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Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
63
(2015)
116–123
Article
original
Profil
sociodémographique
et
clinique
d’une
population
de
consultants
dans
un
service
universitaire
de
pédopsychiatrie
de
la
Tunisie
Clinical
and
sociodemographic
profile
of
outpatients
in
a
department
of
child
and
adolescent
psychiatry
in
Tunisia
F.
Charfia,,
R.
Fakhfakh b,
I.
Hadhric,
A.
Harrathid,
A.
Belhadja,
M.B.
Halayemc,
A.
Boudenc
aService
de
pédopsychiatrie,
hôpital
Mongi
Slim
de
la
Marsa,
faculté
de
médecine
de
Tunis,
université
Tunis
El
Manar,
15,
rue
Djebel
Lakhdhar,
La
Rabta,
1007
Tunis,
Tunisie
bInstitut
national
de
santé
publique,
5–7,
rue
Khartoum,
Le
Belvédère,
1002
Tunis,
Tunisie
cService
de
pédopsychiatrie,
hôpital
Razi,
rue
des
orangers,
2010
La
Manouba,
Tunisie
dCentre
de
médecine
scolaire
et
universitaire,
El
Mansoura,
3100
Kairouan,
Tunisie
Résumé
But
de
l’étude.
L’accès
aux
soins
en
pédopsychiatrie
semble
avoir
évolué
en
Tunisie
ces
dernières
années.
Le
but
de
notre
étude
était
de
déterminer
le
profil
clinique
et
sociodémographique
d’une
population
de
consultants
dans
un
service
universitaire
de
pédopsychiatrie
de
Tunis,
capitale
de
la
Tunisie.
Patients
et
méthode.
Il
s’agit
d’une
étude
de
type
descriptif
et
rétrospectif
sur
dossiers.
Elle
a
porté
sur
les
nouveaux
patients
ayant
consulté
entre
janvier
et
décembre
2009
au
service
de
pédopsychiatrie
de
l’hôpital
Razi
pour
lesquels
un
suivi
a
été
indiqué.
Les
données
sociodémographiques
et
cliniques
ont
été
recueillies
à
l’aide
d’une
grille
pré
établie.
Résultats.
Notre
population
était
constituée
de
583
consultants
ayant
une
moyenne
d’âge
de
8,8
ans
et
un
sex-ratio
M/F
de
2.
La
demande
de
consultation
a
émané
d’un
médecin
spécialiste
dans
près
de
la
moitié
des
cas.
Les
motifs
de
consultation
regroupant
:
l’instabilité
motrice
et
les
troubles
du
comportement
ont
été
les
plus
fréquents
(29,6
%
des
cas).
Le
retard
mental
et
les
troubles
des
apprentissages
ont
concerné
le
quart
des
patients
ainsi
que
les
troubles
internalisés.
La
prise
en
charge
non
pharmacologique
est
privilégiée
et
concerne
les
deux
tiers
des
cas.
Conclusion.
Le
profil
sociodémographique
et
clinique
des
consultants
en
pédopsychiatrie
à
Tunis
est
entrain
de
ressembler
à
celui
retrouvé
dans
les
pays
occidentaux.
Une
adaptation
de
l’offre
de
soins
aux
changements
par
:
une
meilleure
collaboration
entre
les
pédopsychiatres
et
les
autres
professionnels
de
santé
(médecins
généralistes,
pédiatres,
etc.),
et
une
meilleure
formation
de
ces
derniers
ainsi
que
le
développement
d’autres
centres
de
consultations,
constitue
une
priorité.
©
2014
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
Mots
clés
:
Pédopsychiatrie
;
Enfant
;
Adolescent
;
Consultation
;
Tunisie
Abstract
Objective.
The
profile
of
child
and
adolescents
attending
psychiatric
health
care
seems
to
have
evolved
in
Tunisia
in
recent
years.
The
aim
of
our
study
was
to
determine
the
clinical
and
sociodemographic
characteristics
of
outpatients
of
child
and
adolescent
psychiatric
department
at
Razi
hospital,
unique
psychiatric
hospital
at
Tunis,
capital
of
Tunisia.
Methods.
This
is
a
descriptive
and
retrospective
study
was
based
on
records
of
outpatient
seen
between
January
and
December
2009
in
the
department
of
child
and
adolescent
psychiatry
and
for
which
follow-up
has
been
indicated.
