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Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
65–71
Revue
de
littérature
Dysrégulation
émotionnelle
et
comportementale
sévère
chez
l’enfant
:
évolution
nosologique
et
affiliation
aux
pathologies
de
l’humeur
Disruptive
mood
dysregulation
disorder
in
chidren:
Nosologic
evolution
and
relation
to
affective
disorders
L.
Masia,,
J.-M.
Guiléb,
C.
Milleb
aCHU
Sainte-Justine,
3175,
Chemin
de
la
Côte-Sainte-Catherine,
Montréal,
QC
H3T
1C5,
Canada
bPôle
«
Femme-Couple-Enfant
»,
CHU
d’Amiens,
place
Victor-Pauchet,
80054
Amiens,
France
Résumé
L’attribution
du
diagnostic
de
bipolarité
en
pédopsychiatrie
a
particulièrement
augmenté
ces
dernières
années,
en
particulier
aux
États-Unis
pourtant
les
données
épidémiologiques
ne
montrent
pas
d’augmentation
de
sa
prévalence.
Beaucoup
d’enfants
en
souffrance
n’ont
pas
rec¸u
de
diagnostique
car
ils
avaient
un
trouble
qui
n’avait
pas
encore
été
défini.
Le
DSM-5
a
nommé
ce
trouble
Disruptive
Mood
Dysregulation
Disorder
(DMDD).
Dans
la
littérature
francophone,
on
retrouve
le
terme
de
dysrégulation
émotionnelle
et
comportementale
sévère
(DES).
Les
critères
fondamentaux
du
DES
sont
(1)
une
irritabilité
chronique
sévère
et
(2)
des
crises
de
rage,
celles-ci
comprennent
des
manifestations
verbales
et
comportementales
qui
sont
des
réactions
disproportionnées
en
termes
de
durée
et
d’intensité
par
rapport
à
la
situation
qui
les
a
provoquées.
Ces
enfants
présentent
donc
un
tableau
clinique
de
troubles
disruptifs
qui
exprime
en
réalité
une
pathologie
de
l’humeur
internalisée,
marquée
par
une
instabilité
thymique
associée
à
une
dysphorie.
Ces
«
rages
»
caractérisent
donc
un
nouveau
type
spécifique
de
trouble
de
l’humeur
chez
l’enfant.
De
plus,
autant
le
DES
n’est
pas
une
prédisposition
pour
un
trouble
bipolaire,
autant
il
l’est
pour
les
troubles
dépressifs
apparaissant
précocement
à
l’âge
adulte.
Ainsi,
le
diagnostic
de
DES
vise
à
distinguer
ces
enfants
de
ceux
souffrant
de
troubles
bipolaires
et
à
éviter
d’attribuer
à
tort
un
diagnostic
de
troubles
des
conduites
ce
qui
aurait
des
conséquences
préjudiciables
d’un
point
de
vu
sociétal
et
thérapeutique.
En
effet,
les
enjeux
de
la
prise
de
conscience
de
l’existence
du
DES
sont
majeurs
pour
la
prise
en
charge,
notamment
médicamenteuse.
©
2014
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droits
réservés.
Mots
clés
:
Dysrégulation
émotionnelle
et
comportementale
sévère
;
DES
;
Trouble
de
l’humeur
;
Trouble
bipolaire
;
Irritabilité
chronique
;
Colère
;
Rage
;
Enfant
Abstract
Attribution
of
the
diagnosis
of
bipolarity
particularly
increased
these
last
years;
nevertheless,
the
epidemiological
data
do
not
show
increase
of
its
prevalence.
Many
outstanding
children
passed
between
the
stitches
of
the
diagnostic
nets
because
they
had
a
disorder,
which
had
not
been
defined.
We
will
describe
this
disorder
that
is
named
finally
by
The
DSM-5:
Disruptive
Mood
Dysregulation
Disorder
(DMDD),
or
in
French,
dysrégulation
émotionnelle
et
comportementale
sévère
(DES).
First,
we
will
see
his
definition
and
second,
we
will
describe
why
it
is
part
of
the
affective
disorder
group.
The
studies
highlighted
the
early
beginning
of
certain
disorders
of
mood
disorder
and
their
continuity
developmental
with
emotional
disorders
and
with
behavior
disorders.
The
fundamental
criteria
of
DMDD
are
severe
recurrent
temper
outbursts
manifested
verbally
and/or
behaviorally
that
is
grossly
out
of
proportion
in
intensity
or
duration
to
the
situation
or
provocation.
The
temper
outbursts
are
inconsistent
with
developmental
level,
occur,
on
average,
three
or
more
times
a
week.
The
mood
between
temper
outbursts
is
persistently
irritable
or
angry
most
of
the
day,
nearly
every
day,
and
is
observable
by
others.
