour Gle groupe trivial, pour G0un groupe non ab´elien et pour ρune repr´esentation
irr´eductible de dimension 2).
Dans la situation de l’exercice, en revanche, le morphisme πest surjectif. Montrons le sens
r´eciproque : on suppose ρirr´eductible. Soit Wun sous-espace strict stable par G. Pour tout
xG/H, il existe gGtel que π(g) = x. Comme West stable par g, il est stable par x,
donc West stable par tout ´el´ement de G/H. Comme ρest irr´eductible, W= 0, donc ρπest
irr´eductible.
Exercice 3 : ?
Soit Vun C-espace vectoriel, soit Gun groupe et soit (V, ρ) une repr´esentation de G. On suppose
qu’il existe vVtel que {ρ(g)v|gG}forme une base de V. Montrer que (V, ρ) est isomorphe `a la
repr´esentation r´eguli`ere de G.
Solution de l’exercice 3. Soit Wun espace vectoriel de base {eg}gG(par exemple, W=KGet egest
l’indicatrice de g). Rappelons que la repr´esentation reguli`ere ρRde Gop`ere sur Wpar ρR(h)eg=ehg.
Consid´erons l’application lin´eaire φd´efinie sur la base (eg) par :
φ:WV
eg7→ ρ(g)v
Comme (ρ(g)v)gGest une base de V,φest un isomorphisme de K-espaces vectoriels, et par d´efinition,
φest G-´equivariant, donc φest un isomophisme entre ρet ρR.
Exercice 4 : ??
Soit Vune repr´esentation complexe d’un groupe fini G. On note Sla repr´esentation S2(V) et Ala
repr´esentation V2V.
1
a) Calculer les caract`eres χSet χAde Set de Aen fonction du caract`ere χVde V.
b) Calculer χVVen fonction de χAet χS.
Solution de l’exercice 4.
a) Soit gG. Il existe une base (ei)iinde Vform´ee de vecteurs propres de g. Pour tout i, on
note λila valeur propre correspondant `a ei. Alors par d´efinition, on a χV(g) = Piλi.
Or S2(V) admet comme base (ei·ej)1ijn, et pour tout ij,g(ei·ej) = λiλjei·ej, donc les
vecteurs de cette base sont des vecteurs propres pour g, ce qui assure que χS(g) = Pijλiλj.
Donc
χS(s) = 1
2
X
i
λi!2
+X
i
λ2
i
=χV(g)2χV(g2)
2.
De mˆeme, V2(V) admet comme base (eiej)1i<jn, et pour tout i<j,g(eiej) = λiλjeiej,
donc les vecteurs de cette base sont des vecteurs propres pour g, ce qui assure que χA(g) =
Pi<j λiλj. Donc
χA(s) = 1
2
X
i
λi!2
X
i
λ2
i
=χV(g)2χV(g2)
2.
Donc finalement, on a
χS=χ2
V+χV(.2)
2
et
χA=χ2
VχV(.2)
2.
b) On sait que l’on a un isomorphisme de repr´esentations VV'S2(V)V2(V), ce qui assure
que
χVV=χS+χA.
Remarque : En combinant a) et b), on retrouve bien la formule χVV=χ2
V.
Exercice 5 : ??
Soit G=S3et soit Vun C-espace vectoriel poss´edant une base index´ee par les ´el´ements de G. On
consid`ere l’application T:GGL(V) d´efinie par T(g)eτ=egτg1.
a) Montrer que Test une repr´esentation de G.
b) Soit june racine cubique primitive de 1. Soit Wle sous-espace de Vdont une base est
α=e(1,2) +je(1,3) +j2e(2,3), β =e(1,2) +j2e(1,3) +je(2,3).
Montrer que West une sous-G-repr´esentation de V. Est-ce que West irr´eductible ?
c) D´eterminer la d´ecomposition de Ven somme directe de sous-espaces irr´eductibles et expliciter
l’action de Gsur chacun de ces sous-espaces.
d) Soit Uune repr´esentation irr´eductible de S3de dimension 2. D´ecomposer UU,S2(U) et VU
en somme de repr´esentations irr´edutibles.
