
Le développement du secteur de l’élevage pour la réduction de la pauvreté
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NATURE ET RÔLE DES POLITIQUES ET DES INSTITUTIONS
On ne saurait trop insister sur l’importance des politiques et des institutions pour soutenir
une croissance de l’économie inclusive et pro-pauvres (Campos et Nugent, 1999; North,
1990; Williamson, 2000). On peut lire dans le Rapport de la Banque mondiale sur le
développement dans le monde en 2008, plus précisément sur l’agriculture au service du
développement, que:
L’absence de stabilité macroéconomique et politique limite le potentiel de développe-
ment du secteur [de l’agriculture]. Les problèmes d’économie politique se traduisent par
des biais politiques et des problèmes de sous-investissement et de mauvais investissements
dans l’agriculture. En outre, les problèmes en matière de ressources et de capacité gouver-
nementales provoquent des défaillances dans la mise en œuvre des programmes d’action,
en particulier dans les pays à vocation agricole. (Banque mondiale, 2008)
On peut lire dans le Rapport de la FAO sur la situation mondiale de l’alimentation et de
l’agriculture en 2000que:
Pour réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire, il ne suffit pas d’accroître la pro-
ductivité et la production de l’agriculture, ni de créer plus de revenus. Les institutions sont
l’élément structurant qui détermine l’accès aux actifs, à la possibilité de se faire entendre
et au pouvoir, et qui arbitre entre les demandes concurrentes pour des ressources limitées.
Il est essentiel de s’attaquer aux facteurs institutionnels et aux aspects des systèmes de
gouvernance et d’économie politique qui tendent à exclure certaines personnes ou groupes
de population du progrès. (FAO, 2000)
Le rapport publié en 2008 par l’initiative PPLPI sur l’Asie du Sud, la région des Andes et
l’Afrique de l’Ouest, indique que:
Dans les années 1990, un nombre croissant d’experts et d’analystes de l’aide au
développement se sont rendu compte que le transfert de technologie seul ne transforme-
rait pas le développement, en particulier le développement agricole, d’une manière qui
bénéficierait nécessairement aux pauvres. Les changements politiques et institutionnels
ont été identifiés comme un pré-requis pour orienter le développement agricole en vue de
satisfaire les besoins des pauvres. (PPLPI, 2008).
Étant donné qu’elles déterminent la manière dont les acteurs économiques, y compris
les éleveurs, conjuguent leurs actifs à des fins de production et de consommation, les poli-
tiques et les institutions sont des facteurs essentiels de la croissance et du développement
économiques, notamment dans le secteur de l’élevage.
Des études ont démontré une corrélation positive entre le niveau de développement des
institutions et divers indicateurs de la situation économique (par exemple, Knack et Keefer,
1995; Mauro, 1995; Djankov et al., 2002). Corrélation ne signifie pas causalité, ainsi, la
relation observée entre les politiques/institutions et le développement économique semble
être bidirectionnelle. En effet, les institutions influent sur le niveau et le rythme du déve-
loppement économique, mais le développement économique peut également favoriser des
changements institutionnels (Lin et Nugent, 1995; Ruttan, 2006). Par exemple, la réforme
des services vétérinaires publics peut se traduire par une croissance du secteur de l’élevage,
qui peut à son tour encourager de nouvelles politiques commerciales sur l’alimentation
animale. Cependant, quel que soit le lien de causalité entre la croissance économique et
les changements politique et institutionnel, les réformes qui produisent des incitations et