Questions pour un champion en réanimation 553
matiques, dont 43,5 % réunissaient les critères diagnostiques d’un ESPT. Au cours du
suivi 32,5 % des patients ont conservé des troubles psychotraumatiques. La qualité de
vie liée à l’état de santé était altérée chez les patients ayant un ESPT, qui étaient ceux
dont le séjour en réanimation avait été le plus long.
O’Reilly et al. [12] ont comparé neuf mois après leur sortie deux groupes de patients,
les uns ayant survécu à un arrêt cardiaque pendant leur hospitalisation, les autres ayant
présenté un infarctus du myocarde sans arrêt cardiaque. Utilisant le Structured Clinical
Interview for DSM (SCID), ils ont retrouvé 19 % d’ESPT chez les patients victimes d’un
arrêt cardiaque et 7 % chez les autres, cette différence n’étant pas significative.
L’étude de Gamper et al [13], portant sur 143 patients ayant eu un arrêt cardiaque et
évalués 45 mois en moyenne après leur réanimation, a retrouvé 27 % de sujets ayant un
score élevé à la Davidson Trauma Scale (DTS) et les critères diagnostiques d’un ESPT. Ces
patients présentant un ESPT avaient une qualité de vie significativement diminuée.
L’étude de Stoll et al. [14] a recherché la relation entre la qualité de vie et l’exis-
tence d’un ESPT chez 80 patients hospitalisés en soins intensifs après une intervention
de chirurgie cardiaque. 19 % des sujets présentaient un ESPT, avec un retentissement
significatif sur leur fonctionnement psychosocial et leur qualité de vie.
Schelling et al. [15] ont étudié la relation entre la qualité de vie et l’existence d’un
syndrome psychotraumatique chez 148 patients hospitalisés en réanimation après une
intervention de chirurgie cardiaque. Six mois après l’intervention, 18 % des sujets
présentaient un ESPT (avec des souvenirs traumatiques de leur séjour en réanimation)
et une baisse de leur qualité de vie liée à l’état de santé mentale.
Utilisant la Clinician Administered PTSD Scale (CAPS), Schnyder et al. [16] ont
évalué sur un an l’incidence de l’ESPT chez 106 patients hospitalisés en réanimation
chirurgicale traumatologique après des accidents graves. Moins de deux semaines après
leur accident, un quart des sujets présentaient un syndrome psychotraumatique, dont 4,7 %
avaient tous les critères symptomatiques de l’ESPT. Un an plus tard, 2 % des patients
avaient un ESPT et 12,3% présentaient un ESPT subsyndromique.
Les principaux facteurs prédictifs d’un syndrome psychotraumatique retrouvés dans
ces études sont un jeune âge, une souffrance psychique préexistant à l’événement trau-
matique, et l’apparition précoce d’un syndrome de répétition.
4. PRISE EN CHARGE PSYCHIATRIQUE DU PATIENT EN RÉANIMATION
4.1. INTERVENTIONS PRÉVENTIVES
Le patient venant d’être admis en réanimation doit d’abord être médicalement stabilisé,
ce qui nécessite des manœuvres quelquefois agressives mais indispensables. Dans un
second temps, il convient d’accorder de l’attention à la gestion des problèmes psycho-
logiques du patient. La prise en charge de la douleur est de la plus grande importance,
car le patient qui souffre - et qui a peur - n’est pas réceptif aux tentatives d’intervention
psychologique. Le patient réceptif doit être informé de son état car il peut surévaluer
la gravité de sa situation et être envahi par la peur de mourir rapidement. Le personnel
doit expliquer le but des gestes de réanimation et des examens pratiqués. La prise en
charge doit permettre de ménager des plages de sommeil suffisamment longues. Enfin,
le soutien social, facteur protecteur de la survenue d’un syndrome psychotraumatique,
doit être constant, que ce soit par l’équipe de la réanimation ou par les proches du patient
dont la présence auprès de lui sera facilitée [17].
On préconise, dans les jours qui suivent l’exposition à un événement traumatogène,
de tenter de prévenir l’apparition d’un syndrome psychotraumatique par le debriefing
psychologique. Le debriefing est une intervention qui vise, dans un environnement sécu-