Entre lire et expliquer – Aide-mémoire
Le théâtre élisabéthain
Sous le règne d'Elisabeth Ière d'Angleterre (1553-1603), le théâtre connaît un immense succès,
auprès d'un large public où se mêlent gentilshommes et gens du peuple.
La scène est dépourvue de décors, sinon de machines (trappes pour les apparitions et
disparitions, grues pour les «vols»). Une pancarte peut quelquefois en tenir lieu. Elle se compose
d'un plateau adossé à l'un des huit ou quatre murs de la cour d'auberge qui sert de salle à l'origine.
Les spectateurs du parterre, debout, l’entourent de trois côtés.
L'avant de ce plateau, large de 8 à 12 mètres, est un « proscenium » (une avant-scène), précédant
une scène protégée par un toit de chaume, pour les scènes d'intérieur, et une arrière-scène
(rideaux et portes).
Au-dessus du plateau, au deuxième étage, un «balcon» (celui de Juliette), où se tiennent tantôt des
comédiens, tantôt le public, surmonté d'un troisième étage, où sont les musiciens et où des
comédiens peuvent apparaître.
Bien entendu, ce lieu théâtral ayant disparu en 1642 avec la fermeture des théâtres publics,
metteurs en scène, décorateurs et... lecteurs ont toute liberté pour imaginer un autre décor.
Toutefois, le Globe Theater a été reconstruit à l’identique, à Londres, en 1997.
Le théâtre français
Au XVIIe siècle, en France, les pièces sont d’abord jouées dans des jeux de paume, salles
rectangulaires longues et étroites. La scène est une estrade où est installé un décor simultané issu
des mistères du Moyen Âge, dont les éléments, éventuellement accompagnés de machines, étaient
souvent très symboliques (une chaise pour un palais, un arbuste pour une forêt, voire un simple
écriteau…). Mais les « mansions » ou compartiments devant lesquels se joue l’action, et
correspondant aux divers lieux où elle se déroule pouvaient être beaucoup plus réalistes (sans être
praticables : les comédiens ne peuvent y évoluer) à l’époque du Cid et de Molière, qui utilise
encore ce décor à l’Hôtel de Bourgogne, avant qu’il ne cède la place au décor unique de la
tragédie (vestibule d’un palais) ou de la comédie (rue).
Le public populaire est debout, au parterre, des loges sont réservées aux spectateurs plus
fortunés, et des bancs disposés sur la scène accueillent les nobles. Ils n’en disparaîtront qu’au
XVIIIe siècle, le comte de Lauragais ayant acheté leur disparition à la Comédie-Française au prix
de trente mille livres, en avril 1759.
La salle est éclairée par un lustre suspendu à une poulie et la scène par une « rampe » de
chandelles qu’il faut moucher à intervalles réguliers, c’est-à-dire entre deux actes.
Du théâtre de Vicence…
Le théâtre à l’italienne est né à la Renaissance des efforts d’architectes comme Palladio (1508-
1580) pour reconstituer le lieu théâtral antique, et de leurs contresens. C’est ainsi que, s’appuyant
sur le De Architectura de Vitruve, Palladio entreprit de construire le fameux théâtre de Vicence
(1585), qui fut terminé par son fils après sa mort. C’est un théâtre fermé et couvert dont le
plafond peint représente le ciel, et où le public est assis sur des gradins en forme d’ellipse reliés au
vaste plateau du proscenium par la cavea, héritière de l’orchestra latine. Mais l’élément le plus
frappant est le superbe mur de scène richement décoré et dont les trois portes ont été élargies
pour permettre de voir les décors montés sur des périactes, prismes triangulaires qui permettent
de faire alterner les trois décors classiques (comique, tragique, satyrique).
Le théâtre de Vicence présente déjà plusieurs caractéristiques de la salle à l’italienne :
– la surface consacrée à la scène et aux coulisses est comparable à celle réservée au public ;
– la scène est un large proscenium ;