Séminaire - Institut de Psychologie

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Séminaire
Intérêt d’une confrontation des données en première
et troisième personne au cours des psychothérapies
Organisé par Yves BURNOD (Directeur de recherche à l’INSERM)
Régine JEANNINGROS (Directeur de recherche au CNRS) et
Arthur Kaladjian (Professeur des Universités, Praticien Hospitalier)
Le ressenti des patients est aujourd’hui rarement pris en compte
pour évaluer les divers processus qui concourent à l’efficacité
des psychothérapies. La sophistication actuelle des techniques
destinées à analyser leurs effets, qu’ils soient neurobiologiques,
cognitifs ou comportementaux, contraste avec la pauvreté des
données recueillies quant à la conscience subjective du vécu
corporel ou émotionnel du patient. Elles constituent pourtant les
données primaires que l’on devrait mesurer et enregistrer en
parallèle avec les autres données expérimentales.
L’objectif de ce séminaire réside dans le souhait de rapprocher,
dans un même cadre d’analyse, les effets des thérapies évaluées
par
différentes
approches (cliniques,
pharmacologiques,
neurobiologiques, cognitives, comportementales, psychologiques,
phénoménologiques) et l’expérience consciente, riche, personnelle
et donc unique que le patient peut avoir de ces mêmes effets.
Nous tenterons ainsi de dégager la place et l’importance du vécu
subjectif du patient (“données en première personne“) pour la
compréhension des mécanismes qui sont mis en jeu dans l’efficacité
des thérapies utilisées aujourd’hui en psychiatrie (“données en
troisième personne“).
Toutes les modalités thérapeutiques seront envisagées quelle que
soit leur nature : pharmacologique, analytique ou cognitivocomportementale.
Chaque séance portera sur l’une de ces modalités et réunira un
intervenant et un discutant, clinicien et/ou chercheur très
expérimenté dans la pratique des psychothérapies ou dans l’étude
de leurs mécanismes, afin de confronter les effets thérapeutiques
ressentis subjectivement par les patients d’une part, et les
mécanismes de ces effets tels qu’ils sont objectivés par les
cliniciens et les chercheurs d’autre part.
Jeudi 20 octobre 2011 à 14h30
CHU Pitié Salpêtrière
105 bd de l'Hôpital
75013 Paris
Salle 112
_______________________
« Mesurer la subjectivité du patient ? »
par le Professeur Bruno FALISSARD
Pédopsychiatre, Responsable du Département de Santé Publique de
l’hôpital Paul Brousse, Directeur de l’Unité INSERM U669.
Discutant : Yves BURNOD
Directeur de recherche à l’INSERM
Ouvrage et conférences de l’intervenant :
"Cerveau et psychanalyse : tentative de réconciliation", L'Harmattan,
2008
L'informalisable et la sémiologie psychiatrique
Réalité, matière et subjectivité
physique contemporaine
:
perspectives
dégagées
par
Les neurosciences peuvent-elles nous aider à penser le psychisme ?
La subjectivité est-elle mesurable ?
ISC- PIF (I nst itu t d es Syst ème s C ompl exe s)
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la
Séminaire
« Mesurer la subjectivité du patient ? »
par le Professeur Bruno FALISSARD
RESUME
Quand on s’interroge sur la notion de mesure subjective, il
est surprenant de constater que le terme « subjectif » est d’un
sens à la fois immédiat et non ambigu alors que le concept de
mesure est d’une complexité déroutante.
À l’encontre de certaines idées reçues, on constatera qu’il
est illusoire d’imaginer régler la question des mesures
subjectives en espérant les voir substituées, un jour, par des
mesures objectives. Si l’on s’intéresse au patient en tant que
sujet pensant (est-il triste, anxieux, fatigué, douloureux,
etc.), alors la mesure sera subjective, par définition. Les
mesures objectives ont un rôle essentiel en clinique (poids,
pression artérielle, glycémie, virémie, etc.), car elles
peuvent apporter une information diagnostique ou pronostique
souvent inégalable. Elles ne peuvent cependant prétendre à
décrire un patient dans son intimité psychique.
