I Rappel des Connaissances Actuelles sur le Syndrome
fibromyalgique
Dans les années ’70 un grand nombre de patients se présentant en consultation de
rhumatologie interpellaient les confrères rhumatologues, car à côté des diagnostics classiques
et attendus, il y avait 6% de sujets, essentiellement des femmes, dont les symptômes étaient
surtout des douleurs, plutôt axiales, souvent associées à une impotence musculaire relative, à
des troubles fonctionnels variés, assez souvent à une tonalité anxio-dépressive. (1)
Les différents examens radiologiques ne montraient rien d’anormal, ou des anomalies sans
signification telle une banale cervicarthrose. Les cliniciens étaient frappés par la fréquente
ancienneté des troubles, et leur résistance aux traitements.
Suivant les cas, les dossiers étaient classés « maladie des insertions », « polyalgies
psychosomatiques » , voir ce qui était perceptible à la lecture des observations, « pathologies
imaginaires » ou même « simulées ».
La présentation de ces patients était assez remarquablement stéréotypée. Intrigués par ces
dizaines de dossiers, ces rhumatologues décidèrent de consulter la littérature et retrouvèrent
que ce cas était décrit sous le nom de fibrosite.
Or, au même moment, au Canada deux auteurs, Smythe et Moldofski (2), avaient repris la
vieille description de la « fibrositis » et montré deux ordres de symtômes, jusqu’ici négligés.
D’une part, l’étude sémiologique des patients montrait que dans un certain nombre de sites
non-périphériques, la pression modérée, ressentie de façon très supportable par les sujets
normaux, entrainait chez les patients fibrositiques de très vives douleurs péniblement perçues.
Ce signe était reproductible. D’autre part, les patients avaient des troubles de sommeil, perçu
comme haché, sans véritable insomnie, mais sans le caractère réparateur d’un sommeil
normal.
Ces deux constatations suscitèrent d’autant plus d’intérêt qu’elles concernaient des situations
fréquentes, que les cliniciens avaient du mal à comprendre et à gérer et ce d’autant plus que
malgré son appelation, cette pathologie ne semblait vraiment pas intéresser le tissus
« fibreux » et encore moins être inflammatoire. On multiplia les études et les patients furent
reconnus et reçus dans leurs plaintes.
Certains auteurs français (3) retrouvèrent ces caractéristiques chez un grand nombre de
patients polyalgiques.
Non convaincus par l’appelation anglo-saxonne ils utilisèrent d’abord le substantif compliqué
et tout aussi inexact de polyentésopathie.
Puis celui de SPID, acronyme pour « syndrome polyalgique idiopathique diffus ».
Cet acronyme eut du succès mais l’impérialisme médico-linguistique anglo-américain (1) qui
s’impose dans les grands journaux médicaux, les congrès et les grands organismes
internationaux ont une telle force que la dénomination « fibromyalgie », a fini par s’imposer ;
le terme fibromyalgie précise la localisation douloureuse au niveau des tissus fibreux
musculaires et tendineux.