Sociodemographic
and
clinical
data
were
collected
using
a
pre-established
grid.
Auteur
correspondant.
Service
de
pédopsychiatrie,
hôpital
Mongi
Slim
de
La
Marsa,
2046
Sidi
Daoud,
Tunis,
Tunisie.
Adresses
e-mail
:
fatmacharfi[email protected],
leilacharfi@hotmail.com
(F.
Charfi).
http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2014.09.003
0222-9617/©
2014
Elsevier
Masson
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droits
réservés.
F.
Charfi
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
63
(2015)
116–123
117
Results.
In
total,
583
outpatients
were
selected
with
an
average
age
at
8.8
years
(SD)
and
a
sex
ratio
male/female
=
2.
The
consultations
request
came
from
a
specialist
in
almost
half
of
clients.
The
main
reasons
for
attending
care
were
psychomotor
instability
and
behavioral
disorders
(29.6%).
According
DSM-IV
criteria,
a
quarter
of
diagnosis
was
related
to
mental
retardation
and
learning
disabilities
disorders
as
well
as
internalized
disorders.
Two
third
of
followed
outpatients
had
non-pharmacological
therapeutic
care.
Conclusion.
Sociodemographic
and
clinical
profile
of
outpatients
in
child
and
adolescent
psychiatry
in
Tunis
seemed
to
be
more
and
more
similar
to
those
in
Western
countries.
This
finding
suggests
a
need
to
adapt
care
services
to
these
changes
particularly
through
a
better
collaboration
between
psychiatrists
and
other
health
professionals
(general
physicians,
pediatricians,
etc).
Similarly,
developing
other
child
and
adolescent
psychiatry’s
centers
in
other
regions
of
the
country
and
improving
their
accessibility
was
another
challenge
that
it’s
important
to
face.
©
2014
Elsevier
Masson
SAS.
All
rights
reserved.
Keywords:
Child
and
adolescent
psychiatry;
Child;
Adolescent;
Outpatients;
Tunisia
1.
Introduction
La
psychiatrie
de
l’enfant
et
de
l’adolescent
a
commencé
à
se
développer
en
Tunisie
à
partir
des
années
1980
suite
à
l’ouverture
d’une
consultation
de
pédopsychiatrie
à
l’hôpital
d’enfant
de
Tunis,
qui
s’est
concrétisée
en
1987
par
la
création
du
premier
service
de
pédopsychiatrie
à
l’hôpital
Habib
Tha-
meur
de
Tunis.
Ce
service
a
émigré
en
1991
à
l’hôpital
Razi,
unique
hôpital
psychiatrique
en
Tunisie.
Depuis,
les
demandes
de
prises
en
charge
en
pédopsychiatrie
n’ont
cessé
d’augmenter.
Ces
demandes
émanant
des
professionnels
de
l’enfance
et
des
parents
semblent
être
liées
d’une
part
aux
changements
de
mode
de
vie
de
la
population
tunisienne,
et
à
une
meilleure
sensibilisa-
tion
de
la
population
tunisienne
aux
troubles
mentaux
de
l’enfant
et
de
l’adolescent.
Toutefois,
si
aux
premières
années
de
l’ouverture
du
service
nous
observions
un
profil
de
consultants
pour
des
pathologies
assez
«
lourdes
»
[1],
il
est
attendu
qu’au
cours
de
ces
dernières
années
un
changement
du
profil
des
consultants
se
profile,
avec
de
plus
en
plus
d’enfants
ayant
des
troubles
passagers
ou
iso-
lés,
et
des
troubles
réactionnels
à
des
facteurs
d’environnement.
En
effet,
si
nous
nous
référons
à
certaines
études
en
particu-
lier
auprès
des
enfants,
nous
notons
une
prévalence
élevée
de
certains
troubles.
Nous
notons
à
titre
d’exemple
le
trouble
hyper-
activité
avec
déficit
de
l’attention
qui
touche
4
%
des
enfants
âgés
de
6
à
l5
ans
[2].
De
même,
les
études
menées
auprès
des
adoles-
cents,
en
particulier
les
scolarisés
d’entre
eux,
ont
montré
une
prévalence
assez
élevée
des
troubles
psychologiques
[3],
notam-
ment
les
troubles
anxieux
et
dépressifs
(25
%)
avec
une
part
importante
d’enfants
ayant
subi
une
violence
physique
(25
%)
ou
sexuelle
(4,6
%).