These
symptoms
have
to
be
present
for
12
or
more
months.
Throughout
that
time,
the
individual
has
not
had
a
period
lasting
3
or
more
consecutive
months
without
all
of
the
symptoms.
Criteria
are
present
in
at
least
two
or
three
settings
and
are
severe
in
at
least
one
of
these.
The
diagnosis
should
not
be
made
for
the
first
time
before
age
6
or
after
age
18
years.
Furthermore,
children
with
DMDD
present
a
clinical
picture
of
disruptive
disorders,
which
expresses
in
reality
pathology
of
affective
disorder
internalized,
marked
by
mood
instability
associated
with
dysphoria.
These
“rages”
characterize
a
new
specific
type
of
affective
disorder
at
the
children.
Moreover,
it
is
not
a
predisposition
for
a
bipolar
disorder,
but
it
is
it
for
depressive
disorders
appearing
prematurely
to
adulthood.
Diagnosis
of
DMDD
aims
to
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(L.
Masi).
0222-9617/$
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front
matter
©
2014
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http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2014.01.013
66
L.
Masi
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
65–71
distinguishing
these
children
of
those
suffering
from
bipolar
disorders,
and
to
avoid
attributing
wrongly
a
diagnosis
of
conducts
disorders
that
would
have
harmful
consequences
from
societal
and
therapeutic
viewpoint.
Indeed,
the
stakes
in
the
awareness
of
the
existence
of
DMDD
are
major
for
the
therapeutic
coverage,
in
particularly
for
therapeutic
drugs.
Effectively,
the
risk
is
the
prescription
of
treatments
with
side
negative
effects
and
for
always
younger
patients.
©
2014
Elsevier
Masson
SAS.
All
rights
reserved.
Keywords:
Disruptive
mood
dysregulation
disorder;
Severe
mood
dysregulation;
Bipolar
disorder;
Affective
disorder;
Chronic
irritability;
Rages;
Child
1.
Introduction
L’attribution
du
diagnostic
de
bipolarité
en
pédopsychiatrie
a
particulièrement
augmenté
ces
dernières
années,
pourtant
les
données
épidémiologiques
ne
montrent
pas
d’augmentation
de
la
prévalence
de
cette
pathologie
[1].
En
outre,
les
patients
bipo-
laires,
en
plus
d’être
de
plus
en
plus
nombreux,
étaient
de
plus
en
plus
jeunes
et
les
traitements
habituellement
utilisés
ne
mon-
traient
pas
d’efficacité.
Le
Wall
Street
Journal
[2]
a
d’ailleurs
décrit
un
cas
typique
qui
illustrait
bien
cette
problématique
:
un
jeune
garc¸on
de
11
ans
ayant
rec¸u
un
diagnostic
de
bipolarité
à
l’âge
de
4
ans
n’a
finalement
jamais
pu
être
traité
avec
succès
pour
ses
crises
de
colère.
Ainsi,
comme
ce
jeune
garc¸on,
beau-
coup
d’enfants
en
souffrance
n’ont
pas
rec¸u
de
diagnostic
car
ils
avaient
un
trouble
qui
n’avait
pas
encore
été
défini.
Avec
le
dia-
gnostic
de
Disruptive
Mood
Dysregulation
Disorder
(DMDD),
la
cinquième
édition
du
manuel
diagnostique
et
statistique
des
troubles
mentaux
(DSM-5)
a
donc
l’ambition
de
donner
un
nom
à
la
souffrance
de
ces
enfants
et
à
assurer
la
prise
en
charge
dont
ils
ont
besoin.
Dans
le
présent
article,
nous
relaterons
l’historique,
les
caractéristiques
et
l’évolution
nosologique
de
cette
pathologie.
Ensuite,
nous
verrons
que
ces
patients
qui
semblaient
souffrir
de
troubles
des
conduites
présentent
cette
pathologie
qui
s’inscrit
en
réalité
dans
un
trouble
de
l’humeur.
2.
Description
2.1.
Historique
et
définition
2.1.1.
Historique
Les
premiers
travaux
consacrés
à
l’approche
développemen-
tale
des
troubles
de
l’humeur
remontent
aux
années
1960
par
la
publication
d’études
rétrospectives
et
prospectives
avec
éva-
luations
répétées
[3].
Ces
études
ont
mis
en
évidence
le
début
précoce
de
certains
troubles
de
l’humeur
et
leur
continuité
déve-
loppementale
avec
certains
troubles
affectifs
mais
aussi
avec
certains
troubles
du
comportement.
