2
Une hospitalisation, une modification de l'environnement, un changement dans la prescription
d'un traitement habituel, … sont autant de circonstances favorisant les erreurs, les défauts
d'observance, or des études ont montré que plus d'un malade âgé sur deux est inobservant.4
Ainsi, pour le professionnel, qu'il soit médecin, pharmacien, dentiste, … il faut savoir ré-évaluer
régulièrement les traitements pris au long cours, savoir "dé-prescrire", adapter les posologies,
expliquer aux patients âgés le rôle et l'utilité de leurs médicaments, détailler leur mode
d'utilisation, être attentif aux prises de médicaments simultanées, avec ou sans prescription…
Il faut savoir aussi être vigilant aux premiers signes d'effets indésirables, et y penser devant des
symptômes inhabituels survenant chez un malade vu régulièrement.
Pour le malade, l'attitude à encourager est d'abord le dialogue, l'invitation à questionner les
professionnels, l'incitation à la vigilance qui doit conduire à signaler sans délai au médecin, au
pharmacien ou à l'infirmière tout signe anormal, tout symptôme inhabituel. Il faut en outre
encourager les personnes âgées à respecter scrupuleusement leur prescription, et les dissuader
de toute adaptation et de toute automédication "sauvages"…
Précisons le : le bon usage, de la prescription à la prise, en passant par la dispensation,
permettrait d'éviter plus de 60 % des accidents iatrogènes.5
Au sein de Santé en Action, un groupe de travail spécifique s'est créé, rassemblant des
médecins, des pharmaciens, des spécialistes en gériatrie, thérapeutique, pharmacovigilance,
auxquels se sont associés des représentants des malades et des consommateurs.
Ce groupe a élaboré une campagne de communication destinée
- d'une part aux professionnels, afin de renforcer leurs compétences sur la
thérapeutique du sujet âgé et, surtout, les mobiliser dans une action majeure de
prévention auprès des malades et de leur entourage,
- d'autre part aux malades eux-mêmes, afin de les alerter directement, améliorer
l'usage de leurs médicaments, leur observance et leur vigilance, en les incitant au
dialogue avec leur médecin et leur pharmacien.
Deux documents ont ainsi été conçus, à l'intention de chacun de ces deux groupes. Les
instances professionnelles et les associations membres de Santé en Action en assureront
la diffusion.
Le succès de cette action de santé publique repose sur la diffusion à et par l'ensemble des
professionnels, en même temps que sur la sensibilisation du public le plus large autour de
ce thème.
Même si nous sommes jeunes et bien-portants, nous sommes tous des malades et des sujets
âgés en puissance…
Quant au médicament, il faut souligner que l'octroi par les autorités de santé d'une autorisation
de mise sur le marché (AMM) au vu d'études cliniques contrôlées témoigne d'un rapport
bénéfice-risque offrant une marge de sécurité thérapeutique suffisante. Ce n'est pas le
médicament en tant que tel qui est dangereux, mais son mésusage, tout particulièrement
chez les sujets à risque que sont les personnes âgées.
Cette action s'inscrit donc dans le cadre général de l'optimisation et de la promotion du Bon
Usage du Médicament et concerne tous les acteurs de la santé, professionnels, mais
aussi patients âgés et familles.
4 Jeandel C et la Revue de gériatrie 1991 et Corpus de Gériatrie 2000
5 Doucet J, APNET, 1998 et Queneau P, Bulletin de l’ Académie Nationale de Médecine 2003