Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 116–123 Article original Profil sociodémographique et clinique d’une population de consultants dans un service universitaire de pédopsychiatrie de la Tunisie Clinical and sociodemographic profile of outpatients in a department of child and adolescent psychiatry in Tunisia F. Charfi a,∗ , R. Fakhfakh b , I. Hadhri c , A. Harrathi d , A. Belhadj a , M.B. Halayem c , A. Bouden c a Service de pédopsychiatrie, hôpital Mongi Slim de la Marsa, faculté de médecine de Tunis, université Tunis El Manar, 15, rue Djebel Lakhdhar, La Rabta, 1007 Tunis, Tunisie b Institut national de santé publique, 5–7, rue Khartoum, Le Belvédère, 1002 Tunis, Tunisie c Service de pédopsychiatrie, hôpital Razi, rue des orangers, 2010 La Manouba, Tunisie d Centre de médecine scolaire et universitaire, El Mansoura, 3100 Kairouan, Tunisie Résumé But de l’étude. – L’accès aux soins en pédopsychiatrie semble avoir évolué en Tunisie ces dernières années. Le but de notre étude était de déterminer le profil clinique et sociodémographique d’une population de consultants dans un service universitaire de pédopsychiatrie de Tunis, capitale de la Tunisie. Patients et méthode. – Il s’agit d’une étude de type descriptif et rétrospectif sur dossiers. Elle a porté sur les nouveaux patients ayant consulté entre janvier et décembre 2009 au service de pédopsychiatrie de l’hôpital Razi pour lesquels un suivi a été indiqué. Les données sociodémographiques et cliniques ont été recueillies à l’aide d’une grille pré établie. Résultats. – Notre population était constituée de 583 consultants ayant une moyenne d’âge de 8,8 ans et un sex-ratio M/F de 2. La demande de consultation a émané d’un médecin spécialiste dans près de la moitié des cas. Les motifs de consultation regroupant : l’instabilité motrice et les troubles du comportement ont été les plus fréquents (29,6 % des cas). Le retard mental et les troubles des apprentissages ont concerné le quart des patients ainsi que les troubles internalisés. La prise en charge non pharmacologique est privilégiée et concerne les deux tiers des cas. Conclusion. – Le profil sociodémographique et clinique des consultants en pédopsychiatrie à Tunis est entrain de ressembler à celui retrouvé dans les pays occidentaux. Une adaptation de l’offre de soins aux changements par : une meilleure collaboration entre les pédopsychiatres et les autres professionnels de santé (médecins généralistes, pédiatres, etc.), et une meilleure formation de ces derniers ainsi que le développement d’autres centres de consultations, constitue une priorité. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Pédopsychiatrie ; Enfant ; Adolescent ; Consultation ; Tunisie Abstract Objective. – The profile of child and adolescents attending psychiatric health care seems to have evolved in Tunisia in recent years. The aim of our study was to determine the clinical and sociodemographic characteristics of outpatients of child and adolescent psychiatric department at Razi hospital, unique psychiatric hospital at Tunis, capital of Tunisia. Methods. – This is a descriptive and retrospective study was based on records of outpatient seen between January and December 2009 in the department of child and adolescent psychiatry and for which follow-up has been indicated. Sociodemographic and clinical data were collected using a pre-established grid. ∗ Auteur correspondant. Service de pédopsychiatrie, hôpital Mongi Slim de La Marsa, 2046 Sidi Daoud, Tunis, Tunisie. Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (F. Charfi). http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2014.09.003 0222-9617/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. F. Charfi et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 116–123 117 Results. – In total, 583 outpatients were selected with an average age at 8.8 years (SD) and a sex ratio male/female = 2. The consultations request came from a specialist in almost half of clients. The main reasons for attending care were psychomotor instability and behavioral disorders (29.6%). According DSM-IV criteria, a quarter of diagnosis was related to mental retardation and learning