La
connaissance
du
profil
des
consultants,
leurs
caractéris-
tiques
sociodémographiques
et
cliniques
permettraient
de
mieux
adapter
l’offre
de
soins
à
la
demande.
De
même,
elle
permettrait
de
savoir
si
cette
demande
obéit
aux
besoins
de
prises
en
charge
psychologiques
des
enfants
et
des
adolescents.
Elle
constituerait
en
outre
un
moyen
d’identifier
les
besoins
en
termes
de
forma-
tion
et
de
services
offerts
en
pédopsychiatrie.
Ces
deux
derniers,
malgré
une
amélioration
notable
depuis
prés
de
deux
décennies,
semblent
rester
en
dec¸à
des
besoins
de
la
population.
C’est
dans
ce
cadre
que
nous
avons
mené
ce
travail,
à
notre
avis
premier
dans
son
genre,
dont
l’objectif
est
de
mieux
connaî-
tre
le
profil
clinique
et
sociodémographique
d’une
population
de
consultants
dans
le
service
universitaire
de
pédopsychiatrie
de
la
capitale.
Ce
service
était
au
moment
de
l’étude
l’unique
service
de
pédopsychiatrie
existant
de
la
capitale.
2.
Patients
et
méthodes
Notre
étude
est
de
type
descriptif
et
rétrospectif.
Elle
a
porté
sur
une
série
de
nouveaux
patients
ayant
consulté
de
manière
consécutive
au
service
de
pédopsychiatrie
de
l’hôpital
Razi
de
La
Manouba
(banlieue
ouest
de
Tunis)
entre
le
1er janvier
et
le
31
décembre
de
l’année
2009.
2.1.
Description
de
la
structure
L’hôpital
Razi
est
un
hôpital
psychiatrique
universitaire
et
le
seul
à
l’échelle
nationale.
La
consultation
de
pédopsychiatrie
de
cet
hôpital
est
une
consultation
de
deuxième
ligne,
l’enfant
est
adressé
par
le
médecin
de
famille
ou
par
un
autre
spé-
cialiste
ou
intervenant,
tel
que
le
délégué
de
la
protection
de
l’enfance.
Comme
il
s’agit
du
seul
service
spécialisé
dans
le
Nord
de
la
Tunisie,
les
demandes
émanaient
de
plusieurs
régions.
Le
délai
d’attente
d’un
premier
rendez-vous
était
d’environ
trois
semaines
au
moment
de
l’étude.
L’équipe
médicale
était
constituée
de
cinq
pédopsychiatres
hospitalo-universitaires,
de
trois
psychologues
et
de
résidents
en
formation.
Outre
les
consultations
spécialisées,
les
patients
pouvaient
bénéficier
de
psychothérapies
individuelles
hebdomadaires.
Par
ailleurs,
une
unité
d’hospitalisation
au
sein
du
service
permettait
la
prise
en
charge
des
urgences
psychiatriques.
2.2.
Population
de
l’étude
Nous
avons
inclut
les
dossiers
exploitables
et
uniquement
ceux
des
consultants
pour
lesquels
un
suivi
dans
le
service
de
pédopsychiatrie
s’est
déroulée
l’étude,
a
été
indiqué.
Les
dossiers
de
consultation
en
urgence
ont
été
inclus
dans
l’étude
car
les
patients
consultant
en
urgence
sont
pris
en
charge
par
le
même
service
et
par
la
même
équipe
médicale.
Nous
avons
exclu
les
patients
dont
le
suivi,
suite
à
la
pre-
mière
consultation,
n’a
pas
été
indiqué
(demande
de
certificat,
expertise
psychiatrique,
patients
orienté
en
neurologie,
etc.).
Au
total
nous
avons
enregistré
817
nouveaux
cas
en
2009,
dont
56
cas
ont
bénéficié
d’une
hospitalisation
dans
le
même
118
F.
Charfi
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
63
(2015)
116–123
service,
soit
6,8
%.
Parmi
ces
817
dossiers,
93
ont
été
jugés
non
exploitables
et
141
dossiers
pour
lesquels
un
deuxième
rendez-
vous
n’a
pas
été
indiqué.
Nous
avons
ainsi
retenu
583
dossiers
de
nouveaux
consultants.