Pour
la
manie
de
l’enfant,
le
débat
s’est
orienté
sur
la
définition
plus
ou
moins
«
large
»
de
la
notion
de
manie,
ce
qui
a
fait
varier
considérablement
les
estimations
de
prévalence
du
trouble
bipolaire
en
popula-
tion
pédiatrique.
En
effet,
la
prévalence
du
diagnostic
de
trouble
bipolaire
chez
le
sujet
jeune
sur
une
année
a
été
multipliée
par
40
(25
à
1003
pour
100
000)
selon
une
étude
Moreno
(2007)
[4].
De
même,
selon
Blade
et
Carlson
(2007),
le
taux
d’enfants
diagnos-
tiqués
bipolaires
entre
1996
et
2003
a
augmenté
de
1,3
à
7,3
pour
10
000
[5].
Cette
augmentation
correspond
à
une
période
qui
suit
celle
caractérisée
par
le
sous-diagnostic
de
la
bipolarité
chez
l’enfant
et
à
une
nécessité
de
répondre
à
la
souffrance
que
cela
avait
engendrée.
Aujourd’hui,
le
DSM-5
précise
et
améliore
les
diagnostics
en
pédopsychiatrie,
sachant
que
le
DSM-IV
était
principalement
réalisé
à
partir
de
l’observation
de
la
clinique
adulte.
Devant
l’augmentation
du
diagnostic
de
bipolarité
chez
l’enfant,
le
groupe
de
travail
sur
les
troubles
de
l’humeur
en
pédopsychiatrie
du
DSM-5
s’est
penché
sur
l’intérêt
de
rééva-
luer
les
limites
du
diagnostic
de
bipolarité
[6].
Dans
le
but
d’approfondir
les
distinctions
dans
les
troubles
de
l’humeur,
le
groupe
de
travail
des
troubles
chez
l’enfant
s’est
rapproché
du
groupe
de
travail
sur
les
troubles
de
l’humeur
en
ayant
trois
buts
précis
:
apprendre
à
distinguer
les
épisodes
d’hypomanie
des
épisodes
de
manie
;
savoir
si
une
irritabilité
sévère
chronique
correspond
à
un
état
maniaque
en
processus
de
maturation
chez
l’enfant
et
;
définir
le
statut
nosologique
des
épisodes
d’hypomanie
d’une
durée
supérieure
à
quatre
jours.
À
cette
époque,
la
question
concernant
le
lien
de
cette
irri-
tabilité
chronique
sévère
avec
un
trouble
bipolaire
en
devenir
restait
un
point
majeur
à
régler.
Pour
ses
réflexions,
le
groupe
de
travail
a
utilisé
des
données
scientifiques
tout
en
tenant
compte
de
la
nécessité
clinique
de
préciser
les
troubles
de
l’humeur
en
pédopsychiatrie.
Il
a
été
ainsi
mis
en
évidence
que
le
phé-
notype
«
classique
»
de
bipolarité
était
finalement
rare
chez
les
jeunes
enfants.
En
effet,
chez
beaucoup
d’enfants
diagnostiqués
bipolaires
les
types
de
symptômes
différaient
des
symptômes
habituels
de
bipolarité.
La
notion
de
dysrégulation
émotionnelle
et
comportementale
sévère
(DES)
paraissait
alors
pertinente
pour
décrire
la
symptomatologie
de
ces
enfants.
2.1.2.
Évolution
de
la
terminologie
E.
Leibenluft
est
à
l’origine
de
la
description
des
critères
diagnostiques
des
DES
à
partir
de
2002,
appelé
Severe
Mood
Dysregulation
(SMD)
pour
étudier
les
relations
entre
la
bipola-
rité
et
une
irritabilité
chronique
sévère
[7].
Le
groupe
de
travail
du
DSM-5
a
ensuite
proposé
une
autre
terminologie,
le
Temper
Dysregulation
Disorder
with
Dysphoria
(que
l’on
peut
tra-
duire
par
«
dysrégulation
sévère
de
l’humeur
avec
dysphorie
»).
Finalement,
c’est
l’expression
Disruptive
Mood
Dysregulation
Disorder
(DMDD)
qui
a
été
retenue
lors
de
la
sortie
du
DSM-
5
en
mai
2013.
Le
tableau
clinique
(détaillé
ci-dessous)
est
tout
à
fait
semblable
à
celui
décrit
par
Leibenluft
excepté
pour
l’hypervigilance
(hyperarousal,
qui
peut
aussi
être
traduit
par
hyperactivité).
Pour
la
terminologie
franc¸aise,
on
a
gardé
les
L.
Masi
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
65–71
67
termes
de
DES
ou
trouble
sévère
de
régulation
de
l’humeur
(TSRH),
malgré
la
transition
du
SMD
vers
le
DMDD.
2.1.3.