disabilities disorders as well as internalized disorders. Two third of followed outpatients had non-pharmacological therapeutic care. Conclusion. – Sociodemographic and clinical profile of outpatients in child and adolescent psychiatry in Tunis seemed to be more and more similar to those in Western countries. This finding suggests a need to adapt care services to these changes particularly through a better collaboration between psychiatrists and other health professionals (general physicians, pediatricians, etc). Similarly, developing other child and adolescent psychiatry’s centers in other regions of the country and improving their accessibility was another challenge that it’s important to face. © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Child and adolescent psychiatry; Child; Adolescent; Outpatients; Tunisia 1. Introduction La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent a commencé à se développer en Tunisie à partir des années 1980 suite à l’ouverture d’une consultation de pédopsychiatrie à l’hôpital d’enfant de Tunis, qui s’est concrétisée en 1987 par la création du premier service de pédopsychiatrie à l’hôpital Habib Thameur de Tunis. Ce service a émigré en 1991 à l’hôpital Razi, unique hôpital psychiatrique en Tunisie. Depuis, les demandes de prises en charge en pédopsychiatrie n’ont cessé d’augmenter. Ces demandes émanant des professionnels de l’enfance et des parents semblent être liées d’une part aux changements de mode de vie de la population tunisienne, et à une meilleure sensibilisation de la population tunisienne aux troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent. Toutefois, si aux premières années de l’ouverture du service nous observions un profil de consultants pour des pathologies assez « lourdes » [1], il est attendu qu’au cours de ces dernières années un changement du profil des consultants se profile, avec de plus en plus d’enfants ayant des troubles passagers ou isolés, et des troubles réactionnels à des facteurs d’environnement. En effet, si nous nous référons à certaines études en particulier auprès des enfants, nous notons une prévalence élevée de certains troubles. Nous notons à titre d’exemple le trouble hyperactivité avec déficit de l’attention qui touche 4 % des enfants âgés de 6 à l5 ans [2]. De même, les études menées auprès des adolescents, en particulier les scolarisés d’entre eux, ont montré une prévalence assez élevée des troubles psychologiques [3], notamment les troubles anxieux et dépressifs (25 %) avec une part importante d’enfants ayant subi une violence physique (25 %) ou sexuelle (4,6 %). La connaissance du profil des consultants, leurs caractéristiques sociodémographiques et cliniques permettraient de mieux adapter l’offre de soins à la demande. De même, elle permettrait de savoir si cette demande obéit aux besoins de prises en charge psychologiques des enfants et des adolescents. Elle constituerait en outre un moyen d’identifier les besoins en termes de formation et de services offerts en pédopsychiatrie. Ces deux derniers, malgré une amélioration notable depuis prés de deux décennies, semblent rester en deçà des besoins de la population. C’est dans ce cadre que nous avons mené ce travail, à notre avis premier dans son genre, dont l’objectif est de mieux connaître le profil clinique et sociodémographique d’une population de consultants dans le service universitaire de pédopsychiatrie de la capitale. Ce service était au moment de l’étude l’unique service de pédopsychiatrie existant de la capitale. 2. Patients et méthodes Notre étude est de type descriptif et rétrospectif. Elle a porté sur une série de nouveaux patients ayant consulté de manière consécutive au service de pédopsychiatrie de l’hôpital Razi de La Manouba (banlieue ouest de Tunis) entre le 1er janvier et le 31 décembre de l’année 2009. 