Effet de l’oxygène et des lipides sur la multiplication cellulaire
La propagation cellulaire est une étape primordiale car, si elle est bien gérée, elle permet de
générer une biomasse importante, dans un état dynamique et possédant des réserves
suffisantes. Outre la propagation, la conservation des cellules au sein des levuriers est
également une étape primordiale. Le brasseur doit conserver adéquatement ses levures afin
de ne pas faire chuter leur viabilité. De plus, avant leur utilisation, il doit mettre en place un
système qui permet de réveiller ces cellules et les amener dans un état physiologique
dynamique. Ces levures pourront donc faire face aux différents stress qui leur seront
appliqués, tout en maintenant une viabilité et un pouvoir fermentaire suffisant. Le brasseur à
donc tout intérêt à bien savoir propager et conserver les cellules de levures. Dans ce cadre,
l’oxygène et les lipides jouent un rôle important.
Les lipides constituent une source carbonée pour Saccharomyces cerevisiae. Ils peuvent être
des lipides exogènes constitutifs du moût, provenir de lypolyses extracellulaires ou bien de
l’oxydation d’alcanes au sein des microsomes. On retrouve principalement des stérols
(ergostérol) ainsi que des U.F.A. ou Unsaturated Fatty Acids. Ces lipides jouent différents rôles
au sein de la cellule :
Utilisation énergétique : Les triglycérides sont hydrolysés pour former des acides gras et du
glycérol. Le glycérol est redirigé vers la voie énergétique de la glycolyse. Les acides gras
peuvent subir la béta-oxydation au sein des peroxysomes pour former l’acétylCoAs. Ce
composé est redirigé vers le cycle de Krebs ou vers la gluconéogenèse. Dans les deux cas,
la finalité sera d’ordre énergétique.
Utilisation pour la biomasse : lors de leur croissance et leur multiplication, les cellules ont
besoin d’acides gras afin de synthétiser la membrane plasmique. En effet, cette bicouche
lipidique est consommatrice d’une quantité importante d’acides gras. Ceux-ci sont soit
synthétisés par la cellule, soit contenus dans le milieu extérieur et alors utilisés
directement par celle-ci.
La présence de lipides dans le moût ou dans le milieu de propagation semble donc, au premier
abord, un aspect positif. En effet, l’apport de lipides induit indéniablement un apport
énergétique considérable. De plus, si les acides gras sont insaturés et directement utilisables,
ils permettent une fluidification de la membrane plasmique. En effet, les insaturations créent
des coudes dans la chaine carbonée, ce qui diminue le nombre de liaisons hydrophobes
potentielles. Une diminution des interactions entre les molécules d’acides gras induit
inévitablement une diminution de la température de fusion. Au sein d’une membrane, plus
celle-ci est riche en acides gras insaturaturés, plus celle-ci sera fluide. Si l’on s’attarde sur ce
point, c’est parce que la fluidité de la membrane est proportionnelle à sa capacité de transport
et donc sa perméabilité. Cela possède toute son importance car une membrane dont les
lipides sont riches en insaturations aura une faculté de transport des sucres plus élevée. C’est
d’autant plus vrai pour des sucres tels que le glucose ou le fructose car ceux-ci possède un
caractère hydrophile élevé. Néanmoins, cette logique est transposable pour beaucoup d’autres
substrats tels que les acides aminés ou la pyrimidine.