La
nécessité
d’une
entité
clinique
distincte
Comme
nous
l’avons
décrit
plus
haut,
l’augmentation
des
diagnostics
de
bipolarité
durant
ces
dix
dernières
années
touche
certains
enfants
qui
en
réalité
souffrent
de
DES.
Notons
que
l’on
a
aussi
souvent
attribué
à
ces
enfants
le
diagnostic
de
trouble
de
l’opposition
avec
provocation
(TOP).
Pourtant,
le
DES
entraîne
des
conséquences
psychiatriques
sévères.
De
plus,
ce
diagnostic
stimulera
la
recherche
sur
cette
pathologie
encore
mal
connue
[8]
et
la
création
d’une
entité
clinique
distincte
du
trouble
bipolaire
contribuera
significativement
à
la
compréhension
des
trajec-
toires
développementales
des
troubles
affectifs.
2.1.4.
Définition
Les
critères
fondamentaux
du
DES
sont
(1)
une
irritabilité
chronique
sévère
et
(2)
des
crises
de
rage
[9].
Purper-Ouakil
résume
les
caractéristiques
de
la
manière
suivante
[10]
:
une
humeur
chroniquement
anormale
et
définie
par
la
pré-
sence
d’une
irritabilité,
de
colère
ou
de
tristesse,
présents
quasiment
en
permanence
;
une
hyperréactivité
aux
stimuli
négatifs,
avec
au
moins
trois
crises
de
colère
par
semaine
;
une
hyperexcitabilité
avec
au
moins
trois
symptômes
parmi
les
suivants
:
insomnie,
distractibilité,
fuite
des
idées,
instabi-
lité/nervosité,
débit
verbal
rapide,
comportement
intrusif
dans
les
relations
interpersonnelles.
Ce
critère
n’est
plus
présent
dans
la
terminologie
finale.
Les
crises
de
colère
comprennent
des
manifestations
ver-
bales
et
comportementales
et
des
réactions
disproportionnées
en
termes
de
durée
et
d’intensité
par
rapport
à
la
situation.
Le
début
des
troubles
apparaît
avant
12
ans
et
la
durée
d’évolution
est
d’au
moins
un
an.
On
note
un
retentissement
personnel
dans
au
moins
deux
domaines
de
vie,
tels
que
la
sphère
scolaire,
familiale,
sociale,
etc.
Les
recherches
en
cours
indiquent
que
les
enfants
avec
DES
diffèrent
de
ceux
diagnostiqués
bipolaires
dans
leur
devenir,
dans
le
sex-ratio,
dans
les
antécédents
fami-
liaux
et
dans
la
physiopathologie.
Les
critères
diagnostiques
du
DMDD
dans
le
DSM-5
[11]
sont
rappelé
dans
l’Encadré
1.
2.2.
Description
clinique
La
définition
ci-dessus
est
semblable
à
celle
proposée
par
Leibenluft,
excepté
pour
l’hyperactivité
et
pour
une
plus
grande
emphase
sur
les
crises
de
colères
(outbursts)
sévères
et
récur-
rentes
en
réponse
à
des
situations
de
stress
communes.
Le
groupe
de
travail
du
DSM-5
a
décidé
de
renommer
ce
syndrome
«
DMDD
»
pour
avoir
un
nom
plus
descriptif,
incluant
une
notion
de
sévérité
des
crises
de
colère.
En
outre,
si
le
groupe
de
travail
a
éliminé
l’hyperactivité
comme
critère
diagnostique,
c’est
que
la
présence
de
l’hyperactivité
signifie
un
trouble
de
déficit
de
l’attention/hyperactivité
(TDAH)
associé
au
DES.
Les
crises
émotionnelles
aiguës
des
enfants
DES
ont
une
structure
qui
se
rapproche
des
colères
faisant
parties
du
Encadré
1:
Critères
diagnostiques
du
DMDD
dans
le
DSM-5
A.
Crises
de
colère
sévères
et
récurrentes
avec
des
manifestations
verbales
et/ou
comporte-
mentales,
fortement
hors
de
proportion
en
durée
et
en
intensité
par
rapport
à
la
situation
ou
la
provocation.
B.
Les
crises
de
colère
ne
sont
pas
en
lien
avec
le
niveau
de
développement.
C.
Les
crises
de
colère
ont
lieu,
en
moyenne,
trois
fois
par
semaine
ou
plus.
D.
L’humeur
entre
ces
crises
est
chroniquement
irritable
ou
colérique
la
plupart
de
la
journée,
presque
tous
les
jours,
et
est
observable
par
l’entourage.
E.
Les
critères
A–D
sont
présents
depuis
au
moins
12
mois.