2.1. Description de la structure L’hôpital Razi est un hôpital psychiatrique universitaire et le seul à l’échelle nationale. La consultation de pédopsychiatrie de cet hôpital est une consultation de deuxième ligne, l’enfant est adressé par le médecin de famille ou par un autre spécialiste ou intervenant, tel que le délégué de la protection de l’enfance. Comme il s’agit du seul service spécialisé dans le Nord de la Tunisie, les demandes émanaient de plusieurs régions. Le délai d’attente d’un premier rendez-vous était d’environ trois semaines au moment de l’étude. L’équipe médicale était constituée de cinq pédopsychiatres hospitalo-universitaires, de trois psychologues et de résidents en formation. Outre les consultations spécialisées, les patients pouvaient bénéficier de psychothérapies individuelles hebdomadaires. Par ailleurs, une unité d’hospitalisation au sein du service permettait la prise en charge des urgences psychiatriques. 2.2. Population de l’étude Nous avons inclut les dossiers exploitables et uniquement ceux des consultants pour lesquels un suivi dans le service de pédopsychiatrie où s’est déroulée l’étude, a été indiqué. Les dossiers de consultation en urgence ont été inclus dans l’étude car les patients consultant en urgence sont pris en charge par le même service et par la même équipe médicale. Nous avons exclu les patients dont le suivi, suite à la première consultation, n’a pas été indiqué (demande de certificat, expertise psychiatrique, patients orienté en neurologie, etc.). Au total nous avons enregistré 817 nouveaux cas en 2009, dont 56 cas ont bénéficié d’une hospitalisation dans le même 118 F. Charfi et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 116–123 service, soit 6,8 %. Parmi ces 817 dossiers, 93 ont été jugés non exploitables et 141 dossiers pour lesquels un deuxième rendezvous n’a pas été indiqué. Nous avons ainsi retenu 583 dossiers de nouveaux consultants. 2.3. Méthode d’investigations et variables La collecte des données sociodémographiques et cliniques à partir des dossiers a été réalisée à l’aide d’une fiche préétablie, élaborée pour les besoins l’étude. Les données sociodémographiques portaient sur l’âge, le sexe, la personne ayant accompagné l’enfant lors de la première consultation et le rang dans la fratrie. Le niveau socioéconomique des parents a été apprécié de façon subjective en tenant compte des paramètres suivants, à savoir : la profession des parents, leur niveau d’instruction, leur condition de vie ainsi que de la taille de la famille. La scolarisation de l’enfant et les alternatives (éducation spécialisée) ont été relevées. Pour ce qui concerne la situation géographique du domicile, trois régions ont été définies selon l’éloignement de l’hôpital Razi : le Grand Tunis avec les 4 gouvernorats (Tunis, La Manouba, Ariana et Ben Arous), la région regroupant les gouvernorats limitrophes du Grand Tunis, et puis le reste regroupant les régions plus éloignées (y compris le centre et le sud de la Tunisie). Le professionnel ou autre personne ayant adressé l’enfant en pédopsychiatrie ont été aussi relevés. Quant aux motifs de consultation exprimés par les parents et/ou par le professionnel référent, ils ont été regroupés en neuf rubriques représentées dans le Tableau 2. Le motif « évaluation psychiatrique » regroupait toutes les situations d’enfants ou de jeunes adressés par des collègues pour éliminer un trouble psychiatrique ou qui se présentaient suite à une maltraitance pour une évaluation des conséquences sur un plan psychologique. Le diagnostic principal retenu dans l’étude a été celui posé par le médecin chargé de la prise en charge de l’enfant, consigné dans le dossier et établi en se basant sur les critères du DSM-IV-TR [4]. Pour ces diagnostics posés, il y a lieu de préciser que le diagnostic de « crise à l’adolescence » ne figure pas dans le DSM-IV-TR, il s’agit de situations où l’adolescent consulte pour des conflits ou des passages à l’acte sans qu’un trouble psychiatrique avéré ne soit identifié. Ces difficultés passagères s’inscrivent dans le cadre d’une crise à l’adolescence qui nécessite des consultations individuelles et familiales ayant pour objectif d’apaiser les conflits et d’améliorer les relations parent(s)-adolescent(s) [5]. Nous précisons en outre que notre étude n’a porté que sur le diagnostic principal, la présence de comorbidités n’a pas été considérée. Les données recueillies étayaient enfin sur la nature de prise en charge au cours du suivi en précisant si en plus de la prise