
J.  P. :  Encore  une  fois,  oui  bien  évidemment  mais  nombre  de  patients  qui  viennent  me 
consulter ont un passé au vécu difficile. 
Mais, je dois dire que votre hypothèse serait plus particulièrement vraie chez les enfants : en 
général les autres enfants ne sont pas tendres avec eux. L’enfant peut se sentir à part et cela va 
exacerber l’existant, ça peut aggraver la dermatose. 
 
A .Y :  Est-ce que chez ces enfants, on retrouve  souvent des relations  compliquées avec la 
figure maternelle ?  
J.P : La relation avec la mère peut être problématique dans le sens où il y a prolongation de la 
dépendance physique : l’enfant atteint de dermatose à besoin de soins corporel que la mère 
doit lui prodiguer. Ces soins peuvent être parfois prépondérant et perturber la relation avec la 
fratrie. 
Cependant, il faut dire que l’enfant atteint de la maladie peut ne ressentir aucune honte, mais 
que  ce  sont  les  parents  qui  ont  honte  « pour »  leur  enfant.  C’est  souvent  le  cas  dans  des 
situations  de  brûlure  bénigne,  où  l’enfant  peut  plutôt  bien  le  vivre  dans  un  premier  temps, 
mais où les parents se sentent honteux. Dans le cas d’une dermatose qui atteint un seul enfant 
sur une fratrie, les parents peuvent s’interroger « pourquoi mon enfant est ainsi ? » 
En tout cas, à cette période, l’enfant peut emmagasiner un sentiment de honte profond. 
 
A. Y . : « Les relations sociales sont-elles affectées (difficulté à aller vers les autres? Gêne 
voir peur du regard des autres ?) »  
J. P. Cela dépend de la localisation de la lésion. Il y plus souvent entrave dans la vie sociale 
lorsque la dermatose se situe sur les organes génitaux, les parties sexuelles, le visage et les 
mains.  
Cela  dépend  aussi  du  type  d’affection :  il  y  a  une  grande  différence  entre  l’eczéma  et  le 
psoriasis. L’eczéma est une maladie qui vient par poussée. Le patient peut avoir la peau nette 
pendant  plusieurs  mois  avant  d’avoir  une  poussée  d’eczéma  qui  repartira.  Lors  de  ces 
périodes  de  rémissions  il  n’y  a  aucune  trace  sur  le  corps.  En  revanche  dans  le  psoriasis, 
chaque  poussée  laisse  une  petite  marque,  il  y  a  donc  accumulation.  Le  psoriasis  évolue 
souvent par paliers. Donc oui, dans le cas d’un psoriasis ou d’un eczéma qui s’est installé de 
façon chronique, il peut y avoir entrave de la vie sociale. 
 
A.Y. :  « Globalement,  comment  est  vécue  la  maladie ?  (entrave  dans  la  vie  sociale, 
professionnelle, affective ? Réajustement dans la vie quotidienne ?) ».