douloureux chronique, l’évaluer et orienter le patient ». À partir de lésions (disque,
articulation inter – apophysaire postérieure, ligaments, muscles, …), il s’ensuit
progressivement une désinhibition neuromusculaire et surtout un comportement d’évitement
par kinésiophobie favorisée par les peurs et croyances liées à l’environnement culturel,
familial, professionnel et personnel (Verbunt, Eur J Pain, 2003), ce qui aboutit à un
syndrome de déconditionnement physique et psychique à l’effort. C’est le modèle
biopsychosocial qui prend en compte les interrelations entre les aspects biologiques,
psychologiques et sociaux de la maladie. Selon Burton (Eur Spine J, 2006) ces facteurs
psychosociaux représenteraient 35 % de la variabilité du handicap. Ainsi à côté des aspects
somatiques, ce sur quoi se focalisent le patient et le médecin, il existe les aspects
psychologiques dont le médecin sait bien que cela intervient mais pas le patient, et les aspects
environnementaux et événementiels (traumatismes, état des défenses psychiques,…)dont on
sous-estime l’importance.
Ainsi ce concept de maladie multidimensionnelle rend évident la nécessité d’une prise en
charge multidisciplinaire (Kamper, BMJ, 2015) et permet la recherche des facteurs de risque
de chronicité afin d’agir sur ceux qui sont modifiables, ce qui représente un temps important
du traitement médical : les facteurs psycho – comportementaux tels que dépression, anxiété,
isolement, absence de soutien familial ou surprotection, fausses croyances sur le mal de dos et
sur le caractère bénéfique du repos, attitude passive vis-à-vis de la maladie, ainsi que les
facteurs professionnels tels que insatisfaction au travail, tâches physiques lourdes, absence
d’adaptation, faible soutien, difficultés au travail, appréhensions, conflit pour l’indemnisation
d’une pathologie vécue comme professionnelle ou pour la recherche de mise en invalidité ou
pour l’interprétation des différents taux d’incapacité (par exemple en France Assurance-
maladie de la Sécurité Sociale, Maison Départementale des personnes handicapées, la MDPH
qui a remplacé la COTOREP, Droit commun, Assurances privées, …) (Fayad 2004, Carrages
2005, Valat 2005, Van Tulder 2006, Lefèvre-Colau 2009, Balagué 2012), ....
Il s’agit d’un enjeu humain mais aussi économique. En effet les lombalgies sont très
fréquentes, première cause d’années de vie passée avec incapacité (Vos, Lancet 2012) et sont
à l’origine de coûts élevés. La prévalence des lombalgies aigues et chroniques sur la vie est de
l’ordre de 60 à 90 % et l’incidence annuelle de l’ordre de 15 %. Cependant le passage à la
chronicité ne représente que 10 % des lombalgies aigues, mais les lombalgies chroniques
représentent 70 à 90 % des coûts directs et indirects (Quebec Task Force, Spinal disorders