Durant
cette
période,
il
n’y
a
pas
eu
3
mois
consécutifs
ou
plus
sans
que
tous
les
symptômes
des
critères
A–D
soient
présents.
F.
Les
critères
A
et
D
sont
présents
dans
au
moins
deux
ou
trois
sphères
de
la
vie
et
sont
sévères
dans
au
moins
l’une
d’elles.
G.
Le
diagnostic
ne
doit
pas
être
fait
pour
la
pre-
mière
fois
avant
l’âge
de
6
ans
ou
après
l’âge
de
18
ans.
H.
De
par
l’observation,
l’âge
d’apparition
des
symptômes
A–E
est
avant
10
ans.
I.
Il
n’y
a
jamais
eu
de
période
de
plus
d’une
jour-
née
durant
laquelle
tous
les
symptômes
d’un
épisode
de
manie
ou
d’hypomanie,
sauf
pour
la
durée,
étaient
retrouvés.
J.
Les
symptômes
n’apparaissent
pas
exclu-
sivement
pendant
des
épisodes
dépressifs
majeurs
et
ne
sont
pas
mieux
expliqués
par
un
autre
trouble
psychiatrique.
K.
Les
symptômes
ne
sont
pas
attribuables
à
l’effet
d’un
toxique
ou
à
toute
autre
pathologie
médicale
ou
neurologique.
développement,
mais
leur
durée
est
plus
longue
[12].
Le
rap-
pel
d’une
règle
ou
d’une
consigne
émanant
d’un
adulte
et
les
provocations
des
autres
enfants
sont
les
principaux
facteurs
de
ces
crises
de
colère.
La
crise
apparaît
brutalement
et
disparaît
progressivement.
Autant
la
colère
s’intensifie
rapidement
pour
ensuite
disparaître,
autant
la
détresse
est
constante
durant
toute
la
crise.
La
détresse
émotionnelle
s’exprime
par
des
pleurs,
un
retrait
des
interactions
et
un
besoin
de
réassurance.
Les
crises
clastiques
se
répètent
et
ont
des
répercussions
sur
le
plan
social,
scolaire
et
familial.
On
retrouve
dans
le
DES
la
difficulté
à
régu-
ler
ses
émotions
négatives
en
réaction
à
des
signaux
sociaux
et
la
prédominance
de
la
qualité
négative
de
l’humeur
(irritabilité,
dysphorie,
tristesse).
Ainsi,
la
qualité
négative
de
l’humeur
du
DES
peut
comporter
de
la
tristesse,
de
la
colère
et
de
l’irritabilité,
68
L.
Masi
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
65–71
mais
c’est
bien
l’irritabilité
chronique
qui
en
constitue
la
dimen-
sion
centrale
[13].
G.
Carlson
a
étudié
la
notion
de
crise
de
colère,
cause
fréquente
d’hospitalisation
et
pouvant
être
davantage
asso-
ciée
à
un
diagnostic
de
manie
[14].
Parmi
130
enfants,
âgés
de
cinq
à
12
ans,
hospitalisés
en
pédopsychiatrie,
55
%
pré-
sentent
des
crises
de
colère
intenses
de
moyenne
une
heure.
Ces
enfants
appartiennent
à
un
groupe
diagnostique
complexe
car
plusieurs
diagnostics
leur
sont
associés
dont
des
troubles
de
l’apprentissage
et
du
langage,
des
TDAH,
des
TOP
et
des
troubles
des
conduites.
En
outre,
en
comparaison
à
la
popu-
lation
des
services
de
psychiatrie
infanto-juvénile,
ces
enfants
sont
plus
jeunes,
ils
ont
souvent
rec¸u
des
traitements
aupara-
vant
(neuroleptiques
atypiques
principalement)
et
leur
durée
d’hospitalisation
est
plus
longue.
Les
crises
de
colère
se
répètent
pour
50
%
d’entre
eux
sans
qu’il
n’y
ait
une
amélioration
franche
et
ces
enfants
posent
de
sérieux
problèmes
diagnostiques
et
thé-
rapeutiques.
Cependant,
l’autre
moitié
s’améliore
simplement
grâce
à
l’hospitalisation
et
ne
présente
plus
de
crise
de
colère
durant
celle-ci,
d’où
l’impact
du
contexte
et
de
l’environnement
pour
ces
jeunes
patients.
Enfin,
alors
que
plus
d’un
tiers
de
ces
enfants
étaient
diagnostiqués
bipolaire
de
type
I
au
début
de
la
prise
en
charge,
seulement
cinq
d’entre
eux
ont
finalement
rec¸u
ce
diagnostic
après
une
expertise
fiable.
Ces
crises
de
rage
étaient
donc
auparavant
fortement
associées
au
diagnostic
de
bipolarité
et
nous
avons
vu
qu’elles
sont
à
présent
un
critère
phare
du
DMDD.
