S
ciences-
C
roisées
Numéro 7-8 : Soin de l’âme
A l’aube de la métaphysique.
Jalons pour une préhistoire de la spiritualité
Prof. Marc Grœnen
Université Libre de Bruxelles
(Centre de Recherches en Archéologie et Patrimoine)
mgroenen
@ ulb.ac.be
À LAUBE DE LA MÉTAPHYSIQUE.
JALONS POUR UNE PRÉHISTOIRE DE LA SPIRITUALITÉ
RÉSUMÉ
Après l’analyse de l’information dont le préhistorien dispose, la
contribution évalue les moments l’on peut saisir les indices d’une mise en
place d’éléments métaphysiques dans les traces archéologiques. Les différents
homininés sont examinés, et ce à travers la durée de la très longue préhistoire
paléolithique, pour isoler les premiers indices d’activités spirituelles. Ensuite, le
travail s’attache à mettre en évidence la richesse des pratiques cultuelles chez
Néandertal et Cro-Magnon à travers les réponses au phénomène de la mort. Il
montre ensuite l’existence de mythes et de rites dans l’art du Paléolithique
supérieur. Il tente enfin de dégager la valeur de l’image pour nos lointains
ancêtres.
1. PRÉALABLE MÉTHODOLOGIQUE
Rien n’est plus évanescent que le monde des esprits. Pour les populations
archaïques, les relations que l’homme entretient avec des forces ou des entités qui
occupent un monde parallèle à celui qu’il appréhende par les organes de la
perception sont, par essence, impalpables, même si ces entités ont bien souvent
une inquiétante présence et une redoutable puissance. Le monde des esprits ne
s’approche d’ailleurs qu’avec des précautions connues des seuls initiés. C’est dire
qu’il faut, pour en connaître les secrets et en mesurer les effets, le support de la
tradition orale ou le concours du texte écrit. Mais lorsque les cultures étudiées ont
disparu depuis trop longtemps pour qu’il reste des traces de leurs croyances ou de
leurs mythes, et a fortiori lorsqu’il s’agit de groupes qui n’ont jamais disposé de
l’écriture, comme c’est le cas pour les populations de la préhistoire, on ne peut
que regretter l’immatérialité de ces croyances. Car, pour l’archéologue qui
exhume du sol les vestiges de ce lointain passé humain, seuls subsistent les
témoins matériels que l’action du temps n’a pas atteints ou a partiellement
épargnés. Il faut le rappeler, le préhistorien ne dispose pour tout document que ce
que les fouilles archéologiques et les analyses de laboratoire lui donnent. La
1
critique préalable des documents doit donc être sévère, et plus d'une fois des faits
qui semblaient acquis ont dû être entièrement réévalués.
On peut, d'ailleurs, légitimement s'étonner de ce que les préhistoriens aient
pu extraire d'un matériel, dont ils ne cessent d’ailleurs de souligner l'indigence,
autant d'éléments conclusifs à verser au dossier des religions préhistoriques. C'est
que, précisément, lorsque les faits parlent peu, ils sont équivoques ; il est, dès lors,
aisé de les adapter à un quelconque modèle. Pendant longtemps, les préhistoriens
ont considéré que l'histoire humaine ancienne était jalonnée de constantes
religieuses universelles dont il était loisible de suivre l’évolution. De S. Reinach
(1903) à J. Maringer (1958), en passant par T. Mainage (1921), G.H. Luquet
(1926, 1931), H. Weinert (1946), P. Wernert (1948), H. Breuil et R. Lantier
(1951) et E.O. James (1957), les auteurs ont posé l'universalité du fait religieux
pour chacun des degrés de civilisation sauvagerie, barbarie, civilisation sur la
foi d'une essence qui rendrait d'emblée pertinente la comparaison des faits sociaux
au sein de chacun de ces états de culture. Dans la mesure certains groupes
vivent encore à l'état de sauvagerie et que leurs coutumes et leurs pratiques ont été
observées par des voyageurs ou des ethnographes, Mainage peut avancer que les
manifestations extérieures de leur activité peuvent encore être reliées au
mécanisme mental qui les a produites (MAINAGE, 1921 : 123) et faire revivre les
cérémonies magico-religieuses des Paléolithiques en comparant les vestiges
fournis par l'archéologie avec ceux des primitifs actuels, sur la seule base du fait
que la similitude des effets nous autorisera à invoquer la similitude des causes
(MAINAGE, l.c.).