2.3.
Méthode
d’investigations
et
variables
La
collecte
des
données
sociodémographiques
et
cliniques
à
partir
des
dossiers
a
été
réalisée
à
l’aide
d’une
fiche
préétablie,
élaborée
pour
les
besoins
l’étude.
Les
données
sociodémographiques
portaient
sur
l’âge,
le
sexe,
la
personne
ayant
accompagné
l’enfant
lors
de
la
première
consultation
et
le
rang
dans
la
fratrie.
Le
niveau
socio-
économique
des
parents
a
été
apprécié
de
fac¸on
subjective
en
tenant
compte
des
paramètres
suivants,
à
savoir
:
la
profession
des
parents,
leur
niveau
d’instruction,
leur
condition
de
vie
ainsi
que
de
la
taille
de
la
famille.
La
scolarisation
de
l’enfant
et
les
alternatives
(éducation
spécialisée)
ont
été
relevées.
Pour
ce
qui
concerne
la
situation
géographique
du
domicile,
trois
régions
ont
été
définies
selon
l’éloignement
de
l’hôpital
Razi
:
le
Grand
Tunis
avec
les
4
gouvernorats
(Tunis,
La
Manouba,
Ariana
et
Ben
Arous),
la
région
regroupant
les
gouvernorats
limitrophes
du
Grand
Tunis,
et
puis
le
reste
regroupant
les
régions
plus
éloignées
(y
compris
le
centre
et
le
sud
de
la
Tunisie).
Le
professionnel
ou
autre
personne
ayant
adressé
l’enfant
en
pédopsychiatrie
ont
été
aussi
relevés.
Quant
aux
motifs
de
consultation
exprimés
par
les
parents
et/ou
par
le
professionnel
référent,
ils
ont
été
regroupés
en
neuf
rubriques
représentées
dans
le
Tableau
2.
Le
motif
«
évaluation
psychiatrique
»
regroupait
toutes
les
situations
d’enfants
ou
de
jeunes
adressés
par
des
collègues
pour
éliminer
un
trouble
psy-
chiatrique
ou
qui
se
présentaient
suite
à
une
maltraitance
pour
une
évaluation
des
conséquences
sur
un
plan
psychologique.
Le
diagnostic
principal
retenu
dans
l’étude
a
été
celui
posé
par
le
médecin
chargé
de
la
prise
en
charge
de
l’enfant,
consi-
gné
dans
le
dossier
et
établi
en
se
basant
sur
les
critères
du
DSM-IV-TR
[4].
Pour
ces
diagnostics
posés,
il
y
a
lieu
de
pré-
ciser
que
le
diagnostic
de
«
crise
à
l’adolescence
»
ne
figure
pas
dans
le
DSM-IV-TR,
il
s’agit
de
situations
l’adolescent
consulte
pour
des
conflits
ou
des
passages
à
l’acte
sans
qu’un
trouble
psychiatrique
avéré
ne
soit
identifié.
Ces
difficultés
pas-
sagères
s’inscrivent
dans
le
cadre
d’une
crise
à
l’adolescence
qui
nécessite
des
consultations
individuelles
et
familiales
ayant
pour
objectif
d’apaiser
les
conflits
et
d’améliorer
les
relations
parent(s)-adolescent(s)
[5].
Nous
précisons
en
outre
que
notre
étude
n’a
porté
que
sur
le
diagnostic
principal,
la
présence
de
comorbidités
n’a
pas
été
considérée.
Les
données
recueillies
étayaient
enfin
sur
la
nature
de
prise
en
charge
au
cours
du
suivi
en
précisant
si
en
plus
de
la
prise
en
charge
psychologique,
un
traitement
pharmacologique
a
été
mis
en
place.
L’analyse
statistique
a
été
faite
à
l’aide
du
logiciel
SPSS
pour
Windows
version
15.
Le
seuil
de
signification
retenu
a
été
de
5
%.
Le
test
de
Chi2a
été
utilisé
pour
la
comparaison
des
variables
qualitatives.
Tableau
1
Caractéristiques
sociodémographiques
des
consultants
étudiés
(n
=
583).