2.3.
Épidémiologie
Les
données
concernant
le
DES
correspondent
à
une
entité
pathologique
qui
n’est
pas
encore
fixe.
Les
chiffres
présentés
ci-
dessous
s’inscrivent
dans
les
connaissances
actuelles
encore
en
mouvement
pour
ce
nouveau
diagnostic.
La
prévalence
retrou-
vée
pour
DES
est
de
3,3
%
chez
des
sujets
âgés
de
9
à
19
ans,
dont
1,8
%
ont
une
forme
sévère
[8]
(population
générale
amé-
ricaine).
Cette
prévalence
est
plus
élevée
que
celle
du
syndrome
dépressif
(2
%)
[15]
ou
de
la
bipolarité
(1,5
%)
[16]
chez
l’enfant.
Selon
Dickstein,
en
ce
qui
concerne
le
DES,
l’âge
moyen
est
de
11,04
ans
et
on
retrouve
78,1
%
de
garc¸ons
[17].
Il
y
a
donc
une
prédominance
masculine
chez
les
jeunes
DES
[13],
alors
que
les
deux
sexes
sont
représentés
de
manière
équivalente
chez
les
jeunes
bipolaires
[18].
Par
ailleurs,
on
retrouve
aussi
une
prédominance
masculine
dans
le
cas
des
troubles
disruptifs
avec
quatre
garc¸ons
pour
une
fille
[19].
Dans
l’étude
The
Great
Smoky
Mountains
Study
(GSMS)
[20],
concernant
le
genre
et
l’ethnie,
on
retrouve
les
résultats
figurant
dans
le
Tableau
1.
2.4.
Comorbidités
Dans
une
étude
de
Carlson
(2009)
basée
sur
une
série
de
151
admissions
consécutives
en
service
de
pédopsychiatrie
d’enfants
âgés
de
4
à
12
ans
[14],
54,6
%
de
ceux-ci
ont
été
admis
pour
troubles
du
comportement
avec
agressivité/crise
clastique.
Un
peu
plus
d’un
tiers
de
ces
enfants
ont
eu
une
nouvelle
crise
au
cours
de
leur
hospitalisation.
Les
diagnostics
Tableau
1
Caractéristiques
démographiques
des
enfants
DES
dans
l’étude
GSMS.
DES
(n
=
96) Non
DES
(n
=
1324)
Valeur
de
p
Genre
Masculin
77,6
% 50,1
% 0,001
Féminin
22,4
% 49,9
%
Ethnie
Caucasien
93,3
%
89,3
%
Ns
Africain
2,8
%
7,0
%
Autochtone
3,9
%
3,7
%
Âge
moyen 11,7
±
2,1 13,9
±
2,9 0,001
DES
:
dysrégulation
émotionnelle
et
comportementale
sévère
;
GSMS
:
Great
Smoky
Mountains
Study.
associés
à
ces
états
émotionnels
étaient
principalement
le
TDAH
ou
le
retard
de
langage.
Le
délai
entre
la
première
crise
clastique
et
l’admission
était
de
6
jours
en
moyenne.
Le
fait
d’avoir
au
moins
une
crise
clastique
au
cours
de
l’hospitalisation
apparais-
sait
comme
étant
fortement
lié
à
la
comorbidité
du
TDAH
avec
un
autre
trouble
du
comportement
type
troubles
des
conduites,
TOP
ou
à
l’existence
d’un
trouble
des
apprentissages.
Dans
cette
population
prépubère,
ni
la
manie,
ni
les
autres
troubles
n’étaient
significativement
associées
à
la
probabilité
de
crise
clastique
du
fait
du
jeune
âge
de
la
population.
D’autres
facteurs
étaient
fré-
quents
chez
les
enfants
ayant
fait
des
crises
clastiques
:
une
faible
efficience
intellectuelle,
l’exposition
à
des
violences
et
la
qua-
lité
négative
des
affects.
Cette
étude
nous
évoque
que
ces
crises
clastiques
correspondaient
aux
crises
de
rage
du
DES,
seul
ou
comorbide
d’une
autre
pathologie
disruptive.
D’après
une
étude
de
Kessler
(2006),
les
comorbidités
avec
le
DES
s’élèvent
à
plus
de
25
%
pour
le
TDAH
et
le
TOP
[21].
Lors
de
ces
cas
de
comorbidité,
l’atteinte
chez
les
enfants
DES
est
plus
profonde.
De
plus,
les
enfants
avec
DES
ont
souvent
des
symptômes
s’apparentant
à
un
syndrome
dépressif
ou
à
des
troubles
anxieux
ce
qui
rend
leur
classification
encore
plus
dif-
ficile.