Ce comparatisme facile a fait date. Étienne Patte (1960 : 6), qui a d'ailleurs
lui-même fort peu respecté ce précepte de prudence, l’avait souligné : pour un fait
observé, l'ethnographie nous apporte toujours plus d'une comparaison, c'est-à-
dire plus d'une interprétation. La démarche était donc elle-même sujette à
caution ; elle s’est avérée franchement irrecevable lorsque les interprétations ont
été bâties au départ d’éléments empruntés à des populations diverses. Comme l'a
sévèrement relevé André Leroi-Gourhan (1990 : 81), il est étonnant que les
préhistoriens aient utilisé, au début du 20e siècle déjà, tout un magasin de
pratiques cueillies au hasard des récits de voyageurs aux antipodes, injurieuses
pour les Pygmées ou les Fuégiens eux-mêmes, parce que tendancieusement
choisies dans l'ignorance du ciment qui les rend solidaires d'une certaine image
du monde.
Durant les années 1960, cette approche universalisante des comportements
religieux ne disparaît pas. Mais elle prend une forme différente. L’objectif est
alors de retrouver des structures comportementales inhérentes à l'être humain et,
de ce fait, nécessairement omniprésentes. Leroi-Gourhan ne fait d’ailleurs pas
exception. Abordant les faits religieux au Paléolithique ancien et moyen, l'auteur
estime qu'il serait excessif de ne pas imaginer un commencement à ce qui est
universel dans les temps plus récents (Leroi-GOURHAN, 1990 : 146). De même,
cet appel à un universel justifiant la subordination du factuel au principiel scande
le travail de Marcel Otte. En soulignant la fréquence des calottes crâniennes des
hominidés anciens, l'auteur constate que dans toutes les civilisations et de tous
temps, le crâne ou la tête a pris cette fonction d'évocation ou de rappel d'un être
mort ; et il conclut, s'il existe un universel quant à la pratique des objets-reliques,
c'est bien celui-là et il est, précisément, le premier à apparaître (OTTE, 1993 : 37).
Cette conviction se marque encore lorsque l'auteur aborde le feu : s'il est un
phénomène aux origines d'une multitude de mythes, contenu dans toutes les
2
légendes, élément de tout rituel, universellement répandu, perpétuellement
présent, c'est bien celui-là. Or, il est justement le premier attesté
archéologiquement (OTTE, 1993 : 39).
Que les traces de feu aient été découvertes dans des couches très anciennes
est un fait archéologiquement incontestable, mais ce n'est pas parce que le feu est
entré dans l'imaginaire mythologique ou qu'il a fait l'objet de rituels que les foyers
anciens démontrent l'existence de pratiques religieuses ou de récits mythiques au
cours de ces lointaines époques. Il importe de partir et de ne considérer que les
documents archéologiques eux-mêmes. Bien entendu, cette exigence entraîne de
nouvelles difficultés. Dès lors qu'ils sont arrachés à leur contexte symbolique, les
objets sont muets sur les intentions qui ont présidé à leur réalisation. La trace
archéologique constitue une marque culturelle fossile qu’il s’agit de décrypter en
pratiquant une lecture palethnographique des surfaces paléolithiques. Toute la
difficulté et le problème se pose d’autant plus qu’il s’agit de fouille ancienne
est donc d’articuler les traces archéologiques entre elles de façon à ce qu’elles
nous informent sur des modes de pensée structurés différemment des nôtres
(GROENEN, à paraître).
2. QUELLE VIE SPIRITUELLE POUR LES PLUS ANCIENNES HUMANITÉS ?
Cette difficulté de « lecture » des documents se pose évidemment d’autant
plus que les périodes explorées sont anciennes : plus on remonte dans le temps,
moins les documents ont de chance d’être à leur place d’origine. Pour les périodes
les plus anciennes, la présence humaine se limite pour cette raison à des restes
fossiles le plus souvent modestes. Pour les plus vieux « préhumains » bipèdes,
comme Sahelanthropus tchadensis (Toumaï) vers 7 MA (millions d’années),
Orrorin tugenensis (6 MA), Ardipithèque (5,5-4,4 MA), Australopithèque (4,2-2
MA) ou Paranthrope (2,7-1 MA), les milliers de restes osseux et de dents, tous
découverts en Afrique, nous ne disposons pour l’instant d’aucune information sur
leur habitat, sur leurs comportements ou sur l’existence éventuelle de pratiques
spirituelles. Et il n’en va pas différemment pour les premiers représentants du
genre humain Homo habilis (2,4-1,4 MA) et Homo rudolfensis (2,4-1,7 MA).
Toutefois, les industries en pierre taillée à partir de 2,6 MA produites par plusieurs
de ces homininés nous invite à penser qu’il devait exister en ces temps reculés des
schémas cognitifs déjà complexes. Le fait est, en tout cas, démontré pour l’atelier
de taille mis au jour à Lokalelei au Kenya (2,34 MA) (ROCHE et al., 1999).
