Versus - Rurart

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Centre d’art contemporain Rurart
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Centre d’art contemporain Rurart
Versus
DAVID LETELLIER
07 novembre - 20 décembre 2013
En présence d’une
interaction...
L’espace est immaculé. Deux fleurs noires métalliques
se font face. À intervalle régulier chacune émet une
série de sons dont l’interprétation simultanée entraîne
une modification de leur corolle. Témoin de ce
dialogue le spectateur observe le déploiement de ce
ballet dont il est une composante à part entière.
Centre d’art contemporain Rurart
D150 lycée agricole Venours 86480 Rouillé
05 49 43 62 59 ] [email protected]
www.rurart.org
twitter.com/rurart
facebook.com/culture.contemporaine
Versus est une installation sonore composée de deux
sculptures cinétiques disposées face-à-face. Chaque
sculpture est constituée de douze panneaux miroirs
triangulaires articulés, actionnés par six actuateurs
linéaires, contrôlés par un programme spécifique.
Au centre de chaque corolle, un haut-parleur diffuse
des sons et un microphone capte ceux provenant de
l’autre sculpture, mêlés aux sons de l’environnement.
Chacune restitue le son de l’autre, avec les erreurs,
les imperfections et les perturbations provoquées par
l’espace et les visiteurs.
Le visiteur n’est pas aux commandes. Discrète ou
invasive sa présence enrichit et perturbe l’échange
entre les sculptures cinétiques. La phrase originelle
est continuellement transformée, convertie, reproduite
jusqu’à devenir quelque chose d’entièrement nouveau
et imprévisible. La mémoire des événements sonores
précédents se perpétue jusqu’à ce qu’elle soit à son
tour dégradée et remplacée par des événements
plus récents. L’espace s’emplit progressivement des
imperfections, des réflexions, des hasards et des
accidents du dialogue, prenant à partie physiquement
le spectateur et l’immergeant dans un ensemble trop
vaste où sa présence est tout juste tolérée par ces
deux « monstres ».
En s’immisçant dans cette conversation, le spectateur
dégrade la communication par sa présence et les
sons qu’il produit. Ce système crée une interaction
sensible où les imperfections de la reproduction et le
hasard deviennent des éléments créateurs.
Les deux sculptures engagent un dialogue, un cycle
perpétuel d’émission et de reproduction, créant entre
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elles un espace sonore stéréophonique en interaction
constante avec le visiteur et son environnement.
Les formes générées sont déterminées par l’analyse
des fréquences, chaque actuateur1 représentant
une plage de fréquence différente. Les corolles se
plient, s’ouvrent et se referment, prenant des formes
différentes à chaque cycle, créant ainsi des jeux
de réflexions multiples, transcriptions formelles de
l’environnement sonore.
À propos de Versus et de sa genèse l’artiste dit :
« J’avais envie de travailler sur l’anti-interactivité,
mettre le spectateur dans une situation de perte de
contrôle, se heurter à l’implacable volonté de machines
autonomes, qui discutent et se passeraient bien de
notre visite... Et puis le temps, la mémoire du son qui
se dégrade sur le long terme. En fait une distorsion
du temps, à l’inverse de notre habituel rapport aux
machines (que ce soit un distributeur de billet ou un
jeu vidéo), le contraire du schéma action/réaction. »
Jeune artiste né en France, David Letellier vit et
travaille à Berlin. Architecte de formation et musicien
confirmé, collaborateur de longue date de Carsten
Nicolai (Alva Noto pour les connaisseurs), il publie ses
créations sur le label allemand Raster-Noton sous le
pseudonyme de Kangding Ray.
Ses
travaux
expérimentent
les
rapports
qu’entretiennent l’architecture, les espaces et le son. Il
articule ses recherches artistiques entre performances
visuelles et installations sonores où des structures
autonomes tentent d’« exprimer le son comme une
forme en mouvement dans un espace ». Hybridant, art,
science et technologie ses recherches le conduisent à
produire des étrangetés technologiques à l’esthétique
radicale, parfois difficiles à décrire.
1. Actuateur : n. m, convertisseur d’une tension électrique en une
action mécanique.