Âge
0–5
ans
25,6
%
6–11
ans
45,3
%
12
ans
et
plus
29,1
%
Sexe
Masculin
66,6
%
Féminin
33,4
%
Région
de
résidence
Régions
éloignées
(>
100
km) 9,3
%
Gouvernorats
mitoyens
du
grand
Tunis
(Bizerte,
Béja,
Zaghouan,
Nabeul)
19,6
%
Grand
Tunis
(Tunis,
Ariana,
La
Manouba,
Ben
Arous)
71,1
%
Demande
Orthophoniste,
psychologue,
institution,
protection
de
l’enfance
7,0
%
Parents
20,0
%
Généralistes
23,7
%
Neurologues
et
pédiatres
31,9
%
Psychiatre
et
autres
spécialistes
17,3
%
Conditions
socioéconomiques
Précaires
30,7
%
Moyennes
47,0
%
Bonnes
17,3
%
Non
précisées
5,0
%
L’accompagnateur
Mère
60,4
%
Père
13,0
%
Les
deux
15,3
%
Autres
11,3
%
Rang
dans
la
fratrie
Aîné
ou
enfant
unique
37,9
%
Deuxième
32,2
%
Troisième 16,3
%
Quatrième
et
plus 11,6
%
Scolarité
Scolarisé
(maternelle,
primaire,
collège,
lycée
et
formation
professionnelle)
75,4
%
En
âge
préscolaire
à
la
charge
des
parents
9,8
%
Non
scolarisé
du
fait
de
la
maladie
6,7
%
Éducation
spécialisée
6,0
%
Désinséré
du
système
scolaire
ordinaire
2,0
%
3.
Résultats
3.1.
Caractéristiques
sociodémographiques
Les
caractéristiques
sociodémographiques
de
notre
popula-
tion
sont
présentées
dans
le
Tableau
1.
La
moyenne
d’âge
était
de
8,8
ans
(écart-type
4,1
ans)
et
des
extrêmes
allant
de
1
à
19
ans.
Le
sex-ratio
M/F
était
de
1,99.
3.2.
Caractéristiques
cliniques
La
répartition
des
patients
selon
les
motifs
de
consultation
est
représentée
dans
le
Tableau
2.
Une
différence
significative
de
ces
motifs
selon
le
sexe
est
retrouvée
(p
<
0,001).
Ainsi,
l’instabilité
motrice
et
les
troubles
du
comportement
étaient
plus
élevés
chez
les
garc¸ons,
tandis
que
chez
les
filles
nous
avons
noté
davantage
de
tentatives
de
suicide.
F.
Charfi
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
63
(2015)
116–123
119
Tableau
2
Répartition
des
motifs
de
consultation
selon
le
sexe.
Motif
de
consultation Garc¸ons
n
=
388
(%)
Filles
n
=
195
(%)
Total
n
=
583
(%)
Probabilité
Motif
scolaire
:
difficultés
scolaires,
troubles
de
l’attention
et/ou
de
la
mémoire
15,6 4,4 20
p
<
0,001
Instabilité
motrice
et/ou
troubles
du
comportement
22,1
7,5
29,6
Retard
et
autres
troubles
du
langage
11,5
3,0
14,5
Troubles
instinctuels
6,0
4,4
10,4
Troubles
de
la
socialisation
2,9
0,8
3,7
Tentatives
de
suicide
0,8
2,9
3,7
Troubles
affectifs
1,2
2,9
4,1
Évaluation
psychiatrique
2,7
2,4
5,1
Manifestations
somatiques
et
autres
motifs
3,6
4,8
8,4
Les
résultats
selon
les
diagnostics
posés
sont
représentés
dans
le
Tableau
3.
Pour
les
besoins
de
comparaisons
nous
avons
opté
pour
des
regroupements
des
diagnostics.
Après
regrou-
pement,
il
avait
été
constaté
une
différence
significative
des
Tableau
3
Répartition
des
diagnostics
posés
selon
les
critères
de
DSM-IV-TR
et
selon
le
sexe.