en charge psychologique, un traitement pharmacologique a été mis en place. L’analyse statistique a été faite à l’aide du logiciel SPSS pour Windows version 15. Le seuil de signification retenu a été de 5 %. Le test de Chi2 a été utilisé pour la comparaison des variables qualitatives. Tableau 1 Caractéristiques sociodémographiques des consultants étudiés (n = 583). Âge 0–5 ans 6–11 ans 12 ans et plus Sexe Masculin Féminin Région de résidence Régions éloignées (> 100 km) Gouvernorats mitoyens du grand Tunis (Bizerte, Béja, Zaghouan, Nabeul) Grand Tunis (Tunis, Ariana, La Manouba, Ben Arous) Demande Orthophoniste, psychologue, institution, protection de l’enfance Parents Généralistes Neurologues et pédiatres Psychiatre et autres spécialistes Conditions socioéconomiques Précaires Moyennes Bonnes Non précisées L’accompagnateur Mère Père Les deux Autres Rang dans la fratrie Aîné ou enfant unique Deuxième Troisième Quatrième et plus Scolarité Scolarisé (maternelle, primaire, collège, lycée et formation professionnelle) En âge préscolaire à la charge des parents Non scolarisé du fait de la maladie Éducation spécialisée Désinséré du système scolaire ordinaire 25,6 % 45,3 % 29,1 % 66,6 % 33,4 % 9,3 % 19,6 % 71,1 % 7,0 % 20,0 % 23,7 % 31,9 % 17,3 % 30,7 % 47,0 % 17,3 % 5,0 % 60,4 % 13,0 % 15,3 % 11,3 % 37,9 % 32,2 % 16,3 % 11,6 % 75,4 % 9,8 % 6,7 % 6,0 % 2,0 % 3. Résultats 3.1. Caractéristiques sociodémographiques Les caractéristiques sociodémographiques de notre population sont présentées dans le Tableau 1. La moyenne d’âge était de 8,8 ans (écart-type 4,1 ans) et des extrêmes allant de 1 à 19 ans. Le sex-ratio M/F était de 1,99. 3.2. Caractéristiques cliniques La répartition des patients selon les motifs de consultation est représentée dans le Tableau 2. Une différence significative de ces motifs selon le sexe est retrouvée (p < 0,001). Ainsi, l’instabilité motrice et les troubles du comportement étaient plus élevés chez les garçons, tandis que chez les filles nous avons noté davantage de tentatives de suicide. F. Charfi et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 116–123 119 Tableau 2 Répartition des motifs de consultation selon le sexe. Motif de consultation Garçons n = 388 (%) Filles n = 195 (%) Total n = 583 (%) Probabilité Motif scolaire : difficultés scolaires, troubles de l’attention et/ou de la mémoire Instabilité motrice et/ou troubles du comportement Retard et autres troubles du langage 15,6 4,4 20 p < 0,001 22,1 7,5 29,6 11,5 3,0 14,5 Troubles instinctuels 6,0 4,4 10,4 Troubles de la socialisation 2,9 0,8 3,7 Tentatives de suicide 0,8 2,9 3,7 Troubles affectifs 1,2 2,9 4,1 Évaluation psychiatrique 2,7 2,4 5,1 Manifestations somatiques et autres motifs 3,6 4,8 8,4 Les résultats selon les diagnostics posés sont représentés dans le Tableau 3. Pour les besoins de comparaisons nous avons opté pour des regroupements des diagnostics. Après regroupement, il avait été constaté une différence significative des Tableau 3 Répartition des diagnostics posés selon les critères de DSM-IV-TR et selon le sexe. Diagnostics Garçons n = 388 Filles n = 195 Total n = 583 Retard mental/trouble spécifique des apprentissages Troubles envahissant du développement Troubles réactionnels de l’attachement Troubles anxieux 100 35 135 81 24 105 11 1 12 28 22 50 État dépressif/troubles de l’adaptation Troubles somatoformes 43 35 78 3 9 12 Trouble déficit de l’attention avec hyperactivité Troubles des conduites/trouble oppositionnel avec provocation Troubles bipolaires/psychoses/trouble de la personnalité Trouble des conduites alimentaires/troubles du sommeil Trouble sphinctérien 25 4 29 9 2 11 17 15 32 4 1 5 diagnostics posés selon le sexe (p < 0,001). Ainsi, les garçons présentaient plus fréquemment les troubles développementaux (troubles envahissant du développement et troubles réactionnels de l’attachement) : 23,7 % versus 12,8 %. De même, les troubles externalisés ont concerné plus souvent le sexe masculin (8,7 % versus 3,1 %). Les filles, par contre, présentaient davantage de crises à l’adolescence (8,2 % versus 1,2 %). Enfin, pour ce qui concerne la nature de prise en charge, le tiers des patients bénéficiait d’une prise en charge conjointe psychologique et pharmacologique, le reste bénéficiant uniquement de prises en charge psychologiques (61,9 %). 