Faisabilité de la RecheRche
PaRamédicale en ambulatoiRe
et Réalités du teRRitoiRe
de la Réunion.
doSSieR
LES INFIRMIERS AU COEUR DU PROJET
Cet article émane en grande partie de la table ronde que
l’URPS infirmiers Océan indien a organisée lors de la 1ère
journée de recherche paramédicale du 6 février 2015 et est
complété par une interview de Pascale Wanquet-Thibault.
Quel est l’intérêt de la recherche ambulatoire ?
Il faut savoir que la prise en charge en contexte de soins
primaires est non seulement différente de celle réalisée en
milieu hospitalier mais la population recrutée dans un CHU ne
représente pas la population générale (ratio de 1/1000 patients
présentant un problème de santé (carré de White, 1961).
De plus, l’approche du patient en soins primaires est multiple
(marguerite des compétences) et centrée sur le patient.
Enn, parce qu’il n’existe pas de recommandations adaptées
à l’ambulatoire (majorité des recherches en hospitalier) la
recherche active y est indispensable.
Plusieurs obstacles sont identiés : un manque de formations
disponibles et inadaptées car plutôt hospitalières, un défaut de
diffusion et de réseau, un manque de ressources de publications
reconnues et difcultés de nancement.
Les champs d’action sont multiples et il faut privilégier les
réseaux, partenariats indispensables. Enn il est important
de privilégier des thèmes qui couvrent des problématiques à
prévalences élevées et une recherche centrée sur le patient et
non sur les pratiques professionnelles.
Il existe des opportunités de nancements qui sont encore peu
adaptés à la pratique libérale, cependant l’URPS Inrmiers
mobilisera tous les acteurs de la lière pour permettre aux
professionnels de s’investir.
3 L’INTÉRÊT DE LA RECHERCHE
PARAMÉDICALE EN GÉNÉRAL ET EN
AMBULATOIRE
Interview Pascale Wanquet - Thibault
Qu’est-ce que la recherche inrmière ?
Pour Liliana Jovic , la recherche est :
« Un mode particulier d’acquisitions des connaissances utilisant
des moyens structurés et systématiques pour recueillir des
données, c’est à dire des méthodes, en vue de mieux comprendre
et expliquer les phénomènes ».
Cette dénition appliquée à l’exercice inrmier permet donc
de développer un corpus de connaissances qui lui est propre,
indépendant de la recherche médicale, puisque les exercices
professionnels sont complémentaires, mais différents.
La recherche permet à terme de développer une discipline
inrmière basée sur des données scientiques.
Elle permet aux professionnels et étudiants d’acquérir des
savoirs basés sur des preuves (EBN = Evidence Base Nursing)
et non plus des savoirs empiriques transmis oralement.
Est-ce que cette discipline ne concerne que les inrmières
hospitalières ?
Cette discipline concerne l’ensemble des inrmières quels que
soient leurs lieux d’exercices et leurs fonctions. Elle s’applique
aussi bien aux inrmières exerçant en milieu institutionnel qu’en
libéral, mais aussi les inrmières en santé au travail ou en milieu
scolaire. Elle concerne les inrmières ayant une activité clinique,
les inrmiers spécialisés, les cadres managers comme les
cadres formateurs,
Pourquoi pensez-vous que les IDEL sont concernés ?
Les IDELS sont concernés parce que leur activité est spécique,
elle est différente en de nombreux points de l’activité d’une
inrmière en milieu hospitalier. Dans ce contexte d’exercice, de
nombreux paramètres changent permettant de faire des travaux
de recherche spéciquement adaptés à ce secteur d’activité.
Par ailleurs, la clientèle peut être la même que celle de l’hôpital,
mais certains patients suivis en libéral ne sont pas des clients de
l’institution hospitalière. Les problématiques qu’ils posent comme
les solutions proposées doivent donc être spéciquement étudiées.
Quels sont les thèmes dont les IDEL devraient se saisir ?
Les thèmes sont extrêmement nombreux compte tenu de
l’extrême variété des types de soins et de prise en charge
dans ce secteur d’activités. Par ailleurs, l’absence quasi-totale
de travaux dans ce domaine augmente considérablement le
choix de thèmes de recherche. Toutefois, en priorité, les IDELS
devraient s’orienter vers des travaux permettant d’identier
les populations qu’elles soignent, les soins qu’elles effectuent,
leurs spécicités, l’environnement. Ces travaux permettraient
d’avoir une meilleure visibilité de la situation. Par ailleurs, il est
souhaitable qu’elles s’emparent de travaux qui mettent la partie
autonome de leur rôle en évidence dans la mesure où toute leur
activité dépend toujours d’une prescription médicale.
Faut-il avoir des diplômes ou des qualications particulières
pour se lancer ?
Pour se lancer, il faut avoir envie et être accompagné ou faire
partie d’un groupe qui mène une recherche. L’initiation par
l’immersion est très intéressante, même s’il ne faut pas négliger
un apport méthodologique minimum pour comprendre les
étapes, connaitre certains termes, etc. la recherche n’est pas
réservée à des spécialistes, elle concerne toutes les inrmières.
Cette recherche est-elle dépendante de la recherche médicale ?
La recherche inrmière peut se faire au sein de la recherche
médicale, par exemple médecins et inrmiers travaillent autour
d’une même thématique, mais chaque profession établit un
travail de recherche dans son champ d’activité. Mais la recherche
inrmière peut aussi être complètement indépendante de la
recherche médicale.
On a parlé de bilan d’activité pour les IDEL, a quoi cela
correspond-il au juste ?