À l’encontre de certaines idées reçues, toujours, nous
constaterons aussi qu’il est bien difficile de trouver une
différence de nature fondamentale entre les mesures subjectives
et les mesures objectives. Toutes deux ont évolué, notamment
sur un plan historique, suivant trois paradigmes identiques.
SEANCES A VENIR
Jeudi 17 novem bre :
« La
presc ription
des
psyc hotropes :
un
acte
mé dical
comme les autr es ? »
par Le Professeu r Berna rd GRANGER, psychiatre, chef
service de psychiatrie à l’hôpital Cochin, site Tarnier.
du
Discutant : Dr Jean-Michel THURIN, Psychiatre et Psychanalyste,
membre de l’Unité INSERM U669, Président du Collège recherche de
la Fédération Française de Psychiatrie (FFP).
Jeudi 15 décem bre :
« Mécanismes
psyc ho-biologiques
des
TCC
Psychanalyse : différences et similitudes. »
et
de
la
par le Professe ur R oland JOUV E NT, psychiatre, chef du service
de psychiatrie à l’hôpital Pitié-Salpêtrière et Directeur de
l’unité CNRS USR 3246 « Centre Emotion ».
Discutant : Régine J EANNINGRO S, Directeur de recherche au
CNRS, membre de l’Unité de Neurosciences Cognitives de la
Méditerranée, UMR 6193 Marseille, et de l’ISC Paris.
« Mécanismes psycho-biologiques des TCC et de la Psychanalyse :
Différences et Similitudes »
Roland Jouvent
RÉSUMÉ
-
-
Les progrès considérables des Neurosciences Cognitives permettent de
reconsidérer la formalisation du fonctionnement psychique et celle de
l’ensemble des méthodes psychothérapiques. Nous décrirons ces données
scientifiques nouvelles, en particulier celles concernant la conscience,
la fabrication de la pensée et la cognition sociale.
Schématiquement le cerveau humain s’articule autour de deux parties qui
sont en permanente interaction :
un cerveau émotionnel commun aux mammifères, qui assure les
fonctions vitales essentielles à l’espèce : la motivation, la survie et
la reproduction. Il préserve l’ancrage dans la réalité,
et un néocortex très développé dont la fonction initiale était
d’organiser et d’anticiper,
mais qui est de plus en plus voué à
construire de la pensée, à associer. Il relit le réel, l’embellit.
Le cerveau magicien fait office de curseur entre le réel et l’imaginaire,
constituant un répertoire d’une formidable versatilité où se combinent
les actes de la pensée et les actions du corps.
Je développerai l’hypothèse selon laquelle ce mouvement imprime à notre
activité psychique une orientation qui consiste à faire de la réalité
physique du monde une création de l’esprit : renverser l’événement en une
intention, source majeure de l’imaginaire. Utiliser la réalité comme un
matériel : la changer en un projet qu’on s’approprie comme une nouvelle
création de notre esprit. Je tenterai de montrer que souvent le mécanisme
central de la magie cérébrale consiste dans ce commerce subtil entre
l’analyse des péripéties du monde et leur transformation en intentions,
en une création de sens.
Dans la continuité de cette hypothèse, j’essaierai de repérer ce
mécanisme, parmi l’ensemble des psychothérapies, chacune conservant leur
spécificité. Les thérapies auraient pour effet de restituer au cerveau
son aptitude naturelle à refaire le monde, à ajouter du sens au travers
de la création d’intentions. Les psychothérapies ne seraient ainsi pas
réduites à un « essorage » du passé, mais permettraient un apprentissage
de nouvelles stratégies pour développer cette aptitude naturelle à
fabriquer de la magie et de l’intention à partir de la réalité.
- Les TCC agiraient sur des mécanismes impliquant les procédures de bas
niveau et la mémoire implicite.
- Les psychothérapies analytiques, au contraire, consisteraient en un
développement des mécanismes de type top-down au travers de remaniement
de la mémoire autobiographique.
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