Solution de l’exercice 5.
a) C’est ´evident.
b) Le groupe S3est engendr´e par (1,2) et (1,2,3). Il suffit donc de montrer que l’espace engendr´e
par αet βest stable par T((1,2)) et T((1,2,3)). Un simple calcul donne T((1,2))(α) = β,
T((1,2))(β) = α,T((1,2,3))(α) = jα et T((1,2,3))(β) = j2β. Un simple calcul montre qu’au-
cun sous-module de Wde dimension 1 n’est stable par S3et donc West irr´eductible.
2
c) Remarquons que si Cest une classe de conjugaison dans S3, alors PgCegest stable par T.
On trouve ainsi trois sous-espaces stables sous S3, `a savoir les trois droites :
W1=CId, W2=C(e(1,2) +e(1,3) +e(2,3)), W3=C(e(1,2,3) +e(1,3,2)).
Enfin, si on note εla signature, on obtient :
T(g)(e(1,2,3) e(1,3,2)) = ε(g)(e(1,2,3) e(1,3,2))
(il suffit de le v´erifier pour (1,2) et (1,2,3)). Donc l’espace W4=C(e(1,2,3) e(1,3,2)) est stable
par S3. On a finalement :
V=W1W2W3W4W .
La repr´esentation triviale apparaˆıt trois fois dans cette d´ecomposition (W1,W2et W3), la
signature une fois (W4) et l’unique repr´esentation irr´eductible de dimension 2 une fois (W).
d) On sait que Uest isomorphe `a W. Une base de l’espace de dimension 4 WWest donn´ee par
αα,αβ,βαet ββ. Or les calculs de la question b) assurent que W1:= C(αβ+βα) est
une sous-repr´esentation triviale, W2:= C(αββα) est une sous-repr´esentation donn´ee par
la signature, et W3:= vect(αα, β β) est une sous-repr´esentation irr´eductible de dimension
deux isomorphe `a U
=W. Donc UU'W1W2W3, avec W1triviale, W2la signature et
W3=U. De mˆeme, S2(U) admet pour base α·α,α·βet β·β, donc on voit que S2(U) = W1W
avec les notations pr´ec´edentes. Enfin, on a des ismomorphismes ´evidents de repr´esentations
VU=V0UV1UV2U'W1UV2U, or V2Uest un K-espace vectoriel de dimension
1 de base αβ, donc c’est la repr´esentation signature W2.
Exercice 6 :
Soit pun nombre premier et soit Kun corps alg´ebriquement clos de caract´eristique diff´erente de p.
Soit Gun p-groupe. Montrer que Gposs`ede une repr´esentation non triviale de dimension 1 sur K.
Solution de l’exercice 6. On sait que Gadmet un sous-groupe distingu´e Hd’indice p. Donc G/H '
Z/pZ. Puisque Kest alg´ebriquement clos de caract´eristique 6=p, le polynˆome Xp1 est scind´e `a
racines simples, donc les racines p-i`emes de l’unit´e dans Kforment un sous-groupe cyclique d’ordre
p, isomorphe `a Z/pZ. On obtient donc une injection de Z/pZdans K. Le morphisme compos´e G7→
G/H
=Z/pZ7→ Kest donc un caract`ere non trivial de G, i.e. une repr´esentation non triviale de
dimension 1 de Gsur K.
Exercice 7 :
Soit Gun groupe fini et soit χun caract`ere de Gv´erifiant
gG g 6= 1 χ(g)=0.
Montrer que χest un multiple entier du caract`ere de la repr´esentation r´eguli`ere de G.
Solution de l’exercice 7. Il suffit de montrer que |G|divise χ(1). On calcule htriv, χi, o`u triv d´esigne
la repr´esentation triviale de G. On a que htriv, χi=χ(1)/|G|et donc |G|divise χ(1).
