32 L’INFORMATION DENTAIRE n° 25 - 24 juin 2015 L’INFORMATION DENTAIRE n° 25 - 24 juin 2015
Dossier l
Urgences
Interactions médicamenteuses
La prescription médicamenteuse fait partie
intégrante de l’arsenal thérapeutique
de l’odontologiste. Qu’elle soit ou non
alisée dans le cadre de l’urgence,
elle devra toujours être précédée
d’une anamnèse rigoureuse afin déviter
la survenue d’interactions médicamenteuses
cliniquement significatives. Face à
la polymédication et à l’automédication
des patients, l’attention pore à la prescription
médicamenteuse se doit, aujourd’hui
plus quhier, d’être renfore. Enfin,
une attention toute particulière devra
également être portée aux interactions
physico-chimiques pouvant exister entre
les médicaments prescrits et les dispositifs
médicaux que nous sommes amenés
à utiliser.
Claire Egloff, Julien Scala-Bertola, Elise Pape, Frédéric Camelot, Céline Clément,
Kazutoyo Yasukawa
U
ne interaction médicamenteuse concerne la mo-
dification des effets thérapeutiques d’un médica-
ment, soit par un autre médicament, soit par une
autre substance (aliments, alcool, tabac…) administrée de
façon concomitante. Sur plus de 143 000 hospitalisations
annuelles dues à des effets indésirables de médicaments
en France, 30 % sont liées à des interactions médicamen-
teuses, chiffres stables depuis 1998 (étude EMIR [1]).
Parmi les facteurs de risque d’interaction médicamen-
teuse, la polymédication est à surveiller particulièrement.
En effet, il a pu être montré que le risque d’interactions
médicamenteuses augmente avec le nombre de spécialités
prescrites (7 % des patients présentaient des interactions
médicamenteuses pour une consommation quotidienne
de 6 à 10 médicaments contre 40 % pour une consomma-
tion quotidienne de 16 à 20 produits différents [2]).
Les interactions médicamenteuses, cliniquement signifi-
catives, se traduisent classiquement par une diminution
de l’effet thérapeutique des médicaments ou une augmen-
tation du risque d’apparition de leurs effets indésirables.
Les interactions médicamenteuses peuvent être d’ordre
physico-chimique, pharmacocinétique ou pharmacody-
namique [3].
Les interactionsdicamenteuses
en médecine bucco-dentaire
Interactions physico-chimiques : elles ont une
influence sur la quantité de principe actif mise à dispo-
sition au niveau du site d’administration. Elles peuvent
être de nature médicament/médicament, médicament/
aliment ou médicament/dispositif médical. Les méca-
nismes mis en jeu regroupent des réactions de précipi-
tation, de chélation ou dadsorption. Les interactions
physico-chimiques se traduisent par une diminution ou
une augmentation des quantités réellement disponibles
en médicament après administration.
Interactions pharmacocinétiques : elles concernent
l’ensemble des processus qui vont conditionner l’expo-
sition systémique d’un patient à un médicament. D’un
point de vue pharmacocinétique, les interactions médi-
camenteuses peuvent s’observer au niveau de labsorption
(compétition pour un transporteur), de la distribution
(compétition pour les protéines de transport), du méta-
bolisme (induction/inhibition enzymatique) et au niveau
de l’élimination (compétition pour les systèmes d’éli-
mination). Les interactions pharmacocinétiques se tra-
duisent par des diminutions ou des augmentations des
concentrations sanguines en médicament.
Interactions pharmacodynamiques : elles résultent
d’une modification de l’effet d’un médicament. Les inte-
ractions pharmacodynamiques peuvent se traduire par
une diminution ou une potentialisation des effets d’un
principe actif. Cette modulation d’effet peut résulter
d’une modification d’afnité des médicaments pour leurs
récepteurs ou cibles pharmacologiques, d’une synergie
ou d’un antagonisme de leurs effets.
Pour la classification des interactions médicamenteuses,
l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM)
définit quatre niveaux de contrainte dans les associations
médicamenteuses :
Règles de prescription [4]
Anamnèse
Avant toute prescription, une anamnèse complète et
rigoureuse est nécessaire. Un interrogatoire du patient
doit être conduit sur ses traitements tant habituels qu’oc-
casionnels, et une attention toute particulière devra être
portée à l’automédication ainsi qu’aux traitements consi-
dérés comme non médicaux par le patient (pilule contra-
ceptive, collyre…). L’idéal serait de conserver une copie
des ordonnances du patient dans son dossier médical.