4. Discussion 21 18 39 Crise à l’adolescence 5 16 21 Autres troubles psychiatriques Diagnostic en attente 25 12 37 16 1 17 L’âge moyen de notre population était de 8,8 ans avec une prédominance nette des enfants d’âge scolaire (6–11 ans), qui représentaient près de la moitié des consultants, les adolescents ne représentaient que le tiers d’entre eux. Afin d’étudier l’évolution du profil démographique des consultants dans le temps, nous nous sommes référés à la seule étude réalisée en 2006. En effet, cette étude a porté sur des consultants du service de pédopsychiatrie de Tunis, mais aussi, ceux du service de Monastir [6]. De plus, les consultants étaient tout venant et non les nouveaux cas. Ces limites méthodologiques tenues en compte, il semble qu’un rajeunissement de la population consultante est entrain de s’opérer, passant de 10,3 ans à 8,8 ans. Ceci témoignerait d’une attention accordée par les parents aux difficultés présentées par les enfants dès le plus jeune âge particulièrement à l’entrée à l’école. Cependant, ce résultat ne doit pas nous faire oublier la faible fréquentation du service par les adolescents, malgré la charge des troubles psychologiques retrouvée parmi les adolescents tunisiens [3]. La prédominance des enfants d’âge scolaire dans les consultations de pédopsychiatrie a été retrouvée dans d’autres études [7–9], et elle est considérée comme la tranche d’âge la plus représentée dans les files actives des secteurs de pédopsychiatrie en France [10]. La sous représentation des adolescents retrouvée dans une étude 120 F. Charfi et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 116–123 française [7] est expliquée par les auteurs par la difficulté des adolescents de tolérer un délai d’attente et de ce fait consultent davantage les services d’urgences. Le sex-ratio garçon/fille dans la présente étude était de prés de 2. Cette prédominance masculine a été retrouvée dans d’autres études [6–9,11–14]. Ce résultat est du très probablement à ce que plusieurs pathologies sont plus fréquentes chez les garçons ; notamment les troubles du spectre autistique, les troubles du langage, le trouble déficitaire de l’attention-hyperactivité (TDAH) et le trouble des conduites [15–17]. Cette prédominance masculine des troubles psychiatriques chez l’enfant tend à être moins prononcée en avançant dans l’âge [13]. Au-delà de 12 ans, une tendance inverse, avec une prédominance des filles a été constatée [18]. Les demandes de soins ont concerné dans cette étude l’aîné et l’enfant unique dans prés de 40 % des cas suivies du deuxième dans près du tiers des cas. Les aînés semblent ainsi susciter plus de demande de consultation. Ce résultat été également retrouvé dans l’étude de Le Galudec et al. [7] ; l’aîné étant souvent l’enfant le plus investi et celui auquel une attention particulière est le plus souvent portée. C’est aussi celui qui semble être le plus confronté à l’expérience première de rôle de parents et donc éventuellement de leurs angoisses. Cette hypothèse est confortée par le fait que près des trois quart des consultants ne dépassent pas le deuxième enfant. Toutefois, nous ne perdons pas de vue le fait que le nombre d’enfants moyen par famille est entrain de baisser ne dépassant pas les trois enfants dans la majorité des jeunes couples [19]. Les trois quarts des consultants ne sont pas en rupture scolaire, ceci est très probablement le reflet de la structure par âge des consultants de l’étude, lui-même reflet probable de la source de demande de la consultation émanant le plus souvent de structures ou d’individus prenant en charge des enfants plutôt jeunes. Près des trois quart des consultants résidaient dans le Grand Tunis. La faible représentativité des autres régions du Nord de la Tunisie, toutes dépourvues de structure publique de pédopsychiatrie, nous amène à penser que l’éloignement géographique associé aux mauvaises conditions économiques limitait l’accès aux soins de pédopsychiatrie. La mère a accompagné l’enfant dans la majorité des cas, le père était présent dans le tiers