En
effet,
ces
enfants
DES
présentent
plus
souvent
des
troubles
dépressifs
que
la
moyenne.
En
effet,
pour
un
syndrome
dépressif
en
pédopsychiatrie
jumelé
à
un
DES,
l’odds
ratio
est
de
23,5
[22].
Ainsi,
devant
la
prévalence
et
la
sévérité
de
la
symp-
tomatologie,
il
est
important
que
l’on
puisse
poser
un
diagnostic
précis
pour
les
jeunes
porteurs
de
ces
troubles.
Selon
une
étude
de
Leibenluft
(2006),
en
population
générale,
le
DES
est
associé
à
des
comorbidités
significatives
:
26,9
%
de
TDAH,
25,9
%
de
troubles
des
conduites,
24,5
%
de
TOP,
14,7
%
de
troubles
anxieux
et
13,4
%
de
troubles
dépressifs
[23].
En
population
clinique,
les
troubles
comorbides
avec
le
DES
sont
particulièrement
fréquents
:
93,8
%
de
TDAH,
84,4
%
de
TOP
et
46,9
%
de
troubles
anxieux.
Dans
l’étude
GSMS
[20]
(Tableau
2),
les
résultats
ne
sont
pas
exactement
identiques,
mais
on
observe
pareillement
une
comorbidité
élevée
avec
le
TDAH,
les
troubles
des
conduites
et
le
syndrome
dépressif.
De
même,
selon
Brotman
et
al.,
les
diagnostics
de
l’axe
I
les
plus
communément
associés
au
DES
sont
les
TDAH
(26,9
%),
les
TOP
(24,5
%),
les
troubles
anxieux
(14,7
%)
et
les
troubles
dépressifs
(13,7
%)
[8].
L.
Masi
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
65–71
69
Tableau
2
Comparaison
de
la
prévalence
des
diagnostics
de
l’axe
I
chez
les
jeunes
DES
et
non
DES
dans
l’étude
GSMS.
Diagnostics
%
DES
%
non
DES
OR
IC
Valeur
de
p
Autres
diagnostics
38,9
24,5
1,91
0,79–4,57
0,15
Troubles
de
l’humeur 9,8 6,1 1,73 0,42–7,21 0,45
Troubles
du
comportement 33,1 19,6 1,78
0,69–4,59
0,24
Troubles
anxieux
4,0
4,5
0,78
0,09–6,59
0,82
Troubles
dépressifs
7,8
2,2
7,21
1,34–38,85
0,02
Addictions
7,8
8,8
0,73
0,15–3,44
0,69
TDAH
21,9
0,7
0,99
0,06–16,94
0,99
Conduites
antisociales
3,8
1,0
0,92
0,08–9,97
0,95
TOP
2,1
0,6
3,94
0,2–79,09
0,37
OR
:
odds
ratio
;
IC
:
intervalle
de
confiance
;
DES
:
dysrégulation
émotionnelle
et
comportementale
sévère
;
GSMS
:
Great
Smoky
Mountains
Study
;
TDAH
:
trouble
de
déficit
de
l’attention/hyperactivité
;
TOP
:
trouble
de
l’opposition
avec
provocation.
2.5.
Devenir
Une
des
questions
principales
sur
le
devenir
des
enfants
DES
est
de
savoir
si
cette
pathologie
est
en
réalité
un
état
prodro-
mique
d’un
trouble
bipolaire.
Or,
les
études
ont
montré
que
cette
pathologie
n’est
pas
un
facteur
prédictif
d’un
trouble
bipolaire
à
l’âge
adulte
[23].
Les
enfants
DES
n’ont
pas
plus
tendance
à
développer
d’état
maniaque
ou
hypomaniaque
que
la
population
générale
[24].
En
outre,
l’irritabilité
est
devenue
un
symptôme
à
part
pour
ces
jeunes.
Celle-ci,
marquante
pour
les
parents,
est
un
facteur
spécifique
de
prédisposition
au
syndrome
dépressif
majeur,
à
la
dysthymie
et
aux
troubles
anxieux
généralisés
à
l’âge
adulte.
Enfin,
ces
enfants
souffrant
de
cette
irritabilité
n’atteignent
géné-
ralement
pas
un
haut
niveau
d’études
[8].
Les
enfants
souffrant
de
DES
ont
un
risque
élevé
de
dévelop-
per
un
syndrome
dépressif
à
l’âge
adulte,
soit
sept
fois
plus
de
risque
que
la
population
générale
(odds
ratio
:
7,2).
Ce
risque
élevé
ne
varie
pas
en
fonction
de
la
présence
d’une
pathologie
de
l’axe
I
[25].