Diagnostics
Garc¸ons
n
=
388
Filles
n
=
195
Total
n
=
583
Retard
mental/trouble
spécifique
des
apprentissages
100
35
135
Troubles
envahissant
du
développement
81
24
105
Troubles
réactionnels
de
l’attachement
11
1
12
Troubles
anxieux
28
22
50
État
dépressif/troubles
de
l’adaptation
43
35
78
Troubles
somatoformes
3
9
12
Trouble
déficit
de
l’attention
avec
hyperactivité
25
4
29
Troubles
des
conduites/trouble
oppositionnel
avec
provocation
9
2
11
Troubles
bipo-
laires/psychoses/trouble
de
la
personnalité
17
15
32
Trouble
des
conduites
alimentaires/troubles
du
sommeil
4
1
5
Trouble
sphinctérien
21
18
39
Crise
à
l’adolescence
5
16
21
Autres
troubles
psychiatriques
25
12
37
Diagnostic
en
attente
16
1
17
diagnostics
posés
selon
le
sexe
(p
<
0,001).
Ainsi,
les
garc¸ons
présentaient
plus
fréquemment
les
troubles
développementaux
(troubles
envahissant
du
développement
et
troubles
réactionnels
de
l’attachement)
:
23,7
%
versus
12,8
%.
De
même,
les
troubles
externalisés
ont
concerné
plus
souvent
le
sexe
masculin
(8,7
%
versus
3,1
%).
Les
filles,
par
contre,
présentaient
davantage
de
crises
à
l’adolescence
(8,2
%
versus
1,2
%).
Enfin,
pour
ce
qui
concerne
la
nature
de
prise
en
charge,
le
tiers
des
patients
bénéficiait
d’une
prise
en
charge
conjointe
psy-
chologique
et
pharmacologique,
le
reste
bénéficiant
uniquement
de
prises
en
charge
psychologiques
(61,9
%).
4.
Discussion
L’âge
moyen
de
notre
population
était
de
8,8
ans
avec
une
prédominance
nette
des
enfants
d’âge
scolaire
(6–11
ans),
qui
représentaient
près
de
la
moitié
des
consultants,
les
adoles-
cents
ne
représentaient
que
le
tiers
d’entre
eux.
Afin
d’étudier
l’évolution
du
profil
démographique
des
consultants
dans
le
temps,
nous
nous
sommes
référés
à
la
seule
étude
réalisée
en
2006.
En
effet,
cette
étude
a
porté
sur
des
consultants
du
ser-
vice
de
pédopsychiatrie
de
Tunis,
mais
aussi,
ceux
du
service
de
Monastir
[6].
De
plus,
les
consultants
étaient
tout
venant
et
non
les
nouveaux
cas.
Ces
limites
méthodologiques
tenues
en
compte,
il
semble
qu’un
rajeunissement
de
la
population
consultante
est
entrain
de
s’opérer,
passant
de
10,3
ans
à
8,8
ans.
Ceci
témoignerait
d’une
attention
accordée
par
les
parents
aux
difficultés
présentées
par
les
enfants
dès
le
plus
jeune
âge
par-
ticulièrement
à
l’entrée
à
l’école.
Cependant,
ce
résultat
ne
doit
pas
nous
faire
oublier
la
faible
fréquentation
du
service
par
les
adolescents,
malgré
la
charge
des
troubles
psychologiques
retrouvée
parmi
les
adolescents
tunisiens
[3].
La
prédominance
des
enfants
d’âge
scolaire
dans
les
consultations
de
pédopsy-
chiatrie
a
été
retrouvée
dans
d’autres
études
[7–9],
et
elle
est
considérée
comme
la
tranche
d’âge
la
plus
représentée
dans
les
files
actives
des
secteurs
de
pédopsychiatrie
en
France
[10].
La
sous
représentation
des
adolescents
retrouvée
dans
une
étude
120
F.
Charfi
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
63
(2015)
116–123
franc¸aise
[7]
est
expliquée
par
les
auteurs
par
la
difficulté
des
adolescents
de
tolérer
un
délai
d’attente
et
de
ce
fait
consultent
davantage
les
services
d’urgences.
Le
sex-ratio
garc¸on/fille
dans
la
présente
étude
était
de
prés
de
2.
Cette
prédominance
masculine
a
été
retrouvée
dans
d’autres
études
[6–9,11–14].
Ce
résultat
est
du
très
probablement
à
ce
que
plusieurs
pathologies
sont
plus
fréquentes
chez
les
garc¸ons
;
notamment
les
troubles
du
spectre
autistique,
les
troubles
du
lan-
gage,
le
trouble
déficitaire
de
l’attention-hyperactivité
(TDAH)
et
le
trouble
des
conduites
[15–17].