Au moindre doute, une mise en relation avec le médecin
traitant est fortement recommandée. Des informations
complémentaires peuvent également être apportées par
les pharmaciens d’officine via le dossier pharmaceutique.
Les situations à risque majoré d’interaction médicamen-
teuse doivent être identifiées et analysées avec attention.
Le risque de survenue d’interactions médicamenteuses
cliniquement significatives est d’autant plus grand que
le patient est âgé, polymédiqué et polypathologique.
En cas d’insuffisance hépatique ou rénale, une mise en
relation avec le médecin traitant ou un spécialiste peut
être conseillée afin d’évaluer la nécessité d’un ajustement
posologique. En parallèle de laspect pharmacothérapeu-
tique de lanamse, cette dernière pourra être complé-
tée par la recherche d’une consommation de tabac ou
d’alcool, voire des habitudes alimentaires du patient.
Les informations obtenues lors de lanamse doivent
servir de socle à la prescription et permettre d’identifier
et d’éviter les situations à risque d’interactions clinique-
ment significatives.
Contre-indication Caractère absolu
Ne doit pas être transgressée
Association déconseillée À éviter
Examen approfondi du rapport bénéfice/risque
Surveillance étroite du patient
Précaution d'emploi Association possible
Respect des recommandations pour éviter la survenue
de l'interaction
À prendre en compte Risque d'interaction existant
Simple addition d'effets indésirables
Aucune recommandation/jugement du prescripteur
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Urgences
Interactions médicamenteuses
Recherche d’interactions
cliniquement significatives
Seules seront évoquées ici les contre-indications et
associations déconseillées. Les recommandations
concernant les précautions d’emploi des associations
médicamenteuses les plus fréquentes seront citées.
Lensemble des précautions d’emploi est disponible
dans le thesaurus des interactions médicamenteuses [4]
publié et régulièrement mis à jour par l’ANSM (der-
nière version : nomvembre 2015), et dans la rubrique
« Interactions » du résumé des caractéristiques du pro-
duit (RCP) de la spécialité prescrite.
Antalgiques
Qu’elle soit pré- ou post-interventionnelle, la prescrip-
tion antalgique est un acte courant dans la pratique de
l’odontologiste. Elle doit être raisonnée et se baser sur
une évaluation du rapport bénéfice/risque de la ou des
molécules utilisées. Elle devra également tenir compte
de la prise simultanée d’autres traitements (tableau 1).
La prescription de paracétamol chez un patient traité par
antivitamines K nécessitera un contrôle plus fréquent de
l’INR. En effet, si le paracétamol est pris à dose maxi-
male (4 g/jour), et cela pendant plus de 4 jours, il existe
un risque d’augmentation de leffet de l’antivitamine K et
donc un risque hémorragique.
Anti-inflammatoires
Le recours aux anti-inflammatoires peut être nécessaire
devant certains tableaux cliniques ou suites opératoires
(tableau 2). Le cas de la prescription de lacide acétylsali-
cylique est repris ici, car les posologies à visée antalgique
(> 0,5 g/prise ou < 3 g/j) et anti-inflammatoires (> 1 g/
prise ou > 3 g/j) diffèrent à l’instar de ses précautions de
prescription.
Tableau 1 - Interactions avec les antalgiques
Molécule Niveau de contrainte Association Effet
Acide
acétylsalicylique
à visée antalgique
(> 0,5 g/prise
ou < 3 g/j)
Risque :
Hémorragique (activité anti-plaquettaire)
Compétition d’élimination pouvant conduire à une augmentation des concentrations
plasmatiques du médicament associé et à une apparition de ses effets indésirables.