Exercice 8 :
a) Soit Aun groupe fini ab´elien et χun caract`ere de Asur C. Montrer
X
aA
|χ(a)|2≥ |A| · χ(1).
b) Soit Gun groupe fini et soit Aun sous-groupe ab´elien de Gd’indice n1. Montrer que si χ
est un caract`ere irr´eductible de G, on a χ(1) n. Que peut-on dire si χ(1) = n?
Solution de l’exercice 8.
3
a) On d´ecompose le caract`ere χen somme de caract`eres irr´eductibles : χ=Piaiχi. Il faut donc
montrer que Pia2
iPiaice qui est vrai car aiNpour tout i.
b) Notons ψla restriction du caract`ere χ`a A. D’apr`es a), on a PxA|ψ(x)|2≥ |A|ψ(1) =
|A|χ(1). D’autre part, puisque χest irr´eductible, on a PgG|χ(g)|2=|G|. On a donc |G| ≥
PxA|χ(x)|2=|A|χ(1), d’o`u χ(1) n.
Si χ(1) = n, alors PxG\A|χ(x)|2= 0, c’est-`a-dire χ(x) = 0 pour tout xG\A.
Exercice 9 : ??
Soit Gun groupe fini et soient φet ψdes caract`eres de Gdans C.
a) Montrer que si ψest de degr´e 1, φψ est irr´eductible si et seulement si φest irr´eductible.
b) Montrer que si ψest de degr´e strictement sup´erieur `a 1, le caract`ere ψ¯
ψn’est pas irr´eductible.
c) Soit φun caract`ere irr´eductible de G. On suppose que φest le seul caract`ere irr´eductible de
son degr´e. Montrer que s’il existe un caract`ere ψde degr´e 1 et gGtel que ψ(g)6= 1, alors
φ(g) = 0.
Solution de l’exercice 9.
a) Calculons le produit scalaire : hφψ, φψi=1
|G|PgGφ(g)ψ(g)φ(g)ψ(g). Puisque ψest de degr´e
1, on a ψ(g)ψ(g) = 1 pour tout gG. On a donc que hφψ, φψi=hφ, φi, et donc φψ est
irr´eductible si et seulement si φest irr´eductible.
b) On a htriv, ψψi=hψ, ψi. Si ψest non irr´eductible, alors hψ, ψi>1 et donc triv apparaˆıt dans
ψψ avec multiplicit´e 2, donc ψψ est r´eductible. Si ψest irr´eductible, alors htriv, ψψi= 1, et
donc ψψ est irr´eductible si et seulement si ψψ = triv. Mais cela n’est pas possible car ψψ(1) >1
parce que ψest de degr´e 2 et triv(1) = 1.
c) D’apr`es a), φψ est irr´eductible, et donc par hypoth`ese, φψ =φ, d’o`u le r´esultat.
Exercice 10 : ??
a) ´
Etablir la table de caract`ere de D4.
b) ´
Etablir la table de caract`ere de H8.
c) Que peut-on en conclure ?
Solution de l’exercice 10.
a) Voir cours.
b) On note G=H8=1,±i, ±j, ±k}. On v´erifie que Gadmet cinq classes de conjugaison,
`a savoir {1},{−1},i},j},k}. On a D(G) = 1}, donc G/D(G) = hi, j :i2=
j2= 1 , ij =jii ' Z/2Z×Z/2Z. Donc Gadmet quatre repr´esentations de dimension 1
correspondant aux quatre morphismes de groupes Z/2Z×Z/2ZC. On en d´eduit que la
cinqui`eme repr´esentation irr´eductible de Gest de dimension 2. Et son caract`ere se d´eduit des
quatre caract`eres pr´ec´edents par orthogonalit´e. On obtient la table de caract`eres suivante :
H81 1 2 2 2
{1} {−1} {±i} {±j} {±k}
χtriv 1 1 1 1 1
χ11 1 1 1 1
χ21 1 1 11
χ3=χ1χ21 1 11 1
χρ22 0 0 0
C’est donc exactement la mˆeme table de caract`eres que D4.
c) Ces exemples assurent que la table de caract`eres ne d´etermine pas la classe d’isomorphisme
d’un groupe fini.