des cas, rarement un autre membre de la famille ou une personne extérieure amenait l’enfant. Ceci confirme le rôle central de la famille. Ainsi, le support familial à l’enfant semble rester très présent malgré les changements sociaux importants que traverse notre société. La structure de cette dernière semble s’orienter vers un modèle occidentalisé de la famille c’est-à-dire de plus en plus en plus nucléaire [20]. Le niveau socioéconomique était qualifié de « moyen » dans presque la moitié des cas, ce qui est classiquement le profil de la population qui consulte les structures de santé publique en Tunisie. Ce profil socioéconomique est meilleur que celui retrouvé dans une étude menée au Caire (un tiers des cas avec un niveau social moyen et plus de la moitié avec un niveau social bas) [8]. La demande de consultation a émané dans la moitié des cas d’un médecin spécialiste (essentiellement de neurologues, pédiatres et psychiatres d’adulte), plus rarement d’un médecin généraliste, et encore plus rarement des parents (20 % des cas). Dans l’étude égyptienne, la demande est provenue surtout des parents (30 %) et des pédiatres (21 %) rarement des médecins généralistes dans seulement 2 % des cas [8]. Un travail réalisé dans une structure hospitalo-universitaire à Brest [7] a montré que les demandes de consultation dans les services de pédopsychiatrie émanaient principalement des familles dans 42 % des cas, et des médecins généralistes dans 29 % des cas. Dans une étude norvégienne [14], la demande provenait rarement de la famille (5,1 %), mais les services sociaux et intermédiaires jouent un rôle important (demande de l’école 15,6 %, celle des services sociaux 13,2 %). La relative faible demande des parents dans la présente étude pourrait s’expliquer par la nature du service étudié considéré comme étant surtout une structure de deuxième ligne. Ajoutée à cela, la stigmatisation de l’hôpital psychiatrique, lieu du service, limitant d’avantage l’émanation de la demande de la part des parents. Cette stigmatisation aurait des répercussions sur l’accessibilité aux soins. Ainsi, dans une étude antérieure réalisée en partie dans notre structure, le délai moyen entre l’apparition des symptômes et la première consultation était de 27 mois [6]. Le fait qu’un patient sur deux soit adressé par un médecin spécialiste peut s’expliquer par l’absence de pédopsychiatrie de liaison dans les hôpitaux de Tunis, d’une part, et d’une meilleure information sur la psychiatrie de l’enfant par les pédiatres, psychiatres et neurologues comparés aux médecins généralistes, d’autre part. Ces derniers semblent être faiblement impliqués dans la présente étude pour adresser les enfants en pédopsychiatrie, surtout qu’une grande majorité d’entre eux (en particulier dans le secteur public) mènent des activités de médecine scolaire. Les motifs de consultation les plus rencontrés étaient : l’instabilité motrice et les troubles du comportement, présents dans un tiers des cas, et retrouvés davantage chez les garçons. La prédominance de ce motif de consultation a été retrouvée dans d’autres structures ambulatoires de pédopsychiatrie [7–9,12,14]. En effet, les troubles du comportement représentent un mode d’expression fréquent de la souffrance psychique de l’enfant et de l’adolescent. Les motifs scolaires ont occupé aussi une place importante puisqu’ils sont présents dans 20 % des cas et viennent en deuxième position. Ceci confirme l’investissement important de la scolarité par les parents, et ce motif en particulier pousse les parents à franchir le pas de consulter le pédopsychiatre. Quant au diagnostic, les pathologies les plus souvent retrouvées dans notre série ont été le retard mental avec les troubles spécifiques des apprentissages (23,2 %) ainsi que les troubles internalisés (troubles anxieux et dépressifs) dans 22 % des cas. Les troubles envahissants du développement ont concerné 18 % des cas. En revanche, les troubles externalisés étaient présents dans une faible proportion (prés de 7 %). La comparaison avec des données d’autres études sur le profil clinique des consultants en pédopsychiatrie est présentée dans le Tableau 4. Dans l’étude Egyptienne, les