CONTRE-INDICATION
Anticoagulants oraux Majoration du risque hémorragique
Méthotrexate
Dose > 20 mg/semaine
Majoration de la toxicité du
méthotrexate
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Anti-inflammatoires non
stéroïdiens
Majoration du risque ulcérogène et
hémorragique digestif
Anagrélide
Majoration du risque hémorragique
Clopidogrel
Héparines de bas poids
moléculaire (doses
curatives)
Héparines non
fractionnées (doses
curatives)
Ticlopidine
Uricosuriques Diminution de l’effet uricosurique
Anti-inflammatoires
non stéroïdiens
(AINS)
Voir le tableau sur les prescriptions anti-inflammatoires (tableau 2)
Analgésiques
morphiniques de
pallier II (Codéine
ou Tramadol)
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Morphiniques agonistes-
antagonistes Risque de diminution de l’effet
antalgique
Morphiniques
antagonistes partiels
Tramadol CONTRE-INDICATION
IMAO irréversibles
Risque d’apparition d’un syndrome
sérotoninergique
IMAO-A réversibles dont
linézolide et bleu de
méthylène
Tableau 2 - Interactions avec les anti-inflammatoires
Molécule Niveau
de contrainte
Association Effet
Acide
acétylsalicylique
à visée anti-
inflammatoire
(> 1 g/prise
ou > 3 g/j)
CONTRE-
INDICATION
Anticoagulants oraux Majoration du risque
hémorragique
Méthotrexate
Dose > 20 mg/semaine
Majoration de la toxicité
du méthotrexate
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Anti-inflammatoires non
stéroïdiens
Majoration du risque ulcérogène
et hémorragique digestif
Anagrélide
Majoration du risque
hémorragique
Clopidogrel
Glucocorticoïdes
Héparines de bas poids
moléculaire (doses curatives)
Héparines non fractionnées
(doses curatives)
Ticlopidine
Uricosuriques Diminution de l’effet
uricosurique
Anti-inflammatoires
non stéroïdiens
(AINS)
CONTRE-
INDICATION
(phénylbutazone)
Anticoagulants oraux Augmentation du risque
hémorragique
Méthotrexate Majoration de la toxicité
hématologique du méthotrexate
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Autres AINS Majoration du risque ulcérogène
et hémorragique digestif
Acide acétylsalicylique
Anticoagulants oraux
Augmentation du risque
hémorragique
Héparines de bas poids
moléculaire (doses curatives)
Héparines non fractionnées
(doses curatives)
Lithium
Augmentation de la lithémie
pouvant atteindre des valeurs
toxiques
Méthotrexate Majoration de la toxicité
hématologique du méthotrexate
Dexaméthasone ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Acide acétylsalicylique Majoration du risque
hémorragique
Vaccins vivants atténués
Risque de maladie vaccinale
généralisée, potentiellement
mortelle
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Interactions médicamenteuses
Molécule Niveau de
contrainte
Association Effet
ANTIFONGIQUES
AZOLÉS
(fluconazole,
ketoconazole…)
Risque : INHIBITION ENZYMATIQUE CYP3A pouvant conduire à une augmentation des
concentrations plasmatiques du médicament associé et à une apparition de ses effets indésirables.
CONTRE-
INDICATION Pimozide Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Colchicine Risque majoré d’effets indésirables
de la colchicine
Halofantrine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Midazolam Risque majoré de sédation
Fluconazole ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE Rifampicine Diminution des concentrations plasmatiques
et de l’efficacité des deux anti-infectieux
Molécule Niveau de
contrainte
Association Effet
Itraconazole
CONTRE-
INDICATION
Alcaloïdes de l’ergot de seigle
vasoconstricteurs
Risque d’ergotisme ou de poussées
hypertensives
Aliskirène Risque majoré d’apparition des effets
indésirables (diarrhée, hypotension…)
Atorvastatine Simvastatine Risque majoré de rhabdomyolyse
Avanafil
Vardénafil (> 75 ans) Risque d’hypotension
Dabigatran Majoration du risque hémorragique
Mizolastine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Triazolam Risque majoré de sédation
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Buspirone Risque majoré de sédation
Busulfan
Immunosuppresseurs Risque d’augmentation d’exposition/ASC cible
Ebastine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire (sujets prédisposés)
Fésotérodine
Toltérodine
Risque de surdosage anticholinergique (sujets
métaboliseurs lents)
Lercanidipine Risque majoré d’effets indésirables (oedèmes)
Luméfantrine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Quinidine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire, acouphènes et/ou cinchonisme
Rifampicine Diminution des concentrations plasmatiques
et de l’efficacité des deux anti-infectieux
Sildénafil
Tadalafil
Vardénafil (< 75 ans)
Risque d’hypotension
Kétoconazole
(voir Itraconazole)
CONTRE-
INDICATION
Névirapine
Augmentation des concentrations
de Névirapine
Diminution des concentrations de Kétoconazole
Ticagrelor Diminution du métabolite actif du Ticagrelor
Miconazole CONTRE-
INDICATION
Antivitamines K Risque d’hémorragies imprévisibles,
éventuellement graves
Halofantrine
Pimozide
Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Sulfamides hypoglycémiants Augmentation du risque hypoglycémique
Tableau 3 - Interactions avec les antibiotiques et antifongiques
Une question fréquente est celle de la diminution de lef-
fet contraceptif des dispositifs intra-utérins (stérilet) liée
à la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
Cependant, il nexiste aucune preuve scientifique de cet
effet [5]. Aucun lien na pu, à ce jour, mettre en évidence
une relation entre l’échec de contraception par dispositif
intra-utérin et la prise de médicaments [6]. Lexistence
d’un tel dispositif ne contre-indique donc pas une pres-
cription d’AINS.
