groupe terre - Inter

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Fiche réalisée par Inter-mondes Belgique et SAW-B
M. Totté
Fiche 5 : Le groupe Terre
Organisation :
Le groupe Terre rassemble 1 asbl, 4 Sociétés Anonymes à Finalité Sociale, 1 ONG et
totalise 285 personnes.
Le groupe est bien connu pour ses activités de recyclage de vêtements et de papiercarton mais a aussi développé une filière de fabrication et pose de panneaux
d’isolation acoustique et différentes activités de soutien à l'économie sociale au sud à
travers son ONG de développement « Autre Terre ». Elle soutient par exemple la
coopérative brésilienne Coopcarmo ou la création d’une petite entreprise par
l’association Baobab au Burkina Faso. Elle est actuellement active au Perou, au Bresil,
au Burkina Faso, au Sénégal et au Mali.
Personne rencontrée :
Salvatore Vetro (Terre) Quentin Mortier (Autre Terre)
Groupe Terre
Parc Industriel des Hauts-Sarts
4ème Avenue, 45
4040 Herstal
Tél : 04/240.58.58
Mail : [email protected]
Web : www.terre.be
Filières ou produits :
- Récupération de papier et carton (Safs Recup-Terre)
- Tri de papier et carton (Safs Tri-Terre)
- Production de panneaux isolants (Safs Pan-Terre)
- Construction de cloisons (Safs Co-Terre)
- Récolte, Tri et transformation/valorisation de Textiles (asbl Terre)
- Projets de développement orientés "économie sociale" au Sud ( ONG Autre Terre)
En outre l'asbl Terre qui joue également un rôle de coordination dans le groupe
développe une série d'activités de type plaidoyer vis-à-vis des pouvoirs publics et à
notamment été particulièrement active pour qu'existe en Belgique un statut de Société
à Finalité Sociale.
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Caractéristiques en termes d'emplois :
285 emplois stables répartis comme suit :
- Asbl Terre : 203 p. (textile, boutiques, bureaux (cellule dossier, cellule sociale,…))
- Safs Recol-Terre : 20 p.
- Safs Tri-Terre : 16 p.
- Safs Pan-Terre : 10 p.
- Safs Co-Terre : 24 p.
- ONG Autre Terre : 12p.
Quelques articles 60 (demi douzaine) et sans compter les emplois de remplacement.
Bénévolat : n'existe pas par principe dans toute la partie commerciale ("les bénévoles
ne doivent pas prendre la place de personnes qui pourraient être salariées"). Par
contre valorisé dans l'ONG Autre Terre : 200 bénévoles gérés par un temps plein.
Caractéristiques en termes de financements :
Chiffre d'affaire consolidé du groupe Terre : ~18 millions d'Euros
dont le budget de l'ONG Autre Terre : 1 million.
Subventions essentiellement à l'emploi (en dehors des projets pour le Sud) de l'ordre
de 14 %.
Démarche/spécificité
La spécificité se décline autour de trois logiques intimement liées: sociale,
économique et industrielle. Les quatre principes de l'économique sociale à la belge1
constituent une bonne grille de lecture pour mettre en valeur les choix de ce que l'on
pourrait appeler une économie sociale et solidaire. Par rapport aux autres entreprises
existantes dans le secteur de la récupération, Terre apparait singulière par le système
de participation aux décisions et à la gestion participative mise en place au sein du
Groupe.
La démarche générale tend donc partout, et notamment au sud, à promouvoir autant
que faire se peut (en l'adaptant aux autres cultures) ce modèle.
La spécificité relève également d'une distinction structurelle au sein de Groupe - entre
entreprises et asbl-ONG - qui permet de gérer de façon dissociée les tensions entre des
logiques économiques et des logiques sociales de toute entreprise d'économie sociale.
Cela est particulièrement manifeste dans les rapports avec le Sud où l'ONG Autre
Terre du fait de sa "dépendance" envers les fonds de la coopération a dû dans une
certaine mesure se plier aux logiques de l'aide. Cette polarité engendre des débats
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Le Cwes a élaboré une définition, en 1990, sur base des études de Defourny et Develtere:
" L’économie sociale regroupe les activités économiques exercées par des sociétés, principalement coopératives,
des mutualités et des associations dont l’éthique se traduit par les principes suivants :
• finalité de service aux membres ou à la collectivité plutôt que de profit ;
• autonomie de gestion ;
• processus de décision démocratique ;
• primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition des revenus "
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intéressant au sein du Groupe qui n'auraient probablement pas été possibles si les
différentes fonctions avaient été internalisées dans une seule structure. Aujourd'hui les
échanges de services entre organisations au sein du Groupe se facturent.
Rapport au(x) Sud(s)
L’organisation Terre a d’abord été fondée pour aider les nécessiteux dans l’immédiate
après-guerre en leur fournissant des vêtements notamment, mis aussi en s’entraidant
pour reconstruire un toit, trouver de quoi chauffer une famille, leur trouver un
logement,…. Très vite l’amélioration des conditions en Belgique va conduire les
membres de Terre à « élargir leurs horizons » pour s’investir au Sud. C'est ainsi que
vont voir le jour une plâtrière en Algérie, une fabrique de bateaux en Inde, une usine
de calcination de chaux en Bolivie, etc. A l’époque ces projets sont financés par les
gains des ventes après de grands « ramassages du samedi » qui mobilisent 100 à 1000
personnes.