résultats sont similaires à la présente étude pour ce qui concerne le retard mental et l’autisme, avec respectivement 24 % et 17 % des cas, une plus faible fréquence pour les troubles internalisés et une fréquence beaucoup plus élevée pour les troubles externalisés [8]. Le profil clinique d’une étude Sud Africaine est dominé par le TDAH, les troubles spécifiques des apprentissages, le retard mental et les troubles anxieux ; dans F. Charfi et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 116–123 121 Tableau 4 Profil diagnostique des populations de consultants aux services de pédopsychiatrie dans la littérature. Retard mental Présente étude Tunisie n = 583 Mabiala-Babela et al., 2009 [11] Congo n = 264 Hussein et al., 2012 [8] Egypte n = 123 Vogel et Holford, 1999 [9] Afrique du Sud n = 981 Wiss et al., 2004 [22] Francea n = 195 23,2 % (+ TSA) 9,1 % 24 % G : 26 % 10 % troubles du développement 1,4 % – 6% Reigstad et al., 2004 [14] Norvègeb n = 29 194 Staller, 2006 [13] États-Unis n = 1292 F : 27 % Troubles envahissant du développement 18 % – 17 % autisme G: 5% F: 4% Troubles internalisés 22 % 14,8 % 18 % (+ schizophrénie) Troubles anxieux G : 24 % 23,7 % troubles de l’humeur et des émotions 36,7 % troubles de l’adaptation 29,5 % troubles affectifs 27 % troubles dépressifs 26 % troubles anxieux F : 27 % 12 % troubles de l’adaptation Troubles de l’humeur G: 8% F: 7% Troubles externalisés 6,9 % – 28 % TDAH TDAH 17 % trouble des conduites G : 47 % 27,8 % troubles hyperkinétiques 43 % TDAH 30 % autres troubles externalisés F : 26 % Autres troubles externalisés G : 15 % F : 12 % Psychoses Troubles sphinctériens 5,5 % (+ troubles bipolaires et troubles de la personnalité) 6,7 % 75,7 % – – 1% – 14 % énurésie G : 14 % – – – – – G : 40 % F : 27 % – – – 5% F : 14 % TSA G : garçons ; F : filles ; TDAH : trouble déficitaire de l’attention-hyperactivité ; TSA : troubles spécifiques des apprentissages. a Pédopsychiatrie de liaison. b Seuls deux diagnostics ont été rapportés dans cette étude. cette étude l’existence de comorbidité a été prise en compte (en moyenne 2,8 diagnostics par enfant) [9]. La faible fréquence des troubles externalisés dans notre étude par rapport aux deux études suscitées mais aussi par rapport à d’autres études [13,14] serait le reflet d’une faible demande de soins spécialisés pour ce type de pathologies, bien que le TDAH semble relativement fréquent parmi la population jeune en milieu scolaire [2]. En outre, nos résultats diffèrent de ceux retrouvés dans une étude congolaise, dans laquelle le profil clinique des patients est dominé par les psychoses avec un recours fréquent à l’hospitalisation [11]. La place importante occupée par les troubles internalisés dans notre série est retrouvée dans d’autres études menées dans les pays occidentaux. Ainsi, l’étude de Blondon et al., réalisée aux urgences pédopsychiatriques en France, a retrouvé en premier lieu les troubles dépressifs (35,8 % en 2002), diagnostic semblant être en augmentation nette depuis prés d’une décennie [21] et une autre étude réalisée en pédopsychiatrie de liaison a montré l’augmentation nette de la catégorie « troubles de l’humeur et des émotions » (23,7 %) et une place importante des troubles psychiques à expression somatique et des troubles de l’adaptation [22]. De même, l’étude de Staller, a retrouvé outre les troubles 122 F. Charfi et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 116–123 externalisés qui sont les plus fréquents, des troubles anxieux et dépressifs dans plus de la moitié des cas [13]. Ainsi, ce profil démographique et clinique de la présente étude semble être le reflet de l’ensemble du système de prise en charge en Tunisie [26]. Toutefois, une enquête auprès de la population générale permettrait de mieux répondre à cette assomption. De même, il est nécessaire, dans notre contexte, de mettre en place des études de suivi du profil de morbidités en pédopsychiatrie et les facteurs qui y sont associés afin de mieux adapter les interventions de prévention et de prises en charge. Pour ce qui concerne la nature de prise en charge prodiguée aux consultants, il faut mentionner que ce sont les prises en charges non