EDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT
Neurologies • Février 2012 • vol. 15 • numéro 145 47
demandé en 1996 un travail de dé-
finition de l’éducation thérapeu-
tique du patient (4). Le but était
d’aider les soignants à acquérir des
compétences afin d’aider les pa-
tients et leur entourage à prendre
en charge leur maladie chronique.
Un groupe de travail a donc réuni
des médecins, des infirmières,
d’autres soignants et des éduca-
teurs des pays de l’Europe. Ils ont
réalisé un document définissant
l’ETP et spécifiant les techniques
et la structure de plusieurs pro-
grammes d’ETP, avec une com-
plexité croissante.
Ce document a été construit sur les
principes dictés par l’OMS selon
lesquels « l’éducation devrait être
orientée vers les besoins de santé
de la population et des patients »,
et « ceux qui apprennent doivent
progressivement devenir les archi-
tectes de leur propre éducation »
(4).
Il tient aussi compte des recom-
mandations de la charte de Lju-
bljana de 1996 sur la réforme des
soins, qui implique la formation en
travail d’équipe, avec une coopéra-
tion multiprofessionnelle et inter-
disciplinaire, une approche dirigée
vers la résolution de problèmes et
une participation active du patient
dans la gestion de sa maladie chro-
nique (5).
DANS LA RÉGLEMENTATION
FRANÇAISE
La maladie chronique est une ma-
ladie qui évolue à long terme, sou-
vent associée à une invalidité ou
à la menace de complications sé-
rieuses et susceptibles de réduire
la qualité de vie du patient (6).
L’arrêté du 2 août 2010 indique
que l’ETP concerne les maladies
répondant à l’une des aections
de longue durée avec exonéra-
tion du ticket modérateur (ALD),
ainsi que l’asthme et les mala-
dies rares, ou un ou plusieurs
problèmes de santé considérés
comme prioritaires au niveau ré-
gional (6).
L’ETP est donc une démarche édu-
cative qui repose de manière fon-
damentale sur la relation de soin
et sur une approche structurée,
inscrite dans la durée.
Elle accorde une place prépondé-
rante au patient en tant qu’acteur
de santé (7).
C’est la loi du 21 juillet 2009 por-
tant sur la réforme Hôpital, Pa-
tient, Santé, Territoire (loi HPST)
qui permet la reconnaissance
du concept d’ETP. Cette loi défi-
nit l’objectif de l’ETP qui doit per-
mettre de « rendre le patient plus
autonome en facilitant son adhé-
sion aux traitements prescrits et
en améliorant sa qualité de vie. Elle
n’est pas opposable au malade et ne
peut conditionner son suivi, le taux
de remboursement de ses actes et
des médicaments aérents à sa ma-
ladie. »
EN PRATIQUE
Une proposition d’ETP doit être
présentée à toute personne, en-
fant et ses parents, adolescents,
adulte ayant une maladie chro-
nique, quels que soient son âge,
le type de maladie, le stade et
l’évolution de sa maladie.
Le patient a toute liberté de parti-
ciper ou non à une ETP.
LES OBJECTIFS
DE L’ETP
Les finalités spécifiques de l’ETP
sont l’acquisition et le maintien
par le patient de compétences
d’auto-soins et la mobilisation
et l’acquisition de compétences
d’adaptation. L’acquisition de
ces compétences, tout comme
leur maintien sont fondées sur
les besoins propres du patient.
Ces acquisitions se développent
au cours du temps grâce à l’ETP.
Elles doivent être progressives et
tenir compte de l’expérience de
la maladie et de sa gestion par le
patient. Selon l’OMS, « les com-
pétences d’adaptation sont les
compétences personnelles et in-
terpersonnelles cognitives, phy-
siques qui permettent à des indi-
vidus de maîtriser et diriger leur
existence et d’acquérir la capacité
à vivre dans leur environnement
ou à modifier celui-ci».
Les objectifs de l’ETP peuvent se
résumer ainsi pour un patient :
• comprendre sa maladie et son
traitement ;
• développer des stratégies d’adap-
tation ;
• collaborer avec les soignants ;
• vivre le plus sainement possible ;
• maintenir ou améliorer sa qua-
lité de vie ;
• prendre en charge son état de
santé ;
• acquérir et maintenir les res-
sources nécessaires pour gérer de
façon optimale sa vie avec la mala-
die
LES ACTEURS
SOIGNANTS DE L’ETP
L’ensemble des professionnels
de santé selon la liste du Code de
santé publique sont concernés,
en particulier les médecins, in-
firmiers, diététiciens, kinésithé-
rapeutes, pharmaciens, etc. Les
professionnels de santé peuvent
être impliqués à des niveaux dié-
rents, de l’information initiale à la
réalisation de l’ETP, et au suivi du
patient.
Le rôle du médecin est pré-
pondérant dans le programme
d’ETP. C’est souvent à lui qu’ap-
partient la décision d’orienter le
patient vers le programme d’ETP.