De l’art numérique,
cinétique, sonore,
architectural...
Résolument ancré dans la culture numérique
d’aujourd’hui, David Letellier applique au dispositif
mécanique le génératif, le code. Nous sommes en
pleine cybernétique. Cette science des systèmes autorégulés qui modélise la relation entre les éléments
d’un ensemble complexe et qui a connu ces vingt
dernières années un développement sans précédent.
En temps réel le système entier peut se modifier
intégralement ou en partie analysant son
environnement et proposant une nouvelle perception
de celui-ci au spectateur. Le sort qui lui est réservé
est d’ailleurs particulier. Peut-on parler d’interaction
face à ces dispositifs ? Permettent-ils au moins la
contemplation ? À l’inverse des miroirs de Daniel
Rozin (www.smoothware.com/danny), où l’action du
visiteur est au centre du dispositif, le visiteur devant
Versus fait partie tout au plus de l’expérience.
Les œuvres de David Letellier sont évidemment
technologiques mais ses «robots» ne répondent
pas directement aux mythes et à la dramaturgie de
ces créatures qui peuplent l’histoire des arts. Ils ne
sont pas des miroirs, ces doubles anthropomorphes
dont on peut faire nos esclaves. Ils ne sont pas
non plus peintres, sculpteurs ou acteurs guidés
par nos gestes géniaux, ni des partenaires
dociles nous permettant de nous «augmenter»
comme dans les performances de Bill Vorn.
Les machines de David Letellier occupent l’espace
et le transforme. Elles sont parfois elles-mêmes cet
espace en mettant en relation leurs composantes.
Elles n’interagissent pas ou peu avec le spectateur.
Elles ne le singent pas non plus, leurs diodes, câbles,
vérins et soupirs pneumatiques s’assument comme
tels. Elles captent leur environnement, l’utilisent et y
répondent.
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Sélection d’œuvres
Ressources
TESSEL, 2010
Art cinétique
On entend par sculpture cinétique des œuvres dont
des parties peuvent être mises en mouvement sous
l’action du vent, d’un moteur ou bien par le spectateur.
L’expression art cinétique (utilisée pour la première
fois en 1960 à Zurich), recoupe des pratiques
diverses dont les œuvres qui ont la particularité de
donner l’impression de mouvement alors qu’elles
sont immobiles. L’art cinétique trouve ses origines
dès les années 1910 auprès des futuristes ou bien
de Duchamp et plus tard dans les mobiles de Calder.
On compte parmis les artistes «cinétiques», Vasarely,
Soto, Tinguely, Schoffer ou encore Morellet.
Tessel
est
le fruit d’une
collaboration entre
David Letellier et
Lab[au]. L’œuvre
consiste
en
quarante triangles
motorisés
et
sonores suspendus au plafond. La paroi se déploie et
se contracte, elle s’anime en fonction d’un programme
préenregistré et des événements extérieurs. Tessel
explore ainsi les relations entre le son et l’espace.
CATEN, 2012
Création originale
pour la chapelle
du vieux SaintSauveur, Caten
est une sculpture
en
lévitation,
déterminée par la
gravité et guidant
l’évolution d’une
composition
sonore.
www.davidletellier.net
cybernétique
La cybernétique est une science qui s’intéresse aux
mécanismes de communication et de régulation des
«systèmes» chez l’être vivant, dans les machines et
dans les systèmes sociologiques et économiques.
Elle étudie plus spécifiquement les interactions entre
les systèmes de contrôle (ou gouvernants) et les
systèmes opérationnels (ou gouvernés).
art numérique
L’art numérique a pris son essor à la fin des années
1980 et désigne un vaste ensemble de créations
artistiques utilisant les spécificités du langage
numérique et dans lesquelles la technologie occupe
une place prédominante. Il désigne toute forme d’art
virtuel ou en réseau, on parle également de Net art,
de cyber art ou d’art interactif. Dès les années 1950 et
l’apparition des premières tables de mixage dans les
studios d’enregistrement, on parle «d’art numérique
sonore», en particulier sous l’impulsion de Pierre
Henri.
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