La crise pétrolière de 1973 et ses conséquences en termes de licenciements, vont
réorienter Terre vers l’appui en Belgique aux exclus : chômeurs, mais aussi
handicapés, anciens détenus, ex-drogués. A travers un vaste projet dénommé « projet
wallonie » Terre va créer différentes entreprises. Elle participera d’ailleurs activement
à ce qu’un nouveau statut de « société à finalité sociale » soit créé en Belgique. Le
« groupe » se constituera dans ses années (début des années ’80)
Les investissements au sud continueront sous forme de projets - gérés par des
« chargés de projets » au sein de terre pour une partie de leur temps. Le groupe va
ensuite décider de renforcer la partie "ONG" qui s'appellera « Autre Terre » et de
professionnaliser la gestion des projets. Cette orientation n'est pas sans risque de
"déresponsabilisation" des enjeux Sud sur une partie seulement du groupe comme on
va le voir plus loin.
Degré d’interdépendance nord-sud
Le projet industriel Nord (projet Wallonie) a été la charnière qui a orienté le Groupe
vers la nécessité d'assurer sa survie avant tout et de consacrer un certain pourcentage à
des projets du Sud. La possibilité de valoriser ces apports propres à travers les fonds
de co-financement accordés par la DGCD à l'ONG permet de renforcer les deux
logiques : maintien voire développement de l'activité au nord et appui au sud. Cette
"médiatisation" de la relation d'interdépendance par les fonds de la coopération n'est
cependant pas sans risques. Les conditionnalités à l'accès aux fonds (appui à des
communautés, associations, groupements plutôt qu'au secteur privé ; impossibilité
d'acheter de l'occasion sur les projets ; impossibilité de faire financer la part ONG du
co-financement par le Sud ;…) limitent dans bien des cas la possibilité de développer
des modèles d'entreprise d'économie sociale comme l'aurait souhaité Terre. Par
ailleurs, en vrai professionnels, les chargés de mission d'Autre Terre privilégient les
attentes et besoins de leurs partenaires du Sud.
Des formules ont cependant progressivement été trouvées qui renforcent les
interdépendances Nord-Sud : le partenaire associatif BAOBAB au Burkina Faso - qui
est à l'origine une troupe de théâtre spécialisée dans le théâtre-action - va venir en
Belgique jouer, avec des travailleurs de Terre, une série de pièces pour récolter des
fonds. Les bénéfices vont être divisés de manière égale entre Autre Terre et
BAOBAB. L'association burkinabé va réinvestir une partie de ces bénéfices dans
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l'achat d'un container de friperie au Groupe Terre et petit à petit (après certains
déboires et divers appuis de Autre Terre) constituer une entreprise locale de tri de
vêtements au Burkina Faso qui aujourd'hui achète 6 containers de fripes par an au
Groupe Terre. BAOBAB en devenant partenaire-client des entreprises du groupe a
renforcé chez les ouvriers l'intérêt d'une relation partenariale privilégiée là où
"auparavant on vendait à n'importe qui". De son coté la partie ONG du groupe - et ses
projets de coopération - a été très utile pour renforcer progressivement, à travers des
projets CGRI/DRI de la Région wallonne d'abord puis des programmes DGCD, les
capacités du partenaire Sud à monter et à gérer une entreprise dans l'esprit de l'ES :
une partie des bénéfices est réinvesti dans des activités de théâtre pour la
sensibilisation et l'éducation des populations et pour le financement de projets de
développement "sud-sud" qui leur sont propres. L'appui d'une Haute Ecole de
commerce à travers une stagiaire a également été important pour renforcer les
capacités de Baobab.
Positionnement plus général sur la problématique Nord-Sud et attentes
particulières
Parait être un débat au sein de groupe mais qui, de part l'organisation particulière de
Terre, se focalise sur l'amélioration simultanée des situations au Nord et au Sud. Les
solutions envisagées de part et d'autre restent encore construites de manières plus
parallèles que conjointes, mais l'exemple de BAOBAB cité ci-dessus montre des
perspectives intéressantes et qui semble orienter les choix d'avenir.
Le groupe Terre a également participé à faire reconnaitre l'ES dans différentes sphères :
- abaissement de la TVA pour la vente des vêtements de réemploi ;
- reconnaissance des sociétés à finalité sociale par la loi belge
- reconnaissance de l'ES par l'administration de la coopération au développement sous
Moreels
…
Difficultés particulières
La principale difficulté pour le Groupe est le maintien de l'emploi de personnes peu
qualifiées dans un contexte de plus en plus concurrentiel. Arrivé à une phase de
maturité le Groupe doit surtout convaincre de la nécessité d'avoir des appuis au
maintien dans un secteur de plus en plus investi par des multinationales de la
récupération.
Pistes à travailler et attentes vi-à-vis du cluster
Le renforcement du dialogue entre logique économique et logique d'aide reste une
préoccupation qui nécessite plus d'investissement de la part des responsables de Terre
sous forme par exemple de visites au Sud. On trouve dans l'exemple de Terre des
illustrations de l'intérêt mais aussi des inconvénients de la création en interne d'une
ONG.
Membre active et administratrice de différents réseaux et fédérations (SAW-B,
Ressources,..) Terre reconnait dans le cluster CONNEXIO-NS un tremplin important
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pour renforcer l'accès des petites organisations d'ES aux guichets européens
généralement réservés aux entreprises classiques. Elle considère cependant que cela
aurait pu partir du réseau Nord-Sud qui préexistait au cluster2.
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Composé d'ONG et d'entreprises d'ES le Réseau Nord-sud existe depuis des années et à réalisé différentes
activités d'échanges entre organisation sud et nord sur la problématique de l'économie sociale. Il semble
cependant que seules les ONG soient restées dans le groupe, les débats "éthiques" ayant dominé les échanges et
déçus les entreprises qui avaient des attentes plus concrètes.
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