Ces
résultats
évoquent
la
possibilité
que
le
DES
soit
une
forme
précoce
d’un
trouble
dépressif.
3.
Affiliation
du
DES
à
une
pathologie
de
l’humeur
3.1.
Pathologie
de
l’humeur
selon
le
DSM
Cette
pathologie
de
l’enfant
se
retrouve
dans
le
DSM-
5
affiliée
aux
troubles
de
l’humeur.
Nous
allons
discuter
de
la
nature
des
symptômes
thymiques
et
de
l’appartenance
au
spectre
des
troubles
de
l’humeur
du
DES.
En
effet,
la
focalisation
sur
des
comportements
manifestes
et
dérangeants
ne
rend
pas
compte
d’un
diagnostic
précis
lié
à
une
entité
clinique
et
psychopatho-
logique
univoque.
Il
y
a
bien
une
réelle
nécessité
d’associer
le
DES
à
des
troubles
de
l’humeur
avec
le
traitement
correspondant
plutôt
qu’à
un
trouble
de
conduite
de
type
TOP.
3.2.
La
nature
des
symptômes
thymiques
dans
le
DES
Les
enfants
DES
présentent
un
tableau
clinique
de
troubles
disruptifs
qui
exprime
une
pathologie
de
l’humeur
internalisée.
Comme
nous
l’avions
évoqué
précédement,
la
dysrégula-
tion
sévère
de
l’humeur
est
un
concept
clinique
proposé
par
Leibenluft
pour
différencier
les
difficultés
émotionnelles
chro-
niques
du
trouble
bipolaire
[26].
Selon
ce
même
auteur,
ces
«
rages
»
caractérisent
un
nouveau
type
spécifique
de
trouble
de
l’humeur
chez
le
jeune.
Ces
rages
sont
aussi
appelées
«
swing
mood
»,
signifiant
«
sautes
d’humeur
».
Si
la
qualité
négative
de
l’humeur
du
DES
peut
comprendre
colère,
tristesse
et
irritabilité,
c’est
l’irritabilité
chronique
qui
en
constitue
la
dimension
centrale
[27].
Celle-ci
est
décrite
dans
différents
troubles
dont
les
troubles
bipolaires,
les
troubles
du
comportement
perturbateur
et
les
troubles
dépressifs
en
popu-
lation
pédiatrique
à
la
place
de
la
tristesse
de
l’humeur.
Elle
est
aussi
une
dimension
centrale
des
troubles
explosifs
de
la
per-
sonnalité,
notamment
du
trouble
de
la
personnalité
borderline
et
du
trouble
explosif
intermittent.
Dans
le
DES,
l’irritabilité
chronique
n’est
pas
forcément
associée
à
une
opposition
systé-
matique
aux
règles
comme
dans
le
TOP.
En
revanche,
l’accent
est
mis
sur
la
qualité
négative
de
l’humeur,
non
comprise
dans
les
critères
de
TOP.
De
plus,
les
oscillations
thymiques
chez
l’enfant
et
l’adolescent
peuvent
s’intégrer
dans
une
psychopathologie
bien
définie.
C’est
le
cas
de
certains
épisodes
dépressifs
majeurs
ou
d’épisodes
maniaques
qui
ont
des
caractéristiques
typiques,
très
similaires
à
ceux
de
l’adulte
et
qui
posent
en
l’occurrence
peu
de
problèmes
diagnostiques.
Cependant,
plus
le
sujet
est
jeune,
plus
la
clinique
risque
d’être
atypique.
Devant
des
symptômes
peu
spécifiques,
il
faut
éviter
le
diagnostic
par
excès
comme
le
manque
d’attention
envers
des
symptômes
qui
ont
un
retentisse-
ment
social,
scolaire
et
familial
importants.
Le
diagnostic
élargi
des
troubles
bipolaires
incluait
des
tableaux
cliniques
avec
irrita-
bilité
importante
et
comportements
explosifs,
l’hypothèse
étant
que
ces
symptômes
avaient
pour
origine
un
certain
trouble
de
la
régulation
de
l’humeur
[28].
Ainsi,
récemment
isolé
au
sein
de
la
nosographie
psychiatrique,
le
DES
regroupe
des
tableaux
cliniques
de
troubles
du
comportement
fréquents
chez
l’enfant
mais
jusqu’à
présent
mal
identifiés.
Sur
le
plan
de
l’humeur,
ce
trouble
est
marqué
par
une
instabilité
thymique
associée
à
une
dysphorie.
3.3.
L’appartenance
au
spectre
des
troubles
de
l’humeur
Le
trouble
bipolaire
du
sujet
jeune,
le
syndrome
dépres-
sif
majeur
et
le
DES
pourraient
partager
le
même
spectre
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