
Les proches accompagnant un malade en fin de vie : quelles conséquences, quels supports ?
de priorité qui peuvent entraà®ner ajustements, tensions ou conflits. La multiplicité des services et des
professionnels facilite la réponse à certains besoins et attentes tout en multipliant les risques d'incohérence. En
effet, les personnes malades, les différents membres de l'entourage et les différents professionnels développent des
logiques d'action qui ne peuvent pas être parfaitement concordantes (Bungener et col., 2006 ; Pennec, 2004). Du
côté des soignants (Thibaut, 2009), la présence des familles entraà®ne des modifications des pratiques soignantes
et médicales (sortir de la relation duelle ; accepter le regard d'un tiers sur les soins ; se situer face aux habitudes de
vie et de relations des familles...). Des formateurs sont sollicités pour travailler sur ces questions avec les soignants
(Thibaut, 2009). Ce travail a d'autant plus d'importance que les proches-aidants peuvent davantage mobiliser leurs
ressources lorsqu'ils perçoivent qu'ils partagent la responsabilité des soins avec les professionnels (Gysels et
Higginson, 2009).
Répondre à des besoins spécifiques
Expliquer que tout est fait au mieux pour le patient
A propos du confort des patients, les proches-aidants disent combien il leur est important de percevoir que tout est
fait au mieux pour le malade (Miettenen, 2001 ; Frattini et al. 2008). Dans l'étude de Fridriksdottir (2006), « Etre
assuré que les soins les meilleurs sont donnés au patient » représente le deuxième besoin exprimé par les aidants.
Schulz et ses collaborateurs ont montré que la perception de la douleur des patients par les aidants contribue à leur
dépression et leur épuisement ; ce, davantage que les handicaps physiques et psychiques ou que les troubles du
comportement et le temps passé à réaliser les soins (cité par Hebert, Schulz, 2006). En effet, « ... la peur de souffrir
ou de voir le patient souffrir est une forme très partagée de la souffrance » (Bogalska-Martin, 2007). Dans l'étude de
Marco et al. (2005), la satisfaction des membres de la famille porte d'abord sur les soins globaux apportés, et les
indices de non satisfaction d'abord sur la perception d'une incompétence professionnelle, ou d'une attitude de soins
inadaptée. Les explications, même courtes, permettant de faire valoir comment les professionnels sont attentifs au
confort du patient et aux signes de l'agonie, ont une fonction apaisante pour l'entourage.
Pouvoir sécuriser, informer, former
Une formation des aidants, au domicile, pour gérer les médicaments à donner à la personne en fin de vie a montré
que celle-ci permet un meilleur soulagement des symptômes pour le patient et un apaisement de l'anxiété chez les
proches (Anderson, Kralik, 2008). Il est à préciser que cette formation a été couplée à un dispositif de permanence
téléphonique pour les proches. Or, on sait que les réponses rapides en cas de crise diminuent, par ailleurs, l'anxiété
(Kessler, 2005). Plus largement, pour faire face et mobiliser leurs propres ressources, les aidants soulignent qu'il est
rassurant de pouvoir joindre, quoi qu'il arrive, un professionnel qui connaà®t la situation (permanence téléphonique),
et savoir qu'une hospitalisation sera possible même en urgence. Sans forcément y recourir, de telles ressources
permettent de « tenir » dans la durée, puisqu'une alternative existe si le proche se sent dépassé. En ce sens, en
France, les permanences téléphoniques mises en place par les réseaux de soins palliatifs sont utiles et appréciées.
Le filet constitué par le réseau social informel et les dispositifs disponibles à tout moment prennent, dans l'optique
de sécuriser les aidants, une valeur essentielle, bien avant le soutien psychologique spécialisé (Frattini, Mino, 2008).
En ce qui concerne l'information ou la formation des aidants, les besoins mis en évidence sont concordants mais les
résultats des dispositifs mis en place sont contrastés. Les aidants ont à réaliser de nombreux soins de confort et
peuvent, surtout au domicile, être seuls lors de l'aggravation des symptômes et de l'agonie, pour lesquels ils sont
particulièrement mal préparés (Gysels et Higginson, 2009). Harding et al. (2002) montrent les besoins d'information
des proches et proposent des dispositifs de soutien pour limiter l'angoisse. Des groupes ponctuels d'information et
de partage entre aidants, animés par des professionnels, ont montré leur intérêt : pouvoir s'identifier à d'autres
personnes vivant la même situation, partager, s'aider, s'encourager tout en bénéficiant des apports des
professionnels (Harding et al., 2002). Cependant, Hebert et Schulz (2006) arguent qu'il ne suffit pas d'augmenter le
niveau de connaissances des proches pour améliorer les résultats en termes psychologique et social. Ce sont les
programmes d'éducation, plus exigeants et donc moins accessibles, qui entraà®nent des effets positifs sur la fatigue,
les symptômes de dépression ou la sensation de bien-être. E. Bogalska-Martin (2007) déplace la question et
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