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sera guidée par cette mission ou tâche qui dépasse son intérêt immédiat et qu’elle
s’est donnée (1).
L’efflorescence des missions, l’influence croissante de la responsabilité sociale et
environnementale, l’élargissement des textes qui y font référence, la critique
structurée du dogme de la maximisation de la valeur actionnariale, l’adoption aux
États-Unis et en Belgique par exemple de nouvelles formes de sociétés qui
permettent de se doter d’un but sociétal, le développement au sein de grandes
entreprises de projets de social business (c’est-à-dire de projets dont la vocation
première est de répondre à une problématique sociale), le succès rencontré par la
théorie de la "valeur partagée" (2) et enfin la force avec laquelle certains
entrepreneurs défendent l’intérêt de l’entreprise par rapport à des demandes
d’actionnaires guidés par le profit à court terme, sont tous des signes d’une
promesse.
Ils montrent que l’entreprise, soit par volonté interne, soit sous la pression externe,
accorde de plus en plus d’attention à la conjugaison de son activité et de l’intérêt
général. Cette notion d’intérêt général, imprécise en droit français et inconnue dans
les pays anglo-saxons, s’enrichit de la présence à ses côtés de celle plus
pragmatique de "bien commun" qu’elle soit utilisée au pluriel par Elinor Ostrom (3),
co-prix Nobel d’économie en 2009, ou au singulier par le philosophe François
Flahault (la "valeur" de l’activité d’une entreprise serait mesurée notamment par
rapport à son impact sur le bien commun) (4).
Soyons prudents : le signe est indice et non preuve. Des signes contraires restent
forts. Il y a d’abord la concentration croissante de la détention du capital de grandes
sociétés par un nombre restreint d’investisseurs professionnels. Ceux-ci s’obligent
eux-mêmes à rechercher des rentabilités fortes à court terme et à les "vendre" à
leurs pourvoyeurs de fonds ; ils exercent leurs droits de vote dans les grandes
sociétés en conséquence sans grande attention à la "mission".
Il y a aussi l’importance croissante des hedge funds dits "activistes" qui, pour
certains d’entre eux, utiliseront leurs droits de vote, mais aussi l’activisme (lettres
ouvertes, déclarations en assemblée générale, renforcement des dirigeants…) afin
d’imposer leur propre vision de l’intérêt de l’entreprise, et ce parfois en fonction de
leur seul intérêt propre d’investisseur (5).
Alors quels signes vont prévaloir ? "Les deux mon capitaine" aurais-je tendance à
répondre. Qui décidera de l’issue ? Nous.
Je m’explique : la fragilité de la notion de mission vient du flou qui l’entoure (6). La
notion est apparue spontanément et n’est pas le fruit d’une réflexion ; l’emphase du
terme "mission" en est d’ailleurs le reflet. Une promesse autorise les tiers à
demander des "comptes" ; afficher une mission dans des documents qui n’ont aucun
caractère contractuel et qui sont contredits par l’ensemble des autres documents
émanant de l’entreprise, revient à faire le lit de déceptions futures graves et ainsi
accroître encore le divorce entre l’entreprise et la Société.
Au contraire, décrire comment la mission de l’entreprise structure son organisation et
ses choix. Articuler la mission dans un document (à côté des statuts qui ne font que