Remarque : la repr´esentation irr´eductible de dimension 2 de D4est d´efinie sur R, alors que H8
n’admet pas de repr´esentation irr´eductible de dimension 2 sur R.
4
Exercice 11 :
a) En consid´erant la repr´esentation naturelle de S4sur un C-espace vectoriel de dimension 4,
construire une (sous-)repr´esentation irr´eductible de dimension 3, de caract`ere valant (3,1,0,1,1)
sur les diff´erentes classes de conjugaisons.
b) Dresser les tables de caract`eres de S4et A4et interpr´eter g´eom´etriquement certaines repr´esentations
obtenues.
c) Dresser les tables de caract`eres de S5et A5et interpr´eter g´eom´etriquement certaines repr´esentations
obtenues.
Solution de l’exercice 11.
a) Voir cours.
b) — La table de caract`eres de S4est dans le cours. Avec les notations du cours, les deux
repr´esentations V0et V0sign irr´eductibles de dimension 3 correspondent aux l’actions
de S4sur R3d´efinies respectivement par l’isomorphisme S4
Isom+(Cube) GL3(R)
(une isom´etrie directe du cube permute les quatre grandes diagonales dudit cube) et par
l’isomorphisme S4
Isom(T´etra`edre) GL3(R) (une isom´etrie du t´etra`edre permute les
quatre sommets dudit t´etra`edre). La repr´esentation Vde dimension 2 est d´efinie par l’action
de S4sur un triangle ´equilat´eral de R2via le morphisme quotient naturel S4S4/K 'S3,
o`u Kd´esigne le sous-groupe de S4engendr´e par les bitranspositions.
Le groupe A4a exactement quatre classes de conjugaison, `a savoir celle de id (de cardinal
1), celle de (123) (de cardinal 4), celle de (132) (de cardinal 4), celle de (12)(34) (de cardinal
3). Le groupe d´eriv´e de A4est le groupe de Klein engendr´e par les bitranspositions, et le
quotient de A4par son sous-groupe d´eriv´e est isomorphe `a Z/3Z. Donc A4admet trois
repr´esentations de dimension 1. On en d´eduit que la quatri`eme repr´esentation irr´eductible
est de dimension 3 et on obtient son caract`ere par orthogonalit´e. D’o`u la table de caract`eres
suivante :
A41 4 4 3
id (123) (132) (12)(34)
χtriv 1 1 1 1
χ1j j21
χ21j2j1
χV0
03 0 0 1
On constate que la repr´esentation V0
0est la restriction de la repr´esentation standard V0
de S4et correspond donc `a un sous-groupe du groupe des isom´etries directes du cube en
dimension 3.
c) La table de caract`eres de S5est dans le cours. L’interpr´etation g´eom´etrique de ces repr´esentations
est difficile.
Le groupe A5a exactement 5 classes de conjugaison, `a savoir celle de id (de cardinal 1),
celle de (123) (de cardinal 20, c’est la classe de tous les 3-cycles), celle de (12)(34) (de
cardinal 15, c’est la classe de toutes les bitranspositions), celle de (12345) (de cardinal 12)
et celle de (21345) (de cardinal 12). On consid`ere les repr´esentations irr´eductibles de S5
et on regarde si leur restrictions `a A5sont irr´eductibles ou non. Avec les notations du
cours, on constate que χtriv|A5=χsign|A5
est la repr´esentation triviale de A5. De mˆeme,
les restrictions de V0et V0sign sont isomorphes et irr´eductibles. Et les restrictions de
Vet Vsign sont isomorphes et irr´eductibles. En revanche, la restriction de V2V0n’est
pas irr´eductible. On a donc d´etermin´e trois repr´esentations irr´eductibles de A5sur cinq. La
formule sur les dimensions assure que les deux repr´esentations restantes, not´ees Wet W0,
sont de dimension 3. On peut d´eterminer leur caract`ere via les relations d’orthogonalit´e.
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