La prescription d’AINS chez un patient âgé et/ou dés-
hydraté, traité par diurétiques, nécessite certaines pré-
cautions [7] comme le renforcement de l’hydratation du
patient, principalement en début de traitement.
Antibiotiques et antifongiques
(tableau 3)
En dehors de ces contre-indications et associations
déconseillées, certaines précautions d’emploi méritent
d’être mentionnées afin d’en informer le patient et de le
sensibiliser quant aux modalités de prise en charge et de
surveillance de son traitement.
- Macrolides : si une prescription de macrolides est
nécessaire chez un patient suivant un traitement par
statines, il doit être informé du risque d’augmentation
des effets secondaires pouvant nécessiter une baisse des
doses de statines.
Lassociation dun macrolide avec la ciclosporine ou le
tacrolimus implique une augmentation des concentra-
tions plasmatiques de ces immunosuppresseurs, tandis
quau contraire lassociation clindamycine-tacrolimus
induit une diminution de la concentration en tacroli-
mus.
- Fluconazole : lassociation fluconazole-théophylline
implique un risque de surdosage en théophylline pou-
vant être évité par une adaptation de la posologie de la
théophylline. Par ailleurs, un dosage sanguin de théo-
phylline peut être demandé afin de confirmer l’adapta-
tion posologique.
En cas de prescription de fluconazole chez un patient
diabétique traité par sulfamide hypoglycémiant, il
devra être prévenu du risque accru d’hypoglycémie.
Un contrôle rigoureux de la glycémie devra être mis en
place.
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Urgences
Interactions médicamenteuses
Molécule Niveau de
contrainte
Association Effet
Posaconazole
CONTRE-
INDICATION
Alcaloïdes de l’ergot de seigle
vasoconstricteurs
Risque d’ergotisme ou de poussées
hypertensives
Atorvastatine Simvastatine Risque majoré de rhabdomyolyse
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Antisécrétoires (Anti-H2 et IPP) Diminution d’absorption du posaconazole
Immunosuppresseurs Risque d’augmentation d’exposition/ASC cible
Rifabutine Risque d’apparition des effets indésirables
(uvéites)
Rifampicine Diminution des concentrations plasmatiques
et de l’efficacité des deux anti-infectieux
Triazolam Risque majoré de sédation
Vinca-Alcaloïdes cytotoxiques Majoration de la neurotoxicité
de l’antimitotique
Voriconazole
CONTRE-
INDICATION
Alcaloïdes de l’ergot de seigle
vasoconstricteurs
Risque d’ergotisme ou de poussées
hypertensives
Carbamazépine
Phénobarbital
Primidone
Millepertuis
Rifampicine
Risque d’échec du voriconazole (induction
enzymatique)
Quinidine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Simvastatine Risque majoré de rhabdomyolyse
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Anticonvulsivants (Phénytoïne,
Fosphénytoïne)
Risque d’échec du voriconazole
et augmentation des concentrations
plasmatiques en phénytoïne
Efavirenz
Névirapine
Inhibiteurs de protéases
boostés par Ritonavir
Risque d’échec du voriconazole (induction
enzymatique)
Evérolimus
Sirolimus Risque d’augmentation d’exposition/ASC1 cible
Rifabutine Risque d’apparition des effets indésirables
(uvéites)
CYCLINES CONTRE-
INDICATION
Rétinoïdes Risque d’hypertension intracrânienne
Vitamine A
MACROLIDES
et APPARENTES
(Sauf Spiramycine)
Risque : INHIBITION ENZYMATIQUE CYP450 pouvant conduire à une augmentation des
concentrations plasmatiques du médicament associé et à une apparition de ses effets indésirables.
