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Act. Méd. Int. - Hypertension (13), n° 8/9, octobre/novembre 2001
mise au point
Mise au point
Cette équation permet d’illustrer les liens
entre les différents facteurs de risque car-
diovasculaire : pression artérielle, fré-
quence cardiaque et propriétés artérielles
(résistives et élastiques). D’autres modéli-
sations théoriques, prenant en compte les
ondes de réflexion, sont également en
cours de développement. Mais aucune
modélisation synthétique n’a été à ce jour
proposée ni validée pour les pressions pul-
satiles centrales.
Approximations de la PAM
Dans les services de réanimation ou les
salles de cathétérisme, la PAM est mesurée
précisément comme l’aire sous la courbe de
pression invasive divisée par la durée du
cycle cardiaque. En dehors de ces situations
exceptionnelles, la PAM ne peut pas être
mesurée directement ; elle est évaluée grâce
à la formule empirique classique. Mais une
incertitude importante est liée aux modifica-
tions induites par l’âge, le niveau de pression
et le site de mesure sur la forme du signal et
donc sur le facteur 1/3 de la formule empi-
rique. Au niveau brachial, le facteur 1/3
pourrait se rapprocher de 1/2 chez les sujets
de plus de 60 ans, et la PAM calculée avec la
formule empirique classique pourrait alors
ne plus être un bon reflet de la RVS. Les
implications en termes de stratification du
risque sont à l’étude. Chez l’adulte, au
niveau de l’aorte thoracique, le facteur 1/3
est remplacé par un facteur compris entre 2/5
et 1/2. Chez le nouveau-né, le facteur 1/3 est
remplacé par un facteur 2/5 et 1/2 au niveau
des artères tibiale et radiale, respectivement.
Enfin, rappelons que la définition de valeurs
normales de pression (PAS, PAD, PP, PAM)
est difficile pour plusieurs raisons : la PA a
une distribution continue dans la population ;
la PA semble influencée par l’âge, l’ethnie,
l’origine géographique, le sexe et le statut
socio-économique ; les valeurs de la PA sont
très variables au cours de la journée et selon
le stress externe ; les artefacts de mesure
sont nombreux.
PAM et amplification
de l’onde de pouls
La PAD périphérique et la pression aor-
tique diastolique sont pratiquement simi-
laires, mais la PAS périphérique est plus
élevée que la PA systolique aortique, de
15 mmHg en moyenne. La PA pulsée péri-
phérique est donc plus élevée que la PA
pulsée aortique de 15 mmHg en moyenne.
Cette “amplification de l’onde de pouls”,
qui est fonction des caractéristiques de
propagation et de réflexion de l’onde de
pression, diminue lorsque la compliance
artérielle baisse ou en cas de vasoconstric-
tion artérielle. Une augmentation de PP
traduit une augmentation de PAS associée
à une PAD franchement augmentée
(quand RVS augmente) ou peu modifiée
(quand la compliance artérielle diminue).
La PA moyenne est la même au niveau aor-
tique et artériel périphérique, et il en va de
même pour la PA diastolique. En faisant
l’hypothèse d’une amplification de l’onde de
pouls de 15 mmHg en moyenne, on obtient :
PAoM = PAD + 1/3 (PP) =
PAoD + 1/3 (PPAo + 15 mmHg)
PAoM = PAoD + 1/3 (PPAo) + 5 mmHg
Cette modification de la formule empi-
rique au niveau aortique a récemment été
validée.
Redondance
Au niveau aortique, l’extrême précision
de cette approximation suggère que deux
pressions seulement (soit PAoM et PPAo,
soit PAoS et PAoD) fournissent une infor-
mation suffisante, les deux autres pres-
sions étant redondantes. Ce résultat sur-
prenant est observé, quelles que soient la
fréquence cardiaque, l’amplitude et la
chronologie des ondes de réflexion. Ce
résultat pourrait reposer sur une redon-
dance des déterminants de PAoS, PAoD,
PAoP et PAoM.
Nous avons vu que la formule empirique
classique permettait de calculer la PAM
en périphérie, même si cette formule
pourrait ne plus s’appliquer après 60 ans
du fait de changements de forme du signal
de pression. Toutes les études épidémio-
logiques actuelles utilisent la formule
empirique de PAM et reposent donc sur
l’acceptation d’une totale redondance de
deux des quatre pressions (PAS, PAD, PP,
PAM). Cela limite considérablement les
raisonnements physiopathologiques repo-
sant sur plus de deux pressions artérielles.
En pratique, sur une banque de données, il
semble logique de privilégier dans un pre-
mier temps les deux pressions le moins
liées entre elles, cela pour minimiser les
problèmes de multicolinéarité.
Certaines études ont suggéré que l’éléva-
tion de la PAM augmentait le risque céré-
brovasculaire, et que l’élévation de la PAS
et de la PP (avec donc diminution de la
PAD) augmentait le risque cardiaque et
coronaire.
PAM, respiration, baroréflexe,
compliance
La PAM est une pression intramurale,
dont la valeur battement-à-battement est
directement influencée par les pressions
respiratoires. La PP est une pression
transmurale, dont la valeur battement-à-
battement n’est pas directement influencée
par les pressions respiratoires, mais peut
être influencée indirectement par les
modifications aiguës du volume d’éjec-
tion systolique induites par la respiration.
La PAM et la PP exercent une stimulation
respectivement tonique et phasique sur les
barorécepteurs aortiques et carotidiens.
Il est classique de supposer que PAM et
PP ne sont pas indépendantes. Une aug-
mentation de PAM tend à diminuer la
compliance artérielle, et donc à augmenter
la PP. Certains auteurs ont proposé soit de
calculer le rapport PP/PAM (ou “PP nor-
malisée”), soit de comparer les valeurs de