que non seulement il vaut mieux traiter plutôt tôt que plus tard, mais que la durée de psychose non
traitée est corrélée au mauvais pronostic. Considérant que le début de la psychose est une "période
critique" pendant laquelle les interventions thérapeutiques vont influencer le pronostic, des
interventions précoces spécialisées sont proposées, incluant une expertise accrue du personnel et un
financement adéquat des équipes, parfois avec des standards nationaux.
Dans ce contexte, le mouvement du premier épisode psychotique est une nouvelle forme de soins
psychiatriques qui a renouvelé l'espoir de diminuer la stigmatisation de la schizophrénie.
Les stratégies de diminution de la stigmatisation en PEP sont donc proposées à trois niveaux:
1. Individuel: psychoéducation (encourager une attitude non culpabilisante, normalisant l'expérience,
l'universalisant à travers des discussions en groupe, utilisant les comparaisons avec les maladies
physiques ou les exemples de personnes célèbres souffrant de la même maladie [39]);
alternativement, Graham Thornicroft propose d'accompagner les patients dans la meilleure stratégie
de dévoilement de la maladie. Il propose des discussions et des jeux de rôle afin d'aider le patient à
façonner un récit sur la maladie qui sera plausible et acceptable pour l'entourage, avec le but précis
de l'aider à se trouver un emploi.
2. Entourage: éducation de la famille et du public, composantes presque universelles du traitement
PEP. L'éducation implique surtout la promotion d'un modèle biogénétique, qui diminue le blâme,
mais peut augmenter la perception de dangerosité et imprévisibilité et créer des réactions contraires
(l'effet "ne me dis pas quoi penser"). Le fait que la stigmatisation se développe dans l'enfance, et que
le contact avec une personne malade a plus d'impact que le contenu cognitif de l'éducation est une
piste d'action prometteuse.
3. Structure: Les changements structurels dans les cliniques PEP sont des plus radicaux. Un suivi en
communauté, avec évitement de l'hospitalisation, séparation des autres patients, l'emphase sur une
approche volontaire et collaborative, et l'abolition des barrières aux soins sont autant de potentielles
solutions pour lutter contre la stigmatisation. Cependant, il reste questionnable si cela ne fait
qu'augmenter la stigmatisation des patients qui vivent plus d'un épisode psychotique ou qui ne
récupèrent pas bien, déplaçant et concentrant la stigmatisation sur un sous-groupe de patients
"chroniques".
Malgré la mise en place de ces services PEP prometteurs, la stigmatisation continue d'interférer avec la
recherche d'aide et l'adhérence aux traitements, probablement à travers des mécanismes de défense
visant à prévenir les risques de stigmatisation publique et d'auto-stigmatisation. Non seulement les
patients tardent à consulter – sans interventions spécifiques, la durée moyenne de psychose non traitée
se compte en années (p. ex. de plus de deux ans dans une méta-analyse récente), mais l'adhérence au
traitement est également sous-optimale, avec environ la moitié des patients PEP cessant le traitement
dès la première année. De plus, une grande proportion des patients ont une autocritique partielle ou
absente, refusant souvent de se considérer malades ou en besoin de traitement.
Auteur: Constantin Tranulis, psychiatre et chercheur, Clinique des premiers épisodes
psychotiques, Hôpital Louis-H. Lafontaine.
Au Canada, la Société québécoise de la schizophrénie a participé à une vaste enquête nationale
menée par la maison de sondage Léger Marketing, dont les résultats ont été publiés en mars
2009. Les six aspects du rapport de La Schizophrénie au Canada portent sur les éléments
suivants: la perception de la population générale et son degré de sensibilisation, les services de