Homo ergaster est le premier humain à avoir quitté l’Afrique. Sa
dispersion rapide dans l’Ancien Monde l’a obligé à s’adapter à des milieux très
différents. Peu avant 2 MA, on retrouve ses outils en Eurasie, puis ses restes
osseux à Dmanisi en Géorgie (1,81 MA) ou à Sima del Elefante en Espagne (1,1
MA). Avec ce type humain, les productions d’outils sont organisées depuis des
schémas opératoires multiples qui s’inscrivent dans des systèmes techniques
complexes transmis à d’autres groupes, si bien qu’il semble légitime d’y voir le
premier humain culturellement déterminé (LUMLEY, 2006, GROENEN, 2009 : 65-
79). Il ne subsiste, pourtant, dans les sites de cette période aucune indication
permettant de démontrer l’existence de préoccupations spirituelles. Dans l’état
actuel des connaissances, ces premiers indices apparaissent avec le descendant
européen de Homo ergaster : Homo heidelbergensis. À la Sima de los Huesos, en
Espagne, les corps de 32 individus ont été jetés dans un puits, il y a 350.000 ans
3
(ARSUAGA et al., 1998). Leurs restes gisaient avec un biface, non utilisé,
soigneusement taillé dans un quartz rose (CARBONELL et al., 2003). De même,
dans la grotte de Lamalunga dans les Pouilles en Italie se trouvait le corps d’un
individu déposé dans le coin d’une salle entre deux piliers stalagmitiques, à l’abri
des prédateurs (PESCE-DELFINO & VACCA, 1996). Enfin, il existe aussi quelques
os d’animaux encochés. Les traces que l’on y trouve ne peuvent pas être
considérées comme le résultat de rongeurs, ni d’activités de boucheries. Ces
modestes témoins constituent donc aujourd’hui les premières gravures
intentionnelles. Ils pourraient être, selon D. et U. Mania qui en ont mis au jour
dans le gisement de Bilzingsleben en Allemagne daté entre 420.000 et 350.000
ans –, les premières œuvres d’art (MANIA & MANIA, 1998). Même si les
découvertes ne sont pas légions pour ces périodes anciennes, le hasard et le soin
méticuleux des fouilles archéologiques permettent néanmoins d’entrevoir la
croyance possible en un « monde des esprits » ou, plus modestement, de
préoccupations dépassant les strictes nécessités liées à la vie quotidienne.
Pour les périodes plus récentes de la préhistoire, les documents se font plus
abondants, moins équivoques aussi. C’est le bilan de quelques-unes de ces
exceptionnelles trouvailles dont nous nous proposons à présent de dresser la liste
pour la période du Paléolithique moyen (300.000-35.000 ans) et supérieur en
Europe (35.000-9.000 avant notre ère), occupée alors successivement par
l’homme de Néandertal (Homo neanderthalensis) puis par l’homme de Cro-
Magnon (Homo sapiens). Nous nous attacherons également à faire le parallèle
avec les sépultures du Proche et du Moyen-Orient, en nous rappelant que dans
cette région la présence de l’homme de Cro-Magnon a précédé celle de l’homme
de Néandertal. En fait, les découvertes de restes humains fossiles sont nombreuses
pour ces deux humanités. La plupart des défunts, pourtant, n’ont pas reçu les
honneurs d’une sépulture. Nombreux sont, en effet, les ossements isolés qui
comportent des marques de décharnement ou de traitements divers. Même si ces
traces sont bien attestées à l’époque de l’homme de Néandertal (LE MORT, 1988,
1989), elles apparaissent également durant la période de l’homme de Cro-Magnon
(LE MORT & GAMBIER, 1992). Par sa richesse documentaire, la sépulture
conserve néanmoins une importance toute particulière qui justifie les nombreux
travaux de synthèse qui leurs sont accordés (MAY, 1986, BINANT, 1991, DEFLEUR,
1993, GROENEN, 1997, MAUREILLE, 2004, VANDERMEERSCH [dir.], 2008,
TILLIER, 2009).
3. DE LA SÉPULTURE AU « MONDE DES ESPRITS » CHEZ NÉANDERTAL
Depuis la découverte de la sépulture de la Chapelle-aux-Saints par les
abbés Louis Bardon, Amédée et Jean Bouyssonie en 1908, le traitement des
défunts chez l’homme de Néandertal ne laisse aucune place au doute.
Aujourd’hui, quinze gisements ont livré une soixantaine de sépultures pour le
Paléolithique moyen. Malgré ce nombre impressionnant, il est cependant assuré
que la sépulture restait une réponse funéraire exceptionnelle pour cette humanité.
En réalité, nous ne disposons pas de sépulture avérée pour toute la période
du Paléolithique moyen (300.000-35.000) : les plus anciennes actuellement
connues proviennent du Regourdou et du Roc de Marsal et sont datées à plus de
70.000 ans avant notre ère (TURQ et al., dans : VANDERMEERSCH, dir., 2008 : 40).