Cette
prédominance
mascu-
line
des
troubles
psychiatriques
chez
l’enfant
tend
à
être
moins
prononcée
en
avanc¸ant
dans
l’âge
[13].
Au-delà
de
12
ans,
une
tendance
inverse,
avec
une
prédominance
des
filles
a
été
consta-
tée
[18].
Les
demandes
de
soins
ont
concerné
dans
cette
étude
l’aîné
et
l’enfant
unique
dans
prés
de
40
%
des
cas
suivies
du
deuxième
dans
près
du
tiers
des
cas.
Les
aînés
semblent
ainsi
susciter
plus
de
demande
de
consultation.
Ce
résultat
été
également
retrouvé
dans
l’étude
de
Le
Galudec
et
al.
[7]
;
l’aîné
étant
souvent
l’enfant
le
plus
investi
et
celui
auquel
une
attention
particulière
est
le
plus
souvent
portée.
C’est
aussi
celui
qui
semble
être
le
plus
confronté
à
l’expérience
première
de
rôle
de
parents
et
donc
éventuellement
de
leurs
angoisses.
Cette
hypothèse
est
confortée
par
le
fait
que
près
des
trois
quart
des
consultants
ne
dépassent
pas
le
deuxième
enfant.
Toutefois,
nous
ne
perdons
pas
de
vue
le
fait
que
le
nombre
d’enfants
moyen
par
famille
est
entrain
de
baisser
ne
dépassant
pas
les
trois
enfants
dans
la
majorité
des
jeunes
couples
[19].
Les
trois
quarts
des
consultants
ne
sont
pas
en
rupture
sco-
laire,
ceci
est
très
probablement
le
reflet
de
la
structure
par
âge
des
consultants
de
l’étude,
lui-même
reflet
probable
de
la
source
de
demande
de
la
consultation
émanant
le
plus
souvent
de
struc-
tures
ou
d’individus
prenant
en
charge
des
enfants
plutôt
jeunes.
Près
des
trois
quart
des
consultants
résidaient
dans
le
Grand
Tunis.
La
faible
représentativité
des
autres
régions
du
Nord
de
la
Tunisie,
toutes
dépourvues
de
structure
publique
de
pédopsy-
chiatrie,
nous
amène
à
penser
que
l’éloignement
géographique
associé
aux
mauvaises
conditions
économiques
limitait
l’accès
aux
soins
de
pédopsychiatrie.
La
mère
a
accompagné
l’enfant
dans
la
majorité
des
cas,
le
père
était
présent
dans
le
tiers
des
cas,
rarement
un
autre
membre
de
la
famille
ou
une
personne
extérieure
amenait
l’enfant.
Ceci
confirme
le
rôle
central
de
la
famille.
Ainsi,
le
support
fami-
lial
à
l’enfant
semble
rester
très
présent
malgré
les
changements
sociaux
importants
que
traverse
notre
société.
La
structure
de
cette
dernière
semble
s’orienter
vers
un
modèle
occidentalisé
de
la
famille
c’est-à-dire
de
plus
en
plus
en
plus
nucléaire
[20].
Le
niveau
socioéconomique
était
qualifié
de
«
moyen
»
dans
presque
la
moitié
des
cas,
ce
qui
est
classiquement
le
profil
de
la
population
qui
consulte
les
structures
de
santé
publique
en
Tuni-
sie.
Ce
profil
socioéconomique
est
meilleur
que
celui
retrouvé
dans
une
étude
menée
au
Caire
(un
tiers
des
cas
avec
un
niveau
social
moyen
et
plus
de
la
moitié
avec
un
niveau
social
bas)
[8].
La
demande
de
consultation
a
émané
dans
la
moitié
des
cas
d’un
médecin
spécialiste
(essentiellement
de
neurologues,
pédiatres
et
psychiatres
d’adulte),
plus
rarement
d’un
méde-
cin
généraliste,
et
encore
plus
rarement
des
parents
(20
%
des
cas).
Dans
l’étude
égyptienne,
la
demande
est
provenue
sur-
tout
des
parents
(30
%)
et
des
pédiatres
(21
%)
rarement
des
médecins
généralistes
dans
seulement
2
%
des
cas
[8].
Un
tra-
vail
réalisé
dans
une
structure
hospitalo-universitaire
à
Brest
[7]
a
montré
que
les
demandes
de
consultation
dans
les
ser-
vices
de
pédopsychiatrie
émanaient
principalement
des
familles
dans
42
%
des
cas,
et
des
médecins
généralistes
dans
29
%
des
cas.