Le bilan d’activité pour l’IDEL correspond à une identication
précise quantitative et qualitative de l’activité (de préférence
annuelle) : caractéristiques de la population soignée en terme
d’âge, de niveau socio-économique, de sexe, situation familiale,
etc., caractéristiques du motif initial de PEC, type de soin(s),
durée de la PEC, spécicités de la PEC, présence de douleur,
de stress, d’anxiété, etc.
Ce bilan d’activités peut également identier des activités
annexes comme des réunions de synthèse, des échanges avec
l’hôpital, une équipe mobile, etc.
Ce bilan qualitatif permet de produire une photographie de
l’activité d’une inrmière, d’un cabinet.
Il rend le travail visible, pas uniquement sur le plan comptable.
Il permet d’entamer un travail descriptif de la qualité de l’activité
inrmière. Son intérêt pour la recherche est d’identier rapidement
ce que l’inrmier fait souvent, de voir s’il y a une périodicité des
PEC. Il permet entre autre de dégager des questions récurrentes
et d’évaluer la faisabilité d’un travail de recherche.
Un bilan d’activité peut également permettre d’envisager des
réorientations, des besoins en santé de la population non satisfaits.
Il se fait à priori à partir de ce que les professionnels connaissent
de leur activité mais qu’elles vont objectiver. Il nécessite
l’établissement d’une structuration permettant de saisir des
données utiles.
EN CONCLUSION :
En conclusion, en 2015, la connaissance de l’activité libérale est un préalable pour énoncer des priorités de recherche : un bilan d’activités
permettrait une visibilité du travail et un questionnement indispensable sur son exercice propre et celui de la communauté des inrmiers
libéraux. Les projets sélectionnés dans le cadre du PHRIP ont pour objectif d’une part de fournir des connaissances fondées sur des
bases scientiquement validées pour contribuer à l’amélioration continue de la qualité des soins délivrés par les auxiliaires médicaux et
d’améliorer les pratiques. La recherche permet la visibilité du travail.
1 LA RECHERCHE À LA RÉUNION
ET LES PARTENARIATS
(Marie Paule Gonthier, Dr en nutrition, chercheur UMR détroit, et Maxime Cournot,
cardiologue UMR détroit, chercheurs affiliés à CYROI)
En 2015, la recherche en santé est un projet translationnel
et interdisciplinaire. Cet état de fait ouvre des horizons de
collaboration plus vaste entre la structure publique de la recherche
et le monde des professionnels libéraux, les établissements
privés (réclamant la possibilité de participer à la création du
savoir), les associations (exemple de l’ORS) et l’industrie.
Deux possibilités s’ouvrent aux nouveaux acteurs de la
recherche : être de simples prestataires de services pour les
structures déjà reconnues, ou être des initiateurs de projets de
recherche.
Un des partenaires potentiels du monde libéral pourrait
être CYROI (Cyclotron Réunion Océan Indien) qui est une
plate-forme de recherche et d’innovation en santé et dans
les biotechnologies. Elle met en œuvre un plateau technique
pluridisciplinaire de haut niveau. Ce plateau technique est mis à
disposition des laboratoires publics et des entreprises souhaitant
développer des programmes de recherche et/ou d’innovation.
Il apparait clairement que la thématique des maladies
métaboliques représentée par plusieurs équipes de recherche
peut être identiée comme un lien d’intérêt entre les deux
mondes (public/libéral).
L’unité mixte de Recherche DéTROI (Diabète-athérothrombose
Thérapies Réunion Océan Indien) souhaite comprendre la
relation diabète/complications vasculaires avec comme ambition
de découvrir des nouveaux marqueurs biologiques. Les inrmiers
libéraux auraient toute leur place dans un projet de cohorte en
population générale, la convocation écrite étant difcilement
possible à La Réunion.
2 LA RECHERCHE EN SOINS PRIMAIRES
(Jean-Marc FRANCO,, Maitre de conférences associé, Directeur du Département de
Médecine Générale, UFR santé de la Réunion, Coordonnateur du DES de Médecine Générale ;
Patrick Gaillard, Maitre de conférences associé, Responsable des thèses et de la recherche en
MG, Département de Médecine Générale - UFR santé, Président du Collège des Généralistes
Enseignants Océan Indien).
La recherche en soins primaires est une démarche destinée
à identier des problèmes spéciques au champ des soins
primaires et à l’amélioration de la pratique.
Cette recherche est en lien direct avec le soin et indispensable
aux bonnes pratiques. Elle a un spectre très large car elle
englobe la médecine générale mais bien sur tout le premier
recours paramédical ainsi que les intervenants socio-sanitaires.
Elle nécessite de fait d’inventer de nouvelles méthodes de
collaboration.
Selon Maxime Cournot, Marie Paule Gonthier
CIC= Centre d’Investigation Clinique ; CIRE = Cellule Interrégionale d’Epidémiologie ;
DRCI= Délégation à la Recherche Clinique et à l’Innovation UMR =Unité de Recherche
Mixte ; UFR = Unité de Formation et de Recherche
Cadre de réexion : Beaucoup de soignants posent un regard aiguisé sur leur pratique mais leur analyse doit être portée plus loin que
la clinique. Ils doivent être capables de produire des savoirs et de les utiliser. La profession inrmière ne peut que grandir par la recherche
avec la maîtrise et la production des savoirs, et, l’attractivité et la valorisation de la profession.
Pascale Wanquet-Thibault
Cadre supérieur de santé, responsable
pédagogique, consultante, formatrice
Certicat d’Approfondissement de la
Démarche Clinique Inrmière CADCI, et
lière clinique inrmière de l’EHESP.