CONTRE-
INDICATION
Colchicine Risque majoré d’effets indésirables
de la colchicine
Ergotamine Risque d’ergotisme ou de poussées
hypertensives
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Alcaloïdes de l’ergot de seigle
dopaminergiques Risque de surdosage
Molécule Niveau de
contrainte
Association Effet
Clarithromycine
CONTRE-
INDICATION
Alcaloïdes de l’ergot de seigle
vasoconstricteurs
Risque d’ergotisme ou de poussées
hypertensives
Mizolastine
Pimozide
Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Simvastatine Risque majoré de rhabdomyolyse
Ticagrelor Diminution du métabolite actif du Ticagrelor
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Disopyramide
Risque de majoration des effets indésirables
du disopyramide ( hypoglycémies sévères,
allongement du QT et troubles du rythme
ventriculaire graves)
Ebastine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire (sujets prédisposés)
Fésotérodine
Toltérodine
Risque de surdosage anticholinergique
(sujets métaboliseurs lents)
Halofantrine
Luméfantrine
Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Immunosuppresseurs Risque d’augmentation d’exposition/ASC cible
Érythromycine
CONTRE-
INDICATION
Alcaloïdes de l’ergot de seigle
vasoconstricteurs
Risque d’ergotisme ou de poussées
hypertensives
Mizolastine
Pimozide
Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Simvastatine Risque majoré de rhabdomyolyse
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Buspirone Risque majoré de sédation
Carbamazépine Risque de surdosage
Disopyramide
Risque de majoration des effets indésirables
du disopyramide ( hypoglycémies sévères,
allongement du QT2 et troubles
du rythme ventriculaire graves)
Ebastine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire (sujets prédisposés)
Fésotérodine
Toltérodine
Risque de surdosage anticholinergique
(sujets métaboliseurs lents)
Halofantrine
Luméfantrine
Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Immunosuppresseurs Risque d’augmentation d’exposition/ASC cible
Théophylline Risque de surdosage
Triazolam Risque majoré de sédation
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Interactions médicamenteuses
Interactions alimentaires
La prescription est un acte médical sous la responsabilité
du praticien ayant rédigé l’ordonnance. Cela implique
que les effets indésirables médicamenteux pouvant sur-
venir au cours d’un traitement sont aussi sous la respon-
sabilité du prescripteur. Il est donc important, lors de
la rédaction d’une ordonnance, de limiter la prescrip-
tion aux seules spécialités nécessaires. Par ailleurs, il est
primordial de s’assurer de la bonne compréhension du
patient quant à l’intérêt de son traitement, à ses modali-
tés de prise, ainsi que des effets indésirables pouvant sur-
venir. Enn, un point important, mais souvent négligé,
est d’informer le patient sur d’éventuelles interactions
médicamenteuses pouvant exister entre son traitement
et certains aliments.
À titre d’exemple, une attention toute particulière devra
être portée sur l’ensemble des jus de fruits [9] qui peuvent
être à l’origine de fortes interactions pharmacoci-
tiques avec la plupart des médicaments. Ainsi, la prise de
médicament avec un jus de fruit est à déconseiller.
La coadministration d’antibiotiques avec des produits
laitiers devra également être évitée. En effet, ces der-
niers sont riches en ions bivalents, comme le calcium ou
le magnésium, et forment des complexes avec certains
antibiotiques limitant ainsi leur absorption [9].
Lors de la prescription de métronidazole, le patient
devra être informé sur le risque d’un possible effet anta-
buse en cas de consommation d’alcool. Celui-ci peut se
caractériser par des bouffées vasomotrices au niveau du
visage, des nausées, une tachycardie, une lipothymie ou
encore une ataxie.
Enn, la prise simultanée d’hydroxyzine et d’alcool
implique une majoration de leffet sédatif pouvant
entrner un risque de somnolence particulièrement
dangereux en cas de conduite de véhicules ou d’engins.
Toutes ces précautions d’emploi devraient être signalées
au patient par le praticien à la fois oralement et sur l’or-
donnance délivrée.
Interactions entre dispositifs médicaux
Au-delà des médicaments que nous sommes amenés à
prescrire, nous utilisons également un grand nombre de
dispositifs médicaux qui peuvent eux aussi présenter des
interactions avec les médicaments.
Par exemple, lirrigation canalaire lors du traitement
endodontique implique un seringage à l’hypochlorite de
sodium. Le recours à une association avec la chlorhexi-
dine a été envisagé, car leurs actions sont synergiques
et augmentent ainsi leurs effets propres. Cependant, il
a été montré que l’association hypochlorite de sodium/
chlorhexidine est responsable de la formation de précipi-
tés colorés inactifs difficiles à éliminer et qui pourraient
être carcinogènes. Après utilisation de chlorhexidine, il
est donc indispensable de rincer le canal à l’eau stérile ou
à l’alcool et de le sécher avec des pointes de papier [10].