Dans
une
étude
norvégienne
[14],
la
demande
provenait
rarement
de
la
famille
(5,1
%),
mais
les
services
sociaux
et
inter-
médiaires
jouent
un
rôle
important
(demande
de
l’école
15,6
%,
celle
des
services
sociaux
13,2
%).
La
relative
faible
demande
des
parents
dans
la
présente
étude
pourrait
s’expliquer
par
la
nature
du
service
étudié
considéré
comme
étant
surtout
une
structure
de
deuxième
ligne.
Ajoutée
à
cela,
la
stigmatisation
de
l’hôpital
psychiatrique,
lieu
du
service,
limitant
d’avantage
l’émanation
de
la
demande
de
la
part
des
parents.
Cette
stig-
matisation
aurait
des
répercussions
sur
l’accessibilité
aux
soins.
Ainsi,
dans
une
étude
antérieure
réalisée
en
partie
dans
notre
structure,
le
délai
moyen
entre
l’apparition
des
symptômes
et
la
première
consultation
était
de
27
mois
[6].
Le
fait
qu’un
patient
sur
deux
soit
adressé
par
un
médecin
spécialiste
peut
s’expliquer
par
l’absence
de
pédopsychiatrie
de
liaison
dans
les
hôpitaux
de
Tunis,
d’une
part,
et
d’une
meilleure
information
sur
la
psychiatrie
de
l’enfant
par
les
pédiatres,
psychiatres
et
neurologues
comparés
aux
médecins
généralistes,
d’autre
part.
Ces
derniers
semblent
être
faiblement
impliqués
dans
la
pré-
sente
étude
pour
adresser
les
enfants
en
pédopsychiatrie,
surtout
qu’une
grande
majorité
d’entre
eux
(en
particulier
dans
le
secteur
public)
mènent
des
activités
de
médecine
scolaire.
Les
motifs
de
consultation
les
plus
rencontrés
étaient
:
l’instabilité
motrice
et
les
troubles
du
comportement,
présents
dans
un
tiers
des
cas,
et
retrouvés
davantage
chez
les
garc¸ons.
La
prédominance
de
ce
motif
de
consultation
a
été
retrouvée
dans
d’autres
structures
ambulatoires
de
pédopsychiatrie
[7–9,12,14].
En
effet,
les
troubles
du
comportement
représentent
un
mode
d’expression
fréquent
de
la
souffrance
psychique
de
l’enfant
et
de
l’adolescent.
Les
motifs
scolaires
ont
occupé
aussi
une
place
importante
puisqu’ils
sont
présents
dans
20
%
des
cas
et
viennent
en
deuxième
position.
Ceci
confirme
l’investissement
important
de
la
scolarité
par
les
parents,
et
ce
motif
en
particulier
pousse
les
parents
à
franchir
le
pas
de
consulter
le
pédopsychiatre.
Quant
au
diagnostic,
les
pathologies
les
plus
souvent
retrou-
vées
dans
notre
série
ont
été
le
retard
mental
avec
les
troubles
spécifiques
des
apprentissages
(23,2
%)
ainsi
que
les
troubles
internalisés
(troubles
anxieux
et
dépressifs)
dans
22
%
des
cas.
Les
troubles
envahissants
du
développement
ont
concerné
18
%
des
cas.
En
revanche,
les
troubles
externalisés
étaient
présents
dans
une
faible
proportion
(prés
de
7
%).
La
comparaison
avec
des
données
d’autres
études
sur
le
profil
clinique
des
consultants
en
pédopsychiatrie
est
présentée
dans
le
Tableau
4.
Dans
l’étude
Egyptienne,
les
résultats
sont
similaires
à
la
présente
étude
pour
ce
qui
concerne
le
retard
mental
et
l’autisme,
avec
respective-
ment
24
%
et
17
%
des
cas,
une
plus
faible
fréquence
pour
les
troubles
internalisés
et
une
fréquence
beaucoup
plus
élevée
pour
les
troubles
externalisés
[8].
Le
profil
clinique
d’une
étude
Sud
Africaine
est
dominé
par
le
TDAH,
les
troubles
spécifiques
des
apprentissages,
le
retard
mental
et
les
troubles
anxieux
;
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