Le corps a été inhumé en grotte ou en abri sous roche ou, éventuellement, en plein
4
air. La présence de plusieurs sépultures dans un même site ne peut que souligner
la volonté d'un choix de la part des Néandertaliens. Ainsi, la grotte de Spy en
Belgique, l'abri du Moustier en Dordogne et la grotte de Kiik-Koba en Crimée ont
toutes trois livré deux sépultures. Mais certains sites en ont livré davantage : la
grotte d'Amud en Israël a livré les restes de cinq Néandertaliens, le grand abri de
La Ferrassie en Dordogne en a donné huit, Shanidar en Iraq neuf (BINANT, 1991 :
4-32). Le corps a été déposé dans une fosse spécialement aménagée pour le
recevoir ou dans une cuvette naturelle (DEFLEUR, 1993 : 249-250). Si l’on excepte
la situation de l'ancienne Union soviétique, le corps est le plus souvent orienté
d'est en ouest (BINANT, 1991 : 81). À Shanidar (Iraq), R. Solecki a découvert un
corps (Sh. 3) dans une crevasse parmi les pierres (SOLECKI, 1971 : 150). Plusieurs
corps (Sh. 4, 6, 7, 8) semblent d’ailleurs avoir été placés dans une niche (SOLECKI,
1971 : 168-169). Les sépultures de cette période ne comprennent qu'un seul corps.
Les pierres ou blocs calcaires sont suffisamment attestés pour que l'on
puisse non seulement considérer leur présence comme intentionnelle, mais encore
y voir le témoignage d'une pratique délibérée. En effet, certaines parties du corps,
comme la tête, sont particulièrement concernées, comme c'est le cas à la Chapelle-
aux-Saints, La Ferrassie 1 une pierre plate fut déposée entre le ventre et la
cuisse droite, un autre bloc contre l'avant-bras gauche et deux ou trois autres à plat
sur la tête du défunt (BREUIL, 1921 : 343). Certaines de ces sépultures ont parfois
demandé des efforts importants aux membres du groupe. L’un des exemples les
plus remarquables, à cet égard, est sans conteste celui de la grotte du Regourdou,
en Dordogne. La couche IV datée à 45.500 ± 1.800 B.P. a, en effet, livré
plusieurs structures, dont une sépulture abritant le corps d’un adulte de sexe
indéterminé. Le défunt était placé dans une fosse peu profonde, sur un dallage de
pierres plates. Ses bras étaient repliés, les mains posées au niveau du crâne. Il
reposait sans doute sur des peaux d’ours. Fait curieux, le crâne était manquant, de
même que les os de la jambe alors qu’ont été conservés les os du tarse (os du
pied) et du carpe. Il n’est pas possible de déterminer si ces os ont été ôtés lors des
premières fouilles effectuées en 1957 par le propriétaire ou s’ils ont été enlevés au
moment de l’inhumation. Il faut, en revanche, noter la présence de deux tibias
d’ours brun dans le prolongement du bassin, à l’emplacement qu’auraient
avoir les jambes si elles avaient été en extension. Un bloc avait été posé sur la
poitrine du défunt, sur lequel se trouvaient divers objets (un éclat, un nucléus, un
très beau racloir et un fragment d’humérus d’ours). Mais le fait le plus
remarquable est que cette sépulture avait été couverte par un « tumulus » formé de
blocs de pierre, de sable et de cendre. Ces blocs de pierre en grès, de plusieurs
kilos chacun, avaient été amenés de l’extérieur de la grotte, et constituaient une
superstructure de près de 1 m de haut. Au-dessus de ce « tumulus » avait été
déposé un bois de cerf élaphe. Enfin, et comme cela a parfois été observé pour
d’autres sépultures du Paléolithique moyen, un petit foyer avait été allumé par-
dessus (BONIFAY, 2002).
Mais cette sépulture n’était pas la seule structure archéologique
remarquable. Au sud de ce « tumulus » se trouvait une fosse aménagée entre des
dalles tombées du plafond et des murs en pierre, dont tous les « vides » avaient été
soigneusement comblés à l’aide de cailloux. La fosse avait une forme
subrectangulaire (1,5 x 0,60 m) et contenait les restes presque complets, mais
désarticulés avant le dépôt, d’une jeune femelle d’ours brun. Le crâne se trouvait
entre trois pierres formant un coffrage protecteur. Enfin, la fosse était couverte par
une grande dalle calcaire subtriangulaire pesant environ 800 kg, et qui devait
nécessairement avoir été déplacée sur une distance d’environ 2 ou 3 m. Entre cette
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