Nous pouvons noter que l’irrigation à la chlorhexidine
après un rinçage avec de l’acide éthylène diamine tétra-
acétique (EDTA) provoque également un précipité non
souhaitable [11].
Enn, il existe aussi un risque d’apparition d’érythème,
de phlyctènes voire de nécroses cutanéomuqueuses
en lien avec la formation de complexes caustiques en
cas d’association entre la povidone iodée (Bétadine®)
et les antiseptiques mercuriels (Solution aqueuse de
Mercurescéine Gifrer 2%).
Prévention et conduite
à tenir face à une interaction
médicamenteuse
Pour prévenir les interactions médicamenteuses, le pra-
ticien peut faire appel à différents outils.
Comme abordé précédemment, le premier outil à la
disposition du praticien est une anamnèse soignée an
d’identifier les médicaments pouvant être potentielle-
ment responsables d’interactions médicamenteuses en
cas d’association.
Le deuxième outil est le suivi thérapeutique pharmacolo-
gique (STP), particulièrement utile pour l’adaptation et
le suivi des concentrations sanguines des médicaments à
marge thérapeutique étroite. Lactivité de STP est acces-
sible dans les laboratoires de pharmacologie clinique de
tous les centres hospitaliers et universitaires de France.
Le troisième outil est la pharmacovigilance, activité dis-
ponible au sein des centres régionaux de pharmacovigi-
lance (CRPV). Il est à rappeler que tout effet indésirable
constaté par un professionnel de santé est à déclara-
tion obligatoire au CRPV de la région où cet effet a été
constaté. La participation des praticiens à la déclaration
des effets indésirables est une garantie pour une évalua-
tion au plus juste de la sécurité des médicaments sur le
territoire national. En effet, toute nouvelle donnée sur
l’effet indésirable d’un médicament (nature, fréquence,
sévérité) contribuera à préciser les données de sécurité
de ce médicament. Ces données réactualisées peuvent,
après évaluation par l’ANSM, contribuer à compléter
Molécule Niveau de
contrainte
Association Effet
Josamycine
CONTRE-
INDICATION
Ivabradine Risque de bradycardie excessive
Pimozide Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Disopyramide
Risque de majoration des effets indésirables
du disopyramide (hypoglycémies sévères,
allongement du QT et troubles
du rythme ventriculaire graves)
Ebastine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire (sujets prédisposés)
Halofantrine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
Tacrolimus Risque d’augmentation d’exposition/ASC cible
Pristinamycine CONTRE-
INDICATION Colchicine Risque majoré d’effets indésirables de la
colchicine
Télithromycine
CONTRE-
INDICATION
Alcaloïdes de l’ergot de seigle
vasoconstricteurs
Risque d’ergotisme ou de poussées
hypertensives
Atorvastatine Simvastatine Risque majoré de rhabdomyolyse
Mizolastine Risque majoré de troubles du rythme
ventriculaire
ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Carbamazépine
Phénobarbital
Primidone
Millepertuis
Rifampicine
Risque d’échec de la télithromycine
(induction enzymatique)
Immunosuppresseurs Risque d’augmentation d’exposition/ASC cible
MÉTRONIDAZOLE ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE
Busulfan Risque d’augmentation d’exposition/ASC cible
Disulfirame
Risque d’épisodes de psychose aiguë ou
d’état confusionnel, réversibles à l’arrêt de
l’association
PÉNICILLINES ASSOCIATION
DÉCONSEILLÉE Méthotrexate
Augmentation de la toxicité hématologique
du méthotrexate par inhibition de sécrétion
tubulaire
1
ASC : Aire Sous Courbe (paratre pharmacocinétique évaluant l’exposition d’un patient à un médicament).
2
QT: représentation électrocardiographique de la dépolarisation ventriculaire et de la repolarisation qui suit.
Autres types d’interactions
Homéopathie
Dans le cadre de nos pratiques actuelles, un praticien
peut être amené à prescrire des traitements homéopa-
thiques ou à y être confronté, car ils sont utilisés par ses
patients. Ainsi, il est important de connaître les interac-
tions pouvant avoir un impact sur ces traitements. En
effet, l’ensemble des traitements homéopathiques est par-
ticulièrement inhibé par la prise concomitante de men-
thol [8], mais aussi par celle de camomille, de verveine,
de quinine, de camphre ou d’huile camphrée. Ainsi, tous
les dentifrices contenant du menthol sont à proscrire et
certaines marques proposent par ailleurs aujourd’hui des
dentifrices sans menthol compatibles avec l’homéopathie.
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