pharmacologiques qui ont été privilégiées. Elles consistaient en consultations familiales, guidance parentale et parfois une psychothérapie individuelle. La prescription d’un traitement pharmacologique s’est fait pour prés du tiers des patients. Dans un travail réalisé en 1999/2000 en pédopsychiatrie de consultation-liaison intrahospitalière, l’indication d’un traitement médicamenteux a été posée ponctuellement dans 30 % des cas et poursuivie à la sortie dans 22 % des cas [22]. De même dans une étude comparative d’une population adolescente consultante en service de pédopsychiatrie versus un service de psychiatrie adulte appartenant au même secteur géographique à Paris, les résultats ont montré que les pédopsychiatres prescrivent significativement moins de traitement médicamenteux que les psychiatres d’adulte (24 % versus 40 %) [23]. Ceci n’est pas le cas des psychiatres aux États-Unis qui prescrivent de plus en plus de traitements pharmacologiques même pour des troubles réactionnels à des facteurs de stress [24]. Ce qui a eu pour effet une augmentation dans ce dernier pays de la prescription des psychotropes auprès des enfants et des adolescents au cours de ces dernières années qui peut concerner les deux tiers à trois quarts des enfants et des adolescents suivis pour troubles psychiatriques [12,25]. Notre étude présente certaines limites. La première limite est liée à la nature rétrospective du travail. Cependant les caractéristiques recueillies de manière rétrospective ont été assez précises et comportant peu de données manquantes. Seules certaines données liées en particuliers aux caractéristiques des parents et leur statut socioéconomique n’ont pas été assez précises. La deuxième limite se rapporte aux diagnostics posés, ces derniers ont été basés sur l’appréciation du clinicien et non sur une recherche standardisée de diagnostic. De plus les comorbidités n’ont pas été prises en compte. La troisième limite est liée à la restriction de l’étude au service hospitalier de pédopsychiatrie de la capitale. Ainsi, elle n’a pas intéressé le service de pédopsychiatrie des autres régions du pays et les structures ambulatoires privés de pédopsychiatrie, empêchant ainsi la généralisation des résultats. Une étude prospective ultérieure nous permettrait de mieux contrôler ces limites. De même, il est recommandé de mener une enquête qui intéressera, outre les consultations auprès de médecins psychiatres prenant en charge des enfants et des adolescents, les consultations auprès de médecins non-psychiatres pouvant être impliqué dans cette prise en charge en particulier auprès des pédiatres. En outre, une enquête populationnelle permettrait de mieux cerner le profil des demandeurs de soins. 5. Conclusion Les troubles du comportement constituent le motif le plus fréquent, et les retards de développement ainsi que les troubles internalisés sont les diagnostics les plus souvent retrouvés. Les demandes émanaient surtout des médecins spécialistes et moins des médecins généralistes qui sont en première ligne et donc susceptibles de détecter les premiers symptômes. Il serait intéressant dans une perspective d’avenir d’évaluer l’évolution des caractéristiques de la population des consultants après la révolution tunisienne de 2011. Des études prospectives permettraient de mieux connaître les facteurs d’environnement, familiaux et sociaux, des enfants et adolescents qui présentent des troubles mentaux. Une adaptation de la formation des professionnels de santé et des autres professionnels impliqués dans la prise en charge psychiatriques des enfants et des adolescents doit être opérée. De même les services de prise en charge psychologiques de ce type de population devraient être plus nombreuses et mieux intégrées aux autres services de soins afin de mieux les adapter aux besoins et d’en améliorer l’accès aux soins. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Maatki MC [Thèse de Doctorat en Médecine] L’exercice ambulatoire d’un service de pédopsychiatrie à Tunis. Étude à partir de 500 cas. Tunis: Faculté de Médecine de Tunis; 1992. [2] Mghaieth S [Thèse de Doctorat en Médecine]. 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