La fibromyalgie

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QU’EST CE QUE LA FIBROMYALGIE ?
La fibromyalgie est-elle une maladie nouvelle ?
Il s’agit d’un syndrome rhumatismal caractérisé par un état douloureux, musculaire, diffus, évoluant
de façon chronique, associé à une fatigue, un dérouillage matinal, des troubles du sommeil.
La description initiale remonte au début du 20ème siècle.
Qui est concerné par cette affection ?
Principalement les femmes, entre 40 et 60 ans, en raison notamment de particularités hormonales.
Mais elle peut débuter dès l’adolescence.
Quel est le symptôme principal et quelles sont ses caractéristiques ?
La douleur est le signe constant.
Elle concerne aussi bien la région de la colonne cervicale, dorsale haute ou lombo-fessière. On peut
également la retrouver à la pression de points situés aux épaules, trapèzes, coudes, près des hanches et
près des genoux. Ces points sont situés au même endroit chez le même patient, retrouvés d’une
consultation à l’autre, ce qui en fait une des caractéristiques de la maladie.
Autres troubles qui accompagne la douleur: la sensation de fatigue, d’être épuisé, un sommeil perturbé
et non réparateur, des maux de tête notamment.
Y a-t-il des facteurs déclenchant ?
Ils ne sont pas toujours présents. Il peut s’agir de traumatisme physique comme un accident de la voie
publique, une chute, mais aussi un choc affectif, un stress, un deuil ou un changement de situation
familial ou professionnel. Des antécédents de traumatismes psychiques dans l’enfance se révèlent
fréquents.
Est-ce une affection chronique ?
C’est en effet un syndrome douloureux chronique (durant plusieurs mois et années) qui peut évoluer
par intermittence, avec des rémissions, être fluctuant, avec des périodes de crises sur un fond
douloureux permanent.
Peut-on parler de syndrome fibromyalgique primitif ou secondaire ?
On pose le diagnostic de syndrome fibromyalgique quand tous les examens sont normaux. Au cas où
le syndrome accompagne une autre maladie, ce qui peut arriver, on dit qu’il s’agit de fibromyalgie
concomitante.
La fibromyalgie, « est-ce dans la tête » ?
Aucun travail sérieux n’a pu démontrer que la fibromyalgie relevait de la psychiatrie. En revanche, il
est vrai que le patient ressent le syndrome fibromyalgique comme une affection plus sévère que
d’autres maladies douloureuses chroniques comme dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde.
La fibromyalgie est-elle une forme de dépression ?
La douleur, comme la fatigue ou les perturbations du sommeil, peut être un symptôme de dépression.
Mais la dépression a des caractéristiques qui correspondent à des troubles de l’humeur que l’on ne
retrouve pas souvent chez le patient fibromyalgique. Par contre l’anxiété y est très souvent associée.
Traiter dépression et anxiété, c’est aussi soulager la douleur et casser un cercle vicieux.
Quelles sont les causes de la fibromyalgie ?
Elles sont de mieux en mieux connues mais nécessitent encore des travaux de recherche pour les
confirmer.
On a donc fait la preuve du rôle dans la douleur des perturbations du sommeil.
Il existe certainement des troubles dans les mécanismes qui font intervenir la conduction de la douleur
et son inhibition. Mécanismes complexes où les substances dites algogènes et certaines hormones
jouent un rôle. Ces perturbations d’origine centrale (appelée ainsi car mettant en cause les centres de la
douleur situés au cerveau et à la moelle épinière) expliquent l’échec d’un certain nombre de
traitements.
Y a-t-il un ou plusieurs traitements de la fibromyalgie ?
La fibromyalgie étant un syndrome douloureux chronique complexe donc plusieurs traitements sont à
envisager. Ils se complètent et sont à adapter à chaque patient.
Que le patient connaisse son diagnostic, qu’il soit rassuré (le corps est en bon état, c’est la fonction
« douleur » qui est perturbée) et qu’il sache l’importance de sa participation sont déjà des éléments du
traitement.
La sédentarité peut favoriser les poussées douloureuses.
A l’inverse, il faut pratiquer régulièrement une activité physique ou un sport de façon adaptée à
chacun, pour leurs bienfaits contre la douleur. D’autant que, répétons-le, le corps reste lui en bon état
de marche puisque les perturbations ne concernent que les centres de la douleur.
On pourra s’aider de séances de rééducation, d’exercices d’étirement, en se méfiant des massages trop
profonds qui reproduisent les douleurs.
Une cure thermale de 18 jours est une opportunité permettant au patient de démarrer des exercices
physiques réguliers, de mieux comprendre ce qui lui arrive, d’améliorer son sommeil grâce à des
équipes compétentes proposant des ateliers adaptés aux patients fibromyalgiques.
La relaxation et l’hypnose sont des traitements qui agissent directement sur les centres de la douleur
situés dans notre cerveau.
Les médicaments prescrits appartiennent à la famille des antidépresseurs et des antiépileptiques. Ces
médicaments ne sont pas proposés comme tels mais parce qu’ils ont une action « anti-douleur »
centrale. La prescription se fait à dose progressive.
Les antalgiques habituels, les morphiniques et dérivés ou les anti-inflammatoires n’ont pas l’effet
escompté.
Du fait de la chronicité de ce syndrome, l’effet du traitement n’a pas pour but d’être spectaculaire mais
d’apporter un soulagement progressif et durable.
Comprendre son affection et s’adapter à des changements de situation, à maîtriser le stress, sont
des éléments essentiels du traitement.
Le syndrome fibromyalgique répond à des critères précis. Il s’agit d’un syndrome douloureux
chronique qui nécessite l’adaptation aussi bien du médecin que du patient. Il faut utiliser
plusieurs cartes à la fois pour gagner la partie contre la douleur. Le médecin connaît les bonnes
cartes, la patiente a les atouts en main.
Docteur P. SICHERE
Rhumatologue, Membre de la Société Française d’Etude et Traitement de la Douleur
(SFETD), président du CLUD (Comité de Lutte contre la Douleur) des hôpitaux de
Saint-Denis
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