Une vision globale de l’Antibiorésistance
Ce rapport résulte du travail d’un groupe de recherche informel, Le Groupe
d’IntervisionS sur l’Antibiorésistance, dont le séminaire mensuel s’est déroulé à la
Sorbonne Nouvelle, de mai 2015 à février 2016. Crée à l’initiative de deux
enseignants-chercheurs, Antoine Andremont, Professeur de bactériologie à la Faculté
de médecine de l’Université Paris-Diderot, et Directeur du laboratoire de
bactériologie de l’hôpital Bichat, et Jocelyne Arquembourg, Professeure en Sciences
de l’Information et de la Communication à l’Université Sorbonne Nouvelle, et
Directrice de l’équipe ERCOMES-CIM, ce projet s’inscrit dans le cadre de
collaborations interdisciplinaires favorisées par la COMUE Sorbonne- Paris-Cité. Il
relève aussi des activités de recherche de l’équipe ERCOMES-CIM à l’Université
Sorbonne Nouvelle, à laquelle se sont joints des membres de l’INRA, de l’Université
de Lorraine, et d’EPICENTRE. Il n’a bénéficié d’aucun financement, hormis
l’utilisation des locaux et du matériel de la Sorbonne Nouvelle.
Ce rapport se propose d’ouvrir des pistes de réflexion sur la communication relative à
l’antibiorésistance, dans les termes du chercheur, et non pas dans ceux d’une agence
de communication. La méthode employée a consisté à auditionner une fois par mois,
des acteurs très divers confrontés au problème de l’antibiorésistance dans le cadre de
leurs activités professionnelles, afin de recueillir leur point de vue, qu’il s’agisse de
membres d’associations de malades, de journalistes, de responsables d’ONG,
d’éleveurs, d’élus, de médecins hygiénistes des hôpitaux etc. Complétée par les
recherches conduites au sein de l’ERCOMES, cette première étape a permis de
dégager les grandes lignes de l’analyse présentée en première partie. Ce temps de
l’analyse était nécessaire pour comprendre ce qui freine en France, la prise de
conscience collective de la menace. Il l’était aussi pour expliquer pourquoi les
campagnes de communication qui ont eu une efficacité dans le passé, doivent être
repensées à l’aune de l’ampleur actuelle du problème, ainsi que des transformations
profondes des outils de communication contemporains.
Plutôt que de segmenter le séminaire en groupes de compétences expertes dans des
domaines spécifiques, notre approche a consisté, au contraire, à faire se rencontrer
des spécialistes de domaines variés, ce qui nous a permis de prendre la mesure de la
complexité du problème qu’est l’antibiorésistance, dès lors qu’on ne le réduit pas à la
seule relation patient-médecin. Nous avons tenté de formuler une approche
holistique de cette question, en articulant expériences et compétences multiples.
Dans ce sens, nous adhérons pleinement à l’approche dite « ONE HEALTH » de
l’antibiorésistance telle qu’elle a été recommandée par Le Dr. Margaret Chan,
Directrice général de l’OMS dans le Global Action Plan contre l’Antibiorésistance
(OMS – 2015 : 7). Fondamentalement, le concept « ONE HEALTH » signifie que si la
protection de la santé humaine est bien l’objectif ultime de cette lutte, elle ne saurait
toutefois s’y réduire, ni même s’y cantonner, toute tentative de lutte contre ce
phénomène global qu’est l’Antibiorésistance doit prendre en compte les intérêts et
contraintes des multiples acteurs qui sont à l’origine de la situation catastrophique
actuelle. Ni les aspects économiques, ni l’impact des élevages industriels, des
industries du médicament, de l’agriculture intensive, de l’utilisation des biocides sur
l’environnement ne peuvent non plus être ignorés. On peut ainsi énoncer que si
préserver la santé humaine reste bien l’objectif central de la lutte contre